Rick

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un soldat de la Fédération Humaine

201223-001210

Ces mémo-disques de la Fédération ont une capacité de stockage impressionnante, ce qui est tout à notre avantage. En réalité, d'autres témoignages relatent des faits similaires à ceux décrits ci-dessous, mais celui-ci permet d'observer les événements d'une manière assez objective.

Me voilà de retour en « mission spéciale ». Tu parles d'une mission... jouer les diplomates en attendant que les huiles arrivent après la bataille. Bon, ce boulot de parlotte n'est évidemment qu'une couverture, le vrai job étant « sécuriser le Sanctuaire ». N'empêche, je vais quand même devoir me taper les discussions sans fin et sans intérêt. Encore une idée de notre cher général Macarty. Cet espèce de tweet mal liké n'a rien trouvé de mieux pour me ridiculiser que de me coller des faux galons de colonel sur le veston, histoire de « faire plus vrai que nature ». Ben voyons, comme si j'allais toucher la vraie paie qui va avec. Tout ça parce que j'ai laissé vivre un paquet de Gromov au lieu de les tuer dans un carnage qui aurait coûté la vie à la moitié de mes hommes.

J'ai bien essayé de lui dire que ce n'était pas une bonne idée, qu'un gars comme moi n'était pas fait pour ça, que je ne saurais pas quoi leur raconter au Conseil, mais non, ce mec-là, il a la tête aussi dure qu'un acier à repasser.

[Pour ceux qui s'intéressent à l'étude des langues anciennes, je précise que l'objet qu'évoque le Lieutenant est un fer à repasser. En recoupant différentes sources, il semble que cet objet lourd et muni d'une poignée avait dans les temps reculés une certaine utilité en lien avec les vêtements portés par les humains lors de rencontres intimes autour d'une table étroite ressemblant à un comptoir de bar pliable et portatif.]

Soi-disant qu'il n'y avait personne d'autre de disponible. Qu'aucun vaisseau de la Fédé transportant les gradés ne dispose d'un système de communication compatible avec le Sanctuaire et que personne sur Mars n'a l'accréditation suffisante pour mener les négociations. En tout cas, personne en qui le général a confiance.

Bref, maintenant on y est, et va falloir assurer.

--- Bien les gars, tenez-vous prêts. On a très peu d'infos sur ce qui se cache derrière ce sas.

Même si les Xiliains ont repris le contrôle du Sanctuaire et semblent vouloir calmer le jeu, je préfère rester vigilant. Aucun humain n'a mis les pieds ici depuis un bon bout de temps. Sans parler du fait que j'ai dû laisser Billy au placard pour pouvoir jouer mon rôle de diplomate à la perfection. Je veux bien croire que le Sanctuaire soit sacré et que la loi interdise le moindre acte hostile à l'intérieur, mais je suis tout aussi prêt à croire qu'il y un tas de marioles dans l'univers qui n'ont pas peur de violer une loi ou deux à l'occasion.

Et je n'arrive pas vraiment à ne pas penser au paquet de vaisseaux prêt à ouvrir le feu tout autour de nous. Dire qu'on était juste sensés ramasser les miettes après la bataille. Je revois encore le général :

--- Changement de programme Lieutenant : les aliens ne se sont pas entretués comme prévu, on peut vraiment pas faire confiance à ces bestioles. Avec la destruction de leur vaisseau indestructible et l'arrivée de la nuée de mouches, les Gromov se sont un peu calmés, et les autres attendent de voir. Mais  votre secteur commence quand même sérieusement à ressembler à un nid de vipères tellement enragées que même en restant à l'écart vous finiriez par vous choper du venin dans les yeux. Votre nouvelle mission en attendant que les adultes arrivent : vous déguiser en serpent et aller jouer la comédie au milieu du nid pour me préparer un petit coin de paradis où je peux marcher sans être obligé d'écraser de la vermine rampante.

C'est ça, jouer la comédie avec le sourire au milieu de serpents.

La porte s'ouvre sur le... hangar ? Je ne suis pas sûr d'en avoir déjà vu un d'aussi grand. Je commence à avoir le vertige en m'avançant sur la passerelle. Je jette malgré tout un oeil sous mes pieds et j'aperçois un enchevêtrement de passerelles, pontons et griffes d'arrimage qui se succèdent aussi loin que je vois. Au-dessus, le ciel gris n'apparaît que dans un minuscule rond pas plus gros que mon poing, alors que le hangar devait bien mesurer un kilomètre de diamètre. Quelques trois étages au-dessus, je repère un vaisseau des Hommes Libres. Je regarde dans toutes les directions à la recherche d'un navire Gromov, mais il me faudrait des jumelles.

La passerelle grince légèrement  quand un être au visage de cuir marron et craquelé, imprimé dans une tête qu'il est difficile de dissocier du cou, s'approche avec une légère courbette :

--- Bienvenu, cher Représentant de la Fédération Humaine. Je suis Xomi, le Représentant Xiliain, actuellement Détenteur des Clés. À ce titre, je tenais à vous accueillir personnellement dès votre arrivée.

Représentant de la Fédé, c'est vrai, faut pas que j'oublie. Diantre, est-ce que je suis sensé parler comme ça aussi ?

--- Merci à vous cher Représentant Xiliain.

C'est tout ce que j'arrive à sortir d'intelligent. Je sens Dave qui se retient de rire à côté de moi. C'est ça, marre-toi, profites-en tant que tu es le seul à avoir un flingue. J'espère que je ne vais pas avoir à jouer la comédie trop longtemps, sinon ça risque d'être compliqué.

--- Veuillez me suivre, si vous permettez, je vais vous accompagner jusqu'à vos quartiers.

Plutôt sympa le Xiliain, et au moins l'absence de cheveux m'évite tout rapprochement avec les Gromov. J'avoue aussi que je préfère ça aux faces de mouche. Il a l'air fichtrement moins arrogant et se donne la peine de nous escorter lui-même.  

Une fois passé la porte, nous pénétrons dans une salle sans table, ni chaise, ni fenêtre, ni autre porte. Ça ne m'inspire pas confiance... Mais je dois m'inquiéter pour rien. Je vois pas bien quelle sorte de malade mental s'amuserait à s'enfermer seul avec quatre soldats d'élite de la Fédé pour leur faire du mal.

La pièce se met à bouger. On descend. Et on devrait aussi se détendre, ce n'est qu'un foutu ascenseur.

--- J'espère que votre voyage ne fut pas trop inconfortable ?

--- Ça va, j'ai l'habitude.

Merde Rick, les diplomates sont pas sensés avoir besoin de voyager depuis un millier d'années...

--- Je prends souvent des vacances loin du système solaire.

--- Ah, les vacances, un concept fort original mais fort intéressant que vous avez là. Peut-être aurez-vous l'occasion de m'en apprendre davantage à ce sujet dans les prochains jours, mais je crains que d'autres sujets ne doivent tout d'abord être discutés. Et le temps presse...

Ça va, il ne se doute de rien, mais j'aime pas trop son temps qui presse... Je suis là pour faire durer les choses en attendant les mecs sérieux moi.

--- J'imagine qu'on ne serait pas là si ce n'était pas le cas.

--- Oui, si seulement...

Celui-là me donne l'envie de pleurer avec son air nostalgique, ou de le prendre dans les bras pour lui demander ce qui ne va pas. Nom d'un Modem ! Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Pourquoi je me ramollis comme ça ?

--- Nous voici arrivés au niveau du Conseil, j'imagine que vous aimeriez bénéficier d'une visite de la Salle des Sièges avant de vous installer ?

Euh... ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit...

--- Évidemment, j'attends ça depuis tellement longtemps.

--- Par ici je vous prie.

Ça y est, je sais ce qui me perturbe depuis le début, ce Xiliain est en train de me parler dans ma langue, mon traducteur ne fonctionne pas !

Le polyglotte m'emmène dans une pièce aux dimensions presque aussi impressionnantes que le hangar. Et j'avoue que son nom est plutôt bien choisi. Il doit bien y avoir plus de mille sièges dans les gradins qui couvrent tous les murs de cette salle circulaire. Je m'imagine déjà choisir une place au fond quand mon nouveau copain m'indique un siège du doigt au premier rang.

--- Ceci est la place dédiée à la Fédération. En réalité... cette place était originellement dédiée aux Humains, bien avant la création de la Fédération et la séparation des Hommes Libres...

Ah, les Hommes Libres, évidemment, ceux-là n'existaient pas à l'époque des Anciens.

--- J'ai pourtant cru voir un de leurs vaisseaux dans le hangar ?

--- Monsieur le Représentant est très observateur. Effectivement, les Hommes Libres ont été invités à se joindre au Conseil. Cela paraissait bien naturel étant donné leur récente... importance sur le plan galactique.

Tu m'étonnes. Si mes infos sont correctes, ces joyeux lurons viennent de dégommer le fleuron de la flotte Gromov. Je serais prêt à leur laisser ma place au premier rang rien que pour ça.

--- Nous leur avons attribué un siège pour lequel les précédents propriétaires n'ont plus l'utilité. Certaines civilisations n'ont pas survécu à la chute des Anciens comme vous le savez.

Oui, oui, je veux bien le croire en tout cas. Si j'avais su que les cours d'histoire galactique pourraient me servir un jour, j'y serais peut-être allé plus souvent.

--- Tout ça est parfait monsieur le Représentant, mais pourrait-on voir nos quartiers ?

C'est pas que, mais j'ai besoin de me reposer un peu, j'avais jamais imaginé que jouer les acteurs pouvait fatiguer autant.

--- Très bien, très bien, j'avoue que pour ma part, je pourrais rester ici des heures à m'imprégner de l'atmosphère et de l'histoire de ce lieu mythique.

--- Moi aussi, mais si je ne me trompe pas, ce n'est plus si mythique que ça et... le temps presse.

--- Oui, vous avez raison, pardonnez-moi, dit-il en refermant d'une pression sur un bouton la lourde porte suffisamment haute pour que des créatures plus imposantes que les Gromov passent sans se baisser. Par ici, vous reconnaîtrez sans souci le couloir vous étant réservé.

Il a raison. Un nombre impressionnant de passages débouchent sur la gauche de la galerie que nous traversons, la paroi à droite devant servir de cloison pour la Salle des Sièges. Sur le seuil de chaque couloir, le blason d'une nation est peint à même le sol, ne laissant aucun doute sur la nature des quartiers qu'il dessert. Je finis par repérer le logo de la nation de « Tous les Humains », étrangement similaire à celui de la Fédération d'aujourd'hui.

--- Nous y voici. Vous trouverez tout le nécessaire à l'intérieur. Si vous suivez cette galerie jusqu'à son terme, vous arriverez à ce que nous appelons la cantine, faute de connaître le nom attribué par les Anciens à cette salle de convivialité meublée de tables, de chaises et de distributeurs de nourriture.

--- Parfait. Je vous remercie.

Il ne bouge pas. Ai-je oublié une formalité quelconque ? Comment suis-je sensé savoir s'il faut serrer la main à un Xiliain moi ? La seule chose qu'on m'ait apprise sur les aliens, c'est comment les tuer.  

--- Excusez mon insistance, mais... voyez-vous... le temps presse. M'accorderiez-vous une courte audience dans vos quartiers ?

Super, le gars veut causer. Il va vouloir négocier des trucs dont j'aurai pas la moindre idée. Bon, dans le doute, on va faire comme si on se laissait pas marcher sur les pieds. J'imagine que c'est ce que ferait le général.

--- OK. Je vous donne dix minutes.

Une fois la porte refermée derrière nous, je ne le laisse pas démarrer.

--- Par contre, je vous préviens, je ne pourrai prendre aucune décision, tout devra passer par ma hiérarchie, la Fédération est une telle bureaucratie... Mais j'imagine que vous savez ce que c'est.

***

Me voilà revenu sur les bancs de l'école, à avoir envie d'être ailleurs et à espérer que le prof ne m'interroge pas. Sauf qu'à l'école, j'avais toujours réussi à m'asseoir au fond et me faire discret. Mais bon, vu la population restreinte ici, j'aurais eu du mal de me cacher dans tous les cas.

On dirait qu'ils se sont tous fait beaux pour l'occasion, moi aussi cela dit. Le Représentant Xiliain prend son rôle de Détenteur des Clés très au sérieux et a enfilé une sorte de poncho couvert d'or et beaucoup trop grand pour lui. La raclure de coprolithe Gromov a mis un uniforme impeccable, si rigide qu'il tient presque de l'armure, et recouvert de ce qui devait lui servir de médailles.

[Mon volume intitulé « Vocabulaire imagé pour les amoureux des langues anciennes » indique que « coprolithe » signifie littéralement « excrément fossilisé ».]

Je préfère ne pas me demander s'il y en a une pour Cibella. Le Haxien porte un costume horriblement bariolé fait des mille types de tissus transportés par leur Guilde, cousus ensemble par un aveugle et ponctués d'éclats de toutes les pierres précieuses imaginables jetées au hasard. Le Scavelaar semble avoir brossé et lustré les longs poils qui recouvrent tout son corps et le Seelluss a eu la bonne idée de se vêtir d'une sorte de grand imperméable  pour cacher son corps grisâtre, osseux et répugnant. Dommage que ses grands yeux de mouche ne lui aient pas permis de se rendre compte qu'il en avait choisi un transparent. Seule la représentante des Hommes Libres a l'air habillée normalement, comme si elle descendait de son vaisseau après un pillage en règle. Je trouve ça drôle quand même. S'appeler les Hommes Libres, et envoyer une femme... Il paraît même que c'est leur chef, pour la valeur que ça peut bien avoir chez ces spams indésirables sans foi ni loi.

Tout ce beau monde se regarde et s'étudie. Faut dire que ça faisait longtemps qu'on s'était pas vu de si près. Le Gromov fixe la femme libre avec des yeux qui feraient trembler plus d'un mec costaud. Mais elle l'ignore. Elle paraît obnubilée par les poils du Scavelaar. Impossible de savoir ce que regarde vraiment le Seelluss avec ses grands trous noirs au milieu de la figure. Le Haxien préfère jouer l'indifférence en comptant les perles sur ses manches.  

Mon nouvel ami Xomi prend la parole. Pour un diplomate de métier, je le sens quand même un peu stressé...

--- Chers amis, bienvenus dans cette nouvelle session du Conseil Galactique, pour laquelle nombre d'entre vous nous ont fait l'honneur de se déplacer jusqu'au Sanctuaire. J'en profite pour saluer le respect avec lequel vous avez jusque-là traité le décret de non agression au sein du système de Corellia.

C'est ça, remercie surtout ta Déesse Dorée d'avoir réussi ce miracle, et profites-en bien, ça risque de pas durer.

--- Je m'en réjouis à plus d'un titre et vous suis des plus reconnaissant. Nous devons à tout prix éviter l'escalade. Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter d'un possible traité étendant le décret au reste de la galaxie et...

--- N'importe quoi ! gronde le Gromov. Vous croyez vraiment que nous allons laisser ces crimes impunis ? Notre Grand Chef Suprême a été assassiné ! Mon propre cousin, ma famille, mon sang. Nous n'accepterons aucune paix avec la vermine qui s'amuse à bafouer notre honneur !

J'imagine que je fais aussi partie de la vermine...  avec cette chef des Hommes Libres qui ne réagit pas le moins du monde.

--- Amiral Korqnev, calmez-vous je vous prie. Le Conseil ne peut se dérouler autrement qu'avec un minimum de sérénité.

--- Si la seule chose que vous proposez est la paix et des discussions dans le calme, alors je me dois de vous quitter, assène Korqnev en se levant, ce qui reste toujours impressionnant pour un Gromov.

Le Xiliain n'en démord pas :

--- Je vous en prie, comment pouvez-vous partir ? Nous n'avons pas encore entamé les négociations, faites-nous part au moins de votre prix pour la paix et laissez-nous en débattre.

Alors que Korqnev est pratiquement à la porte, l'écran s'éclaire derrière le Xiliain pour faire apparaître un petit être chétif, avec une tête ovale, mais comme tournée à l'horizontal. Derrière lui, la pièce semble avoir été elle aussi  retournée dans tous les sens.

--- Bien le bonjour mes amis. Je suis le nouveau Représentant Narween en communication depuis notre planète mère, Ween, dans le système 24. Je m'excuse de n'avoir pu me joindre à vous sur Coreberr, mais je suis sûr que vous en comprendrez rapidement les raisons. Je me permets d'interrompre vos discussions pour vous faire part d'un message urgent de la plus haute importance.

--- Alors faites vite, j'étais sur le point de partir, grommelle Korqnev avant d'aller se rasseoir.

--- La présence d'un représentant Gromov ne pourra être que bénéfique. Pour faire court, nous avons été attaqués ici-même, sur Ween.

--- Nous n'avons rien à voir dans cette affaire, affirme l'Amiral.

--- Bien évidemment, aucun de vous n'est en cause. Nous avons en réalité été attaqués par des monstres sanguinaires qui ne semblent pas avoir d'autre but que la destruction. Après avoir anéanti 83% de notre population sur Ween et 92% de nos infrastructures, ces monstres ont tout bonnement quitté le système vers on ne sait quelle destination.

--- Et que voulez-vous qu'on fasse s'ils sont partis ? interroge négligemment le Scavelaar.

Le Narween ne répond pas. Il ne semble pas comprendre la question...

--- Bien. Excusez-moi, je devrais expliciter plus simplement le fond de ma pensée pour la rendre accessible à tous : cette offensive a été perpétrée par une force dépassant largement l'entendement d'une part, et, d'autre part, nous ne savons pas où cette force se trouve à l'heure actuelle ni où elle se dirige.

Je crois que tout le monde avait compris au moins ça...

--- Mon intervention n'est donc pas destinée à savoir ce que vous pouvez faire pour nous, mais plutôt à vous prévenir de ce qu'il risque probablement de vous arriver très prochainement.

Ah, ça y est, le Scavelaar a compris, et ses grands yeux me disent qu'il commence à avoir peur.

--- Comment pouvez-vous être aussi sûr que ce n'est pas l'un d'entre nous ? suggère le Haxien.

--- Laissez-moi reformuler plus précisément les choses. Premièrement, la force de frappe en question impliquait un vaisseau de type totalement inconnu et de taille supérieure à tout ce que vous n'avez jamais construit, oui, vous aussi Amiral Gromov. Deuxièmement, le seul moyen d'accéder à notre système natal sans se frotter à notre rideau de défenses planétaires est via le système 43, autrement dit via une annihilation certaine assurée par un couple de supernovas.

Merde, ça sent la fiente moisie.  

--- Troisièmement, tous les indices visuels récoltés sur place pendant l'attaque confirment sans doute possible que les assaillants ne sont autres que des Myrides.

Sacré coup de grisou ! Les Myrides, il ne manquait plus que ça...

--- Ssssss... émet le Seelluss en frissonnant.

--- De quel type de vaisseau parlez-vous exactement ? interroge le Gromov. Il a l'air intrigué et n'a plus vraiment envie de partir.

--- Nous n'avons que très peu d'informations, qui, une fois recoupées, nous permettent simplement d'extrapoler les dimensions de l'engin, dont la forme ne ressemble que très peu à celle des vaisseaux communs. Pour donner une image peut-être plus claire que de nombreux chiffres, il faut se représenter une masse noire capable de surfer au milieu de supernovas, d'aspect globalement sphérique et d'une taille ne lui permettant certainement pas d'entrer dans le hangar du Sanctuaire.

Dieu tout puissant...

--- Imaginez ensuite de nombreux vaisseaux d'interception sortant de cette masse noire en nuées plutôt qu'à l'unité, ainsi que la quantité de bombes et de bataillons Myrides pouvant être stockés dans un tel engin et vous entreverrai la dangerosité de ce sur quoi j'essaie d'attirer votre attention aujourd'hui.

Oserait-il bluffer ? Korqnev a l'air de le croire. Le Scavelaar ne sait plus quoi dire. Le Seelluss est devenu encore plus pâle, presque aussi transparent que son imper. La femme libre s'agite sur son siège, elle semble plus perturbée par ce sycophante que par Korqnev. Le Xiliain est en train de perdre pied.

--- Je veux bien croire que n'importe quel vaisseau ennemi paraisse énorme à des êtres aussi petits que vous. Mais ne vous inquiétez pas, nous les attendons, assure Korqnev.

--- Comment ne ssavez-vous pas où ilsssont alllés ? murmure le Seelluss.

--- Lorsque nous avons finalement pu réintégrer le système de Ween, notre mission de reconnaissance n'a pu qu'observer les traces des assaillants, ceux-ci ayant vraisemblablement fui bien avant et probablement peu après avoir atteint leur quota d'abominations. La seule chose dont nous sommes certains est qu'ils sont repartis par la route empruntée précédemment et le système 43. Par ailleurs, il semblerait que la masse noire soit non seulement susceptible d'emmagasiner assez d'énergie pour se maintenir en vol en surface, mais aussi pour voyager à travers l'espace à une vitesse proche de celle de croiseurs de combat. Nos instruments n'ont donc pas pu suivre ses traces, sans compter le brouillage du champ magnétique induit par les supernovas.

C'est toujours plus compliqué de faire voler un engin en surface, soumis à la pesanteur, que dans le vide de l'espace. Mais il n'y a quand même pas beaucoup de vaisseaux capables de rivaliser avec un croiseur de combat...  

--- Nous devons faire quelque chose ! hurle presque le Scavelaar. Tiens, il a changé son fusil d'épaule celui-là.

--- Vous avez raison. Nous devrions inviter les Myrides à siéger au Conseil pour pouvoir discuter d'une résolution satisfaisante, renchérit le Xiliain.

Le Narween sur l'écran ne semble pas d'accord.

--- Pardonnez-moi Détenteur des Clés, mais je doute de l'efficacité d'une telle approche. Le signal d'invitation et d'ouverture de session n'est-il pas émis automatiquement à toutes les nations ? Cependant, je vois que le siège des Myrides reste vide et j'en déduis qu'ils ne souhaitent aucunement discuter avec nous. J'avoue avoir esquissé l'espoir de les rencontrer ici pour les soumettre au jugement du Conseil, mais je me rends compte que ce n'était qu'une illusion.

Tu m'étonnes. Si ces foutues bestioles sont réellement capables de faire tout ce qu'il raconte, elles n'ont pas vraiment de raison de perdre du temps avec la parlote.

--- Quant à la solution proposée par l'Amiral Korqnev, je dois dire qu'elle ne me réjouit guère. Nous ne pouvons certainement pas faire face aux Myrides seul, cela va de soi, mais je présume qu'il en est de même pour la plupart d'entre vous. Même si la flotte Gromov reste invaincue, la probabilité d'une victoire face à la force Myride ne me paraît pas si proche de cent pour cent.

Je ricane, et la femme libre aussi, Korqnev beaucoup moins. Le Narween ne sait pas que les Gromov viennent de se prendre une claque par quelques minuscules vaisseaux. C'est ce qui arrive quand on se pointe en retard aux réunions.

--- Je comprends votre raisonnement cher Représentant et ne peut qu'adhérer aux conclusions de votre analyse, du moins en l'absence de discussion possible avec les Myrides. Nous devons effectivement trouver une réponse commune pour les raisonner et les amener à la table des négociations, intervient le Xiliain qui veut reprendre la main sur cette réunion qui part un peu en vrille (c'est ce qui arrive quand on laisse n'importe qui imposer l'ordre du jour à la dernière minute).

--- Des négociations ? La seule chose que pourront comprendre ces choses est la force ! déclare Korqnev.

--- Nous devonss exterminer ccces êtres jusqu'au dernier ! crache le Seelluss dans une sorte de murmure crié presque audible pour une fois. Ses yeux exorbités paraissent encore plus énormes et la tension de son corps se lit sur tous ses os prêts à s'extraire de sa peau.

--- Mes amis. Je vois que nous sommes d'accord. Dans de telles circonstances exceptionnelles, je vous propose d'ajourner cette session et de nous retrouver dans trois jours centraux pour discuter de nos modes d'action concertés face à la menace Myride, conclut Xomi.

Parfait, ça me va. Ces politiciens ont la langue tellement pendue que je n'ai rien eu à dire. Et avec un peu de chance, un politicien bien de chez nous aura eu le temps d'arriver ici avant la prochaine session. Bien, bah je n'ai plus qu'à tester cette fameuse cantine... et à explorer le reste pour me faire une idée de la topologie du lieu.  

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