Rick

14 minutes de lecture

un soldat de la Fédération Humaine

201223-022222

Finalement, je n'ai pas encore eu à utiliser la sauvegarde automatique de cet individu. Pas encore. Mais savoir que cela est possible reste rassurant.

--- Bon, le plan est simple, affirme le général devant l'assemblée des officiers. Primo, la nouvelle meilleure copine du Lieutenant se fraye un chemin au travers des lignes ennemies comme une souris entre les pattes d'un gros chat. Deuzio, elle se pose sur la planète Akat, qui contient le gros des forces d'infanterie ennemies, et installe le bout du tunnel fourni par les grosses têtes plates. Tertio, les troupes du Lieutenant s'engouffrent dans l'autre bout du tunnel, ici sur Coreberr, et ressortent de l'autre côté pour donner l'assaut et défoncer tout ce qui ressemble à un alien suicidaire. Quatrièmement...

Il ne doit pas savoir que ça se dit quarto...

--- ...l'ennemi aura tellement mal au cul qu'il sera obligé de se retourner pour voir ce qui le gêne, et il enverra ses vaisseaux en soutien sur Akat. C'est à ce moment-là, quand la flotte ennemie sera retournée comme une crêpe, que le gros de notre flotte et de nos alliés attaquera pour achever de leur raboter le postérieur sans leur laisser le temps de faire exploser la moitié du secteur. Des questions ?

Ça m'étonnerait qu'un mec ose lui en poser une dans cette salle.

--- Bien. Je sais que ça laisse un tas d'inconnues et que ce plan foireux repose en grande partie sur la capacité du Lieutenant et de sa copine à ne pas merder, sans parler de celle des bestioles aux mains d'araignée à régler leur machine correctement. Mais honnêtement, j'ai pas mieux à vous proposer. Donc on va prier pour que ça se passe bien, pour que les tarés d'en face prennent bien leur temps pour prier avant de se faire sauter, on va serrer les fesses, on va y aller, et on va les exterminer. Et que ce soit bien clair entre nous, on est pas là pour faire du tourisme. Donc si vous envisagiez d'attendre qu'ils se suicident tous, sachez qu'à chaque fois qu'un Krakeni trouvera le temps de mourir de sa propre volonté, l'officier le plus proche se prendra un coup de pied au cul. Est-ce que c'est clair ?

--- Oui, mon général ! crient tous les officiers en coeur.  

L'idée de le voir botter l'arrière-train de quelques-uns ici ne me déplaît pas. Mais rien que de repenser à ce qu'il est capable de faire avec ses bottes me fait changer d'avis. Ils ne méritent pas ça, contrairement à Korqnev qui, lui, l'avait bien cherché.

--- Bien. Alors tenez-vous prêts. La femme libre décolle dans moins d'une heure.  

***

Il faut que je la vois avant qu'elle ne parte. J'espère ne pas arriver trop tard. Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'en ai besoin. De l'imaginer seule au milieu de ces bestioles, ça me donne le greens.

[Vraisemblablement, l'expression que cherche à exprimer l'individu est le blues.]

C'est marrant, mais quand quelqu'un vous sauve la vie, on a tendance à s'attacher, et à vouloir lui éviter de mourir. Mais bon, pour le coup, à part lui refiler ma musique porte-bonheur, je peux pas faire grand chose.

Ouf ! Elle est là, sur le ponton, en train de surveiller le chargement du tunnel dans son vaisseau. C'est bizarre cette histoire de tunnel. J'ai déjà foncé tête baissée dans pas mal de coups tordus et de traquenards, mais c'est la première fois que je vais devoir courir tout droit dans un tuyau en espérant qu'un miracle m'évite de m'emplafonner sur le mur du fond.

Elle m'a vu, j'ai même droit à un petit sourire. Elle me fait signe pour qu'on se rejoigne dans un coin tranquille du hangar.

--- Salut. T'es venu me dire adieu ? attaque-t-elle.

Elle a l'air tendue, comme je ne l'ai jamais vue.

***

Verte. La lumière est verte.

Fichtre ! Elle a réussi ! Elle a posé le bout du tuyau sur Akat. Je doutais pas de ses capacités, mais à force de guetter ce voyant rouge en attendant qu'il passe au vert, j'avais fini par imaginer tout un tas de trucs.

Crotte de moineau ! Va falloir y aller. On peut plus reculer.

--- On y est les gars ! Préparez-vous à l'assaut. On ne sait pas ce qu'il y a derrière ce tunnel, mais on sait que ce ne sera pas une partie de plaisir. Alors personne ne traîne ou s'amuse à trébucher dans le tuyau. Dans moins de 30 secondes, je veux voir tout le monde de l'autre côté prêt à tirer. C'est clair ?

--- Oui chef !

--- T'inquiète pas, on te suit !

--- Ça roule Ricky !

Faudra quand même que je demande à Macarty comment il fait. Je sais pas pourquoi, mais avec moi ça n'a pas le même effet... Mais plus tard, quand on sera revenu. Pour le moment, je m'élance tête baissée dans le tuyau, sans trop penser au mur du fond et en criant :

--- Allez, go, go, go !

***

On y est. On est de l'autre côté ! Et encore en vie !

Tout est rouge autour de nous. Le sol est couvert d'une fine couche de sable rouge, étalée sur de la roche rougeâtre. La limite avec le ciel rougeoyant se distingue difficilement, mais je perçois néanmoins un point rouge laissant une traînée rosée dans les nuages. Le croiseur de Jane qui est déjà repartie... Je m'en doutais, c'était le plan. Et c'est bien mieux comme ça pour elle, mais, d'une certaine manière, j'avais espéré l'apercevoir ici. Pouvoir la saluer et reprendre une dose de courage grâce à son sourire avant d'affronter les affreux. Mais voilà, il faudra que je me contente de ce point rouge et de la trace rose.

Les gars commencent à s'amasser autour de moi, prenant position, essayant de cacher leurs premières impressions et de paraître concentrés. Je m'assure que tout le monde s'avance suffisamment pour laisser de la place aux derniers. Jusque-là, aucun contact avec l'ennemi. Cette planète ressemble simplement à un désert. Une parodie de désert peinte en rouge et construite à la hâte en répandant un peu de sable sur les rochers.

--- Charge installée ! annonce le dernier soldat sorti du conduit. Écartez-vous et préparez-vous !

C'est dur à accepter, mais nécessaire. On ne peut pas laisser un tuyau conduisant directement sur Coreberr ouvert en plein du désert. Laisser des hommes ici reviendrait à affaiblir ceux qui partiraient. Je m'accroupis, comme à l'entraînement, comme tous les autres, sauf les quelques sentinelles placées devant, qui scrutent l'horizon, chargées à elles seules de la sécurité de tout le bataillon pendant ce moment où nous sommes vulnérables.

La détonation est horriblement bruyante, et apparemment efficace : tous les débris qui retombent autour de nous ne font pas plus de quelques centimètres et ont eu le temps de refroidir et ralentir avant d'atteindre l'apogée de leur trajectoire vers le ciel. Nous ne risquons pas de blessés. En tout cas, pas encore, car le bruit a dû être entendu à plusieurs dizaines de kilomètres. Et maintenant, nous n'avons plus le choix, à part le choix habituel : combattre ou mourir. Aucun repli possible.

Putain ! J'espère qu'ils vont pas se planter. Malgré tout ce que peut dire le général, ma vie et celle de mes gars repose maintenant autant sur moi que sur la capacité des pilotes alliés à ne pas merder et à réussir à venir nous chercher. S'ils n'y arrivent pas... eh ben, on se retrouvera face aux bombardiers ennemis en plus de leurs troupes au sol... et sans aucune chance de rapatriement.

--- Sentinelle 2 pour le Lieutenant, RAS.

--- OK les gars. On y va. Ouvrez l'oeil. L'objectif est droit devant nous, mais on peut oublier l'effet de surprise, donc faut aussi s'attendre à des embuscades sur les côtés, voire l'arrière garde.

***

On a bien dû parcourir dix kilomètres depuis le bout du tuyau. Toujours aucune trace de l'ennemi. J'en suis à me demander à quel point nos renseignements étaient exacts. La fatigue et la lassitude commencent lentement à prendre le pas sur la concentration et l'adrénaline. Pas pour moi, j'ai toujours ma musique pour ça, mais je sens bien que beaucoup des jeunes recrues se laissent aller. Va falloir faire gaffe. Tout peut arriver très vite.

Mais je peux le comprendre aussi. On leur a vendu le combat de leur vie contre des ennemis terrifiants et ils se retrouvent à se battre contre le sable soulevé par le vent dans les yeux et glissant entre les rochers et les chaussures.

Tiens, c'est quoi ce cirque ?

--- Sentinelle 3, au rapport.

--- RAS Lieutenant.

--- Alors pourquoi vous dansez sur les rochers au lieu d'avancer ?

Une pause.

--- Je ne sais pas Lieutenant.

--- Vous ne savez pas pourquoi vous dansez ?

--- Je sens un truc louche, mais je ne sais pas quoi. J'essaie de tourner en rond, pour changer d'angle. Je ne vois rien, mais j'ai toujours cette sensation bizarre.

Je me retourne pour les prévenir derrière :

--- Groupe 4 sur le flan droit, faites gaffe, y'a un truc pas net. Gardez le contact visuel avec Sentinelle 3.

--- Quelle sentinelle Lieutenant ? me demande le chef de groupe au moment où je me remets à chercher la Sentinelle 3 des yeux.

Nom d'une coupure réseau, où est ce malotru ? Il a disparu. Je commande au bataillon de stopper d'un geste et j'ajoute :

--- Guettez tous le flan droit, la sentinelle a disparu.

Ça commence à sentir la fiente moisie. Une sentinelle est sensée détecter l'ennemi à plusieurs kilomètres, pas se faire surprendre et disparaître.

--- Sentinelle 3, au rapport !

Rien. Pas de réponse.

--- À toutes les sentinelles, tenez-vous sur vos gardes et rapportez tout élément bizarre, même non clairement identifié.

--- Sentinelle 1 : statut OK, RAS ici.

--- Sentinelle 2 : idem.

Deux secondes de silence de trop.

--- Sentinelle 4, au rapport !

Putain ! C'est pas vrai. Il ne répond pas non plus. Et il est sur le flan gauche. Je crie le seul ordre raisonnable dans ces cas-là :

--- Tout le monde en position de défense sur les flans !

Juste à temps. Les tirs commencent à fuser sur le flan gauche, celui qui n'a pas eu complètement le temps de se préparer. Les cris montent. Je cours pour voir la situation autant que pour leur venir en aide.

Mon Dieu, les bestioles sont déjà sur nous. Ils ont dû surgir du sable, entre la sentinelle et le groupe. Je continue de courir tout en visant et en tirant, mettant à profit toutes ces années d'entraînement intensif. Les carapaces des Krakenis ont l'air solides, mais elles ne les protègent ni aux articulations, ni aux yeux. Et avec ces grands yeux rouges, c'est presque trop facile.

Des yeux rouges, sur une planète rouge en train de se couvrir du sang rouge de mes hommes...

--- Groupe 4, statut ?

--- C'est calme de ce côté.

--- OK, laissez la moitié de vos gars en surveillance. Tous les autres, sur la gauche !

***

--- OK, on repart. Cette fois je veux des sentinelles qui avancent par paires, à dix mètres de distance. Et je veux être au courant à la seconde où vous sentez un truc louche.

On les a taillés en pièces. Ils se battaient comme des bêtes féroces, mais ils étaient peu nombreux. C'était juste une petite embuscade pour nous freiner... ou nous faire peur.

Je vois que ça a marché sur certains jeunes, ceux-là même qui commençaient à trouver le temps long y'a pas si longtemps. Faut dire que ces gargouilles de l'enfer ne se battent pas comme nous. Ni comme aucun autre alien d'ailleurs. Elles sont fichtrement rapides, bondissent à droite et à gauche comme si de rien n'était et attrapent les hommes à la gorge avec leurs mâchoires de bêtes sauvages.

Des bêtes sauvages, mais pas seulement. On sent une technique maîtrisée, une tactique réfléchie. Je suis sûr que même l'acharnement à déchiqueter un homme déjà mort, qui ressemble à un acte de barbarie aussi débile qu'inutile, est voulu, contrôlé et a pour but de terroriser l'adversaire.

Au final, j'ai perdu une vingtaine de soldats, contre une cinquantaine de sauterelles affamées. On pourrait croire que c'est bien, mais ça ne fait que montrer leur efficacité, et leur détermination. Deux pour un, c'est raisonnable quand les effectifs sont globalement assez proches. Mais là, on était mille contre cinquante, et j'en ai perdu vingt-deux. Aucune autre espèce de combattants n'aurait jamais pu nous faire autant de mal. C'est insensé. Comment ont-ils pu se cacher si près de nous sans être détectés ?

Les gars s'en rendent compte aussi. Ça n'aurait pas dû arriver. Le moral n'est pas au mieux, mais on continue. On n'a pas vraiment le choix et on est venu ici pour ça.

Tout ce désert me rappelle la fin de Cibella. Le même calme, la même absence de vie, en dehors du millier d'hommes qui me suivent bien sûr, et de la certitude de croiser d'autres bestioles à un moment ou un autre.

Les sentinelles sont aux aguets. Tout le monde scrute le moindre rocher un peu surélevé, la moindre dune un peu épaisse, le moindre tourbillon de sable douteux. Mais je ne pense pas qu'on les repérera si facilement. Ils ne se cachent pas de manière si grossière. Ils pourraient très bien être là, deux mètres devant mes pieds, sans que quiconque s'en aperçoive.

Leur petit coup d'essai pour nous affaiblir nous a surtout affaibli la détermination. L'habituelle certitude des troupes d'assaut de la Fédé de revenir vainqueurs a volé en éclats. Cette certitude tellement rassurante, tellement ancrée en nous et tellement inculquée à toute la galaxie, nous fait clairement défaut aujourd'hui.

***

Je vois enfin le camp Krakeni, et il était temps. Toute cette marche à la merci des bestioles enfouies sous le sable, ou de la crainte d'en voir sortir, nous a épuisés. Mais on va enfin pouvoir passer aux choses sérieuses et plus habituelles : une bataille rangée. La ligne ennemie s'étale sur un kilomètre en bordure du camp. Ça reste impressionnant, mais de les voir clairement, de savoir où ils sont, ça redonne du baume au coeur des gars. Tout le monde est prêt à en détricoter.

[Nous devons ici excuser l'approximation faite par l'individu dont les connaissances linguistico-historiques sont quelque peu confuses. « Détricoter » est un verbe à la signification littérale assez proche de cet autre verbe de l'ancien temps, « découdre », qui, lui, était vraisemblablement aussi utilisé dans la locution « pour en découdre », équivalente à « pour en finir ».]

On avance lentement, de manière à mettre l'ennemi à portée de nos fusils, mais sans se précipiter. Je n'ai aucune idée du type d'armes dont ils disposent. Je ne sais même pas s'ils en ont réellement. Tout ce que j'ai vu jusque-là était du corps à corps bestial. S'ils n'ont rien d'autre que leurs mâchoires et leurs membres en dents de scies, on devrait pouvoir les allumer avant qu'ils nous atteignent sans trop de problèmes. Encore une petite vingtaine de mètres et on pourra commencer à ouvrir le feu pour les descendre comme à la fête foraine. Le but du jeu sera juste d'en buter un maximum avant qu'ils n'arrivent sur nous.

--- Écartez-vous pour élargir la ligne ! En position de tir dès que vous êtes à portée. Attendez mon signal.

Notre ligne à nous ne fera pas un kilomètre, mais je préfère élargir que de me retrouver encerclé par leur ligne s'enroulant autour d'un bataillon et se resserrant comme un garrot autour d'une gorge sans défense. Et comme ça, je maximise le nombre de fusils prêts à faire feu à la première salve.

Plus que trois mètres et je donne le signal.

--- Aaaah !

Qu'est-ce que c'est que ça ? Je me retourne pour voir un soldat coupé en deux, le haut de son corps allongé sur le dos hurle en regardant ses jambes se faire déchiqueter par un Krakeni de deux mètres cinquante, debout au-dessus de lui. Pas de temps à perdre :

--- Première ligne, en position, feu à volonté ! Les autres, demi-tour et sécurisez la ligne !

Mais c'est déjà trop tard, les bestioles surgissent de partout, elles étaient là, sous nos pieds. Elles nous attendaient.

Je vise le plus proche, mais avant de pouvoir appuyer sur la détente, je me sens soulevé et projeté en l'air. Je me retrouve à trois mètres du sol, un Krakeni sous les pieds ouvrant sa gueule pleine de dents aiguisées comme des couteaux.

Ma balle entre dans sa gorge et le traverse de part en part à la verticale avant qu'il n'ait le temps de m'attraper les jambes. Je retombe, mais pas avant d'avoir regardé tout autour de moi. Avec la hauteur, j'avais un point de vue imprenable sur la scène. Il me faut quelques secondes pour digérer tout ce que j'ai aperçu, avant de pouvoir reprendre le combat. Ils sont partout, au moins un millier, cherchant à mordre, arracher ou briser les hommes. Les gars ont vite compris et ont laissé tomber leur fusil pour le couteau et le pistolet de combat rapproché. Notre entraînement au corps au corps dénigré par certains va enfin se révéler utile.

Les bestioles sont rapides et leurs coups souvent mortels, mais les troupes de la Fédé savent parer, esquiver et contre-attaquer. Le combat est serré, mais rien n'est perdu. Dans un sursaut de lucidité, je jette un oeil en direction de la ligne d'ennemis rangés devant le camp : elle avance à une vitesse folle et sera bientôt sur nous. À ce moment-là, il n'y aura plus grand chose à faire. De ce côté, le sable soulevé par le surgissement des bestioles et les combats se mélange au sang projeté en tous sens pour créer un brouillard rouge et épais. Les cliquetis caractéristiques des mouvements krakenis se combinent aux sons des couteaux entrant en contact avec leur carapace ou s'entrechoquant avec les scies diaboliques de leurs membres pour donner l'impression d'un moteur qui s'emballe à une vitesse effrénée. Cette atmosphère oppressante rend impossible la réflexion tactique, seule la survie immédiate compte.  

Nous tenons bon, mais ne pourrons jamais reprendre le dessus avant l'arrivée du gros de la troupe. Je regarde ma montre en me demandant si tout ça était vraiment bien calculé.

Quand je vois la tête de la créature à deux mètres de moi éclater, je prends le temps de reprendre mon souffle. Je suis encore en vie et elle est morte. Mais ce qui me rassure vraiment, c'est que je ne l'ai pas tuée. Je n'ai pas de remords à exterminer ces sales bêtes. Simplement, ce n'est pas moi, et ce ne peut pas être un coéquipier à proximité, trop concentré sur sa propre survie. Je regarde le troupeau de bêtes sauvages créant un nuage de poussière dans sa course. Il nous reste encore une trentaine de secondes avant l'impact. Ça devrait suffire.

Tout autour, les Krakenis commencent à tomber. Dès qu'ils s'écartent des nôtres, ils meurent instantanément. Nos tireurs d'élite sont parmi les meilleurs de la galaxie. La mélasse rouge environnante ne facilite pas leur visibilité, mais les Krakenis sont plus grands que nous et constituent des cibles facilement repérables au-dessus de la mêlée pour les snipers positionnés au sommet de la dune derrière nous.

J'avais calculé un peu juste, mais ça passera. Je savais qu'on pouvait tenir sans problème quelque temps, même au corps à corps, et je préférais ça à révéler la présence du groupe de tireurs trop tôt.

La moitié des hommes ne sont déjà plus en danger immédiat et se positionnent pour allumer les coureurs. Comme à la fête foraine, mais avec un temps limité. Dans cinq secondes, ils seront sur nous.

Je joins mes tirs à ceux de mes gars pour tenter de décrocher le gros lot. En l'occurrence, c'est notre vie qui est en jeu, et ça motive plus qu'un ours en peluche.

--- Préparez-vous !

Impact.

Beaucoup vont mourir. Beaucoup sont déjà morts. Celui devant moi par exemple, Martinez ? Oui, je crois... Merci Martinez. Je me retrouve à nouveau projeté en l'air. La bestiole transformée en char d'assaut lancé à pleine vitesse l'a saisi dans sa gueule sans même s'arrêter et son corps m'a percuté au niveau des jambes dans son élan, au moment où elle le soulevait de terre. Je profite de ma position haute pour évaluer la situation, et aussi pour distribuer quelques balles aux coureurs arrivés en tête. Beaucoup d'hommes sont morts. Je les ai vus. Mais maintenant que tous les ennemis sont à portée de main et de snipers, ils ne pourront pas s'en sortir.

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