Chapitre 6. Opération.

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Dans la grande salle où ils m'emmènent puis me laissent seule, pantelante, perdue, au milieu de gens et d'instruments de chirurgie. Voyant la magnifique couleur de mon épaule, un médecin accourt vers moi et l'observe attentivement. Il me dit que je suis une fille courageuse et forte ça ne s'est pas infecté. Tant mieux. Je n'ai pas envie de souffrir encore plus. Le médecin n'a pas l'air de vouloir ma mort. Il s'adresse à quelqu'un que je ne vois pas, à l'autre bout de la salle.

— Yep, patron ! Elle est prête ! Je pense qu'il faut lui faire une anesthésie quand même.

_ D ou C ? lui demande une voix grave, puissante.

_ C sans hésitation ! Tu as vu comment elle a décimé les gars ?

_ Oui, c'est pour ça que je pencherais plus sur D. Ou les deux...

_ Non, on ne peut pas mélanger les deux, elle échapperait à notre contrôle.

_ Bon, va pour C alors, au moins elle nous aidera.

_ OK.

Puis, il me demande de le suivre. Il me tire par le bras, ce qui me fait grimacer de douleur, mais je ne dis rien. Il s'arrête devant une table d'opération et appuie son pied sur une pédale ce qui fait se tirer un rideau, qui nous cache des autres. Il sort une petite seringue et la remplie, il appuie sur le piston pour faire sortir l'air car de l'air dans le sang c'est mauvais. Il me fait asseoir sur la table afin d'être à la hauteur de mon cou. Il me le désinfecte et m'injecte le contenu de la seringue dans l'artère principale. Je n'aime pas les piqûres mais tant que ça ne fait pas mal, je supporte. En mettant sa main à la limite de mon cou le médecin me repousse pour me faire m'allonger. Je me laisse faire. Avant que l'anesthésie de mon cerveau ne me fasse sombrer je lui demande s'il va me raser le crâne pour m'opérer. Il me répond que non mais que j'aurais une cicatrice derrière l'oreille. L'effet du produit ne prend pas beaucoup de temps avant d'agir.

Une force inconnue m'enserre le cerveau et me comprime. Puis plus rien, je ne vois plus, je ne sens plus, je ne touche plus et n'ai plus de goût, j'ai peur. C'est cela la mort ? Est-ce que tout a échoué ? C'est étrange je ne sens plus rien, c'est le vide, il y a juste mes pensées qui flottent lumineuses dans ce noir des ténèbres. Je... je n'arrive plus à penser... Quelques minutes passent et la pensée revient, changée, brutale comme une vague furieuse. Elle déferle en moi et chaque mot d'un nouveau vocabulaire de bataille s'impose dans mon esprit et dans mon cerveau. Tout cela comme une marque au fer rouge, sauf que cela ne fait pas mal. Ah ça y est, je commence à retrouver mes sens ! Aïe, malgré tout j'ai mal à la tête, et au fur et à mesure que je retrouve mes sens j'ai de plus en plus mal. L'étau que j'avais faiblement ressenti au départ est là. Maintenant il est plus fort et la pression s'accentue. Je sens que je ne vais pas tenir longtemps. Le vocabulaire infiltré ne représente plus grand chose sous la douleur. Un nouveau mot arrive : souffrance. Oui, Raven avait raison, je ne suis pas au bout de mes peines, mon épaule me faisait plus souffrir mais c'est presque pire. Je sens à présent le métal froid de la table chirurgicale. J'ai la tête qui bourdonne affreusement. Au loin, j'entends une voix d'homme, qui parle, et je ne capte que des bouts de phrases. Il n'est pas tout seul, il y a une voix plus grave, la deuxième.

— Je crois... pas tenir.

_ Mourir ?

_ Non... anesthésiant... faible. Elle... forte.

_ Loupé, raté ?

_ Non... c'est bon... juste... douleur... longtemps... attendre... effet se dissipe.

_ Etat ?

_ Vaseux... cependant... consciente... si elle... entend... conversation... pas comprendre... totalité.

_ Sûr ?

_ Oui... ...tain ... patron.

Je n'ai pas tout compris mais je sais que ça va durer longtemps avant que l'effet ne se dissipe. Je suis forte et l'anesthésiant est faible, mais la puissance de la douleur me fait très mal. En effet, je n'ai pas tout compris mais ça me suffit, je n'ai pas besoin d'en savoir plus. Ce patron n'est pas quelqu'un de bavard, il parle pour dire quelque chose de simple de direct. C'est un bon patron. Sévère, on le sens dans sa voix, ce n'est pas quelqu'un de facile à manipuler. Raven m'a dit que personne ne l'avait vraiment vu (pas le "nôtres" en tout cas). Je n'ai pas envie d'avoir affaire avec lui. S'il est là c'est qu'il s'inquiète. C'est qu'il tient à moi, ou du moins à ce que je représente. La rumeur de la prophétie à peut-être déjà circulé. Je vais donc certainement devoir lui parler. Je prends mon mal en patience, c'est tout ce que je peux faire pour l'instant. Tant pis. Je me demande ce qu'ils m'ont fait. Moi et mes éternelles questions sur mon existence, elles ne s'en iront donc jamais ? Raven m'avait dit que je deviendrais débile ou combattante. J'arrive à penser normalement et la violence des mots dans mon esprit me fait trembler. Et c'était quoi D ou C ? Trouvé ! D pour Débile et C pour Combat ou Combattante. Et il a dit C ! Yes ! Je vais pouvoir les massacrer, en faire de la bouillie et retrouver David puis s'échapper ! Ouh là ! La rigidité de ma phrase m'étonne, je suis réellement devenue violente ! Il va falloir que je fasse attention à tout ce que je dis et ce que je fais, à présent.

Quelque chose m'effleure la peau, je reconnais la texture d'un coton imbibé d'un liquide froid, et un objet pointu rentre dans ma peau. Si je me concentre bien, grâce à mes sens décuplés, je peux sentir le liquide couler et se mélanger à mon sang dans mes veines. Je veux ouvrir les yeux ! Je m'endors doucement contre mon gré.

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