Chapitre 9. Retrouvailles.

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Tous les gens de notre espèce entrent. Raven se précipite vers moi.

— Tu vois que c'était toi !

_ Sont-ils au courant ?

_ Certains ont des doutes mais non ils ne sont pas au courant.

Elle se retourne vers la masse humaine et du haut de ses six ans et de sa voix fluette elle récite :

" Lorsque la Lune enfantera,

 Le Portail s'ouvrira,

 Le peuple persécuté, au bout de quinze années,

 Retrouvera sa liberté.

 Elle retrouvera l'être perdu,

 Et la vérité lui sera rendue,

 Sa transformation commencera,

 Et l'aventure, enfin, débutera."

Elle laisse un suspense puis ajoute, dans un silence de mort :

— Vous vous ne souvenez pas de la prophétie ? C'est l'Ancien qui l'avait dite, il y a quinze ans pendant l'éclipse du bouleversement. C'est elle la fille de la Lune ! (elle me pointe et tout le monde le suit du regard.) C'est elle qui a ouvert le Portail pour nous libérer. C'est elle encore, qui n'est pas transformée et qui ne sait rien de nous. C'EST ELLE ! Vous entendez ! C'EST ELLE !

Personne ne répond de vive voix mais j'aperçois des lueurs d'espoir dans les yeux de certains. Mais tout le monde n'est pas enthousiaste que ce soit moi qui les sauve. Comme si ça les dérangeait de savoir que leur vies on été sauvées par une fille de quinze ans.

— Comment t'appelles-tu ? me demande la voix chevrotante d'un vieil homme.

_ Sélène.

_ Je suis l'Ancien. Je ne t'ai jamais vue mais je t'ai sentie arriver, je savais que c'était toi. Une aura énorme émane de toi. Elle est puissante. Ta naissance a bouleversé notre monde. Tu nous a fait enfermer ici jadis et tu es revenue nous délivrer aujourd'hui. Quand Raven a dit que c'était toi, elle a raison, elle est jeune et pourtant c'est certainement la plus savante parmi nous. Maintenant il faut partir. Suis-moi.

_ Attendez ! Je vous en supplie, je dois retrouver ma mère. Ils l'ont amenée ici. Je suis persuadée qu'il la connait.

En disant " il " je me retourne vers le directeur, toujours dans son bureau, ayant assisté à la scène.

— Comment s'appelle t-elle ? me questionne l'Ancien.

_ Essindra. Elle s'appelle Essindra.

_ Hmm, oui, Essindra, je la connais. Avant que tu ne naisses elle est venue me voir pour savoir si tu allais être une fille ou un garçon. Déjà à cette époque là tu avais une aura puissante. Es-tu sure qu'elle se trouve encore ici ?

_ Bah, il n'y a qu'à lui demander.

Je me dirige vers le directeur. Je lui attrape le poignet qu'il s'est ouvert et appuie. Il sert les dents pour ne pas crier.

— Où est-elle ? Et le père de David ? Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure. Je relâche ma pression sur sa blessure pour qu'il puisse parler sans grincer des dents.

— Ils sont dans la cellule des invités, étage sept, chambre six-cent-soixante-six. En attente, je te l'ai déjà dit. Lâche-moi !

Je le défie du regard.

— Non.

Comme pour lui prouver que je ne le lâcherais pas, je serre sa main encore plus fort que la dernière fois, il pousse un petit cri. Sonia me dit d'arrêter. Elle va nous conduire à l'infirmerie, et nous passerons chercher ma mère et le père de David puisque sa belle-mère n'a plus de souvenirs. Bien. C'est d'accord, de toute façon, maintenant j'ai de nouveau mal à l'épaule, nom d'un chien, ça me fait si souffrir ! Re-rebelote nous revoilà à déambuler dans ces couloirs infinis. Cette fois je repère la croix rouge et je sais que nous sommes arrivés. Désormais je peux me repérer. A droite, c'est pour aller aux cages, à gauche, la salle d'entrainement.

— Eh, Sonia, si on s'en va, je ne suivrais pas le programme d'entraînement de combat ? Et s'il n'y a plus personne, cet endroit va tomber en ruines.

_ Non, ils ont une base de combat chez eux. Ici il ne restera que ceux qui ont eu l'opération D, on ne peut pas les renvoyer chez eux. On a choisi ceux qui sont les plus aptes à combattre et sauver leur monde. Tous les employés, comme moi, qui connaissent votre existence et votre secret vont passer leur carrière ici. Ces gens ont choisi et accepté de vivres seuls et de ne révéler leur vrai métier à personne. Moi je m'occupe de vous alors je dis que je suis aide-soignante. Les infirmiers et médecins peuvent dire ce qu'ils font mais n'ont pas le droit de révéler leur lieu de travail.

Voyant son patron arriver, un infirmier se précipite vers lui pour le prendre en charge. Le même jeune homme qui m'a examinée un peu plus tôt dans la journée vient et ausculte mon épaule. Il fait plusieurs allers-retours entre une grande armoire et son ordinateur où il s'arrête pour prendre des notes. Au bout de quelques minutes il saisit un petit plateau et se plante devant l'énorme armoire et y prend des boites de médicaments. En faisant attention à ne rien renverser il part se chercher un verre d'eau. Non je me trompe, le verre d'eau, c'est pour moi, pour faire passer un médoc. Il est revenu et s'affaire autour de moi. Je me mords l'intérieur des joues pour ne pas hurler. Il me désinfecte l'épaule avec de l'alcool. Il sort du fil et une aiguille. Avant qu'il ne commence je lui demande s'il va m'anesthésier. Il me rassure en disant que oui car il ne faut pas que je bouge pendant qu'il me recouse. Tant mieux parce que si j'ai mal je vais gigoter pour échapper à la douleur. Il fait ça vite et bien. J'espère sincèrement que l'on ne se réattaquera pas à ma pauvre épaule. Je sais que tout ce bazar n'est pas fini et qu'il est moi de l'être. Je vois l'infirmier se faire soigner pas l'autre infirmier. Ils se parlent. Ils ne rient pas et l'autre se dépêche. Un moment nos regards se croisent, c'est lui qui baisse les yeux en premier. Ça me surprend qu'un adulte, maître dans cette prison, baisse les yeux face à une captive. Captive bientôt libre d'ailleurs.

Je presse Sonia, il faut nous dépêcher de récupérer ma mère. Je me lève remercie l'infirmier et sort. Je rerentre vite fait pour demander le chemin, qui sans se douter de rien, elle me l'indique. Puis elle comprend ce que je compte y aller seule. Elle m'interdit d'y aller. Je ne l'écoute pas et je prends le troisième couloir sur ma droite, la porte six à gauche et continue tout droit. Je tourne encore à droite, puis à gauche. Je m'arrête un instant devant l'ascenseur puis l'appelle. Ça ira plus vite que les escaliers. Je monte à l'étage numéro sept. Je me mets du côté des portes paires, pour ne pas perdre de temps, je cours. Porte 100, 132, 302, 404, 486, 516, 602, presque ! 614, 656, 666 ! Je m'abats sur la poignée mais la porte est verrouillée. Merde ! J'entends l'ascenseur descendre. J'essaye de reprendre mon souffle. Il faut vite que je trouve une solution pour ouvrir cette fichue porte. Je tambourine contre la porte. C'est ma mère qui répond :

— Oui, qui est là ?

_ Maman ! m'exclamais-je soulagée d'entendre sa voix.

_ Sélène, c'est toi ?

_ Oui ! (qui veut-elle que ce soit d'autre ?) C'est un peu dur à expliquer mais il faut que tu sortes d'ici avec Mickael. Vite !

_ Mais, c'est fermé à clé, et il n'y a pas de fenêtres, comment veux-tu faire ?

_ Il faut trouver une solution !

Ting ! Nous n'avons pas le temps de réfléchir. Ils sont déjà là, les portes s'ouvrent et Sonia et le patron en sortent essoufflés. Quand ils m'aperçoivent, synchroniquement, leurs épaules s'affaissent de soulagement. Ils se doutaient que je sois là mais ils n'en étaient pas tout à fait sûrs. Me voyant agripée à la poignée, le patron glisse sa main bandée dans sa poche et en ressort, victorieux, une petite clé dorée. Ils s'avancent dans le couloir mais je les trouve trop lents. Je m'élance jusqu'à eux et attrape la clé. Je souffle un bon coup et repart dans l'autre sens. Je suis tellement excitée à l'idée de la revoir que je n'arrive pas à mettre la clé dans la serrure, j'ai les mains qui tremblent. Sonia trottine pour venir jusqu'à moi. Elle me prend la clé des mains et pendant un instant j'ai peur qu'elle la jette par terre, loin. Mais elle l'a met à l'envers tourne une fois vers la droite, remet la clé normalement puis tourne deux fois vers la gauche. Je la regarde faire en haussant les sourcils, l'air étonnée. Sérieusement, c'est comme ça qu'ils ouvrent les portes ici ? C'est un bon moyen de sécurité mais bon... bah, si c'est efficace... Elle me laisse ouvrir la porte et je me jette dans les bras de ma mère qui m'attendait, stressée, derrière cette maudite porte à serrure étrange.

Je lui présente Sonia qui est visible par sa taille, plus grande que la mienne, elle ne peut pas se cacher derrière moi. Sonia est très gentille, bien que son comportement avec certaines personnes est bizarre. Essindra appelle Mickael. Il arrive tranquillement et quand il me voit il se précipite et me serre dans ses grands bras. Il s'exclame joyeusement :

— Sélène, enfin, tu es venue nous sortir de là !

_ Oui, on va enfin partir d'ici.

_ Eh bien, allons-y, ne perdons pas de temps !

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