Chapitre 13. Manipulation.

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Je m'allonge sur le dos pour faire passer la douleur mais c'est encore pire, l'eau qui coule dans les oreilles. Il faut que j'arrête de pleurer maintenant. Je pose mes mains sur mes yeux en m'asseyant sur mes genoux pour respirer fort et profondément. Dans ma tête, je m'imagine ma forêt pour m'apaiser. Mes larmes, ma douleur, mes ennuis et mes doutes sont engloutis par le vert feuillage qui tapisse mon esprit. Lentement mais sûrement, mon corps se calme, d'une telle tranquillité que j'en ai envie de dormir. Je lutte, je ne suis pas en sûreté, pas encore. Il faut que je me trouve un bâtiment pour me cacher. Je ne connais pas ce monde, pourtant je sais exactement où je dois aller. Sur l'insant tout me paraît normal, je ne me doute pas que ce ne sont pas tout à fait mes pensées. C'est plus fort qu'une simple pensée qui me guide, plus une conviction. Comment expliquer la brusque envie de partir du groupe ? Puis cette sensation de ne pas être en sécurité pour que j'ailles vers ce bâtiment précis ? Ma volonté s'échappe et je pers le contrôle, je ne vois que part mes yeux, tout n'est que brouillard. Mais alors qui la contrôle ? J'ai bien une hypothèse qui doit être vraie ; quelqu'un qui a achevé sa transformation me manipule. Mes pas me mènent vers les tristes ruines délabrées, soulevant de la poussière de roche, au sol. C'est toujours aussi gris, partout. Il a l'air tout aussi vide que les autres mais une infime soupçon me dit que non. Je ne crois pas au hasard. Je ne suis pas aussi naïve, je pressens que je me jette dans la gueule du loup et je n'y peux absolument rien.

A présent, je me trouve devant la façade. Je l'observe, c'est grand avec quelques fenêtres cassées voir disparues. Un toit plat, en béton, cette abscence de pointe et de tuiles me laisse voir un panorama sur le ciel aussi morne que la terre. Comme on dit sur Terre ; il n'y a pas un chat. A la réflexion c'est pas faux. Aucun animal, aucun bruit. Le simple fait de faire un pas ou rouler un caillou sous ma chassure paraît extêment bruyant. Moi qui n'aime pas les souris, je m'attendais à en voir partout mais non. Je pousse la porte, évidemment pas verrouillée car le verrou à sauté avec la poignée. J'en viens à me demander pourquoi et comment j'en suis arrivée là. Il y a plein de poussière et cet afflu me fait éternuer. La porte ne s'ouvre pas en entier et je suis obliger de pousser très fort pour me glisser à l'intérieur, c'était une chaise cassée qui bloquait. Je l'enlève, puis je me dis qu'elle était là pour ne pas que quelqu'un rentre, peut-être. Tant pis, je lance le reste de la chaise dehors, après avoir grand ouvert la porte et je ne sais pas ce qu'il me prend, c'est insensé comme comportement. Elle fait un bruit assourdissant en retombant et je frissone, c'est à réveiller les morts... Je pense qu'il y a beaucoup de lieux désafectés comme celui ci ; c'est triste, je me demande comment tout cela est arrivé. Ce devait être une maison ou une habitation d'après mon début de visite. La scène de la chaise flotte dans mon esprit et ne veut plus en sortir, je m'arrête même soudainement car je viens d'avoir une illumination ; c'est moi et moi seule qui a balancé cette pauvre chaise et personne ne m'y a forcé. La chose qui m'a ammenée ici s'est retirée avant que j'ouvre la porte puisque de, moi même, j'ai pu observer le bâtiment de l'extérieur. Je suis libre ! Libre de tous mes faits et gestes !

Passé ce moment de joie, je vois qu'il y a trois à quatre centimètres de poussière au sol, et comme à la montagne dans les films policiers (ça me manque d'ailleurs...) on voit les traces de pas dans la poudreuse, mais ici c'est sans la neige. C'est étrangement construit ici, il y a un escalier qui descend. Ce qui est bizarre, c'est que le bâtiment à de quoi faire deux étages, mais là le plafond est bas et l'escalier descend... Je l'emprunte et une fois en bas, je vois qu'il n'y a absolument pas de poussière. Et, surprise, en face de moi se trouve un escalier qui monte, c'est quoi ce délire ?! Je le prend donc, et arrive à un étage caché, ingénieux. Aucune trace de poussière ni de meubles même s'il y en a très peu dans la pièce principale. Je redescend, et ça m'a l'air beaucoup plus grand qu'au dessus. Les fondations de la maison sont vraiment pas communes. Il est meublé d'une grande armoire fermée et un bureau avec une lampe à huile. Il n'y a bien sûr pas d'électricité ici... Dans cette pièce sans fenêtres ni lumière, j'y vois pourtant très clair, mais cela ne me surprend pas. C'est suspect, encore une fois mais je n'en pense rien. Je pivote vers l'armoire et l'ouvre, plaque mes deux mains sur ma bouche pour ne pas hurler et recule jusqu'a ce que je me retrouve acculée contre le ladit bureau.

La raison de ma frayeur est que dans l'armoire, il y a trois personnes qui pointent leurs armes vers moi. Ils sont extrêmement maigres, leur peau est sur les os, les joues creuses, les yeux enfoncés dans les orbites comme s'ils allaient tomber à l'intérieur du crâne... On dirait des zombies avec leurs vêtements qui flottent sur eux. Mon visage doit sûrement aborder une expression de dégoût total et une frayeur complète. Ces quelques secondes passent alors que je suis momentanément tétanisée. Sans attendre un instant de plus, poussée par l'adrénaline, je m'élance dans les marches pour sortir de là. Je ne veux même pas me retourner, même s'ils avaient l'air affaiblis et lents. Piquant le plus beau sprint de ma vie, je me précipite vers la porte, l'ouvre à la volée et continue de courir dehors. Tout mon corps est parcouru de spasmes violents alors que ma course épuise ma respiration et qu'un mot occupe mes pensées : "Piège, piège piège..." il tourne en boucle, se répète et me terrifie. Je manque de perdre ma main gauche. En sortant, je n'avais pas vu que le soleil perçait à travers les nuages. Une onde de chaleur est passée à quelques centimètres de mes doigts. Là, je m'arrête et sur le sol, des tâches lumineuses se répandent. Me vient alors une nouvelle certitude qui me tétanise : 

Je vais mourir.

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