33. Les combats du gladiateur

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Alexei

Le jour se lève et j’ouvre les yeux, tous mes sens en alerte, comme tous les matins. L'entraînement militaire ne s’oublie pas si facilement que ça. J’ai toujours ce petit moment où je me demande où je suis, où je suis prêt à partir au combat, prêt à me battre. Mais comme chaque jour depuis que Clem dort avec moi, je me relâche vite en la voyant dans mes bras, belle et sereine, apaisée dans son sommeil. Enfin, se relâcher n’est pas le mot adéquat car tout mon corps ne l’est pas. Mon érection matinale est bien présente et renforcée par la vue qui s’offre à moi. Elle me tourne le dos, et mes mains viennent se poser sur ses fesses automatiquement. Comment est-il possible d’avoir des courbes aussi divines ? Mes doigts se glissent sur ses lèvres avant de remonter le long de ses jambes jusqu’à son cou.

Elle tourne un peu la tête et passe son bras derrière ma nuque pour venir m’embrasser. Je ne peux résister au plaisir de poser ma main sur son sein splendide alors que nos bouches s’unissent dans un baiser sensuel. Mes doigts viennent s’amuser avec son clitoris mais quand j’en introduis un au fond d’elle, elle cherche à me repousser en me montrant l’endroit où dort Lisa. Je souris et pose mon index sur ma bouche pour lui intimer le silence, en profite pour le lécher alors qu’il est déjà couvert de son doux nectar, puis me positionne sur elle. Je viens lécher ses seins aux tétons tendus avant de la pénétrer doucement. Elle lutte pour ne pas faire de bruit et nous nous unissons dans un combat silencieux. La bataille de nos désirs fait rage et nous faisons équipe pour jouir tout en cherchant à réfréner tout bruit. Lorsque le plaisir nous fait chavirer, que nous ne pouvons plus espérer aucune trêve avant notre orgasme, nous déclarons chacun notre victoire dans des gémissements que nous cherchons à étouffer en nous embrassant. Cette bataille s’achève par un cessez-le-feu où les deux parties ont remporté la plus belle des victoires : celle de la passion à laquelle il est inutile de résister.

Nous nous embrassons, toujours en silence, avant que je ne me lève et n’aille préparer un petit-déjeuner autour d’un chocolat chaud pour Lisa et d’un excellent café pour Clem et moi. Le bruit que je fais en préparant tout ça réveille Lisa qui se met à pleurer. Avant que je n’aie eu le temps de réagir, elle s’est déjà levée et s’est précipitée dans les bras de la pulpeuse brune qui partage mon lit.

— Oh Madame Clem ! J’ai peur.

J’entends qu’elle enchaîne ensuite en russe, mais Clem, imperturbable, continue de la câliner.

— Elle a fait un cauchemar, expliqué-je, où j’étais mort et où elle se retrouvait seule ici, en France, sans personne.

— Lisa, intervient Clem, c’est fini, ça va aller. Je suis là. Tout va bien.

Cette femme est vraiment magique ! En quelques mots, avec quelques caresses, elle réussit à calmer ma fille que je viens embrasser sur le front avant de m’installer derrière elle pour la serrer entre Clem et moi. Nous sommes tous les trois enlacés et cela permet à ma fille de finir d’oublier son cauchemar et de revenir parmi nous.

— Clem, j’ai réfléchi, cette nuit. Il faut que j’inscrive ma fille à l’école. Tu sais comment je dois faire ?

— Euh, l’école ? Pourquoi ?

Elle a l’air de se réveiller et de sortir de ses pensées difficilement. Je me demande ce à quoi elle réfléchissait, ainsi.

— Parce qu’on est début septembre, et que c’est la rentrée, voyons. Si elle pouvait reprendre avec les autres, ce serait super !

— Oui, oui, bien sûr. Elle doit être en quelle classe ?

— En Russie, elle était en dernière année avant le collège. C’est pareil en France ?

— Si c’est ça, il faut l’inscrire en CM2 et aller voir la mairie.

— Tu crois que je peux faire ça aujourd’hui ? Si je rattrape mes heures demain, tu penses que ça irait ?

— Heu… Oui, on se débrouillera. Je vais voir avec Jérome s'il peut venir te remplacer… Sinon, tu devras un sacré service à Sonia qui va devoir se dépatouiller seule.

— Tu es super, cheffe, dis-je en l’embrassant alors que Lisa me regarde avec de grands yeux.

— Mne nada ierat v schkolie ?

— Parle en Français s’il te plaît, Clem ne parle pas russe, tu sais. Tu n’as donc pas appris à l’école ?

— Oui Papa. Je dois aller à l’école ? répète-t-elle en français.

— Oui, mon poussin, tu dois apprendre le français. Et tu te feras des amis, tu verras. C’est mieux de commencer en même temps que les autres, non ?

— Moi, je veux rester avec Madame Clem !

— Appelle-là Clem, déjà. C’est pour ça que tu as besoin d’aller à l’école ! Pour apprendre à parler comme les enfants d’ici.

— Da, répond-elle, mutine, en russe.

Je souris en la voyant ainsi, dans les bras de Clem. Les deux femmes de ma vie sont là, devant moi. Je suis heureux et je me dis que la chance a finalement tourné, que peut-être enfin, je vais pouvoir baisser les armes et me faire à la paix qui règne chez moi en ce moment.

Quand je rentre le soir après ma journée à essayer d’avoir le Saint Graal, l’inscription de ma fille à l’école, c’est le coup de feu au restaurant. Je vois d’ailleurs que ma fille est installée au bar et regarde tout ce qu’il se passe avec ses grands yeux ouverts. Elle me fait penser à sa mère, ainsi. C’est fou ce qu’elle lui ressemble… Même si je ne travaille pas, j’enfile vite fait mon tee-shirt du restaurant et viens donner un coup de main à Sonia et Jérôme. Ma fille me regarde faire et je lui fais des petits sourires tout en m’occupant des boissons, des desserts, tous ces trucs qui prennent plein de temps et qu’on a toujours du mal à gérer quand on s’occupe du service.

Une fois que ça se calme un peu, Clem me fait signe de la rejoindre dans son bureau et je la suis, prêt à lui narrer les résultats de mon épopée.

— Alors ?

— La lutte a été rude. J’ai dû batailler ferme. Heureusement que j’y suis allé armé jusqu'aux dents !

— Rien que ça ? Quel était le problème ?

— Ben, elle est russe et vient d’arriver en France. Mais j’avais prévu le coup. J’avais tous les papiers. Tu m’aurais vu débarquer à la mairie, au bureau des écoles. Un vrai abordage digne des pirates ! La secrétaire a essayé de me coincer. Et boum ! Reboum ! Et rataboum ! J’ai déposé tous les documents que j’avais préparés !

— Impressionnant, beau blond !

— Après cette première bataille, il a fallu convaincre le Directeur. Et là, nouvel exploit à réaliser car il n’a pas voulu me recevoir. C’était pas le bon jour, blablabla.

— Et donc ? s'impatiente-t-elle avant de rire. T'as fini avec ce teasing, sérieusement ? J'ai un restaurant à faire tourner.

— Eh bien, j’ai attendu qu’il sorte le midi pour sa pause déjeuner. Et je lui ai mis le couteau sous la gorge ! Enfin, façon de parler. Avec un peu de persuasion, il a accepté de me recevoir en début d’après-midi. J’ai donc eu le temps d’élaborer ma stratégie…

— Abrège, Thor, j’ai vraiment un restau à gérer. C’est bon ou pas alors ?

— Eh bien, le combat a duré pendant de longues minutes. Argument contre argument, documents contre mauvaises excuses jusqu’à l’assaut final. Il a dit oui, finalement, vaincu. Terrassé par mon dernier argument. Il n’a pas su lui dire non.

— Et c’était quoi cette arme fatale ? me dit-elle, tout sourire, amusée par mon récit.

— Toi.

— Hein ? Moi ? Pourquoi, moi ? C’est quoi cette histoire ? Qu’est-ce que… Dis-moi tout.

— Eh bien, je lui ai dit que s’il acceptait ma fille en classe, et ce, dès mardi pour la rentrée, eh bien, il aurait droit à un repas gratuit ici ! Enfin, gratuit pour lui, parce que je paierai, ne t’inquiète pas ! Mais il a tout de suite dit oui ! Stratégie gagnante ! Plan de bataille parfait. Échec et mat !

— Bordel, tu m’as fait peur ! J’ai cru que tu m’avais vendue au vieux dirlo, qui était déjà directeur à l’époque où j’étais à l’école, rit-elle.

— Non, toi, tu es trop belle pour que je te vende à un vieux con ! En tous cas, j’ai réussi ! Mardi, huit heures trente !

— C’est génial, félicitations Papa-Thor !

— Et si on fêtait ça, ce soir, après le service ? On pourrait aller se manger une glace au bord de mer ? Tous les trois, ça te dit ?

— En mode pique-nique avec nos glaces ou on passe en acheter au glacier sur le port ?

— Avec tes glaces et tes jolis melons, dis-je en venant lui caresser les seins. Mais tu n’as pas un restau à tenir, toi ?

— Satané Russe, bougonne-t-elle en repoussant mes mains. Obsédé, en plus ! Pas de baiser, mais tu me tripotes en terrain conquis ?

— Tu veux baiser, rétorqué-je, faisant mine de mal comprendre.

— Arrête de faire l’imbécile ! Ça me donne envie de tout sauf de sexe, homme de Cro-Magnon.

— Eh bien, moi, ce que je veux, c’est de la glace faite maison au bras d’une princesse !

— Princesse pour ta fille, si tu veux, mais si c’est moi que tu qualifies de princesse, on va avoir un problème, mon cher. Bon, j’ai droit à un bisou ou t’en as rien à foutre tant qu’on ne baise pas ?

— Pour un baiser de toi, je ferai n’importe quoi ! dis-je en chantant.

Je me penche alors sur elle, et, tel le guerrier qui revient de ses combats, je viens chercher ma récompense auprès d’une femme merveilleuse. Vu comment cette lutte du plaisir est engagée, rien ne pourra nous en détourner. Je suis dans l’arène, avec elle, j’ai l’impression d’en être le héros, le gladiateur dont le glaive tendu démontre toute la force et l’intelligence. Avec elle, j’ai juste une impression simple et brutale, celle d’être invincible.

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