40. Girl power

10 minutes de lecture

Pas de voyage à vous raconter, mais je prends quelques secondes de votre temps précieux parce qu'aujourd'hui, à un ou deux jours près, cela fait un an que Lecossais et moi avons débuté cette belle aventure du 4 mains. C'est fou comme le temps passe vite, comme les mots se sont enchaînés, les pages, les chapitres, les docs google, les histoires.

C'est juste complètement dingue, et je pèse mes mots.

Aujourd'hui, on compte 7 romances terminées et une 8ème en cours d'écriture. Ce qui veut dire qu'on en a deux complètes sous le coude pour vous après Le Plaisir Normand, vous savez ?

Bientôt, vous découvrirez une nouvelle histoire, avec deux personnages chauds que j'adore particulièrement (bon, si je suis honnête avec moi-même et avec vous aussi, je les adore tous) et qui ont une passion commune : la danse. Autant vous dire que ce sera caliente !

Bref, je m'égare (pour changer).

C'est sans doute le moment où je devrais remercier Lecossais, je crois !

Donc, cher co-auteur :

Merci de me suivre dans mes idées tordues, merci d'être toi-même un tordu aux idées folles :p

Merci pour ta patience, pour ta folie, pour tes changements de plans, tes instants cruello. Merci pour ce romantisme et cette magie des mots, merci pour ces moments où je souris en nous lisant, où je ris, où je rêve, mais aussi pour ceux où j'ai la larme à l'œil et la gorge qui se serre. Merci pour ces soirées, ces chapitres, ces petites heures par-ci par-là.

Et merci de tenir le coup, je sais que je ne suis pas un cadeau !

Allez, j'arrête de blablater, je vous laisse tranquille. Bonne lecture les gens !

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Clémentine


Je prends le temps de faire la vaisselle entre deux préparations de sauces, et je plaide coupable, je récupère le tabouret pour me poser quelques minutes. Mathilde est en retard et je me rends compte que j’attends beaucoup de sa venue. Trop, sans doute. J’ai besoin de ma meilleure amie, de sa bonne humeur, de son soutien, de son mini talent pour la cuisine. En fait, j’ai presque autant besoin d’elle que d’une foutue nuit de sommeil de plus de quatre ou cinq heures.

— Tu fais la vaisselle assise ? Je ne savais pas que tu approchais de la retraite, Clémounette !

— Oulah, ton humour est resté dans le sud ? ris-je en me levant pour prendre ma sauveuse dans mes bras. Merci d’être venue.

— C’est normal, girl power, et ça fait longtemps que je n’ai pas maltraité de mecs, rit-elle en me serrant contre elle.

J’ai l’impression que tout mon corps se détend rien que de l’avoir près de moi. Bon, la fatigue ne part pas pour autant, mais je retrouve un minimum de sérénité en présence de mon binôme de toujours. Mathilde a été là à chaque gamelle, drame, galère, mais aussi pour chaque bonne nouvelle, moment heureux, expérience inédite.

— J’espère que tu as envie de cuisiner aussi, parce que j’ai vraiment besoin d’un coup de main, je prends l’eau ici…

— Je veux bien essayer, mais seulement si tu me racontes tout en détail.

— Je ne suis pas sûre que tu sois capable de cuisiner et parler en même temps, ris-je.

— Je suis une femme, je suis capable de tout ! Et c’est toi qui dois parler, pas moi.

Je lève les yeux au ciel et l’attire devant mon ancien piano, où mijote une sauce au cidre.

— Les recettes sont dans le classeur, là tu as la liste de ce dont j’ai besoin, et tous les ingrédients sont dans le frigo derrière toi. Au boulot, Ginette !

Mathilde me regarde sans bouger avant d’éclater de rire.

— T’es frappée, ma pauvre. Tu n’as pas peur que j’empoisonne tes plats !

— Non, ça, on me l’a déjà fait, tu peux passer à autre chose ! Je crois d’ailleurs que l’on m’a tout fait…

— Raconte-moi tout, soupire-t-elle en ouvrant le classeur. Il me faut tout le biscuit nécessaire pour casser des genoux.

Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant sa détermination. Hervé, Linguini et Alexei devraient flipper, Mathilde est capable de tout mais surtout du pire. Elle s’attaque à la cuisine tout en m’écoutant déverser tout ce qui a besoin de sortir. Elle ne parle pas, sauf pour me poser des questions, et réagit à coups de borborygmes divers, de froncements de sourcils, de soupirs et de grossièretés bien placées.

Je m’interromps brusquement dans mes explications alors que Sonia et Alexei entrent dans la cuisine.

— Oh, bonjour Mathilde ! Te voilà de retour, s’enthousiasme Sonia en allant enlacer ma meilleure amie.

— Oui, il paraît qu’on avait besoin de Supergirl ici, alors je débarque.

— Bon sang, tu me fais peur, Mathou, c’est inquiétant, cet humour.

— C’est parce que je suis sous le choc, en fait. Difficile de faire de l’humour, cingle-t-elle en lançant un regard noir à Alexei.

— Bonjour Mathilde, grommelle ce dernier, visiblement pas satisfait de voir qu’il a désormais une deuxième furie à affronter en cuisine.

— Vous avez besoin de quelque chose ? demandé-je, pas très à l’aise du comportement de ma meilleure amie, même si j’apprécie sa solidarité.

— C’est quoi le plat du jour ? me demande un peu sèchement Alexei. Je vais aller préparer les tableaux pour éviter de me prendre un coup de couteau ici.

— Un lapin au cidre, si Mathilde ne laisse pas cramer ma sauce. Baisse le feu, foldingue !

— Oui, ça va, ça va, je gère !

— Bon sang, elle va me faire cramer la cuisine, et Linguini n’y sera pour rien, bougonné-je en la rejoignant pour l’aider.

— J’ai empêché Linguini de le faire, tu veux que je fasse pareil avec ta copine ?

— Toi, le traître, tu ne t’approches pas de la cuisine ou je te fais rôtir en entier dans le four ! Bordel, dégage avant que je t’étripe, briseur de cœur !

— Eh, mollo Mathilde, c’est bon, soupiré-je avant de rire. Il ne passe pas dans le four, de toute façon.

— Oui, sa connerie est trop grande, tu as raison, dit-elle en lui lançant des éclairs de ses yeux de meilleure amie en colère.

Alexei hausse les épaules, visiblement en souffrance par rapport aux accusations de Mathilde, et sort dans la salle sous le regard médusé de Sonia.

— Je te remercie du soutien, Mathou, mais t’es pas non plus obligée de l’agresser… Je le fais déjà quotidiennement.

— Ouais, et bien, il va comprendre que s’attaquer à toi, c’est comme s’attaquer à un mur d’hormones féminines prêtes à tout saccager sur leur passage ! Bordel, il t’a trahie !

J’en suis presque à regretter lui avoir demandé de venir, pour le coup. Moi qui commençais à me calmer, à relativiser les choses, j’ai peur qu’elle m’embarque à nouveau dans une colère que je peine à contrôler.

— J’ai envie de lui pardonner, Mathou, soupiré-je une fois que Sonia a quitté la cuisine. Remue la sauce, s’il te plaît, sinon elle va accrocher.

— Pourquoi tu lui pardonnerais ? C’est un enculé qui t’a baisée dans tous les sens du terme !

— Ouais, y avait juste un sens plus agréable que l’autre...

— J’ai pas envie de savoir si tu préfères la levrette ou le missionnaire ! Ce gars est une ordure, et arrête de penser avec ton cul ou ta chatte !

— Bordel, respire un coup, tu m’angoisses là. Et pour être honnête, peu importe la position, ris-je, Thor est mon dieu du sexe.

— A ce point-là ? Même après tout ce qu’il t’a fait ?

— Eh bien… Dans tout ce qu’il m’a fait, y a une tonne d’orgasmes, quand même.

— Arrête de penser avec tes hormones ! Il t’a apporté quoi d’autre ? Rien que des emmerdes, non ?

Je soupire en réfléchissant à sa question. Évidemment, il y a eu quelques emmerdes, mais pas que, si ? Il y a eu de bons moments, en dehors du sexe, aussi. Et puis, il y a Lisa.

— Non, pas que, mais tu es trop énervée pour l’entendre, je crois, marmonné-je.

— Dis toujours, ça va m’occuper pendant que j’essaie de sauver cette sauce. Parce que là, sinon, je vais lui balancer la casserole quand il revient, Mister Orgasme.

— Outre les orgasmes, nombreux et plutôt… Ravageurs ? Je sais pas, j’ai repris confiance en moi, tu vois ? Je sais pas...

— Tu as besoin d’un mec pour avoir confiance en toi, maintenant ? Tu es plus amoureuse que ce que je croyais, dis-donc !

— J’ai pas besoin d’un mec pour ça, bougonné-je. J'ai besoin d’une vie en dehors de ce restaurant, de réussite personnelle et professionnelle, d’atteindre des objectifs, ce qui est une vraie galère avec le Plaisir Normand. Et à défaut de sortir, de voir ma meilleure amie, de profiter de la vie dans le Sud, j’avais Alex qui me regardait avec envie, qui appréciait chacune de mes courbes et… Voilà quoi, j’en avais besoin.

— Et tu crois que ça, c’était sincère au moins ? me demande-t-elle, vraiment curieuse et attentive à ma réponse.

— Mystère et boule de gomme… J’espère. Je crois, oui, enfin, des fois je le crois. D’autres fois, je me dis qu’il cherchait quelque chose d’autre, en lien avec son contrat avec Hervé.

— Les fois où je l’ai vu, je peux t’assurer que le désir qu’il a de toi n’était pas feint. Il a l’air d’aimer les jolies femmes comme toi.

— Peut-être, peut-être pas ? Si ça se trouve, il a un stock de Viagra sous son lit, ris-je.

— Punaise, Clem, tu sais que tu fais plus d’effets au mec que n’importe quel cacheton ! Le gars, il est raide dingue de toi. Je comprends même pas comment il a fait pour te faire ce qu’il a fait ? Ça n'a pas de sens !

— Mouais… J’en sais rien, et ça me prend le chou depuis des jours. Je suis plus sûre de rien et ça me fatigue. Je vais faire un tour en salle avant le début du service, j'arrive. Essaie de ne pas faire brûler la baraque, tu veux ?

Mathilde me tire la langue alors que je sors de la cuisine. Son arrivée et cette conversation me remuent un peu trop, j’ai besoin de prendre l’air, de m’éloigner un peu de ses yeux scrutateurs et de ses mots qui réveillent mes questionnements et exacerbent mes émotions.

Alexei et Sonia sont en train de terminer la mise en place des tables et je prends le temps d’observer cette salle qui aurait peut-être besoin d’un coup de neuf. C’est encore propre, agréable, mais ça fait des années que mon père a refait la peinture, à son goût plus qu’au mien. Je m’apprête à sortir sur la terrasse quand mes yeux sont attirés par les fleurs sur les tables. Elles sont réapparues il y a maintenant deux jours. J’avais pourtant dit à la fleuriste que je n’avais plus les moyens de les payer. Pensant qu’elle n’avait pas compris ma demande, je l’ai appelée et elle m’a confirmé que quelqu’un avait demandé à reprendre la livraison et qu’il allait payer pour ça. Quelqu’un avec un accent de l’Est. Quelqu’un qui appelait du restaurant. Foutu Russe, va. Pourquoi faire ça et dépenser son salaire dans ces fleurs ? Je n’ai pas osé lui demander, et d’un côté, voir à nouveau des fleurs sur ces tables me fait un bien fou. Ne plus pouvoir payer ces petits bouquets était un véritable échec pour moi, quand mon père n’a jamais sacrifié cette tradition. Mais c’était ça ou diminuer la qualité de certains des produits cuisinés, et ça, c’est encore moins envisageable.

— Tout va bien ? Vous n’avez besoin de rien ?

— Non, tout va bien, Clem, on gère, comme d’habitude, répond Alexei, un peu moins tendu maintenant que ma meilleure amie n’est plus dans le coin.

— Alex ? Je peux te parler une minute, en privé ?

— Oui, si tu veux, me répond-il, le regard plein d’espoir.

Je lui fais signe de me suivre et sors sur la terrasse, qui ne fera assurément pas le plein ce midi étant donné le temps grisâtre et le vent.

— Écoute… Je voulais m’excuser pour Mathilde, elle a abusé, c’était pas cool.

— C’est rien, elle a sûrement raison après t’avoir écoutée tout lui raconter.

— Qu’importe, c’est… Mathilde, elle vit tout à deux cents pour cent, et est très protectrice.

— Elle a raison de te protéger. C’est fait pour ça, les amis.

— Sans doute, mais elle n’avait pas à être aussi virulente. C’est entre toi et moi, je cherchais du soutien pour le moral et la cuisine, pas un soldat qui part au front pour moi. Je voulais juste que tu le saches…

— D’accord, merci pour ces paroles. Mais ne t’inquiète pas, je ne suis pas touché par ce que peut me dire Mathilde. Ce n’est pas comme quand c’est toi qui me fais ces mêmes accusations…

— Tant mieux alors… Je file, j’ai peur que ce soit Bagdad en cuisine. A plus tard, Thor.

— A plus tard Clem, murmure-t-il en me regardant partir.

Je fais demi-tour après quelques pas et me mets sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Ce bref contact me fait un bien fou et me donne instantanément envie de plus, mais je me contiens et regagne la cuisine. Il me manque, assurément, et j’aimerais retrouver notre complicité. Ajoutez à ça le manque de lui, de son corps contre le mien, et vous avez le combo idéal de la femme frustrée, limite dépressive, et agacée d’être aussi dépendante d’un mec qui la fait souffrir. Fait chier.

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