43. Love and Danse

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Alexei

La soirée avait pourtant bien commencé. J’ai littéralement halluciné quand j’ai vu la robe de Clem. C’est pas possible, on dirait qu’elle veut ma mort ! Ou alors, elle veut se venger de moi ? Me montrer le fruit défendu sans avoir le droit d’y toucher ? C’est horrible… Mais qu’elle est jolie ! Ce morceau de tissu sublime ses formes généreuses et la rend d’autant plus sensuelle. Difficile de passer à côté de la reine de la soirée quand elle appelle les yeux comme un feu d’artifice au quatorze juillet. Clem ne se rend même pas compte de son pouvoir de séduction, elle masque clairement son manque de confiance en elle avec ce caractère de feu. Et, au quotidien, elle se planque derrière sa tenue de cuisinière, quand elle n’est jamais aussi belle que nue.

Et puis, là, alors que j’allais essayer de concrétiser le réchauffement qui commençait à s’installer entre nous, alors que mon cerveau était déjà en train de rêver à une réconciliation, mon humeur a brusquement changé. C’est qui ce type qui débarque ? Et en plus, ce petit con se permet de l’appeler la plus belle ? Mais je vais lui casser la gueule, moi ! Mon poing se ferme déjà quand je vois qu’elle se laisse aborder et qu’il la prend dans ses bras. Putain, il lui met la main aux fesses ou quoi ? Je vais le tuer !

Alors que je m’attends à ce qu’elle lui mette une claque ou qu’elle le repousse pour me laisser la chance de lui foutre une dérouillée, je suis surpris de voir qu’elle continue à se laisser faire. Là, je ne sais pas ce qu’il se passe, mais c’est comme si le monde s’effondrait. C’est à nouveau comme si je me retrouvais en pleine opération de guerre avec des coups de roquettes tout autour de moi qui cherchent à me détruire. Je regarde la scène qui se déroule sous mes yeux comme un automate, mon instinct de survie n’a pas encore pris le dessus et je suis dévasté. Je n’étais donc qu’une passade et, déjà, elle m’a remplacé. Bordel, elle me fait ça alors que je croyais qu’il y avait un truc spécial entre nous. Comment j’ai pu me tromper comme ça ? Comment j’ai pu me laisser aller à des sentiments alors que je n’étais pour elle qu’une bonne baise ?

De rage, je pose mon verre sur une des tables et je me décide à quitter cette mascarade. Je ne vais pas prétendre m’amuser à cette fête pour cette femme qui n’a aucun sentiment pour moi. C’est trop dur, trop compliqué à vivre. Je rage intérieurement, j’ai des envies de meurtre. Pas contre Clem, non, on n’abîme pas une œuvre d’art comme elle. Mais contre ce putain d’Hervé qui a tout gâché, contre Dimitri qui m’a mis la pression même s’il est déjà mort, contre cet enculé qui est en train de peloter la femme qui aurait dû partager le reste de ma vie.

Alors que j’arrive à la porte menant à la terrasse, je sens une main qui se pose sur mon bras. Je me retourne, hargneux, prêt à mordre, prêt à en découdre, mais mon regard s’adoucit tout de suite quand je vois de qui il s’agit.

— Papa, tu vas où ?

— Oh ma Lisa, je ne pense pas que ce soit ma place ici. Amuse-toi et je viendrai te chercher quand il sera l’heure de dormir. Tu vois bien que je vais déranger Clem, si je reste avec vous…

— Pourquoi tu la dérangerais ? C’est bête ce que tu dis.

— Elle est avec son petit copain. Je suis peut-être bête, mais pas aveugle. Écoute, profite de ta soirée, et moi, je vais aller me reposer.

— En fait, t’es pas vraiment amoureux de Clem, Papa ?

— Je crois que je le suis trop, ma chérie. Je ne veux plus lui faire de mal et si elle est heureuse avec ce mec, je ne dois pas l’embêter. J’ai fait assez de bêtises comme ça.

— T’en va pas, Papa. Fais au moins une danse avec moi, s’il te plaît.

Elle me regarde avec cette expression qui me fait craquer. Elle sait que je ne peux rien dire quand elle est comme ça.

— Va voir le DJ et dis-lui de mettre la Macarena ! Je sais que tu adores danser ça ! Et après, je vous laisserai. On fait comme ça, Lisa ?

— La macarena ? rit-elle. D’accord, mais c’est pas avec ça que tu vas donner envie à Clem de redevenir amoureuse de toi.

— Là, c’est ma fille que je veux rendre heureuse, pas la femme de mes rêves. Allez file et reviens dès que ça commence !

— D’accord Papa, mais tu devrais aussi inviter Clem à danser, tu sais !

— Arrête avec ça, Lisa. Clem, elle ne m’aime plus. Elle a son beau gosse et c’est tout. Dépêche-toi d’aller voir le D.J. !

Elle abandonne enfin son combat avec moi et je la regarde se faufiler entre les personnes présentes pour aller voir le gars qui gère la musique. Encore un gars qui se rince l’œil sur la femme de la soirée. Clem est d’ailleurs toujours au bras de celui qui rend jaloux tous les mecs normalement constitués. Il profite clairement de la situation pour lui caresser les hanches et je suis soulagé d’entendre la Macarena commencer. Ma fille court pour revenir vers moi et entraîne Clem dans sa course folle. Quand le “ah” se fait entendre et que l’on saute tous sur ses jambes, je me retrouve à côté de ma fille, mais surtout juste derrière Clem qui est en train de m’offrir une vue incroyable sur son postérieur qu’elle trémousse au rythme de la chanson. Elle a l’air à fond dans la chanson, ma voisine sexy. Et si son copain n’était pas là, à quelques pas sur le côté, c’est sûr que je profiterais encore plus de la chanson. Mais là, je fulmine intérieurement et essaie d’oublier que c’est moi qui ai tout gâché.

“Ah !” nouveau quart de tour. Je me retrouve face à Lisa qui adore tourner dans le sens inverse des autres pour pouvoir faire des grimaces et perturber les danseurs. Elle s’amuse de les voir perdre le compte et se tromper dans les mouvements qu’elle maitrise de son côté à la perfection. Je lui souris et m’amuse à répondre à ses grimaces. Bien entendu, je me trompe, ce qui la fait éclater de rire.

“Ah !”, on tourne encore. Cette fois-ci, c’est Mathilde qui est juste devant moi. Elle aussi a un joli petit cul. Peut-être que c’est elle que j’aurais dû séduire. Comme ça, pas d’histoire de restaurant, pas de trahison… Pourquoi on ne contrôle pas son cœur ?

"Ah !” La chanson continue et je finis par oublier un peu Clem malgré ses déhanchés qui provoquent chez moi des torrents de sensations et d’envies, toutes plus coquines les unes que les autres. Mais heureusement, ça ne dure qu’un quart de tour, et les trois autres, j’en profite pour rigoler avec ma fille qui a l’air aux anges.

Lorsque la chanson s’arrête, ma fille me saute dans les bras et vient me faire un gros bisou.

— Tu es le plus fort, Papa !

— Merci ma chérie, mais je vais te laisser maintenant. Amuse-toi bien.

— Oh Papa, tu n’es pas drôle. Reste, on va s’amuser. Et puis, c’est l’anniversaire de Clem. Tu peux pas partir avant le gâteau.

Je suis obligé de m’avouer vaincu devant son insistance.

— OK, Lisa. Je reste un peu, tu as gagné.

Le sourire qu’elle m’adresse me rassure sur ma décision. Je me poste sur un côté de la salle et la vois qui s’amuse comme une petite folle alors que Mathilde s’approche de moi.

— Tu sais que tu es con, le Russe ?

— Tu sais que je t’emmerde, la Rousse ?

— Je vois que ton humeur est des plus agréables, Thor ! Serais-tu légèrement contrarié ?

— C’est qui, ce type ? Le roi de la levrette ? Tu crois pas que j’ai raison d’être agacé ? Tu es rousse, pas blonde, tu devrais comprendre.

— Je vais passer outre ta misogynie et la blague pourrie sur les blondes, beau gosse, mais confirmer pour le roi de la levrette. T’attends quoi pour marquer ton territoire ? Qu’il la prenne dans son bureau ?

— J’ai pas le droit d’imposer quoi que ce soit à Clem, Mathilde. Tu m’as dit toi-même que si je la faisais souffrir à nouveau, tu me torturerais. Je dois respecter ses choix si ça la rend heureuse.

— Mais quel choix, au juste ? Elle te donne l’impression d’en pincer pour Thomas ? T’as de la merde dans les yeux, mon pauvre.

Je reste sans répondre et regarde à nouveau la scène qui se déroule sous mes yeux en essayant d’enlever cette “merde” que j’aurais dans les yeux selon elle. Et effectivement, Clem a l’air de résister à son cavalier entreprenant. Je ne peux m’empêcher de rire quand je vois sa main qui vient frapper celle du King du doggy qui s’était posée sur ses fesses. A priori, il est mal parti lui aussi pour profiter de son postérieur, à la belle brune, ce soir. Je tourne les yeux vers Mathilde qui a aussi capté la scène et me fait un clin d'œil, en souriant, avant de repartir danser.

Clem est enfin libérée par le gars qui a l’air d’avoir été refroidi par le dernier geste d’agacement de ma patronne. Dès qu’il se casse vers le bar, je la vois qui scanne l’assemblée jusqu’à ce que ses yeux croisent les miens. C’est moi qu’elle cherchait dans la salle. Nos regards se rencontrent et j’ai l’impression qu’une connexion s’établit entre nous. Plus rien d’autre n’existe dans la pièce. C’est un peu comme dans un film où le metteur en scène met les projecteurs sur les deux héros principaux et met tous les autres dans le noir avant de les faire magiquement disparaître. Je ne sais pas ce qu’il se produit à ce moment-là. Peut-être que c’est Cupidon qui renvoie des flèches ? Peut-être que c’est Zeus qui balance des éclairs entre nous ?

La jolie brune plantureuse fait quelques pas vers moi sans lâcher mon regard. Je me sens comme entraîné par une force inexplicable et m’avance aussi à sa rencontre. La musique vient de repartir et c’est un kizomba qui retentit dans les enceintes. Clem finit de parcourir les quelques mètres qui nous séparent encore et vient poser son nez contre ma joue avant que son bras ne passe au-dessus de mon épaule. Son corps vient épouser le mien et je l’enlace dans cette danse sensuelle à souhait. Plus rien n’existe que nos deux corps collés-serrés. Mes mains sont posées dans son dos alors qu’elle ondule contre moi. Ce qui est dingue, c’est que nous ne nous quittons pas du regard. Ce qui est incroyable, c’est que nous sommes seuls au monde. Ce qui me rend fou, c’est que j’ai envie de l’embrasser mais que je résiste à mon désir, trop effrayé de vouloir aller trop vite et me prendre un nouveau refus qui mettrait fin à cet instant magique, hors du temps.

Je profite de ce moment comme si c’était le dernier de ma vie. Je respire son parfum vanillé, je serre son corps chaud contre le mien, je me laisse aller au rythme de la chanson et je me surprends à espérer que jamais cela ne s’arrête. Lorsque ma main glisse sur ses fesses, j’ai la satisfaction de la voir fermer les yeux de contentement et presser sa poitrine encore plus fort contre mon torse. Nos corps s'emboîtent à la perfection, nos pas s’alignent sur ceux de l’autre, notre harmonie est naturelle. Clémentine se laisse conduire comme jamais elle ne le fait dans sa vie alors que je la fais tournoyer en rythme avant de la ramener contre moi à nouveau. Elle me fait confiance, pour cette danse au moins. J’ai l’impression d’avoir retrouvé la Clem qui m’aimait et cela me rend heureux au-delà du raisonnable.

Lorsque la lumière du monde extérieur refait surface à la fin de la musique et que nous restons enlacés, un lumineux sourire éclaire son visage. Je sais que je l’aime à la folie, cette femme. Elle est peut-être inaccessible pour le moment, mais je me dois de garder mon objectif en tête. Je dois me battre pour la reconquérir. Je dois tout faire pour qu’elle sache et se rende compte qu’elle et moi, c’est une évidence, que nous sommes faits l’un pour l’autre. Je n’ai pas le choix. Si je ne réussis pas, je perdrais plus qu’une simple relation. Si j’échoue dans ma mission, plus jamais je ne pourrai prétendre au bonheur.

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