Seul
Puis il se retrouva seul chez lui le soir. Il alla dans la chambre de Laure, respirant son oreiller en espérant que l'odeur de sa fille pourrait la ramener. Il alla dans la chambre de Jules et fit rouler ses petites voitures sur le sol, en se souvenant des histoires incongrues que son fils racontaient. Le sommeil le gagnait mais il renonça à dormir dans le lit conjugal sans la présence de sa femme, c’était au-dessus de ses forces. Il s'installa sur le canapé, prostré sous son plaid.
Le téléphone sonna à plusieurs reprises et le sorti de son demi-sommeil. Il se hissa difficilement de son canapé et se mit debout sur ses jambes tremblantes. En arrivant près du combiné, il ne retentissait plus. Il monta à l'étage mais aucun bruit ne sortait des chambres, il comprit que plus jamais il ne reverrait ses enfants. Il se dirigea vers sa propre chambre, il entrouvrit la porte. Il voyait la coiffeuse de sa femme, avec ses bijoux, son parfum, sa brosse à cheveux. Il aurait voulu qu'elle soit là devant son miroir, le regardant du coin de l’œil faisant semblant de ne pas le voir. Il serait rentré à pas de loup en direction de sa femme et lui aurait laissé un doux baiser dans le cou. Mais il n'y avait personne devant le miroir, plus personne qu'il ne pouvait embrasser. Il n'allait plus au bureau, la force de se lever disparaissait au fil des jours. Il voulait mourir lui aussi. Pourquoi cette foutue réunion, pourquoi n'était-il pas dans la voiture avec sa famille ? Jérôme , un ami, passait le voir régulièrement pour prendre de ses nouvelles. Son regard triste et sa tête penchée lorsqu'il lui parlait, l'agaçait au plus au point.
Plusieurs semaines passèrent et il ne répondait plus lorsque le téléphone sonnait ou lorsque la cloche de la porte d'entrée retentissait. Il restait sur son canapé, se bourrant de chips, laissant la télévision le regarder. Un jour, il reçu une lettre de licenciement. Il venait de perdre son emploi. Deux mois plus tard son logement fût saisi.
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