Métapsychie
Partout où je vais me suis un petit fantôme.
Qui est-il ? Lui qui chasse de mon coeur tout le beaume,
Marche dans mon ombre, se découpe dans mes complexions,
Et s'imprègne de toutes mes pensées, toutes mes actions.
Je ne sais rien de lui : ni son nom ni pourquoi
Son attention il a focalisé sur moi.
Et je le sens derrière ma nuque, mon dos,
Plus froid que ne serait sur ma chair un couteau.
Puis je le sens sur ma gorge, glisser vers mon coeur
Comme s'il cherchait à y raviver le bonheur.
Alors essais-je, d'un petit souffle veule et las
De lui expliquer quelle vaine entreprise cela
Est. Mais il n'en a que faire, mon petit fantôme :
Sous le soleil de césium comme la lune chrome,
Jamais ne me quitte-t-il, me fait-il même penser
De la sorte, à une petite masse décomposée
Que je traîne et traîne, plus lourdement qu'un boulet,
Comme un poids décomposé qui ne meurt jamais.
Partout où je vais me suit une toute petite ombre.
Qui est-elle ? Vile qui teinte mon âme d'un voile si sombre,
Demeure infatiguablement collée à moi,
Et jamais ne paraît chercher un autre endroit.
Elle est si menue que je ne peux la saisir,
D'autres fois si large qu'elle me paraît s'aggrandir
A vue d'oeil. Et quoi que je lui dise, quoi que je
Lui demande, tout cela pour elle n'est autre qu'un jeu,
Où tendresse va de pair avec l'amie malice
Et amuse ma mie de quelques regards complices.
Car pour ce qu'il y a de vivant en ce corps,
De grouillant et de fétide, peut-être même de mort,
Ma petite ombre demeure mordicus accrochée
Et jamais, je crois, ne voudra-t-elle s'en aller.
Alors je me retourne et crois les distinguer :
Mon petit fantôme et ma petite ombre mêlés.
Alors je secoue la tête et les chasse de ma
Pensée, mais aussitôt reviennent-ils à moi :
Car à toujours les fuir je ne sû remarquer
Que par mes passions j'étais dès lors hantée.
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