Mon Eugénie (prose)
Allons main dans la main
Là où jamais ne point le matin :
Dans les grands coeurs glacés
Et les profondes chairs gelées.
Et dansons, dans le froid, dansons dans le noir
Jusqu'à en choir.
Jusqu'à ce que nos pieds ne se tordent et se blessent,
Jusqu'à ce que nos corps ne s'écroulent et s'affaissent.
Heureuses et faibles, un regard nous échangerons.
Un sourire, puis un baiser mortifié nous partagerons.
Et que tes lèvres seront dures et sèches.
Et que les miennes seront froides et rèches.
Et tu entendra, et tu sentira, qu'à ce baiser se mêlera
La plainte du vent et l'étreinte des frimas.
Pour toi mes yeux demeureront ouverts
Ne craint alors pas leur teinte mortifère :
Ils seront un joli signe d'amour pur,
Car c'est bien vers les Limbes obscures
Que tes tendres baisers et tes douces passions
Diligemment m'emporterons.
Amoureuse extrème à laquelle je me donne,
Allons, ne pleure point, car je m'abandonne :
A toi mon éternelle amante,
A toi ma Mort languissante.
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