Depuis Janvier (prose instantanée)
Depuis Janvier, tout s'est arrêté.
En ayant vécu pour créer
L'oeuvre qui m'aura à jamais damnée
Depuis Janvier où tout s'est arrêté
Je demeure mon propre fantôme :
Une limbe parmis les limbes polychromes
De l'Artiste et de sa malédiction,
De son opium comme de sa passion.
Depuis Janvier où tout s'est arrêté,
Vivre a perdu toute utilité :
L'oeuvre accomplie ne sera suivie.
A quoi bon les proses latentes,
Fruit d'humeurs déprimantes,
Depuis que l'oeuvre éternelle et finale
S'est achevée en ce mois pâle ?
A quoi bon vivre une vie
Qui maintenant à jamais sera ternie
De la nostalgie et deu regret
De l'oeuvre des trois seuls mois parfaits ?
Jamais telle prose
Ne retrouvera pareille osmose.
Et dès lors que l'oeuvre est achevée
Pourquoi vainement encore tenter
D'égaler ce qui jamais plus
N'aura son exaltation goûtue ?
Car à vivre pour vivre seulement
L'existence prend des attraits bien navrants.
Alors je ne m'acharnerai pas :
Car de là où elle est, ma Sylphide me tends les bras.
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