Chapitre 2

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Caressée par les rayons du soleil qui pénètraient dans sa chambre, Rose se réveilla en baillant bruyamment. Son premier réflexe fut d'attraper son téléphone pour y regarder l'heure. 8h15. Ses yeux s'écarquillèrent.

« C'est pas vrai, mon réveil n'a pas sonné ! Je suis en retard ! » s'écria-t-elle

Elle se levait soudainement du lit lorsque la conversation de la veille lui revint en tête. Elle se figea. Ses horaires avaient changé , elle n'était pas du tout en retard.

Quelle gourde... Son corps retomba de lui-même dans le lit, déjà épuisé par cet élan d'effort de bon matin. Elle fixa le plafond pendant de longues minutes en se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir faire de sa journée. La pauvre était tellement habituée à travailler de 8h30 à 18h30 qu'elle ne savait pas comment s'occuper. Peut-être devrait-elle faire les courses, après tout, il ne lui restait plus grand-chose dans le frigo.

Elle sortit du lit et enfila ses vêtements de la veille. Prendre une douche était une option envisageable mais si elle s'apprêtait à sortir, il valait mieux qu'elle soit propre avant commencer le travail. Elle se saisit donc de son petit chariot et quitta son studio en descendant les marches de dehors. Elle tomba presque aussitôt sur Violette qui, comme tous les matins, récupérait son courrier. Aujourd'hui elle s'était vêtu d'une grosse veste de couleur mauve qu'elle avait confectionnée elle-même au crochet, d'une jupe épaisse et de ses bas de contentions habituels. Lorsque ses yeux tombèrent sur Rose, elle la salua amicalement.

« Bonjour Rose, tu vas bien ? » lui demanda-t-elle.
« Oui, merci. Et vous, Violette ? »
« Ça va très bien. Alors, ça se passe bien au travail ? »
« Oui, j'ai eu une promotion ! » annonça Rose, fière d'elle.
« C'est vrai ? Félicitations ! »
« Merci ! D'ailleurs mes horaires ont changé, je finirai tard maintenant alors ne vous inquiétiez pas si vous ne me voyez pas rentrer. Je vais faire les courses, à tout à l'heure !»
« D'accord. »

La jeune femme referma la boîte aux lettres pour que sa voisine n'ait pas à le faire, puis marcha en direction de l'arrêt de bus. Comme elle n'avait pas pensé à faire une liste, elle pianota le tout dans la partie "mémo" de son téléphone. En regardant la date d'aujourd'hui, elle réalisa que c'était l'anniversaire de sa mère. Comment avait-elle pu passer à côté ? Il fallait absolument qu'elle aille lui acheter des fleurs.

Comme souvent, il lui fallut deux bonnes heures pour sortir du magasin. Même si elle n'avait pas les moyens de remplir son caddie, elle prenait toujours un temps fou à se décider. Le pire étant qu'une fois sur deux, Rose finissait par oublier quelque chose. Cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle puisqu'elle avait oublié de prendre du déo. Hors de question de faire demi-tour !

Rendue devant le fleuriste du coin, elle constata à sa plus grande surprise que celui-ci était fermé pour rénovations. Il y avait bien ce fleuriste pas très loin de l'épicerie où elle travaillait mais elle ne se voyait pas faire tout le trajet. Pourtant, à l'instant même où elle envisageait d'en trouver un autre, elle reçut un message de Jérémy.

" Slt ! J'ai appris pour ton taff de nuit. Tu viens fêter ça ? "

En lisant son message, elle ne put s'empêcher de rigoler. Il s'ennuyait, c'était certain. Qui voudrait fêter son changement d'emploi du temps ? Quoique, maintenant que sa mère allait mieux, peut-être voulait-il en profiter. Elle répondit.

" Tu crois que j'ai que ça à faire ? Pourquoi tu n'attends pas que j'arrive à 18h ? "
" Parce qu'à 18h j'ai des choses de prévues. "
" Mais moi pas ? "
" Allez stp je m'ennuie grave ! "

Elle en était sûre ! Sa bonté la perdrait mais de toute façon, elle n'avait rien d'autre à faire. Elle l'informa qu'elle devait d'abord faire un détour chez elle et reprit le bus dans le sens inverse. De nouveau à la maison, elle rangea toutes ses courses et sauta à la douche pour se laver. Vu la tournure des événements, elle ne reviendrait pas chez elle avant la fermeture de l'épicerie. Une fois propre, elle enfila un jean noir, un sweat bien chaud et sa fidèle paire de Vans avant de déguerpir.

Comme souvent, le trajet en bus était calme. Rose appréciait prendre les transports en commun. Le temps de trajet lui permettait de réfléchir, de somnoler ou d'écouter les conversations des autres. En plus, ce n'était pas comme si elle pouvait conduire étant donné qu'elle n'avait pas de voiture. Elle descendit deux stations plus tôt et s'arrêta devant le magasin de fleurs. Elle n'y était encore jamais allée et elle devait admettre que l'odeur sucrée qui s'en dégageait quand elle ouvrit la porte d'entrée lui plaisait.

Le magasin n'était pas très grand. Au centre de celui-ci trônait une petite table en bois chargée de fleurs en pot. Roses, camélias, orchidées, jasmin... et bien d'autres fleurs dont elle ignorait le nom. Les étagères qui longeaient les murs étaient, elles aussi, pleines à craquer de plantes. Les bouquets étaient colorés et extrêmement bien organisés. Elle avança sur le sol carrelé pour s'approcher des roses lorsqu'une voix l'interpella.

« Bonjour, je peux vous aider ? »

Elle se retourna pour regarder son interlocuteur. Un homme ! C'était plutôt rare... Il la regarda à son tour et aborda un petit sourire poli. Son visage lui disait vaguement quelque chose mais peu importe, ce n'était pas le moment.

« Et bien je cherche des fleurs pour ma mère » avoua-t-elle.
« C'est pour un anniversaire ? »
« Oui. »

Il contourna le comptoir et s'approcha d'elle pour lui proposer plusieurs bouquets. Cette fois-ci elle prit le temps de l'observer et son look atypique la laissa pantoise. Ses longs cheveux blancs comme neige étaient noués en un chignon grossier. Leur couleur vive contrastait avec son teint légèrement hâlé et faisait ressortir ses yeux olive. C'était bien la première fois qu'elle voyait quelqu'un se teindre les cheveux en blanc. Il avait l'air tout droit sorti d'un festival de cosplay.

Voyant que sa cliente ne réagissait pas à ce qu'il racontait, il baissa les yeux pour la regarder et lui lança un "Mademoiselle ?" qui la sortit de sa rêverie.

« Je prendrai celui-ci, pardon ! » finit-elle par dire en attrapant un bouquet devant elle.

Il hocha la tête et l'incita à le suivre pour passer à l'encaissement. Aussi bizarre que cela puisse paraître, elle avait vraiment l'impression de l'avoir déjà vu. Mais où ? Un client de l'épicerie ? Non, elle s'en serait souvenue. Elle lui tendit un billet et fila après qu'il lui ait rendue la monnaie. Bon, elle devait encore aller au cimetière et rejoindre Jérémy !

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