chapitre 2 part 3

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Louisville, Kentucky

Cela faisait plusieurs années que la famille Baxter vivait dans la torpeur et le doute, depuis la disparition de leur fils Matthew. Monsieur et Madame Baxter étaient plongés dans une douleur sans fin, errant dans leur grande maison en attendant désespérément le retour de leur enfant. Au fil des années, ils s'affaiblissaient de plus en plus.

Monsieur Baxter, un ancien commercial dans l'électronique, était à la retraite depuis des années, tandis que Geneviève Baxter était auteure pour enfants. Elle écrivait des fables basées sur le règne animal. Avant la disparition de leur fils, ils formaient une famille heureuse sans problème, pratiquant leur foi chaque semaine à l'église en espérant des réponses. Même après toutes ces années, ils gardaient l'espoir de revoir Matthew, parti pour découvrir le monde. Mais au fond d'eux, ils savaient ce qui s'était passé. Ils connaissaient la sinistre vérité, mais n'osaient pas se l'avouer. Comment les gens pourraient-ils les croire ? Qui croirait qu'un bâtiment en apparence normale aurait emprisonné leur fils ? Personne n'approuverait une telle extravagance.

Leur maison se trouvait à proximité de l'ancien sanatorium qui avait ouvert ses portes en 1910 pendant l'épidémie de tuberculose qui ravageait la région. Suite aux avancées technologiques et scientifiques, le bâtiment avait fermé quelques années plus tard. Ce n'est qu'en 1962 que l'imposant édifice, de style Tudor, avait rouvert ses portes en tant que centre gériatrique. Woodhaven était réputé pour son style original d'époque ainsi que pour les services rendus aux patients. L'emplacement conférait une certaine tranquillité et sérénité recherchées par les patients. Cependant, en 1981, Woodhaven avait fermé définitivement ses portes pour de sinistres raisons.

Depuis, l'édifice était devenu un squat pour des jeunes cherchant un endroit paisible pour s'amuser, boire et faire la fête à l'abri des regards. Pourtant, bien des légendes circulaient sur ce lieu étrange. Certains imaginaient encore que le bâtiment était habité par de sombres êtres se cachant dans les allées de cet immense édifice.

Matthew et ses amis n'étaient pas les seuls à visiter Woodhaven la nuit tombée pour prouver leur courage et leur absence de peur. En effet, cela était devenu une règle parmi les jeunes du quartier, surtout pendant la période d'Halloween, pour se faire quelques frayeurs entre voisins.

Matthew était un garçon de seize ans qui fréquentait le collège du quartier et profitait de sa jeunesse comme n'importe quel jeune de son âge. Il était passionné par la lecture et le cinéma, en particulier les thrillers et les films d'horreur. Il avait un faible pour les romans de Stephen King et de Lovecraft. À cette époque, il découvrait la nouvelle horrifique "La couleur tombée du ciel" de Howard Phillips Lovecraft. Sa mère, Geneviève, l'encourageait à écrire et à devenir écrivain comme elle. Il avait, tout comme elle, cette fibre artistique, ce talent pour formuler des phrases et susciter des émotions. Mais à son âge, il préférait se consacrer à d'autres activités, comme s'amuser avec ses amis, découvrir sa petite amie Emmy et raconter des histoires effrayantes autour d'un feu de camp.

Selon Geneviève, leur fils était prisonnier de Woodhaven et d’une force mystérieuse qui le retenait contre son gré. Mais Monsieur Baxter n'y croyait pas. Pragmatique jusqu'au bout des ongles, il ne prenait jamais les histoires de sa femme et du voisinage au sérieux. À ses yeux, leur fils n'était pas ce qu'il prétendait être et avait choisi une autre voie. Il avait accepté cette dure vérité, en partie, car il espérait en savoir plus et avait besoin de connaître la véritable raison de son départ. Sa femme menait depuis toutes ces années une enquête rigoureuse pour retrouver leur enfant. Elle avait mobilisé un pan entier d'un mur de son bureau pour rassembler des indices qui pourraient l'aider. Selon elle, tout indiquait que l'ancien sanatorium était impliqué. Tout comme Monsieur Hellingthon, elle passait parfois pour une folle avec ses théories farfelues. Même son mari lui avait répété maintes fois qu'elle était délirante quand il la voyait dans son bureau recroisant incessamment des indices.

— Geneviève, arrête avec tes histoires à dormir debout. Tu nous fais passer pour des fous ! Les voisins nous regardent de travers et nous sommes maintenant la cible de nombreuses moqueries. Je ne peux plus aller au polo sans qu'une personne ne parle de toi et de tes théories farfelues.

Dans ces moments-là, Geneviève s'enfermait dans son bureau pour pester contre James, qui ne la soutenait pas comme elle l’espérait. Comment pouvait-il ? Alimenter son obsession ne serait pas la solution. Et si ses divagations contenaient une part de vérité...

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