
Lissy Bee
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Réponse au défi "Je marche." J'ai trouvé ce défi pratique pour m’entraîner à décrire et donc écrire un texte pleinement descriptif. Mon petit essai...
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Défi
J’entends son rire raisonner comme un écho dans ma tête. C’est le son le plus agréable que j’ai jamais entendu. Elle s’appelait Emeline. Elle était tellement belle. Je la revois, gambadant dans les champs de marguerites vêtue d’une petite robe si légère, que je pouvais deviner ses courbes de femmes. Le jour où je l’ai vu pour la première fois, j’ai compris que quelque chose c’était produit dans mon corps tout entier et que je n’allais plus continuer à vivre de la même manière.
Je connaissais tout d’elle, seulement elle, elle ne connaissait même pas mon existence. Mon temps libre était consacré à l’observer. Elle passait la majorité de ses journées à l’extérieur, à nourrir les animaux, traire les vaches et ranger le foin. Et à rigoler. Sa vie ne ressemblait en rien à la mienne.
***
Je me réveille, triste. Oui c’est comme ça que l’on appelle cette sensation, cette souffrance psychologique qui vous prend dans les entrailles et qui fait mal.
Cela fait exactement 248 années terriennes aujourd’hui que le corps de l’amour de ma vie a été déposé dans une boîte en bois et enterré sous terre. Son visage était pâle et ses yeux vitreux. Toutes expressions avaient disparu de son visage. Depuis, je n’ai cessé d’analyser le comportement humain. J’ai tout appris. Leur mode de communication et de vie, leur environnement, leur culture, tout.
La mort est un phénomène que j’ai eu du mal à comprendre. J’ai d’abord du m’apercevoir que les capacités extrasensorielles de l’Homme possédaient une limite qui l’empêchait de percevoir visuellement que leur espèce était formée de deux entités : le corps et l’aura. La mort pour eux c’est donc la mort du corps. Mais le corps est simplement l’hôte de l’aura qui l’identifie. C’est bien le corps qui meure, mais l’esprit lui, reste intact. La Terre est peuplée d’âmes vagabondes qui ne peuvent plus communiquer, qui ne peuvent plus exister. Pourtant elles sont toujours là, meurtries par une tristesse de longue date et errent parmi la faune et la flore, en quête d’un nouvel hôte. Celle de mon Emeline est quelque part aussi, mais ces halos énergétiques se ressemblent maintenant tous.
Ensuite la mort est restée pendant longtemps un concept étrange puisque sur ma planète la mort n’existe pas.
Ah oui au fait moi c’est 1,4-DIPHENYLBUTADIYNE mais on m’appelle C16H10. Sur Terre ma planète est appelée Pluton.
***
Mon prénom peut paraitre étrange car ce n’est pas un prénom qui se prononce mais plutôt un prénom qui se « sent ». Chaque individu possède une odeur corporelle qui l’identifie, due à des substances chimiques qui recouvrent naturellement notre corps. Nous les plutoniens nous ne communiquons pas par la parole mais par émission de phéromones que nous « sentons » grâce à nos antennes.
Physiquement nous avons quand même des similitudes avec les humains : deux bras, deux jambes et une tête dotée de deux yeux et deux antennes. Nous ne possédons pas de nez et pas de bouche et nous avons des branchies à la place des oreilles. Notre peau grisée est aussi dure que de la roche mais à la fois très visqueuse.
Sur Pluton l’atmosphère est différente de celle de la Terre et l’apesanteur est très faible. Nos mains et nos pieds sont dotés de griffes monstrueusement grandes et pointues qui nous permettent de rester accrochés aux roches. Ah oui et j’allais oublier ! J’ai une queue ! Une queue poilue pour garder l’équilibre et ça c’est plutôt cool.
- C16H10 lève toi !
Mon amie d’enfance, 2,2,4-TRIMETHYLPENTANE, ou C8H18, se tiens plantée devant moi.
- Qui t’a laissé entrer dans ma grotte de si bonne heure ?
- Qui d’autre à par ta mère sombre idiot ?
- C’était une expression. C’était pour te faire comprendre d’une manière plus direct : tu es chiante de me déranger quand je dors !
- Oh ça va ne fais pas le nerveux comme ça. Je suis toute excitée aujourd’hui c’est jour de Cryonie tu te souviens ? J’ai les glandes à plat là je me sens toute faible quand je sécrète.
- T’es sure ? Car qu’est ce que tu déblatères !
- Gnia gnia gnia.
Elle me lance sa queue dans la tête et je m’effondre contre le sol de glace.
- Bon allez lève toi les copains nous attendent déjà !
Impossible de rêver en paix ici. Et c’est normal car « rêver » n’existe pas. Mon premier rêve ne m’est apparu que quelques jours après la mort d’Emeline et le début de mon obsession pour les terriens. Je suis allée voir ma mère pour lui demander si elle avait déjà vu des images dans sa tête en dormant. Son visage s’est assombri et m’a répondu avec une puanteur si acide qu’elle aurait pu faire fondre une stalactite.
- Ne sécrète plus jamais de ça, ni à moi et surtout ni à qui que ce soit !
Depuis, je n’ai plus jamais abordé le sujet de toutes ces choses étranges et nouvelles qui se produisait à l’intérieur de moi.
***
J’étire mon corps avant de me redresser et rejoindre mes copains dehors.
- A plus maman !
- A ce soir mon chéri, cryonise bien !
La Cryonie correspond à ce que les humains appellent « se nourrir », sauf que nos Cryonies s’espacent sur un temps beaucoup plus long, toutes les cinq années terriennes si mes calculs sont bons, soit toutes les 1240 années plutoniennes.
- Enfin debout C16H10 ! T’es vraiment un gros paresseux.
Mon autre ami d’enfance 1,3-Butadiene-1,1,2,3,4,4-hexacarbonitrile, ou C10N4-2, devrait se regarder avant de parler…
Mais je préfère ne pas répondre et nous attaquons notre montée sur la Haute Montagne de Cryos. L’air est de plus en plus froid là haut et c’est de plus en plus difficile de s’accrocher. Nous sommes une moitié d’un millier de plutoniens de la même génération à gravir le chemin. La prochaine génération grimpera l’année prochaine (année terrienne) et celle de nos parents ont cryonisé l’année d’avant.
Nous arrivons tous sain et sauf jusqu’au Pic de Cryos. Les roches ici sont toutes formées de glaces de méthane. Leur aspect est beaucoup plus feuilletés mais beaucoup plus claires, et elles s’étendent autour de nous en feuillets rocheux verticaux qui pointent si haut dans le ciel qu’il serait impossible pour un humain de voir le sommet. Encore une différence significative entre les capacités de l’Homme et des plutoniens. Nous n’avons aucune limite à ce niveau là. Je peux voir très nettement même si des années lumières me séparent de ce que j’observe, voici donc ce qui explique comment il m’est possible d’observer les terriens de ma petite planète.
***
Nous sommes accueillis par les Gardiens de la source de Cryos : Cryos et N.
- Bienvenue génération CxHy / CxNy !
C’est N qui prend la parole.
- Et longue vie à la source d’azote qui coule dans la Haute Montagne et qui a donné vie à notre Gardien Cryos !
- Ouaaaais ! sécrétons-tous.
Cryos et N sont nos Gardiens, l’équivalent des Dieux terriens (sauf que les nôtres existent vraiment, physiquement). Cryos a été conçu par la Montagne et N par les roches. Ce sont eux qui ont donné vie à la première génération de plutonien, celle de nos grands-parents, à l’aide de la source et de réactions chimiques avec les composants de nos différentes roches.
Cryos s’avance et nous fais un signe de la main. Nous nous laissons aller parterre pour nous mettre à genou, les deux mains par terre car la position rend difficile notre agrippement par les griffes des pieds.
- Avancez-vous vers la source.
Nous nous relevons et les uns après les autres nous marchons vers le centre de la montagne, là où s’est dessiné un cratère qui doit être aussi grand que le champ de marguerite d’Emeline : le berceau de Cryos. Une vapeur glaciale s’en dégage. Les vagues d’azotes liquides sont immenses et le niveau dans le cratère augmente. Alors sans hésitation je saute à l’intérieur d’une d’entre elles. Je suis tout de suite transporté et mon corps est propulsé dans tous les sens. J’ai un peu peur, mais mes branchies m’aident à respirer. Les vagues se calment et l’azote qui rentre à l’intérieur de mes pores m’apaise et me détend. Le niveau se met ensuite à descendre petit à petit et nous arrivons presque à toucher le fond lorsqu’un remous prend naissance sous nos pieds et nous aspire tous sans exception. Nous sommes pris au piège dans ce remous qui monte en pression, des brides de vapeurs jaillissent de tous les côtés du tourbillon pendant que nous subissons l’effet de la surpression, le seul moment désagréable de la Cryonie. J’ai les branchies qui se bouchent et qui sont prêtes à exploser. Puis tout se calme aussi vite que cela à commencé. Nous rejoignons le rivage. C’est fini.
***
- Je suis en pleine forme ! sécrète C8H18 . Qu’est ce que ça fait du bien ce petit bain. On s’y sent vraiment bien.
- C’est désagréable quand même quand les branchies se bouchent, continue C10N4-2.
- Ouais je bien d’accord, j’ai presque eu un peu peur !
- DE QUOI ? me lancent-ils ensemble.
Je tends mes antennes. Mince !
- Oula j’ai les glandes détraquées ou quoi ?
Je sécrète alors au maximum d’acidité possible et mes deux amis rigolent. Ouf je l’ai échappé belle. La peur est une émotion que l’on ne ressent pas, tout comme la tristesse, la joie, la colère, la surprise, la peur, le mépris et le dégoût. Nous exprimons d’autres sentiments, avec pour certains des aspects similaires. Pour moi ces émotions sont nouvelles, et font partis de toutes ces choses étranges qui sont apparus après Emeline.
***
Une fois revenue au village-nid, nous pouvons profiter pleinement d’un repos bien mérité. Pas de classe les jours de Cryonie. A l’école on nous apprend les fondamentaux sur notre corps, et surtout comment optimiser l’utilisation de nos phéromones, la fabrication d’acide, l’agrippement (etc.), dans le but d’apprendre nos futurs métiers : ouvrières pour les filles, explorateurs pour les garçons. Je n’aime pas l’école, c’est barbant et répétitif. Tout comme l’avenir qui nous attend d’ailleurs.
Mes deux amis et moi passons voir nos mères qui travaillent à la clairière. Elles s’occupent de creuser des trous et récolter la roche que nous utilisons pour moduler nos grottes et nous protéger de l’air surglacial qui menace de s’abattre quand les journées rallongent.
Nos pères, les explorateurs nomades partent dans des contrés lointaines de Pluton où la sédentarisation y est impossible et parfois même interdites. Ils reviennent de temps en temps au nid mais surtout pour donner leur compte-rendu à nos Gardiens. Mon père lui, fait parti de l’équipe composée d’une dizaine d’explorateurs de l’espace. Leur mission est top secret. Je n’ai jamais revu mon père depuis sa promotion.
L’attachement et l’amour sont encore des formes d’émotions inconnues sur ma planète. Et pourtant moi j’aime Emeline, c’est la première émotion que j’ai ressenti, qu’est ce que je l’aime ! Depuis le premier jour et je sais que ne cesserai de l’aimer.
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Je décide d’occuper ma journée par mon passe temps favori, l’observation des humains. Je me rends à mon observatoire, j’aime bien cet endroit. Une odeur environnante d’éthane et de monoxyde de carbone détend tous mes sens. Une étendu de stalagmites m’isole du reste du nid, et je me sentais autrefois en intimité avec Emeline. J’empoigne à l’aide de ma queue une stalagmite légèrement courbée horizontalement, la plus solide que j’ai trouvé, afin de pouvoir me désagripper du sol. Mon corps flotte alors un peu en l’air, je replis mes jambes vers moi-même, les bras sous la nuque la tête vers les étoiles et j’ai alors la position parfaite pour me laissait aller à mes pensées.
- Que fais-tu là ?!
Je sursaute, je n’avais pas senti arriver quelqu’un après moi. Je jette un regard vers cet individu dont je ne reconnais pas la voix. Devant moi ce n’est pas un, mais une dizaine d’explorateurs qui m’encerclent alors à ce moment là. Au milieu d’eux j’aperçois mon père.
***
- Je répète, que fais-tu ici ?
- C’est… c’est jour de Cryonie m’sieur. Je suis venu ici pour me reposer un peu.
Deux autres explorateurs de l’espace sécrètent tout bas et je ne peux comprendre ce qu’ils s’échangent. Puis ils s’écartent pour laisser passer le Gardien N qui vient se placer au centre du cercle, c’est-à dire juste devant moi.
- C16H10, j’ai beaucoup senti de sécrétions à propos de toi. Cela fait plusieurs années que nous t’observons. Tes pratiques sont… douteuses. Tu sais qu’il est interdit de s’adonner à toutes formes d’actions qui pourraient nuire à notre peuple ?
- Je… Non ! Ce n’est pas ce que vous croyez, je ne veux pas de mal à notre peuple ! Je… je ne fais qu’observer… la planète Terre.
- Tes pratiques sont douteuses C16H10. Nous avons analysé des aspects étranges de ton comportement et des ingrédients chimiques que nous n’avions encore jamais sentis. Ils se passent quelque chose d’anormal et nous voulons connaître la raison avant de devoir en venir à de sévères sentences.
Je suis tétanisé. Mon père ne dit rien et ne s’inquiète pas de mon sort. Je vais tout leur dire. Ce que je fais est illégal, mais en aucun cas je veux nuire à notre espèce !
- Je ne sais pas comment j’ai fais ni comment cela s’est produit mais je ressens des sentiments nouveaux, des sentiments de terriens. Je sais simplement que cela a commencé quand j’ai rencontré une terrienne et que je me suis mis à apprendre tout de sa vie, de leur vie à tous.
Soudain un brouillard acide vert apparait. Il avance vers nous avec violence et me pique les yeux. N lui reste de marbre. Lorsque le brouillard se dissipe, j’aperçois à ses côtés Cryos. Les deux Gardiens se regardent et je comprends qu’ils communiquent. Puis après un hochement de tête ils me regardent :
- Explorateur de l’espace, embarquez cet individu. Il représente un danger pour vos Gardiens et pour votre peuple.
- Quoi ? Mais non !
Crac ! Le brouillard d’acide était si puissant qu’il a fait fondre la stalagmite qui me maintenait. Celle-ci se fend alors en deux et je me retrouve alors en apesanteur sans aucun moyen de m’agripper autrement.
- Attrapez-le ! ordonne N.
Mais mon corps est déjà bien en suspension dans l’air et j’attaque mon ascension dans l’espace. Soudain une main m’agrippe la queue et tire dessus. Je me retourne et mes yeux rencontrent ceux de mon père. Lui. C’est lui qui va me ramener au sol, c’est lui qui va être responsable de toutes les sentences les plus atroces les unes que les autres qui m’attendent !
Un léger nuage de phéromones vient chatouiller mes antennes :
-Pars rejoindre la Terre, mon fils. Tu seras en sécurité là-bas.
Je ne comprends pas. Mon père… se soucie de moi ? Alors mon père ressent des émotions, comme les miennes ?!
- Mais papa ?!
- Ce que tu es capable de faire s’appelle une évolution. L’évolution est une crainte pour nos Gardiens qui redoutent une force plus puissante que la leur. Maintenant pars et évolue, fais le pour notre peuple !
Il lâche alors ma queue et les autres explorateurs l’attrapent pour ne pas qu’il s’échappe à son tour. Ont-ils senti nos sécrétions ? Ont-ils compris que mon père n’a pas respecté son devoir en essayant de me protéger ? Mon père est il maintenant en danger par ma faute ?
Mais il est trop tard pour faire machine arrière. Je plane et survole nos cinq lunes et me dirige vers la Terre. Des milliards d’années me sépare de cette planète ce qui va me laisser un temps plus que nécessaire pour réfléchir sagement à ce que vient de me dire mon père. J’ai une mission à accomplir maintenant. Je ne sais pas pourquoi mais je comprends que cette mission et Emeline sont liées. Une fois que je serai sur Terre je dois trouver l’âme d’Emeline et la sauver.
Mon amour, j’arrive…
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Je me réveille ce matin et je me sens gorgée de vitamines. Le soleil tape sur ma peau dès son levé, ce qui me donne depuis quelques jours un joli teint de pêche. Quelle magnifique matinée d’été. Ma mère et mes sœurs dorment encore. C’est le moment que je préfère dans la journée, le seul moment où je peux me prélasser sur mon lit fleuri pour contempler le voisinage et ses environs sans être dérangée.
Depuis quelques semaines je dois admettre que le fils du voisin me plait. Je sais que malgré la carapace bâtie autour de lui, il n’est pas indifférent à mon charme. Je ne dois pas être bien discrète, et s’il est trop aveugle pour comprendre ce qui se trame, ses sœurs sont loin d’être dupes. Certaines fois où je me prends à le fixer, ses sœurs ricanent, et je reconnais des gouttes de sueurs perlées sur sa peau mate. Quand à moi je rougis mais je ne m’en cache pas. Ma mère me répète tout le temps que c’est bon pour moi de rougir.
Mes grandes sœurs sont jalouses de la relation naissante avec lui. Au fond d’elles je sais qu’elles auraient espéré être l’élu de son cœur. C’est le seul garçon parmi cette flopée de filles, quel cadeau ! Ma mère elle, n’a eu que quatre filles et je suis l’avant dernière.
- Coucou B, tu as bien dormi ?
Ma petite sœur s’est réveillée. Elle est encore très jeune et si fragile. Depuis sa naissance j’ai toujours eu un regard protecteur sur elle. Mes grandes sœurs ne sont pas vraiment tendre avec moi, alors je trouve refuge dans l’amour que me porte ce petit bourgeon.
- Salut ma fleur, bien dormi oui et toi ?
- J’ai rêvé qu’on me secouait comme un prunier et que je tombais !
- Ne t’inquiètes pas il ne t’arrivera rien tant que maman et moi sommes là pour s’occuper de toi.
Soudain un rire moqueur vient perturber notre échange :
- Ecoute ça C, E a encore fait un méchant cauchemar et va encore se mettre à pleurer !
Mon abominable grande sœur A et son double maléfique cadet C, qui surenchérit de plus belle :
- Attention petite E, j’ai vu qu’un renard rôdait dans le coin en ce moment. Si tu te retrouves seule parterre il va te manger tout cru !
- Ca suffit ! riposte-je.
- Oh oh, B se la joue super héros !
- Au lieu de t’occuper des autres tu devrais commencer à t’occuper de toi. As-tu remarqué comme ta peau se flétrissait dernièrement ? Et je trouve que tu as pris un peu trop de poids aussi. Tu es gorgée de méchanceté ma vieille, personne ne voudra de toi, et encore moins pour en faire leur quatre heure c’est sur.
A me fusille du regard.
- Je souhaite… Je souhaite que tu partes à tout jamais de chez nous et que tu te fasses gober par le renard !
- Les filles, les filles ! Non mais c’est quoi tout ce brouhaha de bon matin ? Vous vous disputez encore ! Et pourquoi E pleure-t-elle, hein ? Non vous avez raison ne me répondez pas, je ne veux tout simplement plus vous entendre de la journée !
Tout le monde écoute notre mère. La journée passe donc en silence, chacune s’adonnant à nos activités respectives. Le fils du voisin est toujours là et j’ai eu le temps de remarquer qu’entre quelques conversations avec ses sœurs, il se permettait de me lancer des coups d’œil.
Le vent se rafraichit, les feuillages virevoltent. La nuit tombe et je ne tarde pas à m’endormir.
Il est maintenant si prêt de moi « Tu es si belle et si douce B, je ne veux que toi, je n’ai toujours voulu que toi. S’il te plait vient avec moi et partons fonder notre propre famille à notre tour » C’est ce dont j’ai toujours rêvé ! Il est si magnifique. Je sais que notre amour est impossible mais j’ai pourtant tant envie d’y croire. Nos corps sont si proches maintenant que je peux le sentir. Sa peau à lui est piquante et irrite mon corps. Soudain tout se noircit autour de nous, l’espace se met à trembler. « Qu’est ce qu’il se passe ? » Mais il ne me répond plus et je le vois s’éloigner de force, pris par un tourbillon l’emportant loin de moi. « Non ! »
C’est alors que je me réveille. Le ciel est à la fois gris et noir. Une tempête s’est abattue chez nous et je vois avec horreur toutes les fleurs du jardin qui se courbent par la force du vent. Je jette un coup d’œil à ma sœur, elle est apeurée mais tiens le coup. Elle me regarde et je sens que de me voir l’apaise. Mais soudain son visage devient livide.
- B Noooon !!!
C’est comme si une partie de mon rêve se reproduisait. Une force transparente autour de moi me fait perdre l’équilibre et m’arrache de ma famille. Je suis propulsée en l’air et atterrie sur un sol doux et humide. Le jardin a amorti ma chute. Malgré la puissance de celle-ci je me sens indemne – Boum ! – j’ai parlé trop vite. Un poids se projette contre moi et ma vision se floute.
- B réveille toi ! B !
J’ouvre délicatement les yeux. Ma vision est encore floue. Je me remémore petit à petit ce qui vient de se passer. La tempête, la chute, le boum, puis le noir.
- B ça va, es-tu vivante ?
Je ne reconnais pas cette voix. Je comprends grâce à la lueur qui se frai dans ma rétine qu’il fait jour et que la tempête est passée. Je rassemble mes forces et mes vitamines pour reprendre rapidement mes esprits. C’est alors que je le vois :
- Toi…
Lui .
- Je suis désolé B, moi aussi la tempête m’a emporté, c’est moi qui t’ai cogné et…
- …Alors c’est toi le Boum ?
Il rigole.
- Non moi je m’appelle 3.
- 3 ?
- Oui. Comme toi tu t’appelles B.
- Je sais c’est juste que je n’ai jamais rencontré d’autres personnes à part des A, B, C et E.
- C’est normal nous ne sommes pas sensés nous côtoyer. Tu appartiens à une lignée destinée à procurer des vitamines, la mienne est destinée à procurer des oméga.
- Je… je ne comprends pas.
- Nous sommes destinés à être manger par l’espèce humaine. Cette tempête, c’est une bénédiction. Nous sommes libres ! Je n’en reviens pas. Mes souhaits les plus fous ont été exaucés. Tu es si belle et si douce B, je ne veux que toi, je n’ai toujours voulu que toi. S’il te plait vient avec moi et partons fonder notre propre famille à notre tour.
- Suis-je encore en train de rêver ?
Il rigole.
- Non pas cette fois.
L’épine de sa carapace m’agrippe la peau. J’aime cette sensation, c’est exactement comme dans mon rêve. Du sol, la cime des arbres que nous avons un temps considéré comme nos maisons paraisse si lointain. Nous nous éloignons alors tous deux de ce jardin pour aller vivre notre histoire et nos rêves. Qui a dit qu’une histoire d’amour entre un marron et une nectarine était impossible ?
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Cette lettre est en réponse au défi "Chère maman... : Revenez à votre adolescence... Celle-ci ne se passe pas très bien avec vos parents / votre mère. Vous décidez donc de faire une fugue. Vous en expliquerez les causes à travers une lettre, ainsi que où vous partez, etc." Ma lettre est adressée à ma mère.
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Parce qu’un jour votre vie bascule sans comprendre pourquoi.
Parce qu’un jour vous devez dire au revoir à la petite fille que vous étiez. Vous la laissez dans l’ombre, la belle Lissy qui faisait rire ses parents et que vous aimiez.
Parce que la petite abeille doit pouvoir butiner de fleur en fleur et que vous n’avez plus le temps à consacrer à sa survie. Ce n’est pas que vous avez trouvé plus intéressant à faire, non. C’est que vous avez trouvé bien plus grave à combattre que la faim de votre âme.
Parce que depuis ce jour une peur irrationnelle habite votre corps tout entier. Elle a pris place dans vos rêves la nuit et elle se faufile dans vos pensées le jour. Elle vous ronge de l’intérieur, vous ne comprenez pas comment elle fait, vous ne la voyez pas mais vous savez qu’elle est là. Votre unique et ultime souhait maintenant est qu’elle disparaisse de vous.
Parce que vous ne voulez pas contaminer les personnes qui vous entourent avec. Elle vous habite depuis si longtemps que vos épaules deviennent lourdes, vous ne pouvez porter un tel fardeau et affronter le monde. Alors vous abandonnez toutes vos activités extrascolaires. Votre mission maintenant sera de protéger vos proches. Pouvez-vous vraiment devenir un super-héros à neuf ans ?
Parce qu’à cet âge la, le monde est merveilleux, une multitude de couleurs s’arque boutent dans le ciel, les papillons virevoltent dans les champs, ceux dans lesquels vous aimez courir, rire et chanter. Vous êtes tellement innocent à neuf ans… Et tout d’un coup ce monde aussi beau qu’un arc en ciel se transforme en un profond trou noir. Il passe de la lumière à l’ombre et vous devez renaître à nouveau. Et vous renaissez adulte, vous pensez adulte, vous réfléchissez adulte, vous vivez adulte. Mais au fond qu’est ce que vous connaissez véritablement au monde ?
Parce qu’il y a tellement de choses à apprendre et à savoir. Nous faisons ça tout au long de notre vie, mais pour vous il faut que ce soit optimum à cet instant précis. C’est une mission top secret que vous partagerez qu’avec vous-même. Vous allez avoir tant de choses à défier pour affronter le fléau que vous portez. Il faudra être forte car celui-ci peut attaquer vos proches mais peut aussi vous attaquer vous-même. C’est depuis le jour de la mort austère de votre père qu’elle est venue se frayer un chemin dans vos entrailles par les fissures de votre cœur lorsqu’il s’est brisé. Mission numéro un : sauvez votre mère.
Parce qu’Elle vous a pris un de vos parents, il est hors de question qu’Elle vous prenne le deuxième. A partir de ce jour vous surveillerez le mode de vie de votre mère et resterez le plus souvent possible à ses côtés. Mais la Mort est sournoise et vous devait être plus rusée qu’elle. La Mort peut être douce à la fois et vous devez la combattre aussi. Il ne faut pas que votre mère vieillisse, il faut ralentir le temps, vous êtes un super héros vous devez pouvoir y arriver ! Réfléchissez… si vous grandissez, votre mère alors vieillie et si vous devenez une femme elle deviendra forcément une mamie. C’est simple ! Vous devez alors vous empêchez de grandir : fini les Miel Pops et la soupe, fini les étirements en court de sport !
Parce qu’une mission est très souvent semée d’embuches, vous apprenez que votre père n’est pas mort brutalement d’une maladie. C’est votre super copine de l’époque qui vous balance la nouvelle en récréation entre deux roulades. Elle vous certifie que s’est écrit dans les journaux, que votre père s’est sui-ci-dé. Les adultes peuvent se donner la mort eux-mêmes, mais pourquoi feraient-ils une chose pareille ? Ils doivent déjà être initialement contaminés et petit à petit se rapprochent du vide jusqu’à ce que la Mort n’ait plus qu’à les pousser. Ou peut être que c’est eux qui recherchent où la Mort s’est cachée, et qu’une fois trouvée, lui attrapent la main pour sauter ensemble dans le vide ? La Mort peut donc être une volonté. C’est un échec pour une mission comme la votre. Et pour vous bien pire, c’est un abandon.
Parce que les ennuies n’arrivent jamais seuls, c’est maintenant Dame Nature qui frappe à votre porte. Vous vous prenez un coup de faux dans le cœur. Dans ce moment de douleur vous suppliez votre maman de ne pas partir car vous ne pouvez pas la perdre. Mais vous vous reprenez, vous avait 12 ans et toujours une mission à accomplir. Vous êtes contaminée par la Mort qui vous fait saigner chaque mois, vous rappelant que vous êtes devenue une femme et que votre mère continue sa progression vers Elle. Est-ce que vivre dans le déni pourrait duper la Mort ? Votre mère et votre beau père sont les seuls au courant, mais s’ils ne révèlent rien, vous pouvez alors décidez de cacher à vos sœurs et à tout votre entourage votre maladie. Et vous le faites à la perfection pendant six ans… Pendant ce temps vous refusez de vous faire mesurer, ou alors vous trichez en pliant la cheville ou en cambrant légèrement les hanches. Vous cachez votre nouvelle morphologie féminine et vos nouvelles pensées féminines : pas de seins, pas de petits copains.
Mais qui viendra vous sauver vous ?
J’ai écouté pour la première fois l’arrangement que formaient ces instruments dans la voiture de mon beau père. Depuis mon passage dans l’autre monde, la musique n’existait plus, elle me faisait mal, ravivait ma faiblesse et mes tristes souvenirs. Et puis j’ai entendu ces quatre accords de guitare et tout est alors devenu différent. La génération Dragon Ball comparerait mon ressenti par ce qu’éprouve Hildegarde lorsque Tapion joue sa mélodie. Ce fut comme si cette boule de colère qui gravitait autour de moi, cette carapace face à un monde si injuste, sans que je ne le veuille explosa, laissant passer cet enchainement de notes qui alors m’entraina vers cette belle boite à musique. C’est dans celle-ci qu’a pris refuge le monde de couleur que j’ai abandonné. La répétition de ces accords s’entremêla ensuite au battement d’un nouvel instrument. Dans ma boîte à musique, je continuais à voler sur ma partition en guise de tapis magique et nous survolions les champs de mon enfance. Et c’est là que je l’ai entendue. C’est là que je l’ai vue. Cette voix masculine si claire, assurée et imposante et pourtant si douce. L’abeille sur son parterre de lavande, si calme et reposée. Je ne savais même pas ce que cette voix américaine racontait, je savais juste que grâce à elle la petite Lissy n’était pas très loin, qu’elle vivait paisiblement et que de temps en temps, je pouvais m’accorder cinq minutes pour la rencontrer.
Le rock est une libération pour l’âme, un pansement au cœur, un remède à la vie, la musique peut être aussi envoutante et captivante qu’une drogue, il faut simplement savoir l’aborder et la rêver.
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