Il est déjà trop tard. Le monde est à feu et à sang, des milliers de personnes sont tombées au combat. Notre duel devra mettre fin à tout cela. Dans ce château, je n'ai que d'autres choix que de te combattre. Pourtant, en regardant tes yeux verts jade, je ne peux m'empêcher de repenser aux moments que nous avons passé ensemble. Je me souviens de la première fois, où tu tentais au mieux de m'intimider, de me faire reculer, t'annonçant comme la future calamité du monde. Tes petits monologues, je m'en amusais, et alors que tu désespérais de mes réactions, je me posais à tes côtés pour t'empêcher de pleurer comme une enfant le ferait.
Tu étais seule dans ton immense manoir, expatriée de tous, mais en te voyant, je n'ai pu m'empêcher de t'apprécier, de vouloir apprendre de toi, de t'avoir à mes côtés. Je me suis alors présentée à toi, et je t'ai emmené dans mon pays, je t'ai présenté mon gouvernement, et je t'ai hissé à une place de conseillère, de seconde. Tu étais toujours présente pour moi, tu m'accompagnais, me guidais, décidais parfois pour moi même. Avec notre telle différence d'âge, je te prenais pour une mentor malgré notre hiérarchie. Nous dirigions ensemble ce pays, et nous menions nos petites guerres au quotidien. Nous fêtions nos victoires, analysions nos défaites, et revenions plus forte que jamais, prête à l'attaque.
Ce n'était plus seulement mon pays. C'était notre pays. Mais du jour au lendemain, tu as disparu. Je t'ai cherché, encore et encore, sans jamais abandonner. Des années sont passées sans que je ne t'oublie, puis tu es réapparue devant moi. Un large sourire au visage, un pays derrière toi. Tu t'es présentée à moi à nouveau, en tant que Duchesse de Jade. Tu prenais les pays un à un qui tombait sous ton charme et ta force. Le monde tremblait face à toi et ton armée, et mon pays était le seul à pouvoir rivaliser au tiens.
En te voyant, je ne te reconnaissais plus. Tu tuais, massacrais, et en me regardant, tu ne pouvais t'empêcher de m'exprimer tant d'affection que cela me rendait malade. Je n'ai que d'autres choix que de devoir en finir avec tout cela. Pour le bien du peuple, pour le bien du meuble, mais avant tout pour le tiens.
J'ai refusé toute aide, je t'ai traîné jusqu'à ce château majestueux, afin de tenir un duel symbolique pour en finir. J'entends nos lames s'entrechoquer, je sens mes pieds reculer, raper sur le sol, mais je ne faiblis pas. Je n'ai pas le droit de lâcher maintenant. Nos forces sont équivalentes, et l'issue de ce combat est indéterminable. Et pourtant, alors que je crache un culot de sang, alors que je vois ma lame transpercer ta gorge. Ton corps inerte s'effondre, mais je ne ressens aucune fierté, aucune victoire. Juste une fatigue immense, qui me fait te rejoindre. Alors que mes yeux se ferme lentement, je revois ton visage une dernière fois. Ma seule et dernière pensée fut pour toi :

Adieu, ma très chère amie.