
MaximedeStrasbourg
Etudiant en master MEEF et médiéviste amateur :)
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défis réussis
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"J'aime" reçus
Œuvres
Les crises économiques actuelles ont-elles provoquées un retour vers l'idée d'une société plus traditionnelle en France ? C'est une question étudiée par Emmanuel Todd dans son essai Le mystère français, paru en 2013 aux éditions du Seuil.
Le projet "Bulle de réflexion" a pour objectif le développement de pistes interprétatives sur des morceaux d'ouvrages aussi divers que possible (sociologie, philosophie, narration, etc). A partir de ces "noyaux" de réflexions déposés sur l'Atelier des Auteurs, s'affirmera, par les développements continus proposés par les membres du site, un espace intellectuel de plus en plus pertinent.
Le projet "Bulle de réflexion" a pour objectif le développement de pistes interprétatives sur des morceaux d'ouvrages aussi divers que possible (sociologie, philosophie, narration, etc). A partir de ces "noyaux" de réflexions déposés sur l'Atelier des Auteurs, s'affirmera, par les développements continus proposés par les membres du site, un espace intellectuel de plus en plus pertinent.
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Voix-off de doubleur trentenaire : (Il fait beau dehors il fait frais, le petit Tartelette sort et danse, joyeux, un épi sur la tête.)
Tartelette : Youhouh, bonjour Soleil ! Bonjour les arbres ! Bachir c’est une journée idéale pour s’amuser allons au parc Bachir !
Bachir : Attends fils, l’ancien il fait quoi ?
Tartelette : Hâte de faire du toboggan avec Pépé ! Pépé il nous rejoindra Pépé il se tire la barbe allez viens !
Bachir : Se tire la barbe ouais il s'est encore enfermé dans le placard dans le salon tout à l’heure, t’est trop naïf gamin.
Tartelette : Bon ben moi j’y vais à moi le toboggan !
Bachir : Vas-y.
Voix-off de doubleur trentenaire : (Tartelette part en roulés de roulade sur l’herbe) (Bachir voit un massif de marguerite à côté de lui)
Bachir : Woh. Les ptites fleurs, ça se fume ça. (Bruit de briquet) Woh sa mère j’ai la tête qui tourne.
Voix-off de doubleur trentenaire : (Ils sont tous au parc, les pigeons volent, l’herbe danse) (Tartelette fait du cheval à bascule)
Tartelette : Oui ! Pas de monde le parc rien que pour nous !
Bachir : C’est pas une mentalité la solitude fiston, tu verras quand t’auras l’âge des grands.
Tartelette : Moi je veux jouer ! Sans ces bandes de bâtards !
Bachir : Ah nan j’suis ton grand frère et j’suis pas d’accord, pas de gros mot gamin. Même le vieux n’est pas content. Hein Pépé ?
Le vieux : (renifle bruyamment et marmonne) Vieux.
Bachir : Tu vois tu le rends triste. Hé, Pépé ! Fait beau aujourd’hui !
Le vieux : (ton triste) Hihihihihi.
Tartelette : Oooh qu’est ce qui t’arrives mon pauvre petit Pépé ?
Le vieux : Pourquoi j’ai des petits-fils aussi cons hihihihi snif…
Bachir : Aaaah mais ça lui passera z’étiez comment vous jeune…
Le vieux : Mais tout se perd boouh c'est ça qui va me payer ma retraite boouh…
Tartelette : Pépé, tu as vraiment besoin de t’amuser.
Bachir : Ah bah Pépé j’suis peut-être au RSA depuis deux ans mais j’ai de la débrouille hein.
Le vieux : (s’agite) Fermez-vous gueules bande de petits cons, à vos âges j’avais une maison un travail et une femme et ça filait droit !
Tartelette : Ha Pépé t’es trop rigolo, tu avais une maison quand tu étais bébé ?
Le vieux : Je t’emmerde le jeune ! Et toi qu’est ce t’attends pour cotiser le métèque !
Tartelette : Ooooh c’est pas très gentil ça Pépé !
Bachir : Ha l’ancien la vieillesse vous fait du mal mais je sais ce qu’il vous faut.
(Bachir saisit le vieux par les bras et l’emmène vers le tourniquet)
Le vieux : Noon ! Laisse-moi tranquille le barbare ! Vieeeux !
Tartelette : Hahaha, Bachir fait tourner Pépé tourner tourner !
Bachir : Alors le vieux t’es prêt à voir tes points de retraite défiler devant tes yeux ? Le vieux : Naaan ! Lâche-moi !
Voix-off de doubleur trentenaire : (Bachir fait tourner le tourniquet de plus en plus vite. Le vieux est recroquevillé, barbe et cheveux au vent, dans le manège.)
Tartelette : Oui Pépé il voooole !
Le vieux : Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!
Bachir : Alors ça change de l’EHPAD hein le vieux ?
(Bachir fait tourner le tourniquet à toute vitesse.)
Le vieux : Sainte Marie je vais perdre mon dentier lâche moi !!! Jeanne au secoooours !!!
Voix-off de doubleur trentenaire : (Bachir ricane et arrête le mouvement du tourniquet)
Tartelette : Alors Pépé ? Ça fait du bien ?
Le vieux : Ha hey ho je me sens ivre.
Bachir : Ouais Pépé j’vais chercher mes clopes au tabac tu viens ? Ca te parle les clopes hein.
Tartelette : Je viens ! Je viens ! Je viens !
Le vieux : Ho mon petit, j’adore cet endroit, je veux rester un peu.
Tartelette : Mais Pépé, il va pleuvoir !
Le vieux : Je veux rester j’ai dit ! J’ai quelque chose à faire bon sang.
Tartelette : Ah bon, mais qu’est-ce que tu veux faire ?
Le vieux : J’ai envie de péter ! De faire des gros prout prout !
Voix-off de doubleur trentenaire : (Le vieux, saute partout dans le parc en lâchant des pets.)
Le vieux : Vieux ! Vieux ! Vieux ! Vieux ! Vieux !
Bachir : Wesh il part en couilles Pépé. Vas- y j’vais acheter mes clopes wallah c’est quoi ça.
Tartelette : Je te rejoins ! J’attends Papi !
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Longtemps il y eut au pays de Panchala un roi comblé et aimé. Ses châteaux en marbre transparent reflétaient sa puissance ; ses manteaux s’étiraient jusqu’au pays des Scythes et étaient portés par l’ensemble de ses sujets ; enfin, ses serviteurs étaient des éléphants. Cependant, la quintessence de son pouvoir résidait dans sa longue et flamboyante barbe rose, et toutes les femmes, les jeunes et les vieilles, se querellaient constamment pour en arracher un poil. Par ailleurs, les femmes les plus belles du pays avaient tenté de demander la main du roi. Sans succès : car Barbe Rose, qui possédait un grand secret, ne consentira à se marier qu’avec la femme la plus discrète de la région.
Un jour, il croisa le chemin d’un gardien d’écurie qui lui proposa une de ses deux filles en mariage. Barbe Rose voulut rencontrer cette femme, qui se trouvait alors avec sa sœur ; jamais il ne fit connaissance de femmes aussi délicates et toutes en retenues ; or la première sœur attira davantage l’œil de Barbe Rose, qui lui demanda sa main. Elle mourut de joie ; le roi, sans être pour autant résigné, reformula sa proposition à sa sœur.
Elle accepta avec empressement ; un mois après ils conclurent le mariage en fanfare dans toutes les villes, sur de grands yaks taillés dans des émeraudes de la plus belle eau. Les premiers moments de leur relation furent tout de feu.
Vint un temps ou Barbe Rose dû rendre visite à un Maharaja séjournant dans la région voisine, pour des questions administratives. Il confia à sa femme la clé rouge et oblongue de la salle aux idoles du sourire, la clé épaisse et têtue de la prairie aux gazelles sceptiques, et la clé des archives écrites par les plus lointaines des étoiles. Lui fut seulement déconseillé d’user de la petite clé aiguisée et nerveuse, qui ouvrait sur la porte brune du petit cabinet, au premier étage du palais. « Car, précisa Barbe Rose, là s’arrête ce que vous entendez sur moi ». Sa femme acquiesça aussitôt ; Barbe Rose s’installa dans son palanquin, tiré par deux têtes de chevaux incrustées dans le véhicule, après avoir embrassé son épouse.
Peu de temps s’écoula entre le départ de Barbe Rose et la venue des amies de sa femme, dont les regards insatiables s’étanchaient avec peine devant les richesses du palais. On ne saurait dénombrer les allers et venues de la femme de Barbe Rose et de ses amies, de l’entrée au sol pavé de lait, aux chambres de séjour formées d’un seul lit rond, cerclé de de deux bras enlacés ; des salles de jeux toutes construites en pâte d’amande aux bains de vapeur formée par les murmures de toutes les veuves. La maîtresse de maison se félicitait des louanges et bénédictions que ses amies lui adressaient ; elle ne ressentait nulle jalousie chez elles. Mais, au gré de leurs passages, elle avait un petit pincement au cœur dès lors que ses yeux se posaient sur la porte brune interdite.
Lorsque ses amies s’en retournèrent, elle ne put contenir plus longtemps sa curiosité. Presque avec brutalité, elle appliqua la petite clef à la serrure, tout en pensant en son for intérieur qu’elle refermerait la porte aussitôt.
Elle s’ouvrit.
Ce qu’elle put alors observer manqua de lui faire arracher un cri tel que son mari en serait devenu sourd. Devant elle se déploie une immense plaine d’un bleu farouche ou des myriades de femmes s’adonnent à des activités que sa pensée n’aurait jamais saisie : c’était un formidable début d’orgie. Des jeunes femmes, le buste appuyé et bombé contre un muret de pierres de lune, observaient de longs piquets bleus bourdonnants ; d’autres femmes voient leurs seins gonfler et s’écourter en continu sous leurs tuniques ; certaines femmes, couchées sur l’herbe, résistaient à l’emprise d’ombres mouvantes qui souhaitaient remonter leurs robes vers le haut. La femme demanda alors à une des femmes du mur la raison de tout ce spectacle, ce à quoi elle répondit : « Barbe Rose nous considérait comme la mère de son futur héritier. Nous avons trahi sa confiance par adultère. Par sa clémence, nous voilà toutes condamnées à ces jeux, pour une durée indéterminée. » La femme de Barbe Rose fut prise d’effroi, et serra très fort la petite clef dans sa main.
La voix familière de Barbe Rose tonna soudainement dans le couloir principal. Il avertit sa femme que la porte de la salle brune était ouverte.
Les jambes de sa femme étaient paralysées par la peur. Elle demanda secours aux femmes du mur mais ces dernières semblaient ne plus comprendre sa langue.
Barbe Rose réitéra son affirmation. Il promet à sa femme qu’il ne lui fera aucun mal. Elle fut prise de pleurs et s’imagina déjà rester emprisonnée ici pour le restant de ses jours. Mais elle ne souhaitait pour rien au monde donner de la colère et de l’impatience à son époux. Alors elle quitta sans un bruit la plaine.
Barbe Rose l’attendit avec un grand sourire, et, tout en lui demandant la petite clef, posa quelques questions à sa femme.
« - Pourquoi n’as-tu pas obéi à ton époux ?
- Ma curiosité m’a trahie. J’ai visité toutes les pièces de notre palais sauf celle-ci.
- Tu as brisé notre confiance. Ce que je vais te demander maintenant, c’est de retourner là d’où tu es sortie ; je refermerais la porte derrière toi. »
La femme de Barbe Rose lui demanda pardon, toute en pleurs, en embrassant mille fois ses mollets ; or, son mari ne relâcha pas son sourire et son intention.
« - Je te considérais avant cette heure comme la mère de mes enfants. Mais ce temps est révolu, tu as brisé notre confiance. Maintenant il faut régner, mais non plus en votre compagnie.
- Je ferai tout ce que vous voudrez pour racheter mon erreur, et ne plus vous désobéir.
- Il n’y a d’autre choix que celui proposé par votre époux.
- Il faut régner ; ce règne je peux vous le donner, et l’entretenir, malgré mon péché. »
Barbe Rose recula doucement.
« - Vous ne m’aviez jamais accordé cette confiance. Est-ce le cas ?
- Oui.
- Je vais te laisser quinze minutes pour y réfléchir. Ce après quoi ta décision sera la mienne, inéluctable.
- Entendu. »
Pendant ce laps de temps, elle rejoignit la compagne de sa sœur, dans la salle aux idoles. Elle apprit d’elle que deux de ses frères passeront au palais cette nuit pour une requête financière auprès du maître.
Elle n’eut le temps d’en discuter plus, car elle accepta alors l’invitation de Barbe Rose à sa chambre.
Elle ne l’avait qu’entrevue, habituée à coucher dans une des salles de séjour. Les rideaux des fenêtres, le jour, imitaient les rayons du Soleil ; la nuit, le lit octogonal entouré d’herbe folle regardait la Lune.
Assise, sur le lit, elle sut. Elle commença à prier.
Barbe Rose vint.
Elle se vit à lui.
Il se présenta à elle.
Elle lui donna son salut.
Ce fut un recueillement doux et chaud comme jamais un homme ne lui offrit. Son regard teinté d’amertume oubliait quelque peu les évènements du dehors.
Il la comble de sa mansuétude avec un peu plus de hardiesse comme pour lui dire merci de ce qu’elle a pu auparavant lui présenter.
Sous les bienfaits répétés qui dévoraient son cœur elle remarqua une traînée de poudre agiter le paysage mais, toute portée par l’élan de son époux, elle n’en fait pas un cas d’école.
A la ferveur de moins en moins espacée de Barbe Rose sa femme sentit que son âme allait s’entrouvrir à un autre soi. Ce ne fut qu’au moment où l’homme et la femme s’apprêtèrent à s’abandonner enfin l’un à l’autre que la porte de la chambre s’ouvrit abruptement. Barbe Rose se releva et donna à l’herbe ce avec quoi l’herbe rend toujours hommage à la terre. Deux cavaliers richement voilés avec des couvertures de satin exposèrent leur requête commune.
« - Nous avons entendu la demande de notre sœur. Toute Cérémonie de noce doit s’établir en présence de la famille de votre épouse. Sans quoi vous tombez dans l’illégalité juridique, comme maintenant.
- Mais le pardon d’une faute avérée ne peut se substituer aux coutumes ? protesta Barbe Rose, tout en se lamentant d’être exposé dans cette posture.
- Point, mais une princesse en demande une autre. Il se trouve que la cadette du Prince de Ghazni veut tisser une alliance avec vous. Qu’en pensez-vous. De toute manière, votre épouse retournera en sa région, avec nous, cette nuit-même.
- Je n’ai pas le bénéfice du choix, se résigna Barbe Rose. Amenez-moi Mademoiselle de Ghazni, qu’un traité d’alliance soit conclu. »
L’épouse de Barbe Rose repartit en compagnie de ses deux frères sans se retourner.
Il fut alors pris d’un sentiment de lassitude. Seul, sans héritier tant espéré. Sans épouse aimante. Il descendit regarder les étoiles, humer l’air. Et croisa la porte brune encore entrouverte. Alors il se décida, à goûter à ses propres délices. Pour combien de temps ? Nul ne le sait.
Il entra dans la plaine en jetant la clef à l’intérieur du château, et ferma la porte.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs
Pourquoi écrivez-vous ?
Pour défricher de nouveaux terrains de réflexion dans toutes les disciplines.