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Cabot

Cave canem.
Défi
Cabot
" Pour atteindre sa vérité, l'homme ne doit pas tenter de dissiper l’ambiguïté de son être, mais au contraire d'accepter de la réaliser : il ne se rejoint que dans la mesure où il consent à demeurer à distance de soi-même."

Pour une morale de l'ambiguïté (1947) de Simone de Beauvoir.
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Défi
Cabot
Prenez un verre d'eau. Buvez-le. Voilà !
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Aux premières lueurs, ils y repartiraient derechef, sans envie. Car bien vite avait fui l'engouement qu'accompagnent les choses nouvelles, chassées par l'automatisation des gestes et les temps rabâchés, pressurisés en phase. De telle sorte qu'ils pouvaient être appréhendés, planifiés par la force des heures et des dates. Seule une incertitude, un vide incompréhensible, semblait s'éloigner toujours plus, restant, par-là même, à distance de l'efficacité avec laquelle les hommes tentaient de simplifier les choses. Combien de fois fallait-il, de nouveau, arpenter ces remblais labourés ? Furieusement hersés par d'anciennes tentatives stériles et qui, à l'instar de ce jour-ci, glissaient généralement par temps de pluie ? Car c'était ainsi qu'ils la nommèrent, cette lavasse qui chutait de ce lourd baldaquin et il fallait bien donner un nom commun à ces mollards fielleux qui s'attaquaient, avec une légère acidité et sans distinctions aucune, aux abris comme au moral des guerriers. C'était-là le vocable le moins exact, le plus vague possible, mais chacun se contentait de "pluie" et n'en voulait savoir rien de plus à son sujet. Pas davantage de ce ciel de lit, duquel venait cette bile implac
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Cabot
— Fallait les bouffer... — Qui ça ? — Les Bourges ! Tout cru ! — Connais pas... ça goût comment ç'a... du... du bourge ? — Bon, tendre et gras. — J'a'la dalle. Enzo, j'a'la... — Ta gueule, Léo ! On a tous les crocs, putain ! Marat... tu devrais peut-être leur expliquer qu'un bourgeois ce n’est pas vraiment de la même famille qu'un lapin de garenne ; que vrai, ça se terre tout aussi bien dans un trou quand un coup de fusil pète, seulement... voilà, la comparaison s'arrête là. Tes nouveaux compagnons maigrelets n'ont pas l'air assez malins pour faire cette distinction capitale ; suffisamment pour te ficeler comme un rôti. Ils devinent sans doute à tort, sous ta peau usée, la succulence d'un banquet que seule la faim peut servir appétissant. Ils vont être déçus ; entre-nous, t'es qu'une vieille carne. Non pas goûteuse mais gâteuse. La preuve ! Tu t'es fait alpaguer comme un bleu par deux mange-poussières, sevrés de toute intelligence : le ventre, le ventre, le ventre ! On est bêtes quand on a envie ; on envie quand on naît bête : il ne faut pas leur en vouloir, tu étais une proie facile. — Et lui ? C'est p't-être un bourge ! Dis ! On y goûte ? Pour voir ? — J'crois pas, non. Il est pa
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Défi
Cabot
Sur le réseau, Henri cherche quelque chose. En cherchant, on trouve, bien souvent, ce qu'on sait déjà.
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Cabot
Une errance par les terres empoisonnées des masculinités, nous mènera, peut-être, dans la plaine où s'instille, petit à petit, le besoin d'une eau claire.
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Cabot
" Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes." Robert Oppenheimer.
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Cabot
Je bus mon café jusqu’à la dernière goutte ; laquelle serpenta le long de la paroi étroite de ma tasse unique, émaillée de blanc, pour venir, en bout de mug, s’écraser sur l’avidité de ma langue qui l’avait attendu avec patience. Elle claqua dans l’air conditionné, satisfaite, alors que mes mains déposèrent devant elles, sur un guéridon minuscule, le contenant vidé, à sec, las de tout intérêt. Je me levai. Dressé, face à la réflexion que reproduisait le miroir, qui par spasmes me donnait aussi l’heure et la température extérieure, je constatai, entre deux publicités pour des implants capillaires, que mes nuits devenaient trop courtes : — Salut… Gueule de raie… Il n’eut pas de réponse, personne pour me donner le change ; l’IA, qui d’habitude m’annonçait les nouvelles du petit matin, avait depuis longtemps rendu son âme d’être artificiel, à ce foutoir qu’était le réseau. Reposait-elle dans une tombe qui portait son nom à présent ? Les IA avaient-elles, elles aussi, peur du noir ? J’effaçai ces questions d’un coup de gant sur mon visage, préalablement mouillé par un filet d’eau à peine audible. Brouhaha, qui faisait vrombir la tuyauterie dont on devinait, à l’oreille, le circuit. Le m
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-------------------------------------------------------------------OC---------------------------------------------------------- Dret jos lo cèu, Que't tieneràs. Ne'm hrèitas pas, De la vista, Qu'ac sabi. Dret jos lo cèu, Qu'arrideràs. N'èi daun pas, Bona audida. Qu'ac sabi. Dret jos lo cèu, Que ploraràs Ne'm hè pas mestièr, Tastar ton tristèr. Qu'ac sabi. Dret jos lo cèu, Que't desruiràs. N'èi pas besonh, Deu tocar. Qu'ac sabi. Dret jos lo cèu, Que't heriràs. Inutile qu'ei, D'aver l'aulor. Qu'ac sabi. Ajaçat jos lo cèu, Qu'ac sabi tot, de còr, de tu. -------------------------------------------------------------------FR---------------------------------------------------------- Droit sous le ciel, Tu te tiendras. Ma vue n'est pas nécessaire, Je le sais. Droit sous le ciel, Tu riras. Je n'ai pas à avoir, Bonne oreille. Je le sais. Droit sous le ciel, Tu pleureras. Il n'est pas utile, De goûter à ta tristesse. Je le sais. Droit sous le ciel, Tu te détruiras. Je n'ai pas besoin, Du toucher. Je le sais. Droit sous le ciel, Tu t'effraieras Inutile, il est D'avoir l'odorat. Je le sais. Allongé sous le ciel Je sais tout, Par cœur, de toi.
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Les portes s'ouvrent toujours sur quelque chose, vers quelque chose ; la mienne, par une solitude mécanique, s'ouvrait sur mon jardin. Il y faisait déjà une tiédeur agréable qui, par connivence avec la brillance habituelle, abreuvait la pelouse nouvelle. Elle avait poussé haut ses brins ; j'avais l'oeil pour ça. Plongeant une main dans ma poche arrière afin d'y trouver mon outil, je m'approchais d'elle armé d'un minuscule bout de plastique jaune et noir gradué. De la première à la dixième, les pousses avaient crû ensemble, sans se faire de l'ombre ; grandissantes en miroir, s'élévant vers une même direction. Je devais y mettre fin. Arrêter l'ascension désagréable de cette verdure solidaire. Mes pantoufles trainaient cette envie sur la dalle bétonnée du garage. Au milieu de cet endroit propre, inchangé, parfait, ma tondeuse était là. Une einhell gcem1879 avec ses coupes bordures gcet2225, 1756 W, 1,36 cm. Une véritable merveille, mon roc, mon alliée infaillible. Je l'allumai, elle me répondit avec toute son envie de servir ; ronronnant sous la perceptive de pouvoir sentir l'odeur, le relent, de l'herbe fraîche tondue au petit matin.
Je m'affairai à la coupe ; les mains posées sur le volant, tremblant déjà d'excitation, je pouvais entendre mon écho dans le quartier ; réveille-matin, rituel quotidien. Le premier passage se fit sans embarras. L'herbe était à ma merci, jetée en patûre aux lames de ma monture qui aurait taillé pierres et limaçons en deux, sans accrocs, aux moindres de mes ordres. J'étais aux commandes. Dans mon peignoir de général, alourdi d'épaulettes de velours, agrafé de cinq étoiles, je contenai la menace. Sus à l'ennemi ! Le deuxième passage ne fut que plaisir, mes lèvres s'élargirent tout en pointant vers le haut. Bis repetita placent ou pas. Le dernier fut interrompu avant même d'avoir commencé, par un voisin qui me hélait depuis ma clôture. Je coupai le moteur.
— Bonjour voisin, me dit-il en levant sa main dans un salut.
Je lui repondis de la même façon. Que me voulait-il ?
— Belle machine que vous avez là ! C'est une Einhell ?
— Tout juste. Que puis-je faire pour vous ?
Malgré la civilité dont il avait fait preuve, je n'avais pas oublié qu'il venait d'interrompre ma tonte. J'avais hâte de reprendre, il me gênait.
— Vous connaissez le voisin du 6 bis ?
A cette seule formulation, il semblait s'irriter, comme si chacun de ses mots étaient des morceaux de verre qu'il se forçait à mâcher, écorchant sa langue toujours un peu plus ; il continua malgré tout :
— Je suis passé hier devant chez lui et je n'ai vu personne. Pareil aujourd'hui. Vous verriez l'état de son gazon ! Une honte !
Je me levai sous l'émotion :
— De quoi ? Personne ne tond chez lui ?
J'ouvris le portillon et m'approchai. Il me repondit par la négative.
— Tout est à l'abandon, me confirma-t-il avec une pointe de dégoût.
Avec l'aversion que nous avions en commun, nous nous mîmes à informer tout le quartier de l'affaire. Chaque voisin sauta de sa tondeuse à la nouvelle, compatissant avec notre colère. Au final, nous fûmes un peu plus d'une dizaine à nous présenter au portail du démissionaire ; armés de nos règles, de nos questions, harcelant la sonnette. Sans résultat, sans bruit, sans réaction. Nous étions ignorés. Pourtant, il y avait un problème : le gazon était bien trop haut. Tout le monde pouvait le voir à l'oeil nu : c'était une évidence. Cela nous énervait. Ne pas pouvoir agir, ne pas savoir pourquoi. Je lançai quelques insultes lapidaires de concert avec le cortège qui commençait à s'échauffer. Dans notre rue, où seule courait l'asphate, la sirène des forces de l'ordre résonnait par-dessus nos cris qui réclamaient une réponse.
— Nous vous demandons le calme.
Dit l'un des humanoïdes, mi-ferrailles, mi-procédures, assermentés par l'uniforme :
— Nous vous rappelons que tout rassemblement est prohibé par mesure de sécurité. Nous vous demandons de bien vouloir vous disperser.
Nous lui opposâmes nos explications sur la situation, du pourquoi de notre présence ici.
— Nous vous rappelons que tout rassemblement est prohibé par mesure de sécurité. Nous vous demandons de bien vouloir vous disperser, nous rétorqua-t-il, sans variation avant d'ajouter :
— Le contrevenant du 6 bis rue des lys va être appréhendé. Circulez.
Nous circulâmes sans discuter, rentrant chez nous non sans une certaine frustration ; enfin pour moi, car les autres affichaient une sincère satisfaction.
Passant mon portillon, je remontai sans attendre sur ma tondeuse pour reprendre là où j'avais été interrompu. Le dernier passage n'avait pas suffit à me calmer malgré la joie que je ressentai toujours après une chose bien faite, après avoir accompli une tâche. J'enfermai ma einhell dans le garage, sans un regard. Pourquoi ? Que signifiait le comportement du voisin qui habitait au 6 bis ? Je ne parvenais pas à percevoir ne serait-ce que l'ombre d'une explication logique. Planté dans cet endroit parfait, inchangé, bétonné, j'ordonnais la programmation de demain :
— Lisa, prévois une repousse de 2 centimètres pour demain.
Une voix plafonnée me repondit.
— Êtes-vous sûr ? Vous devez déjà repeindre les fleurs.
— Ah oui... C'est vrai...
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Creuse, creuse, tu verras bien.
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Pour être un bon livreur, il suffit d'aller du point A au point B : c'est tout. Il y a bien longtemps que je l'avais compris. Pourtant, à mes débuts, j'avais les mains qui convulsaient, qui bavaient dans des gants trop grands, collés au guidon... Commencer... C'était autant à faire que dangereux. J'allumai la moto alors que le A apparaissait sur le GPS, où luisaient neuf petits cercles convergents, rougissants d'envie. La mienne était prudente, elle me poussait vers les routes vidées de l'hypercentre. Il n'y avait, là-bas, que des publicités qui pixélisaient un appétit qui y naissait puis s'y soulageait ; comme un trou qui se remplit et se vide, sans discontinuer, saisi par une bonne chiasse, en somme : c'était un secteur de grande consommation. Je m'y perdais parfois à lécher les vitrines, pendant mes temps libres, on pouvait tout y trouver, surtout nous autres, nous étions partout : on y livrait des choses. Je n'avais eu besoin que de quelques minutes, à fond, déterminantes, afin d'arriver. Je m'arrêtai dans un silence prédateur à côté de l'objectif. Devant mes yeux réapparaissait une fenêtre verte et blanche — elle me demandait, silencieuse, si j'acceptais le travail — la répons
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