
Jérôme Dumont - "OnTheReadAgain" -
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Défi
- Johnny, ... ta cadillac !
Le texan voit, puis s'écroule. Qu'a-t-elle fait ?
Son ode à la virilité, le bling de son gang!
Maquillé par sa fille Jenny, qui voit la vie en rose, à tout va.
C'est devenu son corbillard, qui le transportera dans sa mort sociale.
- Jennnyyyyyyy !
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Défi
Après les récentes enflammées folles, le prix de l'énergie a grillé.
Les indices ont palpité jusqu'à l'électrocardiogramme plat.
Chaque citoyen est tenu d'aller se fournir en échange d'un ticket de rationnement.
Prière de garder vos mains sèches et de refermer derrière vous.
EDF
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Défi
Vermeil parcourt la ville dans sa Ferrari.
Il admire l'oeuvre d'une vie.
Enfant, au crepuscule d'un soleil en feu, il avait eu une vision.
Toute la ville, peinte en rouge.
Depuis, c'est son obsession, colorier tout, recouvrir, repeindre.
Devenu maire à dix-neuf ans, cela fait vingt ans qu'il nourri son obsession.
A Rougebourg, on voit la vie en rouge.
Ici, l'alcool est gratuit, et les visages rubicond.
Les routes sont couvertes d'ocre, les trottoirs sont en terre battue.
Les briques standard, de douze sur vingt-quatre, aux références hervébéennes strictes sont les seules à pouvoir être utilisées. De même que les tuiles qui sont uniformisées.
Le carrossier repeint gratuitement les voitures de quiconque est domicilié.
L'administration déroule le tapis rouge, les tattoueurs injectent couleur sang, les coiffeurs colorent en vous-savez-quoi. L'animal de compagnie préféré, ici, est le poisson.
Les seuls voleurs sont les piqueurs de fards. Les cowboys sont radiés, et les enfants ne jouent qu'aux peau-rouge.
MAIS !
Mais, ...
Mais.
A la limite du territoire, sur les terrains de Blanchebourgade, Beige a construit cet infâme batiment.
Sous le couvert de l'écologie il l'a peint en blanc. La couleur du tout, la couleur du rien.
Les yeux de Vermeil saignent à chaque fois qu'ils croisent la vue de ce mastodonte immobilier.
Cette cage à oies, à cygnes, à mouettes, ... qu'il compte bien transformer en cage à rouge-gorges!
Ce soir sans lune, il poursuivra son sacerdoce.
Rougebourg est devenu un trop petit territoire pour lui. Sa Ferrari est sa caravelle. Il accélère davantage.
Ce soir sans lune, il rendra l'immeuble rubicond.
Uniforme.
Sauf au dessus de l'entrée principale. En couleur vermeil, il renommera le bâtiment.
Le Rubis cube.
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Défi
Le but de ce défi que je propose chaque dimanche est d'écrire une micronouvelle en fonction d'un thème et de quelques mots. Le défi est donné un dimanche et désactivé le dimanche prochain ce qui vous laisse une semaine. Il n'y a qu'une contrainte : intégrer les 6 mots que je donne sur le thème que je donne. Les mots peuvent être au pluriel, singulier, dans n'importe quel ordre, conjugués, accordés...
Vous devez mettre ces mots en gras, ou en italique ou soulignés pour que je puisse les réperer.
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Je vous donne du 22/08/2022 au 28/08/2022. Le thème de cette semaine est "Anticiper".
Voici la liste de mots :
Crayon Moustache Ambre Deviner Sursauter Goutte
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- Je vous le dis une fois pour toute ! Vous n'avez PAS à ANTICIPER les problèmes ! Contentez vous d'appliquer la PROCEDURE et de nous la soumettre pour approbation !
Alice cache son menton dans sa poitrine. Quand elle a été nommée inspectrice dans ce commissariat d'une ville modeste, elle a sauté au plafond. Chaque matin, en prenant sa voiture, elle caresse le toit de sa citadine coupée sport. La bosse demeure le dernier témoin de son bonheur éphémère.
C'est qu'elle a déchanté, face à la directrice de l'établissement. Avec la puissance d'une cantatrice, elle a réprimé chacune de ses initiatives, haussant le ton pour couvrir la pertinence de ses arguments.
Alors, elle se détache de la conversation, et observe l'étrange phénomène bureaucratique. Les tempes de la fonctionnaire sortent leurs veines, elle rougit et vocifère tout et son contraire. Alice observe et dans son cerveau, quelqu'un doit jeter une poudre, la même que celle de Peter Pan, sans doute.
Elle s'envole, observe la conversation, suspendue au lampadaire. Elle fige la scène, rien ne bouge. Seule s'échappe de justesse la goutte qui ruisselle dans la moustache naissante de la quinquagénaire. Les veines saillantes battent au ralenti, ses cernes s'allongent, avec peut-être la prétention de remplacer des zygomatiques qui doivent chômer depuis lurette.
Alice se détache du luminaire et se pose en vol stationnaire devant sa supérieure hiérarchique. Ses yeux ne signifient rien. Comme une plage qui a recouvert les mots laissés par les quidams. L'inspectrice devine qu'un jour, un message, une passion, des sentiments ont du animer ce regard et le faire briller comme l'ambre. Mais la réalité a poli ces pierres précieuses jusqu'à y éteindre les reflets et la brillance.
La goutte tombe et s'insinue dans la moquette du commissariat.
Alice remonte cette cascade à l'envers et détaille cette bouche, qui fusille et mitraille en peux-tu en voilà. La statue est gelée mais les lèvres peinent à retenir le flot incessant. Alice les entr'ouvre. Elle tire sur le fil nauséabond et garni le phylactère.
Elle détache le crayon calé derrière son oreille et remplace les mots. Les insultes deviennent muse d'un message bienveillant qui se déroule.
" ... pardon, acceptez mes excuses et mes faiblesses. Vous avez la main pour cette enquête, je vous accorde ma confiance absolue! Vous êtes quelqu'un de bien, sachez -le"
Alice papillone dans la pièce, se délectant du tableau. Elle sort son appareil et immortalise la scène.
L'effet de la poudre s'estompe et l'attraction la rappelle à la réalité. Le sol molletonné amorti sa chute. La directrice combat les liens qui la retenait et fixe avec fureur l'intrépide. Un courant se dessine dans le lac immobile de ses yeux. Les commissures de ses lèvres tiquent au rythme d'un pendule. Son visage se déchire.
- ... pardon, acceptez mes excuses et mes faiblesses. Vous avez la main pour cette enquête, je vous accorde ma confiance absolue! Vous êtes quelqu'un de bien, sachez -le !
Alice sursaute. Pas assez pour marquer le plafond d'un autre éclat de bonheur.
- Je vous remercie, cheffe ... Vous ne serez pas déçue !
La directrice s'accable et accuse les coups. Elle se vautre dans le fauteuil, qu'elle pivote pour s'adresser au mur.
Alice recule de deux pas, se retourne, et traverse le couloir. Dehors, l'air frais envole les dernières poudres suspendues dans son esprit.
Elle sort son calepin, et pour les douze affaires en cours, barre la bureaucratie du haut de la liste des suspects.
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Ma participation au FISPA, en octobre 2021, c'est une bonne excuse pour m'entrainer au catch littéraire prochain :)
Écriture d'une traite, (presque) sans relecture, dans l'esprit d'improvisation. Un mot par jour, et autant de séances d'exercice.
Écriture d'une traite, (presque) sans relecture, dans l'esprit d'improvisation. Un mot par jour, et autant de séances d'exercice.
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Défi
Elle m'a dit : sors et va t'installer au salon.
J'ai buggé. Mais on ne lui dit pas non.
Enfermé dehors, j'ai détaillé son living.
C'était spacieux, coquet. Une moquette verte, quelques arbustes.
Et au fond, un "Louis ixe je ne sais pas combien".
Je m'y suis assis, et j'ai souri.
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Défi
Attentions, beaux cadeaux des enfants français !
gros, hideux et informes ?
jeux, kinder, pour les mieux nantis
opulence pour quelques riches
soyez tous unis !
vos jolis wagons, xylophones yoyo, ils z'arrivent !
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Défi
Les collègues lèvent leur verre, et font mine de se réjouir pour Léo.
"A cette nouvelle promotion, ce nouveau palier franchi vers les sommets de verre".
Léo l'attendait depuis un moment. Au centre de la pagaille, il sourit. Droit et fier. Il sait ce qu'il vaut. Pour l'occasion, il a passé un veston, qui recouvre son uniforme quotidien. Ces chaussures, qu'il doit cirer plusieurs fois par jour, en cachette, dans les sanitaires. Ce col de chemise, à chaque étape de carrière plus blanc. C'est que sa sueur est de l'amidon. Toute l'énergie de son corps est dirigée vers un seul but. Suivi des mails en vacances, pas de maladies, aucune absence. Plus présent et fiable que les murs de l'entreprise. Léo a fait des sacrifices pour en arriver là.
A ma connaissance, il est le seul finisher de cette terrible équation. "Comment performer, sans passer pour un lèche-bottes, tout en étant apprécié par l'entièreté du service?" Beaucoup s'y sont cassés les dents. C'est qu'on la redoute, cette mise au catalogue.
A la photocopieuse, les pies veillent. D'aucuns sont habillés exprès pour. D'autres se trainent pour de vrai. Celui-là pour de faux. Pendant que les vigiles opèrent, Léo est au pair. Pour son bébé, il est aux petits soins. Son projet grandit à vue d'oreilles. Les rumeurs parlent d'une croissance à trois chiffres. C'est une mitose, moteur de l'avancée du paquebot.
Mais surtout, derrière l'artiste, on pleurera l'homme. D'une humeur égale, Léo est présent pour chacun. C'est le copain qu'on rêve d'avoir. Il ne juge pas : il accompagne. Il ne s'apitoie pas : il conseille. Il ne dédaigne pas : il est empathique. Le stagiaire est autant considéré que le patron.
Les obligations rappelent peu à peu les collègues, et la salle de réunion se vide.
Les lumières s'éteignent.
Une dernière fois, il actionne son badge.
Ce soir, Léo part.
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Défi
Le Belge, c'est une couleur entre le blanc et le noir.
C'est qu'il est roi du compromis.
Il faut bien ça, pour faire cohabiter
Autant de communautés
Sur une si petite superficie.
Le Belge, c'est une odeur entre la frite et le chocolat.
Mais pas les deux en même temps, on laisse aux italiens la pizza au nutella.
Il faut bien ça, pour se motiver quand le mauvais temps est là.
Le Belge, c'est un sentiment solidaire d'unicité.
Un humour décalé qu'il proclame assumé.
Une humilité contrariée mais revendiquée
Le Belge c'est un roi entouré de navets.
Le Belge c'est moi et onze millions d'autres félés
Le Belge de Belgique, une réelle identité
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Défi
L’Amant (1984) - Marguerite Duras « Un jour, j’étais âgée déjà, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s’est fait connaître et il m’a dit : "Je vous connais depuis toujours. Tout le monde dit que vous étiez belle lorsque vous étiez jeune, je suis venu pour vous dire que pour moi je vous trouve plus belle maintenant que lorsque vous étiez jeune, j’aimais moins votre visage de jeune femme que celui que vous avez maintenant, dévasté."
J'ai fermé les yeux, sous l'effet de surprise. Quand je les ai rouverts, l'inconnu avait disparu.
Toute la journée, ces paroles ont défilé en boucle dans mon esprit. "Je vous connais depuis toujours".
Moi, Irène, caissière de supermarché le jour, seule la nuit, je croise des centaines d'individus.
Des contacts fortuits, de convenance. Sans profondeur. La routine mécanique m'a usée, et j'opère en robot.
A l'idée qu'un quidam m'ait regardé évoluer année après année, et observé cette lente dégradation, je rougis.
Le lendemain matin, je reprends mon service. Chaque client, je l'observe, le détaille. Je me surprends à sourire, à engager de brêves conversations. Le temps passe plus vite, et après ma journée, je traine sur le chemin du retour. La solitude de mon appartement, qui était devenu un refuge, me répulse. Je m'assieds à une terrasse, et je sirote une limonade. Les gens vont et viennent, comme dans les valses de Vienne. Le petit vent soulève les cadavres de feuilles, et les pousse un peu plus loin. Je frissonne et met mon foulard.
Un petit oiseau, un moineau certainement, sautille vers moi à l'affut d'un bout de pâtisserie que dans un geste inadvertant, je pourrais laisser tomber. "Mon joli, cette vie robotique, c'était avant. Regarde cette miette, je te l'offre, mais spontanément. Passe une belle journée".
Je ferme les yeux et je souris.
Quand je les rouvre, l'inconnu est apparu. Le plateau en main, il me demande si je souhaite renouveller ma commande. Alors c'est lui. Chaque jour, il m'a vu passer, et me délabrer au fil des saisons. De ses yeux azurs, il a du me proposer mille fois de faire une halte entre le supermarché et mon appartement. Mais sans cesse, je fixai mes souliers me hâtais.
En quelques phrases, il m'a réveillée, et m'a rendu la vie. Comment le remercier ?
- J'aurai du vous connaitre depuis toujours. J'aurai pu vous trouver beau quand vous étiez plus jeune.
Finalement, qu'importe. Parce qu'aujourd'hui, je suis redevenue jeune. Dévastée, mais plus jeune. Les collines de mon visage vont reverdir et c'est grâce à vous.
L'homme, interdit, reste béat, alors qu'elle enfile son manteau et pose un billet sur la table.
- Monsieur. Je vous donne rendez-vous demain, à cette même heure. Au fait, j'adore la tarte à l'abricot.
Taquine, elle abandonne le serveur et reprend la route en sifflotant.
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Défi
Quand la rédactrice en chef m'a annoncé la destination de mon prochain reportage, je trépignais.
Je rêvais des steppes de Mongolie. J'atteris ici, en Moldavie. Les premières et les dernières lettres sont les seules choses en commun qu'ont ces pays.
Cette expédition était prévue pour durer deux semaines. Finalement, cela fait six mois que je vis ici.
Vivre, ou survivre? Je m'habitue au fatalisme ambiant. A cette population qui ne rêve que d'une chose : fuir. Rejoindre l'italdorado. L'agriculture se débrouille avec ces terres au rendement très relatif. Ici, on remplace les rêves par un sommeil de plomb que berce l'alcool.
Ici, on découvre des métiers perdus.
C'est curieux. Ma première impression a été un sentiment de dégoût. Un pays repoussant, inhospitalier.
Peu à peu, j'ai ouvert mes oeillères. Pris le temps d'écouter, au lieu d'entendre.
De jauger, plutôt que juger.
Cette population est attendrissante. Les ressources économiques sont limitées - je suis le deuxième touriste en cinq ans, dans ce village. Le luxe s'imagine de loin, on pare au confort minimal.
Un mini-mal, plutôt qu'un moindre mal. C'est ce que j'ai décidé de vivre.
Pourtant, ce mal n'en est que moindre, quand on s'ouvre à l'essentiel.
Ici, je cherche toujours après le superficiel, car les relations sont véritables.
Les paysans te fixent avec rudesse, et l'éclat passe le rideau après quelques secondes. on devient vite ami. On s'entraide à tout va.
Finalement, et c'est dur à dire, ... mais je me plais bien, ici.
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Défi
Au milieu des comètes et autres dangers
Je te protège, pour mieux te faire briller,
Comme cette allumette que le soufle du vent éteint,
J'enveloppe ta fragilité de ma main
Je frotte la poussière pour te dégager un plancher
Sur lequel tu émerveilles les passants intrigués
J'aligne mes doigts en gradin
La foule se délecte sur ton chemin.
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