Héloïse S. Mrchll
Auteure à mes heures perdues, passionnée de magie, d’aventures… et de drames.
Bienvenue dans mon Bookastic Universe, où se mêlent magies, ténèbres et mystères.
Explorez des mondes chimériques peuplés de créatures étranges, de peuples extraordinaires.
Tournez la page et laissez-vous emporter… pour le meilleur et pour le pire.
Magnifique image de profil par la fabuleuse Necromancia : https://www.instagram.com/necromancia19/
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Œuvres
Défi
La ville n’avait jamais eu de nom, me souvins-je. Ni d’histoires propres à elle-même. C’était une ville oubliée de tous, ou presque, qui ne subsistait que par quelque magie que j’étais bien en peine d’expliquer malgré les trop nombreuses fois où je m’y étais rendu. De nuit comme de jour demeurait-elle d’un gris insipide, recouverte d’un voile nuageux que rien ne semblait pouvoir transpercer, ni la lumière d’un soleil inexistant ni la main bienveillante de quelque dieu empli de miséricorde. Et éternellement le ciel déversait ici une pluie torrentielle qui n’en finissait pas d’assombrir le paysage, comme si celui-ci n’était déjà pas assez obscur.
Je m’arrêtai un instant à l’entrée de la ville, parcourant des yeux les ombres qui m’entouraient, apercevant de temps à autres le simulacre d’un être ou d’un bâtiment que la pluie ne me cachait pas entièrement. Je baissai un instant les yeux vers le sac que je tenais à la main, lourd d’un poids qui s’était allégé depuis peu, aussi froid et immobile que ce que j’étais venu apporter ici. Redressant le parapluie qui me protégeait du déluge perpétuel, je relevai les yeux et entrai dans la cité d’un pas monotone, las du devoir qui était le mien.
Aussitôt croisai-je quelques passants qui erraient de ci de là sans véritable but, déambulant simplement car c’était là la dernière chose qui leur restait à faire. Une dizaine de parapluies boitants ou traînant leur manche, leur toile percée, déchirée en de multiples endroits, le fer de leurs tiges tordu, rouillé, disparu pour certains cas, le bois de leur support rongé par les termines, le plastique affaissé de moisissure. À mon passage tous tournèrent vers moi leur toile abîmée, admirant avec envie le parapluie qui était le mien, certes ancien mais encore en excellent état, manipulé qui plus est, à l’inverse d’eux autres oubliés qui comme le reste de cette cité avaient été menés ici pour y croupir.
Un bruit ignoble de fer déchiré me parvint alors, bientôt suivit d’une giclée d’étincelles survolant la chaussée mi pavée mi éclatée de nids-de-poule. Apparut alors un véhicule d’un autre temps, rongé par la rouille jusqu’au plus profond de sa carcasse, les deux roues du côté gauche manquant cruellement à l’appel. Elle passa en sens averse à toute allure, suivie d’une autre voiture aux pneus fondus et à la carlingue couverte d’une suie noire qui rien ne pourrait effacer, les phares avant brisés pour n’en laisser que des morceaux de câbles.
Je détournai les yeux et poursuivis mon chemin dans le silence que seule la pluie battante brisait dorénavant. Dans la noirceur du paysage, un néon d’un rose passé clignota sauvagement, crachant de temps à autres quelques cris d’électricité mal traitée. Dans la lumière diffuse quoi que pauvre du néon à l’abandon se tenait un chat, son ombre aussi grise que le reste de la place. De tout ce que je pus voir de lui constatai-je seulement qu’il était famélique, pour ne pas dire rachitique, décharné, meurtri dans sa chair trop maigre où ne pointaient que les os sous son poil humide.
Un peu plu loin encore croisai-je ce qui semblait être un coin de rue, où s’amoncelait une montagne de poubelles de toutes sortes, faites de sacs plastiques ou d’armature de fer, dont de celles-ci s’échappaient quelques affiches détrempées, émiettées pour la plupart, les plus anciennes d’entre elles n’étant alors plus qu’une bouillie dans les flaques. À côté des poubelles, un camion paraissant blanc de prime abord se terrait, lui aussi recouvert d’une suie que rien d’autre ne pourra remplacer. De ses fenêtres fondues s’échappait une âpre fumée qui, me parvenant ensuite, me transmit l’odeur oubliée d’une pizza cuite au feu de bois.
Enfin quelques lumières me parvinrent, transmises par une lignée de lampadaires aux ampoules semi éclatées, tordus telles des sentinelles tombées sur le champ de guerre. Ils projetaient alentour une lueur faiblarde qui pourtant suffit à rendre momentanément vie aux bâtiments qui les entouraient, de tailles et de formes improbables, de briques, de tôle, de plâtre, tous différents des uns des autres tout en étant cruellement semblables de par l’état dans lequel ils se trouvaient et qu’ils recouvrèrent bientôt, une fois la lumière passée, les projetant à nouveau dans les ombres à qui ils appartenaient.
Je m’arrêtai finalement au numéro huit, ou du moins ce qui me paraissait être le cas, ledit chiffre s’étant dissipé depuis bien longtemps, ne laissant sur le mur que la trace vague de son existence. Au-dessus du palier de ce qui dut être autrefois une belle demeure, s’élevait une toiture protégeant l’entrée du déluge sempiternel. Sur celle-ci se dressaient cinq gargouilles, qui tombant en morceaux qui entaillées par la corrosion de l’eau. Si d’antan ces gargouilles avaient eu un visage, elles n’en avaient plus guère aujourd’hui, disparu dans l’oubli qui forgeait ce monde.
Je m’avançai jusqu’au palier et y posai le sac qui était le mien. Les gargouilles bougèrent de concert, ce penchant par-dessus la toiture dans l’espoir d’apercevoir ce que j’emmenai en ce jour. Une main tenant toujours fermement le parapluie qui me protégeait, je me servis de l’autre pour ouvrir le sac. Je la plongeai à l’intérieur pour la ressortir aussitôt, tenant entre mes mains la fourrure glaciale de la mission qui me menait en ces lieux. La gargouilles regagnèrent avec indifférence leur place originelle tandis que je déposai le chaton sur le palier.
Son poil autrefois roux bleuissait dorénavant du froid hivernal duquel il n’avait su échapper. Ses membres étaient rigides, et à jamais le resteraient-il à présent. Son museau quant à lui avait noircit, ses prunelles étaient devenues blanches, ne voyant plus guère que le noir, non pas qu’il y eut quoi que ce fût à admirer ici. Le chaton bougea imperceptiblement les pattes, puis sa tête se tourna vers moi avec nombre de craquements de glace. Son regard, bien que voilé, semblait interrogatif quant à l’endroit où il se trouvait.
« Tu es dans la ville des Oubliés petit, l’informai-je d’un ton morne. Là où vont tous ceux que le monde des vivants a oublié. »
Le chaton détourna la tête et considérant ma mission achevée, je refermai mon sac, le pris en main et repartis de là d’où je venais. Je traversai en sens inverse la ville que je venais de parcourir, sans attention aucune pour ceux qui s’y trouvaient. Je ne les voyais tout simplement pas. Car sitôt ma mission accomplie oubliai-je même la cité, mené uniquement par les pas qui me guidaient, à la recherche de la prochaine âme pour qui j’effectuerai une fois de plus le voyage.
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Défi
Les hommes tombèrent à genoux dans un claquement de fer, noyant leurs chausses dans la boue rougeâtre. Aucun d’eux n’osait lever la tête, tous gardaient les yeux baissés sur la terre humide dans laquelle ils avaient été jetés, leurs poings enchaînés dans des entraves de fer auquel nul n’avait su échapper. Autour d’eux, les hommes de la reine veillaient, une hampe épaisse surmontée d’une pointe en fer dans la main, une épée recourbée à la hanche, et une hache à double tranchant dans le dos. Sa Magnificence n’avait jamais su plaisanter sur ce genre de sujets. L’un des hommes s’avança vers les prisonniers, les toisa un instant de toute sa hauteur, et se tourna vers l’un de ses subordonnés.
« Allez chercher une corde, solide, ainsi que le cheval de bât. Libérez-le de ses charges et installez-le sous un arbre, dont la branche la plus basse est assez haute pour pendre ceux-là.
— Ne voulez-vous pas plutôt les exécuter, capitaine ?
— Ce sont des contrebandiers, on les pend. »
Le sergent ne chercha pas à discuter plus sur le sujet, il s’éloigna vivement des prisonniers et alla vaquer à ses tâches. Le capitaine, jugeant que les captifs ne fileraient pas en douce, envoya ses autres hommes rassembler les marchandises des contrebandiers. Après un dernier regard pour les prisonniers, il s’éloigna également et supervisa l’installation du noeud coulant à une branche de saule. Gendric Sanfort baissa un peu plus les yeux, les épaules affaissées par le poids de la sentence qui le condamnait. À ses côtés, ses camarades n’avaient guère meilleure mine. Certains, parmi les plus dévots, priaient pour le salut de leur âme tandis que d’autres se lamentaient du sort qui les attendait. Quelque part à sa gauche, l’un des hommes pleurait, geignait dans sa barbe qu’il ne méritait pas ça. Aucun d’eux ne le méritait. Pas pour quelques sacs de blé.
« Il est bien triste de vous voir ainsi. »
Gendric releva la tête et chercha des yeux l’origine de cette voix. Elle n’appartenait à aucun des hommes de la reine, il en était certain. Celle-ci était plus douce, plus suave, plus mielleuse, telle une pomme enrobée de caramel. Un ténor doux, tranquille, guère perturbé par les événements récents, comme si tout le sang versé et qui embourbait la terre n’était qu’une délicieuse mascarade. N’osant élever la voix de peur d’attirer les soldats, Gendric se contenta de survoler du regard chaque endroit à sa portée, à la recherche de celui à qui appartenait cette voix semblant venir d’ailleurs.
« Je suis ici. »
Gendric tourna vivement la tête. À sa droite, un homme s’appuyait nonchalamment contre la cargaison que les soldats avaient confisquée aux contrebandiers, les bras croisés sur la poitrine. Il était plutôt grand, et svelte, et sa posture relativement redressée laissait à supposer qu’il s’agissait d’un homme au statut important. Malgré la fraîcheur de la nuit, il ne portait qu’une chemise de lin fin, aussi grise qu’un nuage plein d’orage, avec comme par-dessus un surcot de cuir noir doublé de gris. Ses chausses, noires, semblaient légères, soutenues aux hanches par une ceinture de cuir argenté. Enfin portait-il une paire d’heusses noires aux pieds, toute une tenue qui lui donnait une allure à la fois étrange et majestueuse.
L’homme se redressa souplement et approcha des prisonniers d’un pas léger, si aérien que Gendric crut l’espace d’un instant que ses pieds ne touchaient guère le sol. L’homme avança dans le plus grand silence, sans la moindre succion de botte dans la terre bourbeuse, et s’arrêta devant le maître contrebandier. Celui-ci leva le nez et planta les yeux dans ceux, gris, de l’étrange inconnu.
« Il est dommage, reprit ce dernier, de finir ainsi malgré vos talents. Remarquables, soit dit en passant. Je connais votre réputation mieux, je crois, que la plupart des gens n’oserait s’en vanter.
— S’il plaisait à m’sire de nous libérer, répliqua le contrebandier, on pourrait encore user d’nos talents.
— Vous libérer… je le peux, certes. Mais que me vaudrait cela ? Qu’est-ce que des hommes tels que vous auraient à m’offrir ?
— Tout, s’empressa de répondre Gendric. Tout m’sire. On s’mettrait au service de m’sire, si ça lui plaisait.
— À mon service ? C’est une proposition intéressante… »
Dans le lointain, l’écho des soldats au retour se fit entendre. Les muscles du contrebandier se crispèrent, et du coin de l’oeil put-il voir ses pairs en roidir de même. L’homme en revanche ne sourcilla guère, aucun tressaillement quelconque ne vint perturber sa posture. Gendric jeta un rapide coup d’oeil par-delà l’homme, à la recherche de ceux de la reine, qui approchaient. Puis il releva la tête.
« Nous ferons tout ce que vous demand’rez, m’sire ! »
Ses pairs hochèrent vigoureusement la tête en signe d’approbation. Une minute durant, l’homme ne bougea toujours pas, scruta de ses prunelles grises celles, plus sombres, du vieux contrebandier. Enfin, un sourire fourbe, presque crochu, étira ses lèvres blanches. Gendric eut à peine le temps de battre des cils que l’homme avait disparu. Désorienté, il regarda tout autour de lui sans trouver trace de l’étrange personnage. Lorsque les soldats revinrent près des prisonniers, ceux-ci baissèrent à nouveau les yeux, cachant leur visage dans l’ombre, comme si cela pouvait faire la moindre différence.
Soudain, un cri déchira la nuit. Tous se figèrent dans le camp. Un deuxième cri retentit. Les hommes de la reine se saisirent de leur lance et bandèrent leurs muscles dans l’attente du combat. Le capitaine s’époumona à la ronde, demanda qui allait là. Nulle réponse ne lui vint, aussi invectiva-t-il ses hommes de se tenir prêts. Alors, sans un bruit, des mains géantes sortirent des ombres et se dressèrent au-dessus du campement. Non pas, pensa Gendric. Les mains étaient d’ombres, à la fois noires et transparentes, s’étirant dans la nuit jusqu’à couvrir la lueur de la lune. Les soldats écarquillèrent les yeux, la peur s’empara peu à peu de leur coeur. Et avant même que l’un d’eux n’eût l’idée de faire preuve de courage, les mains s’abattirent sur la garnison, entraînèrent avec elles les soldats qui s’enfoncèrent dans la terre. Certains tentèrent de s’enfuir, vainement. D’autres mains apparurent, les attrapèrent et les tirèrent avec elles dans les ombres, où ils disparurent à leur tour, corps et cris.
En quelques minutes à peine, tout était redevenu calme, et les seules traces qui subsistaient encore des hommes de la reine étaient leurs chevaux et la corde de potence, qui se balançait doucement au bout de sa branche. Dans un « clic » métallique, les fers qui jusqu’alors entravaient les contrebandiers tombèrent avec un bruit mat dans la boue, laissant leurs poignets aussi libres qu’ils l’étaient avant l’arrivée des soldats. Gendric se releva, immédiatement imité par ses comparses, et se massa les poignets, quelque peu endoloris par les fers. Il regarda tout autour de lui à la recherche des soldats, sans en trouver aucun. Et alors qu’il s’extasiait de ce fait, l’homme qui s’était présenté tantôt réapparut, aussi soudainement que la première fois.
« Satisfait de ma prestation ? » demanda-t-il d’une voix suave.
Gendric tomba à genoux, aussitôt suivi par ses comparses. Il ramassa une dague, à demi dissimulée dans la boue, et la tendit à l’homme en courbant la tête.
« Maître des ombres, nous sommes pour toujours vos obligés. »
Un sourire étira les lèvres fines de l’homme, qui se saisit de la dague avec délicatesse.
« Apprêtez les chevaux, ordonna-t-il, et équipez ceux que vous ne pourrez monter de tout ce qui reste. Nous pourrions en avoir l’utilité. »
Gendric se releva prestement, et d’une voix de tonnerre ordonna à ses hommes de rassembler les chevaux, les vivres et le matériel. Puis il s’inclina devant l’homme, et partit s’occuper des préparatifs du départ. L’homme le regarda partir, puis leva la dague devant lui, et son sourire s’agrandit.
Maître d’Ombre. Cela lui plaisait énormément. Et bien qu’il ne demeurât pour l’instant qu’un joueur, il était certain d’obtenir ce qu’il désirait. Tout ce qu’il devait faire, c’était se montrer patient. Ainsi, les pièces viendraient d’elles-mêmes à lui. N’était-il pas, d’ailleurs, en train d’en contempler une ?
Eh bien, Votre Grâce, pensa-t-il avec grande satisfaction. Êtes-vous prête à jouer avec moi ?
Comme en réponse à sa pique, la dague luisit d’un éclat bleu. Un nouveau sourire s’étira sur ses lèvres.
Et d’une. N’en manque plus que neuf.
D’un mouvement du poignet, l’homme attira les ombres, qui s’enroulèrent autour de la dague. Et lorsqu’elles s’en furent, elles l’emportèrent avec elles.
Que le jeu commence.
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Défi
« Aide-moi. »
La simple pensée de ces deux mots me firent frissonner tel que cela me prit plusieurs minutes pour faire cesser les tremblements. L’ancre s’était atténuée, les lettres écrites à la va-vite ne ressemblaient principalement qu’à un enchevêtrement de lignes et de boucles, toutefois j’avais compris la signification de ces quelques traits en un instant. Pire que tout, j’en avais reconnu l’auteur. Nous ne nous étions pas vus depuis près de treize ans mais son visage, chaque jour, hantait mes pensées.
Pourtant, cela n’était pas faute d’avoir essayé d’oublier.
Mes mains tremblèrent à nouveau. Je fermai les poings et les serrai contre moi dans l’espoir que cela aiderait à en atténuer les spasmes. Lorsque ceux-ci se calmèrent enfin, je repris la préparation de mon unique bagage. Dans le sac de toile que j’étais parvenu à me fournir à un prix modique, je fourrai une poignée de vêtements, une bourse pleine, et autant de denrées qu’il pouvait en contenir. Après quoi je glissai un coutelas à ma ceinture, une escarcelle partiellement remplie dans une poche et une carte aussi vieille que moisie, pliée et repliée d’innombrables fois, dans l’autre, ainsi que le message reçu quelques heures plus tôt. Enfin, j’enfilai une cape, mis le sac de toile sur mon épaule et sortis de la chaumière qui avait été la mienne ces dix dernières années.
Je m’avançai sur le chemin de terre et quittai mes terres sans un regard pour elles, les yeux obstinément tournés vers l’horizon. Mon coeur se mit à battre plus vite lorsque le message me revint en mémoire.
Aide-moi.
Sa voix résonna dans mon esprit aussi vivement que s’il s’était tenu à mes côtés, son regard empli de reproche et de haine posé sur moi, tandis que le sang d’Elyna maculait ses mains. À cet instant, je les revis tous deux plus nettement que jamais, comme si nous nous étions quittés la veille au soir. Elyna, souriante d’un sourire qui illuminait quiconque l’apercevait. Éphyr, dont la mine austère n’avait d’yeux que pour elle. Et moi, l’intrus dont ils auraient pu se passer et que, pourtant, ils avaient choisi de garder parmi eux.
De même me souvins-je de la dernière fois que nos vies s’étaient croisées. Nos vies… sa mort. Tout avait été de ma faute. Je m’étais montré trop imprudent, trop confiant. J’avais négligé mon rôle, trop certain de mes capacités à réagir rapidement et à maîtriser la situation. Puis ils étaient sortis de nulle part, trop nombreux pour que je fusse en mesure de les ralentir tous. Je n’avais pas même eu le temps de prévenir mes collègues de larcin. Je revis tout clairement. Les pas trépidants des soldats en approche. Le métal luisant de leurs lames. La lutte acharnée que j’avais menée pour me sortir du traquenard. Le cri d’Éphyr. Le sang d’Elyna. Ses yeux éteints. Son corps sans vie. Les mains d’Éphyr autour de mon cou. La haine dans ses yeux.
Je ne me souvenais plus de la manière dont je m’étais pris pour échapper à son étreinte, mais j’entendis encore son cri de rage, ses insultes, ses malédictions. Sa promesse de me retrouver. Et il le fit. Après treize ans de silence, le voilà qui réapparaissait sous la forme d’un parchemin, exigeant de moi de l’aide. Je n’avais même pas essayé d’ignorer son appel. Je me devais d’y répondre. Pour Elyna. Pour ce que j’avais fait.
J’ignorai où se trouvait Éphyr, dans quelle situation il était. Mais cela importait peu. Je me savais capable de le retrouver. J’avais été traceur, dans une vie lointaine. Et traceur je devais redevenir. La première chose que tout traceur apprend est qu’il faut retourner au point de départ, si nous ne savons pas où aller. Mon point de départ était loin, là où j’avais vu Éphyr pour la dernière fois. Là où Elyna était morte par ma faute. Mon corps tout entier se révulsait à l’idée d’y retourner. Mais je m’y forçai.
Pour Éphyr.
Et pour elle.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs
Pourquoi écrivez-vous ?
Trop de vies éparses se passent dans ma tête. Il m'a bien fallu trouver un moyen de les exorciser !
Listes
Avec Human Genome, Naël, Vous Autres, Confession d'un tueur ordinaire, Vertikal, Le cri originel, Au méconnu Pays des Spectres, Le Caladre, Bad Reality, Les Fragments de EL [Tome 1, réécriture], Lignée de l'obscur ( en pause, depuis longtemps... ), Scabraskjan...
Avec La Poudre et l'Amorce (Pog — OBSOLÈTE), Le Cortège des connexions (Pog — OBSOLÈTE), Mémoires du capitaine, Je m'appelle Robert, et je suis un muffin, Traversées des Limbes, Starling the bird, Orange, au bûcher !, Divers témoignages en attente de classement (Pog — OBSOLÈTE), Du poison dans votre thé ?, L'eau et les ténèbres (partie 1) : La gallerie des ombres, Le crime du vol SunExpress, L'invention des chimères (Pog — OBSOLÈTE), Ophélia Necrosis, Vive le progrès !, L’Ombre des autres, Ubu au restaurant, Message à nos infortunés successeurs, Perdu..., La normalité n'est pas une excuse, Au delà du fleuve, Ubu chez l'antiquaire, La danse écarlate, Une tasse de café, La conjuration des cinq reptiles, La prophétie, Une vie de sottises et autres fariboles à raconter au coin du feu 1 : Le space muffin, Une vie de sottises et autres fariboles à raconter au coin du feu 2 : Le borgne et la cuillère à glace xénophobe, Une vie de sottises et autres fariboles à raconter au coin du feu...






