Éclarâme
Dans un monde où chaque mot inflige une douleur, où la beauté attire la haine, et où la couleur est une hérésie, l’humanité a bâti sa survie sur le silence et le gris.
Le moindre éclat est une menace. Le moindre sourire, une provocation.
Alors on vit effacé, muselé, masqué.
Mais un jour naît un être à contre-nature.
Ses yeux brillent d’un bleu interdit.
Sa voix ne blesse pas : elle guérit.
Sa beauté ne tue pas : elle éveille.
Il devient l'anomalie que l'Empire veut effacer, le souffle d’un monde oublié.
Un monde où la parole pouvait aimer. Où les couleurs portaient l’espoir. Où la lumière n’était pas un crime.
Dans l’ombre d’un empire fondé sur la neutralité, il est l’éclat d’âme.

Amour à sens unique

Sélène Vexley n’a jamais eu de famille. Élevée dans des foyers d’accueil depuis sa plus tendre enfance, elle a appris à survivre seule, à se méfier des promesses, à ne croire qu’en elle-même. Ce qu’elle veut, ce n’est pas l’amour : c’est la liberté, le pouvoir, la reconnaissance. Elle ne veut plus subir, elle veut régner.

Lorsque son chemin croise celui d’Elias Kane, un milliardaire aussi influent que mystérieux, tout bascule. Lui tombe éperdument amoureux d’elle. Elle, elle y voit une opportunité. Une chance inespérée d’accéder à une vie dont elle a toujours été exclue. Une place dans un monde qui ne lui a jamais tendu la main.

Mais dans l’ombre, il y a Annette Belmon, la meilleure amie de Sélène. Douce, loyale, sincère. Elle aime Elias depuis toujours, en silence, sans jamais oser lui avouer. Pour elle, Elias est l’évidence. Pour Elias, Annette n’est qu’une amie. Et pour Sélène, elle devient un obstacle.

Trois cœurs. Deux mensonges. Un amour à sens unique.
Et une question : jusqu’où peut-on aller quand l’amour ne suit jamais la bonne direction ?

Il pleuvait. Pas une pluie battante, non. Une de celles qui tombent doucement, comme une confidence, une hésitation du ciel. Lucie, debout sous l'auvent du vieux café, observait les gouttes dessiner des rivières timides sur les vitres embuées. Elle l’attendait. Ou plutôt, elle ne pouvait s’empêcher d’être là à chaque fois que l’horloge marquait dix-sept heures. C’était devenu un rituel. Une habitude déguisée en hasard. Il arriva, les cheveux humides, son manteau débordant de cette odeur que la pluie donne aux choses familières. Il lui sourit, naturellement. Comme s’il n’avait rien vu. Comme si ses pas n’avaient pas précisément suivi ceux de Lucie, jour après jour. Ils prirent place à leur table habituelle. — Tu vas encore prendre ton chocolat trop sucré ? demanda-t-il. — Et toi, ton café noir qui brûle la langue, comme d’habitude ? Le serveur, complice muet, n’eut pas besoin de carnet. Le silence s’installa, doux et suspendu. Lucie posa son regard sur lui. Sur ses mains, toujours un peu agitées. Sur la façon qu’il avait de plier la serviette en papier, systématiquement. Sur ses yeux qui semblaient parfois lire plus loin que le présent. Elle inspira. Longuement. Il fallait qu’elle d