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Bousti

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œuvres
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défis réussis
5
"J'aime" reçus

Œuvres

Bousti

Parait qu'il faut vivre avec son temps. Alors ni une ni deux, j'installe Tinder. J'ai la panoplie de tous les hommes sous les doigts. Swap à droite pour dire oui.  Swap à gauche pour dire non.  C'est facile, ça glisse.  La terre à portée de swap. Et ça match ! 1, puis 2, puis 3, puis trop. 
Je n'ai que l'embarras du choix, alors je choisis ! Du cul, on coupe ! L'amour éternel, je te sors ! Mal écrit ? Sa pik lé zieu, t'es out !
Des discussions s'engagent, drôles, légères, faciles… interrompue. Que lui dire ? On a échangé trois messages et j'hésite. Triste. Un rdv ? Oui mais quand et où ? Trop loin… trop tard… trop relou. 
Un supermarché du superficiel. 
« Qu'est-ce que tu cherches ici ? » Bonne question. 
Je veux pas être une parmi tant d'autres, je ne veux pas un rendez-vous sans lendemain, je ne veux pas d'engagement, je ne veux pas de prince charmant. 
Qu'est-ce que je cherche... 
Alors qu'est-ce que tu cherches ici ?
Je cherche à me marrer et à oublier les soucis du quotidien. Je cherche à m'effacer et à me construire, à me reconstruire. Je cherche à me perdre et à me trouver. Je cherche à être unique comme tout le monde. Je cherche à avoir dans la tête quelqu'un sans prise de tête. Je cherche à écrire, à ré-écrire, à m'écrire. Je cherche le bon mot, le bon geste, la bonne idée. Je cherche à me surprendre dans des travers que je me connais déjà. Je cherche la nouveauté et la banalité. Je cherche à te faire rire. Je cherche un peu de chaleur humaine, paraît qu'on ne se brûle pas à la chaleur humaine. 
STOP 
Qu'est-ce que tu cherches ici ? 
Je ne cherche pas, je me laisse trouver. Je cherche à trouver et je trouve que je cherche. Je cherche du vrai sans faux pli. Je fausse le vrai. Je me falsifie pour de vrai. Vraiment rien n'est faux. Il faut que tu sois vrai, que je sois vraie. 
STOP 
Qu'est-ce que tu cherches ici ? 
Je cherche à être honnête, je cherche à ne plus faire attention, je cherche le meilleur moyen, je cherche à me faire remarquer, à me démarquer, à te laisser un bon souvenir. Parce que demain tu m'auras oublié. Parce que de toute manière je ne suis qu'une étape, une façade, un pansement. Je te cherche. Je cherche ton rire et ton regard. Je cherche 
STOP 
Mais ici ? 
Je me cherche à travers toi. 
STOP
Je cherche qui je suis.

Alors je vais dire comme d'habitude « rien de particulier. Et toi ? » 
Et puis passer au suivant.
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Bousti

Boum Boum
Qui est là ?
Boum Boum
Un bruit sourd, régulier, constant
Boum Boum
Une sensation. Jusqu'au fond des oreilles.
Boum Boum
Pourquoi tu bouges toi ? Pourquoi t'es là ? Pourquoi je te sens ?
Boum Boum
Bah alors p'tit cœur! Qu'est-ce tu me fais là ? C'est pas la première fois que tu es malmené pourtant. C'est pas la première fois…
Boum Boum
Pourquoi tu tapes comme ça ? Tu veux sortir ?
Boum Boum
Faut que t’arrêtes mon grand, arrête de te laisser avoir par les autres, arrête de croire que cette fois-ci ce sera différent, arrête de croire que tu compteras pour quelqu'un. C'est jamais différent !  C'est toujours moi qui souffre à la fin. Tu veux pas geler un p'tit coup ?
Histoire que je respire un peu, laisse la place au reste Bordel !
Boum Boum
Je comprends bien que tu as rien fait de mal, mais moi non plus, hein ! Tu as sûrement encore une fois été trop. Encore trop. Trop gentil, trop accroché, trop rapide, trop intelligent, trop…
Boum Boum
Mais laisse-moi à la fin ! Qu'est-ce que tu veux ? Tu veux vivre ? Mais c'est bon là ! Tu as eu tes chances ! Chaque fois que je te laisse prendre les commandes, tu me fais le même coup.  Tu te jettes droit dans le mur. Encore ! Et encore ! Et encore. Et encore…
C'est que t'es usant. J'en peux plus moi…
Boum Boum Boum Boum
Mais qu'est-ce que tu veux ? Sortir? Alors vas-y ! Attends, je prends un couteau et je te fais une ouverture ! Direct entre les deux seins ! Tu as la voie libre ! T'es content ?
Boum Boum Boum Boum
Tais toi ! TAIS TOI !
Tu fais le con et c'est moi qui pleure ! Je veux plus de toi ! Dégage !
Boum Boum Boum Boum
Tu vois je pleure encore ! C'est ta faute !
Boum Boum Boum Boum
Je te comprends plus la… J'ai du sang plein les mains et des larmes plein les joues. Et tu continues à venir toquer. 
Boum Boum Boum Boum
Parler à mon cœur, c'est moi qui dois être toquée.
Boum Boum Boum Boum
Non !
Boum Boum 
NON !
Boum Boum
Je t'écoute plus ! Jette-toi dans le mur tout seul !
Boum Boum 
...
Boum Boum

Boum Boum
Laisse-moi !
Boum Boum

Boum Boum

Boum Boum
S'il te plaît
Boum Boum
Laisse moi tranquille
Boum Boum
Ou au moins ne me demande pas d'assurer après
Boum Boum

Boum Boum
C'est bon t'as gagné p'tit cœur. Je serais là. Allez, va vivre !
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Défi
Bousti

Elle est là tous les matins. Je l'observe. Elle sort, met ses écouteurs, observe son reflet dans la vitre, sort une cigarette de son paquet, l'allume et part en souriant. La musique la guide. Je la suis quelques instants. Puis au bout de la rue, nos chemins se séparent. Elle remonte la rue à gauche alors que je me dirige vers l’arrêt de bus à droite. Je la retrouve tous les soirs au coin de cette rue. J'arrive quelques secondes après elle, et la suis. Comme si elle m'attendait. Elle jette systématiquement sa cigarette dans la poubelle, la musique la remplit, elle ne me voit pas, elle rentre chez elle et claque la porte. Je n'ose pas regarder à l’intérieur.
Tout un rituel.
J'aime ces moments derrière elle, ces semaines entières à l’observer. Chaque jour, j'ai l'impression de la connaître un peu plus. Je pourrais vous parler de ses jambes, de ses mains, de sa bouche. Je pourrais vous parler d'elle jusqu’à demain. Ses lèvres sont parfaites. Une courbe bien dessinée. Elles sont très fines, très pâles. Elles m'intriguent et elles me donnent envie de les embrasser.


Mais ce matin, c'est différent. Ce matin, elle ne jette pas ce dernier regard dans la vitre. Sa musique a l'air moins entraînante. Ses mains tremblent. J'ai envie de la prendre dans mes bras. Elle n'arrive pas à allumer sa cigarette. Alors je m'approche, lui tends mon briquet.
« Je t'allume ? »
Je t'allume. Je t'a-llume. Naze. C'est même pas drôle. C'est surtout pas fait exprès. T'es con, cerveau, tu viens de griller toutes mes chances de lui reparler un jour.
Elle ne relève pas, m'offre un sourire forcé, un timide merci puis s'en va. Sa voix est douce et tremblante. J'ai envie de lui crier qu'elle me plaît. J'ai envie de lui demander pourquoi ça ne va pas. J'ai envie que quelqu'un prenne soin d'elle et j'ai envie que ce soit moi.
Je range mon briquet, elle a presque atteint le coin de la rue. Il faut que je la rattrape avant qu'elle tourne.
« Au fait, je tenais à te dire que si jamais tu as besoin d'un briquet, je suis là !
- Ah. Ok. »
Je la regarde s'éloigner.
Je me suis montrée nulle. Mais vraiment nulle. Je repasse la scène en boucle dans ma tête. Je suis dans le bus, je suis au boulot, et je n'entends personne. Juste ces deux mots « Ah ok ».
Alors ce soir, je pars quelques minutes plus tôt du travail, et je l'attends au coin de la rue.
« Salut ! Toujours pas besoin de briquet ?
- Euh… Non merci, ça va.
Ça y est je l'ai fait flipper. Je suis vraiment nulle
- Ça avait pas l'air d'aller ce matin… euh... tu veux parler ?
- Non »
Pas très loquace la nana, j'ai l'impression de nager dans la choucroute comme on ne le dit pas.
« Pas trop envie de parler.
- D'accord. Bah si tu veux ne pas parler avec moi, je connais un endroit magique. Ok, ça fait flippant comme ça. Mais je te jure c'est génial ! C'est le meilleur endroit du monde, à l'abri des autres, c'est un peu loin mais ça vaut le coup! »
Dis oui, dis oui, dis oui ! S'il te plait ! Ou dis non si tu veux, mais dis quelque chose je me sens conne là !
« Ok. Emmène-moi »
J'y crois pas, on est dans ma voiture. Elle m'a suivi alors qu'elle ne me connaît même pas.
« On va où ?
- Au bout du monde. »
Je me gare, et descend. Elle me suit.
« C'est loin ?
- Au bout du monde, je te dis. »
Je vois bien qu'elle semble un peu inquiète, mais je n'ai pas envie qu'elle en sache plus que nécessaire. Elle me suit assez docilement. Le chemin se rétrécit, je passe devant. J'ai oublié de lui dire de prendre des baskets, alors je lui indique les endroits glissant et les pierres instables. Faudrait pas qu'elle se fasse mal. Plus on s'enfonce dans la végétation, moins elle est rassurée. Elle a hésité trois fois à faire demi-tour, puis elle a décidé que j'étais digne de confiance. « Un truc dans le regard » m'a-t-elle dit. Je passe sous une branche, j'attrape sa main pour l'aider. Nous sommes arrivées.
« Bienvenue au bout du monde ! ».
Un rocher en haut d'une grande falaise. Derrière nous, la végétation, on ne voit plus les sentiers, devant nous, la mer à portée de vue. Elle semble un peu agitée, elle est grise comme le ciel. D’ailleurs, on a du mal à percevoir la ligne d'horizon tellement les couleurs sont semblables. Elle reste sous le charme de ce caillou, mon caillou au bout du monde. Elle en oublie même de me lâcher la main. Je ne sais pas combien de temps on reste là. Debout. Deux solitudes l'une à côté de l'autre, face à la mer. J'entends mon cœur qui bat à toute vitesse, et ma respiration que je tente de contrôler. Je sens la chaleur de sa main dans la mienne, le contact de chacun de ses doigts me brûle, mais pour rien au monde, je ne romprais ce moment magique. Je crois que j'aime encore plus ce recoin depuis que je l'ai partagé avec elle. Je respire chaque seconde. Elle me lâche la main, s'approche du bord du rocher, s'assoit et se met à pleurer. Désemparée, je reste immobile et l'attends. Au bout de quelques instants, je ne sais pas si ce sont des minutes ou des heures, elle se relève.
« On rentre ?
- D'accord. »
Le trajet retour se fait dans le silence le plus total. Même les autres voitures sont insignifiantes. La ville se rapproche. Je la raccompagne jusque devant sa porte.
Je ne sais toujours pas quoi dire. Elle non plus apparemment. Je n'avais jamais pris le temps de regarder ses yeux d'aussi près et aussi longtemps. Ils sont verts au centre, et bleus sur l’extérieur. Je pourrais me laisser plonger dedans.
« Je n'ai jamais fait ça.
- Moi non plus. »
Elle dépose un rapide baiser sur mes lèvres, puis rentre précipitamment chez elle et verrouille la porte. C'est la première fois que cette porte me claque au nez, mais je n'ai en tête que la douceur de ses lèvres.

Ce matin, elle n'est pas là. Je toque à sa porte :
« Tu vas être en retard.
- Dégage ! »
Aouch ! Violent.
Je mets mes écouteurs, lance une musique triste, m'observe dans le reflet de la vitre, m'allume une cigarette et pars.
En repassant le soir, la porte reste close ; je n'ose plus frapper… Tout semble éteint, triste, même
le temps s'y met. En quelques secondes, je me retrouve trempée. Je rentre.
Je ne la comprends pas. Elle m'embrasse et ne me parle plus.
Je finis par prendre ses rituels, espérant la croiser, et tous les soirs, je jette un œil à cette porte. Elle m'intrigue de plus en plus. Souvent, je rêve que je l'ouvre. Je me réveille systématiquement au moment où je tourne la poignée, le bras tendu devant moi. Transpirante. Frustrée.
Les allers-retours au boulot semblent moins intéressants. Sur mon trajet, je ne vois que des ombres. Mouvantes, dansantes, fuyantes. Il ne me reste plus qu'à devenir une ombre parmi les ombres. L'ombre d'une ombre. L'ombre de mon ombre. L'ombre devant cette porte.
Elle s'entrouvre. Depuis le temps que j'attends ça. L'inconnue, mon inconnue, sort.
« Merci pour la dernière fois.
- Attends ! Tu bouges pas, j'ai un truc pour toi ! Tu bouges surtout pas ! J'en ai pour une minute ! »
Je me précipite chez moi, balance mes affaires à droite à gauche. Il est où ? J'ouvre tous les tiroirs. Bordel il est où ? Je l'ai mis où ? Là ! Je l'attrape d'une main et me précipite dehors.
Elle m'a attendue. Parfait.
Elle me regarde mi-amusée, mi-curieuse.
« Bon alors, promets-moi d'en prendre soin !
- Promis !
- Voilà. »
Je lui tends un briquet.
« Tu noteras qu'il a même des paillettes ! C'est un briquet de compét' ! »
Elle rigole et rentre chez elle. Son rire est franc et clair.
Et mon bisou ?
« Eh ! Mais je ne connais même pas ton prénom ! »
Quel effet elle me fait cette nana-là ! Je deviens stupide. Je ne sais pas trop si je suis flippante ou drôle.
Je jette un œil sur la boite au lettre : C. Potier. Je rentre chez moi et je ne peux pas m’empêcher de sourire.

De nouveaux rituels se mettent en place. J'essaie de deviner son prénom « Salut Charlotte ! », « Salut Claire ! ». Tant qu'elle rigole, c'est que je me trompe. J'en essaie un par jour. En soi, je m'en fiche de connaître son prénom, j'aime juste l'entendre rire.
Puis tous les soirs, on se pose dans le parc à coté, on se raconte nos journées, on discute, on parle musique, on se moque des pigeons, on profite des jours qui s'allongent, on finit même par avoir notre banc.
Puis, je la raccompagne, je pose une seule question sur elle. Elle me répond et me claque sa porte au nez.
Alors, je lui en pose tout un tas : « Tu as combien de frère et sœurs ? », « C'est quoi ton repas préféré ? », « Sucré ou salé ? », « Tu penses quoi des ornithorynques ? », « Tu voudrais vivre à quelle époque ? », « Mer ou montagne ? » « Comment c'est chez toi ? », « Tu regardes la télé ? », « Plutôt chien ou chat ? », « Tu comptes arrêter de fumer un jour ? », « Tu voudrais vivre dans quelle ville ? », « Tu veux partir dans quels pays ? ». Mais jamais celle qui m’intéresse vraiment.
On fait ça pendant des jours, des semaines entières. Je ne me lasse jamais de son rire.
J'ai beau avoir de l'imagination, je ne vois plus ce que je peux lui poser comme autre question. Alors ce soir-là, j'ose.
« Pourquoi tu m'as embrassée ? »
Elle ne me répond pas. Elle ne bouge pas. Je la regarde droit dans les yeux, ses yeux bleus magnifiques. Ma Camille, dis-moi quelque chose. Fais quelque chose. J'ai l'impression d’être nue devant toi et tu ne bouges pas. Au bout de plusieurs longues secondes, elle ne me répond toujours pas. Je fais demi-tour pour rentrer chez moi. Quelque chose me retient, une main dans la mienne. Je me retourne. Je lâche dans un soupir :
« Camille...
- Finalement tu sais ! ».
Ces yeux sont pétillants, elle regarde uniquement mes lèvres. Elle m'attire jusqu’à elle et m'embrasse. Un long baiser, fort, puissant. Ses lèvres sont humides, rafraîchissantes. Elle me tire jusqu'à la porte, tout en m'embrassant. Elle l'ouvre d'une main, et rentre. Je m’arrête quelques instants sur le palier, je vais enfin découvrir ce qu'il y a derrière cette porte. Cette fichue porte. Je prends une grande inspiration.



Je franchis le seuil de la porte jaune.
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