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Christian David

Christian David
Une vision personnelle, humoristique et dérisoire d'un petit investisseur en bourse.
Pure fiction, quoique...
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Défi
Christian David

Bon, me voilà dans cette chambre lugubre et austère, à en faire l’inventaire. J’ai longtemps hésité avant d’accepter cet encombrant héritage. Celui de la folle du village, ma pauvre tante Louise. Elle habitait seule dans cette vieille maison délabrée située non loin de Chanceaux en Côte-d’or. Je me souviens d’elle, il y a longtemps : jeune, elle était très belle, d’une beauté méditerranéenne, teint mat, grands yeux noirs, cheveux d’ébène, longs et bouclées. Elle avait une tâche de naissance sur le côté droit du front. On aurait dit la Corse, mais cela n’altérait en rien sa beauté. Comment la nature avait-elle pu se moquer d’une femme aussi belle ?
Dans sa folie, elle n’arrêtait pas de répéter à ceux qui voulaient bien l’écouter : « Vous savez, Napoléon était amoureux de moi, j’aurai pu être impératrice. » J’avoue ma honte de ne pas être allé la voir, ayant comme seul prétexte l’éloignement et surtout ma lâcheté d’affronter la folie.
Tout était resté en l’état, le lit avec ses draps miteux, la table de chevet branlante. Derrière un vieux paravent au coin de la chambre, je découvris un espace étrange qui me fit penser à un oratoire. Il y avait là deux candélabres en laiton, encore garnis d’un bout de chandelle, qui encadraient un magnifique guéridon en acajou, de forme arrondie avec un pied massif merveilleusement travaillé. Pas une trace de poussière, le meuble luisait de mille flammes. Sans être un spécialiste, je devinai assez facilement qu’il est de style 1er empire, pour avoir visité le château de Fontainebleau. Dessus était posée bien en évidence une boîte très luxueuse, en bois de loupe et bordée d’un fin liseré en laiton. La boîte avait la forme d’un petit coffret plat avec une petite serrure également en laiton. Cette étrange mise en scène anachronique m’attirait irrésistiblement et attisait ma curiosité. Je me souvins aussitôt des « Napoléon m’a aimé » lancés à tue-tête par ma pauvre tante malade. Je n’ai pas résisté à l’envie d’ouvrir ce petit coffret. Il n’était pas fermé à clé.
L’intérieur était tapissé d’un magnifique velours pourpre. Je saisis une image jaunie posée là et à sa vue je souris dans un premier temps, puis mes yeux se couvrirent de larmes : ma pauvre tante avait découpé une image bien connue de tous les écoliers de France : le portrait de Bonaparte au Pont d’Arcole, jeune et fier, longs cheveux au vent, tenant dans une main le drapeau de l’Armée d’Italie. Cette image provenait visiblement d’un manuel scolaire. Tout ce petit sanctuaire m’attristait, car il traduisait bien l’esprit affaibli et les délires de ma pauvre tante. Il n’y avait rien d’autre dans le coffret. Une pensée mercantile m’envahit tout d’un coup : ce guéridon et ce coffret devaient certainement avoir de la valeur !
En reposant la photo, je remarquai une fine languette couleur or qui dépassait du fond du coffret. Je tirai délicatement dessus et le fond se souleva. Mince alors, il y a un double fond ! Une lettre était cachée, plutôt un pli, la moitié d’une feuille de papier jauni et grossier, assez épais. Il était plié en deux et écrit dans le sens de la longueur. L’écriture à la va-vite, de travers était difficilement lisible, mais je distinguai nettement la signature : Napoléon. Mon pouls s’accéléra, mes pensées devenaient confuses. Ma tante n’était pas folle ? Les fous sont des gens que l’on ne comprend pas. Je repris mes esprits et m’approchait de la fenêtre pour avoir plus de lumière et tenter de déchiffrer l’écriture pattes de mouche :
« Mio dolce amor,
Je me réveille tôt ce matin plein de toi. L’enivrante soirée d’hier, ton visage marqué de mon destin n’ont point laissé de repos à mon âme. Vos baisers m’ont brûlé le sang. Je dois partir mener la guerre en Italie, mais Je ne pourrais passer un jour sans vous aimer. Louise, Louise, rejoins moi à Nice dans cinq jours. »
« Vous savez, Napoléon était amoureux de moi, j’aurais pu être impératrice. » Mais c’est quoi ce délire? Ma tante et Napoléon ? C’est moi qui devenais fou. Je perdis pied quelques minutes, en essayant en vain de mettre de l’ordre dans mes pensées. Essayons de réfléchir. Restons factuels. La machine à remonter le temps n’existe pas. J’examinais à nouveau avec beaucoup d’attention le billet. Une fausse lettre ? Il faut que je la fasse expertiser.
Ce pli suscita un grand enthousiasme, il est assurément authentique. Voilà une aventure du jeune Bonaparte dévoilée. J’en fis don au musée Napoléon à Ajaccio. Mais ma tante dans cette histoire ? En remontant à la septième génération, vivait une Louise, 17 ans, servante au Relais de Chanceaux, lieu de passage de Bonaparte le 14 mars 1796, en route pour sa glorieuse campagne d’Italie. J’ai retrouvé deux ans plus tard un portrait de Louise mariée à un notable de la région en 1801, d’une sidérante ressemblance avec tante Louise, la même beauté, la même tâche au front. Elle aurait pu devenir impératrice.
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Christian David
Dimanche - https://unsplash.com/photos/w3VMH-09ePw
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Christian David


La phrase sans verbe, obsession du maître, rature sur ma copie et jugement sans appel : le « moins un » dans la marge. Ma punition : cent fois à l’écrit : « absence de verbe égal pauvreté de l’écrit, signe d’un esprit simple »
Oh ! la mesquinerie de ce hussard des ténèbres de malheur et ses vieux livres de grammaire ! Marre de la troisième République !
Et lui ? l’homme-siècle, pas de centaines de lignes après ça ? :
« Pas un souffle, pas un flot, pas un bruit. À perte de vue, la mer déserte. Aucune voile d’aucun côté».
Voilà le nouveau combat de mon esprit avide de liberté: la guerre au verbe, ce dictateur de la grammaire, ce castrateur de la création. Vive la confusion identitaire « mais qui donc? », vive l’anarchie temporelle: adieu le passé, jamais de futur.
Au commencement non le verbe selon Saint Jean, mais la parole, le logos grec, le discours : des feux d’artifices de mots, des bordées de points d’exclamation , des volées de points d’interrogation.
À moi les phrases façon Tirade de Bergerac :
Agressive : « Moi ! Monsieur ! Jamais le verbe haut le matin !»
Amicale : « Ah ! mon amie, quelle sottise, cet exercice averbal » Souvenir de Diderot à Sophie
Descriptive : « ce verbe en conjugaison, tout dans l'action »
Historique : « De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace »
Didascalique (de mon invention…) : « près de la servante, ses yeux dans le décolleté, la langue pendante »
Rappel à l'ordre brutal d'un coup de règle en fer sur les doigts. Triste réalité de mon éducation.
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