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Carolina Baileys

Retrouvez-moi sur https://carolinabaileys.com/
Carolina Baileys
Charles, 56 ans, célibataire sans enfants.

Charles est un homme seul et solitaire. Il n'a aucune vie sociale, pas d'amis et sa mère est sa seule famille.
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Carolina Baileys

A 18 ans, j'ai pris ma première résolution.
Je ne l'ai pas tenue.
A 19 ans, j'en ai pris deux, pensant qu'en ayant une de plus, je tiendrai au moins la première.
Je n'en ai tenue aucune.
A 20 ans, trois.
Toujours aucune.
J'ai continué ainsi pendant 5, 10, 20 ans faisant des listes de plus en plus longues et compliquées, avec des cases à cocher pour chacune des résolutions à réaliser.
Je n'ai jamais rien tenu.
Le premier mois de l'année était toujours prolifique. Mon énergie et ma bonne volonté étaient à leur maximum. J'allais à une, deux voire trois séances de sport, j'entamais une peinture, la lecture d'un magazine scientifique, je m'offrais un livre de recettes de cuisine saine et cochais celles que je souhaitais expérimenter.
Mais le mois de février pointant le bout de son nez, toute cette folle obstination s'évanouissait sans même que je ne m'en rende compte. C'est comme si un tourbillon de vide emportait toutes ces bonnes résolutions hors de ma tête et me laissait tel un pantin inutile et insatisfait et parfois même dépressif.
Un jour de premier janvier, encore ivre de la veille, mais rempli de bonnes intentions, j'avais pris la résolution de ranger mon vieil appartement. A quatre pattes dans la poussière entouré de vieilleries à ranger ou à jeter, je découvris une pile de toutes ces résolutions inachevées écrites sur des tonnes de feuillets que j'avais fourré dans un coin. Je me mis à les lire, amusé de voire mon évolution. Je restais ainsi assis par terre, devant ce vieux tas de souvenirs pendant des heures et des heures. Et finalement, je n'ai rien rangé.
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Carolina Baileys
Rien ne rendrait plus sereine cette grande reine que de se priver totalement de compagnie.
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Deux corbeaux moqueurs se jouent d'une vieille sorcière qui les abrite.
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Défi
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"Course folle"

Reponse au défi des micro-nouvelles d'Attrape rêve : semaine 117 - dimanche
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Carolina Baileys

 La jeune princesse faisait sautiller des pions d'échec d'une pièce à l'autre. Elle marmonnait une histoire invraisemblable qui se déroulait dans la maison de poupée que lui avait confectionné son frère aîné. Très habile de ses mains, l'aimant prince d'Aurey avait longuement travaillé, avec patience et détermination, sur cette construction ambitieuse pour l'offrir en cadeau à sa petite sœur adorée.
Le jour de ses sept ans, la fillette fut tellement heureuse de son cadeau qu'elle ne put empêcher quelques larmes de bonheur de couler le long de ses ravissantes joues roses. La première version de la maisonnée contenait certes de simples pièces vides sur trois étages, mais elles ne tardèrent pas à être plus fournies au fil du temps. Avec les années, la maisonnette était devenue la réplique quasi parfaite du manoir familial dans lequel leurs ancêtres vivaient depuis plusieurs siècles. Elle comprenait de grandes chambres joliment décorées, aux murs et aux meubles tapissés, une salle de réception, des cheminées, une cuisine remplie de fournitures méticuleusement élaborées et même un atelier de travail comme celui dans lequel le prince passait le plus clair de son temps.
Il ne se passait pas un jour sans que la fillette ne pense à son présent. Quand elle le pouvait, elle y restait des heures durant accroupie, y déplaçant jouets et objets divers auxquels elle avait attribué maints noms loufoques.
 Les jours, les mois et les années passèrent. La princesse grandissait à vue d’œil. Pour ses onze ans, la maison désormais finie, le prince d’Aurey avait un nouveau projet en tête; celui de créer des poupées uniques, chacune représentant un membre de la famille, de la grande tante acariâtre au dernier nouvea-né. Il s’était amusé à leur attribuer des expressions réalistes et à leur confectionner de beaux vêtements aux tissus délicats. La fillette, bien qu’habituée aux cadeaux hors du commun de son frère, fut encore une fois abasourdie par la beauté et la minutie nécessaire pour ses dernières créations.
Obnubilée par ses présents si fidèles à la réalité, elle sortait même la nuit de son lit pour rester auprès de ses poupées. A la faible lueur d'une bougie, vêtue d’une épaisse chemise de nuit, elle restait jusqu'aux premiers reflets de soleil, jouant à ne plus en dormir. Ses parents, trop occupés avec leurs tâches journalières, ne remarquèrent pas son obsession. La gouvernante quant à elle se questionnait sur le sujet, mais la fillette, rusée, avait réussi à déjouer son attention.
Le temps s’écoula et voilà que la princesse s’approchait à grands pas de ses douze ans. L’idée de grandir davantage la terrifiait. La vie d’adulte lui semblait morne et fatigante. Rien ne la rendait plus heureuse que de simplement s’amuser avec ses nombreux jouets. Elle se rassura en pensant à la prochaine surprise que lui concocterait son grand frère chéri et qui apporterait un peu de gaieté à cette journée qu’elle appréhendait tant. Un jour, guidée par la curiosité, elle alla frapper à la porte de l’atelier du prince pour le questionner sur la nature de son prochain cadeau. Le jeune homme avait à peine entrebaîllé la porte, lui refusant l’entrée.
- Pourquoi ne me laissez-vous pas entrer, frère adoré ?
Le jeune homme ne semblait pas vouloir répondre. Il affichait un certain malaise. La fillette pouvait le deviner même si seul son œil était visible par la fente.
- Que me préparez-vous donc cette année ?
Le regard fuyant, le garçon ne répondait toujours pas.
Après un long silence, sa sœur comprit. Le pauvre garçon n’avait plus d’idée. Cela devait bien arriver un jour pensa la jeune fille. Conciliante, elle lui dit :
- Le présent que j’ai reçu l’année passée m’avait comblé de bonheur, mais j’ai peur qu’il eût été incomplet.
Le garçon ouvrit de grands yeux surpris. Comment cela incomplet ? C’était impossible se révolta-t-il muettement.
- Et pourtant, je vous assure, vous avez bel et bien omis un élément important, ajouta-t-elle alors qu’elle devinait ses pensées. Vous ne voyez donc pas ? Toute notre famille est bien représentée dans ma collection de poupées. Même vous, le gentil prince d’Aurey, y êtes. Mais qu’en est-il de sa petite sœur chérie ? Pourquoi n’y ai-je pas ma place ? Je voudrais moi aussi pouvoir déambuler entre ces murs et y vivre de grandes aventures !
Le jeune homme ouvrit de grands yeux. Un instant, un reflet brilla au fond de ses pupilles. Il referma la porte aussi vite, fébrile à l’idée de retourner au travail, laissant sa jeune sœur s’éloigner gaiement, impatiente de découvrir sa future poupée.
Depuis ce jour, elle n’avait vu son frère que très rarement et il semblait toujours un peu absent lorsqu’il leur faisait honneur de sa compagnie. Il semblait avoir travaillé très dur sans prendre suffisamment de repos. Du moins, c’est ce que pensait la princesse jusqu’au grand jour de ses douze ans. Le seul moment de la fête qu’elle attendait tant était venu lorsque son frère lui tendit nerveusement un joli paquet coloré. Elle le dénoua avec une patiente à peine maîtrisée et fut chamboulée en découvrant son contenu. Elle y trouva une petite théière fleurie et une tasse du même motif accompagnées d’un sachet de thé unique. Abasourdie, elle questionna son frère du regard. Ce dernier ne répondit rien et repoussa le cadeau vers elle.
 Cela faisait sens, se disait-elle larmoyante. Maintenant qu’elle devenait une vraie jeune femme, son frère ne pouvait vraisemblablement plus lui offrir de jouets pour ses anniversaires comme lorsqu’elle était une enfant. Elle comprit que l’heure était venue d’accepter la terrible sentence à laquelle toutes les fillettes de ce monde étaient vouées. Très bientôt, elle viendrait à se marier et tout le reste suivrait naturellement jusqu’au jour de sa mort. Résignée, peinant à cacher sa profonde tristesse, elle accepta le cadeau de son frère et demanda à faire chauffer de l’eau. Chaque seconde lui semblait être une agonie. Elle espérait que le parfum délicat du thé l'aiderait à apaiser ses mauvaises pensées. Lorsque l’eau fut enfin bouillante, elle empoigna le sachet qu’elle y trempa et versa adroitement le liquide coloré dans sa jolie tasse. Le parfum délicat aux senteurs de jasmin et de fraise des bois qui s’en dégagèrent l’emporta une dernière fois vers ses souvenirs d’aventures rocambolesques qu’elle faisait vivre à ses poupées. Elle s’endormit très vite et ne se réveilla que le lendemain matin.
 Son lit toujours aussi douillet et sa chambre lumineuse, quelque chose la turlupinait pourtant. Elle se leva comme à l’accoutumée et s’habilla, prête pour une nouvelle journée pleine d’aventures. La tristesse de la veille l’avait étrangement quittée aussi vite qu’elle s’était installée. Elle se sentait plus légère que jamais, remerciant intérieurement son frère des vertus apaisantes du thé qu’il lui avait offert. Alors qu’elle se dirigeait vers la porte, elle lança un coup d’œil dans la direction de sa maison de poupée comme à l’accoutumée. Mais elle réalisa aussitôt qu’elle avait disparu. La princesse, prise de panique, commença à fouiller toute la pièce, s’enfonçant dans les armoires et les tiroirs. Dans sa recherche effrénée, elle ne donna aucune importance aux légères vibrations qui faisaient trembler le sol et les murs. Les tableaux se balançaient doucement et les rideaux formaient des vagues imperceptibles. Sans prévenir, une fente gigantesque se forma sur toute la longueur d’un coin du mur. Une lumière éclatante pénétra par cette fente alors qu’elle s’agrandissait de plus en plus au point qu’elle fut assez large pour y passer toute entière. C’est alors qu’un œil énorme apparut par le trou. Le cri aigu de peur intense que poussa la princesse le fit cligner de surprise. Puis, elle reconnut cette couleur brune, ces longs cils et cette douceur dans le regard. L’œil de son frère était aussi large que sa propre tête. La fente continuait de s’agrandir, découvrant le reste du visage du prince au sourire satisfait. Derrière lui, elle reconnut le décor de sa propre chambre, mais dans des proportions gargantuesques. Elle n’osa pas approcher de la limite de sa petite chambre pour mieux y voir, car elle donnait sur un vide vertigineux. Son frère l’observait joyeusement et approcha avec délicatesse une main énorme au-dessus d’elle. Ses deux gros doigts portaient un objet qu’il posa avec beaucoup de douceur dans un coin de la pièce.
Une maison. Sa jolie maison de poupée. Elle comprit qu’elle n’avait jamais vraiment disparu. Plus heureuse que jamais, elle attendit que son frère ait finit de l’installer et admira cette nouvelle miniature construite à la hâte. Incapable d’émettre le moindre son compréhensible tellement elle était touchée et impressionnée, son frère refermait déjà le mur en lui lançant un rapide clin d’œil complice. Sans plus attendre, prise par une excitation incontrôlable, elle sortit de sa nouvelle chambre, prête à partir à la découverte de son nouveau monde.
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Carolina Baileys

 Loin dans une forêt sauvage et inconnue trônait le grand et vieil Arbre. Âgé de plusieurs millier d’années, entouré de ses congénères et d’une multitude d’animaux, il dominait toutes vies avec ses branches gigantesques et ses racines profondes. Les artères de cet impressionnant végétal se prolongeaient sur plusieurs lieux, parcourant des régions sèches et d’autres humides, des zones couvertes de végétation luxuriante et d’autres piétinées par de gros pachydermes.
- Ils...
Le vieil arbre parlait rarement. Cela lui demandait un effort colossal. Et lorsqu’il le faisait, c’était toujours très lentement. Il lui fallait plusieurs jours pour prononcer un mot. Les vibrations qui naissaient de son tronc venaient frapper les feuilles les plus hautes faisant s’envoler les oiseaux. Le son grave se propageait dans les racines et se répercutait jusque dans des marais lointains, formant des ondes sur la surface de l’eau, jusque dans les pattes des animaux faisant vibrer leurs entrailles et dans le désert pour se perdre dans les tempêtes de sable.
- ...se...
Alors que les lumières du crépuscule transformaient le paysage de couleurs orangées, donnant à l’Arbre un éphémère éclat lumineux, ses feuilles se tendaient encore un peu plus pour mieux attraper les rayons nourrisseurs puis se rétractaient à nouveau. Le soleil se perdait derrière les cimes laissant peu à peu une ombre s’installer pour finalement tout englober. Les sons subtiles de la nuit prenaient le pas sur ceux du jour. Les gros mammifères, les joyeux volatiles et autres bêtes diurnes s’étaient tus, bien installées pour dormir. Les chauves-souris, chouettes et reptiles circulaient à leur tour librement sur cette autoroute nocturne. Un nombre impressionnant d’insectes au travail grouillait librement sur les branches de l’Arbre, le chatouillant doucement.
Parmi eux, de nouveaux insectes. Plus petits et moins amicaux, aux objectifs douteux.
Les premiers jours, l’immense Arbre les avait accueilli avec joie et enthousiasme. Il avait toujours apprécié la compagnie des autres êtres-vivants. Il leur offrait de quoi se nourrir et de quoi se protéger. Il était une source inébranlable et réconfortante pour toutes les créatures qui l’entouraient.
Cet être qui semblait immortel apportait la tranquillité et la sérénité et était en retour fort bien choyé. Mais cette vie douce qu’il menait depuis des temps immémoriaux lui avait petit à petit été enlevée.
- ...jouent...
Cela avait commencé de façon bien innocente. De fait, il lui avait fallu un certain temps pour se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Trop de temps. Au début, il ressentait des chatouilles un peu plus présentes que celles auxquelles il était habitué. Proches de picotements, elles étaient focalisées sur une petite surface de son tronc majestueux. Puis la zone s’était agrandie et les picotements s’étaient transformés en démangeaison. Il observait le début d’une gène. La surface s’était encore élargie et devenait irritée. Les premières écorchures s’étaient formées et devenaient progressivement plus profondes et douloureuses. Le vieil Arbre avait fait le choix de cacher ses inquiétudes à ses compagnons, ne souhaitant pas les déranger et encore moins les effrayer. Il s’était habitué à cette légère douleur diffuse et avait ainsi tu son malaise au point que la douleur devienne intolérable. Les mites s’étaient insérées dans tous les coins et grattaient avec ardeur dans la belle écorce, creusant des trous de plus en plus grands, ignorant la bienveillance et l’hospitalité de leur hôte. Les autres habitants de l’Arbre finirent par comprendre que quelque chose le tourmentait et partagèrent leurs craintes avec les autres êtres qui peuplaient les environs. Avec une grande efficacité, tous se pressèrent pour apporter leur aide et sauver leur vieil ami. Chacun se mit en chasse à sa manière pour anéantir toutes les mites qu’ils trouveraient sur leur route. Les volatiles perçaient les vils insectes en deux à coups de bec, les reptiles les gobaient par paquets, les mammifères les écrasaient avec leurs doux coussinets et des nuées d’insectes menaient des batailles impitoyables dans les fins interstices pour détruire ceux cachés en profondeur. Alors qu'une guerre féroce était menée sur son dos, le vieil Arbre, toujours aussi lent, peinait à finir sa phrase.
- ... de...
-...moi.
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Carolina Baileys

La grande salle était vide.
Les formes dodues des angelots en pierre ressortaient dans les moulures sur les arcades. Leurs regards étaient dirigés vers l'estrade, comme s'ils invitaient le public à regarder eux aussi dans cette direction. Mais il n'y avait pas âme qui vive.
La pièce était sombre. Seule une faible lumière venait éclairer la scène sur laquelle trônait un large piano.
Dans un coin, un léger mouvement vint perturber cet espace. Derrière le lourd rideau pourpre se dessinait une fraction de silhouette fragile, celle d'une femme. Elle scrutait les lieux, tirant timidement sur le rideau pour mieux voir.
Toujours personne.
Elle fixait le piano, attirée par lui comme le fer par un aimant. Cette masse noire, brillante, indélogeable.
Elle attendit ainsi, le corps immobile mais le coeur en émoi.
Après un long moment dans un silence absolu, elle osa repousser davantage le velours délicat et s'avança sur scène. Chacun de ses pas émettait une résonance insupportable à ses oreilles. Elle accéléra, sur la pointe des pieds, jusqu'au point de courir pour atteindre le banc du piano le plus rapidement possible. Elle sauta presque dessus, recroquevillée pour ne pas être vue.
Elle resta un temps ainsi, immobile.
Un silence pesant régna à nouveau.
Elle se redressa très doucement, les yeux agités vérifiant chaque recoin, respirant à peine pour mieux entendre.
Encore beaucoup de temps s'écoula ainsi, dans une crispation palpable.
Par chance, le cylindre était déjà relevé. Si cela n'avait pas été le cas, elle aurait certainement abandonné depuis longtemps. La femme approcha son visage du clavier au point de le frôler du bout du nez. À droite comme à gauche, les notes semblaient se répéter à l'infini. Elle déplaça son visage le long de l'instrument, scrutant chaque détail. Le coffre grand ouvert la dominait, révélant le ventre prodigieux de la créature.

Devant cet instrument imposant elle se sentait petite et fragile. Elle ferma les yeux, écrasée par trop d'émotions.
Inconsciemment, ses mains s'approchèrent doucement, tremblantes et incertaines. Mais dès l'instant où ses doigts se posèrent sur les touches, que la vibration des cordes se répercuta dans son corps, le doute la quitta immédiatement. Ses doigts parcouraient le clavier avec une telle légèreté et une telle justesse que cela en était instinctif. La jeune femme ne jouait pas le morceau, ses mains le faisaient à sa place. Elles avaient une volonté propre, guidant les bras dans une danse voluptueuse.
La pièce prit vie. La lumière semblait plus forte et plus chaude, l'atmosphère pesante avait été remplacée par une chaleureuse et douce. La peur et la solitude l'avaient quittées. Seule cette mélodie l'habitait. Prise par l'euphorie, elle ouvrit les yeux pour mieux profiter de cet instant. Ils s'orientèrent sur la surface lisse et noire qui miroitait le plafond majestueux. Elle s'aperçut que dans le reflet, un angelot sans pupilles la regardait, la fixait. Elle poussa un cri étouffé de terreur et s'arrêta nette dans sa progression. La force de ses mains lui avait aussitôt échappée. Elle referma le cylindre sans ménagement et sortit de la pièce en courant.
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Carolina Baileys
Petit Beurre se cache dans les égoûts pour fuir la pâtisserie que subissent ses amis.
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Carolina Baileys
Pigie est une cochonne très gourmande, mais cette fois-ci, elle a eu les yeux plus gros que le ventre.
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Carolina Baileys

 Samantha était chez elle, dans sa salle de bain. Elle scrutait son reflet, analysait attentivement son visage à la recherche de la moindre imperfection. Son nez était presque collé à la glace alors qu’elle observait de près les pores de ses joues dans le miroir grossissant. Une très légère trace au niveau du creux de son nez avait réveillé son inquiétude. Après un soin effectué avec patience et précision, elle vérifiait le résultat qui semblait la satisfaire.
Elle tourna la tête pour s’attarder à nouveau sur une zone aux coins de ses yeux, là où chez d’autres personnes les rides s’y accumulent avec l’âge. Cette opération suscitait une grande anxiété, mais elle vérifiait malgré tout avec attention, à la recherche de la naissance d’une quelconque ridule. Rassurée de voir que rien n’était venu souiller sa peau douce, elle expira profondément, ne s’étant même pas aperçu qu’elle avait retenu sa respiration tout ce temps. Son soulagement était intense. Elle jeta un coup d’oeil au-dessus de son épaule pour s’assurer que son dos ne présentait pas de défaut non plus, ni tâche, ni marque de quelle sorte que ce soit ou traces de graisse, et apprécia quelques instants supplémentaires la vue de son corps qui prenait la forme d’un huit impeccable. Elle esquissa un sourire satisfait à la vue de ses courbes délicates, se félicitant intérieurement de son apparence très enviable. Les années passants, c’était sa plus grande fierté. Aucune femme ne pouvait rivaliser avec elle. Aucune femme ne s’était battue contre le Temps qui passe comme elle l’avait fait. Et aucun homme n’avait jamais résisté à ses charmes inégalables.
 Quelqu’un sonna à la porte.
La belle Samantha sortie de la salle de bain en enfilant un peignoir léger en soie rose sensiblement transparent sous une certaine lumière. Il laissait subtilement apparaître le galbe de ses seins et le creux discret sous sa clavicule. Elle traversa le long couloir qui la séparait de l’entrée. Ses jambes interminables apparaissaient et disparaissaient derrière le peignoir à chacun de ses pas. Les miroirs couvrant les murs les reflétaient à l’infini, donnant l’impression d’une danse de cabaret.
On sonna à nouveau.
Ses cheveux souples et soyeux semblaient se précipiter après elle alors qu’elle sautillait.
 - Oui, j’arrive tout de suite. Lança-t-elle d’une voix mielleuse.
Devant la porte, elle arrangea sa coiffure et remonta un peu son peignoir, laissant entrevoir juste assez pour éveiller la curiosité. Affublée d’un sourire espiègle, elle ouvrit. Un livreur dans les premières heures de sa vingtaine attendait. Sous son parka mouillé par la pluie, il portait un petit carton emballé à la hâte. Son sourire s'élargit.
 - Bonjour !
Le jeune homme lui répondit sans la regarder et semblait pressé.
 - C’est pour moi ?
Il acquiesça sèchement et lui tendit un moniteur et un stylet. Samantha lui prit gentiment de la main et ajouta doucereusement, laissant son peignoir descendre imperceptiblement sur son
épaule.
 - Vous désirez avoir ma signature ?
Le garçon lui indiqua abruptement l’endroit où il fallait signer.
 - Vous savez, tout le monde n’a pas la chance de l’obtenir si facilement, susurrait-elle alors qu’elle apposait une signature compliquée sur l’écran tactile.
Il remballa aussitôt son matériel et s’empressa de repartir en lançant machinalement les strictes mots de politesse nécessaires dans ce genre d’échange. Samantha resta interdite face à cette attitude froide et distante. Elle n’avait jamais eu à faire à une situation similaire auparavant. D’ordinaire, la gente masculine était perdue devant sa beauté indiscutable et son charmant sourire irradiant tout sur son passage. Ce comportement inhabituel réveilla une peur animale en elle. Le paquet tenait maladroitement entre ses mains devenues moites. Aussi banale fût-il, il la terrifiait. Elle aurait voulu qu’on l’en débarrasse sur le champ, qu’il disparaisse à jamais de sa vue. Mais aucun sauveur ne vint à son secours.

 Assise inconfortablement sur le rebord d’un meuble, le papier qui entourait le paquet commençait à s’humidifier à son contact. Il lui était impossible d’estimer depuis combien de temps elle était restée ainsi inerte. Elle avait le pressentiment que quoi qu’elle fasse, elle ne pourra jamais s’en défaire. Ce paquet sera le fardeau qu’elle devra porter jusqu’à son dernier souffle. Le poids des années commençait à peser de plus en plus sur ses épaules, la tassait au point de la forcer à se courber. Ses cheveux se raidissaient, devenaient rêches et délavés. Ses épaules se tassaient et sa peau se flétrissait. Elle savait au fond d’elle qui était l’expéditeur de ce paquet. Elle savait que malgré toute l’énergie et la volonté qu’elle avait engagé dans ce combat, elle le perdrait, car son ennemi était divinement plus puissant qu’elle ne le sera jamais. Il lui fallu un courage incroyable pour commencer à ouvrir le paquet. En le déballant, de lourdes lames lui coulaient des yeux. Elle pleura au point de se sentir totalement asséchée. Chaque seconde la rapprochait de la triste réalité à laquelle elle devra faire face. En son fort intérieur, elle avait comprit ce qu’elle trouverait dedans. Il contenait ce qui la terrorisait depuis tant d’années. Ses membres lui semblaient mous, son dos lui faisait mal et elle sentait ses articulations grincer à chacun de ses mouvements. Etonnement, sa respiration était moins saccadée et son coeur palpitant moins douloureux à mesure qu’elle acceptait. Le paquet était enfin grand ouvert et son contenu en verre lisse et poli lui renvoyait son nouveau reflet que le Temps avait fini par imposer.
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Paraître mais ne pas être.
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