Ce que les exploits ne disent pas

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« Je ne dis pas ça parce que c’est mon enfant. »

On l’a tous entendue, cette petite phrase glissée après le récit enthousiaste d’un parent vantant les exploits de sa progéniture. Et on pense tous la même chose : « Si, justement, tu dis ça parce que c’est ton enfant. Sinon, crois-moi, tu ne trouverais pas ça si extraordinaire. » Alors, poliment, on acquiesce, tout en chantonnant intérieurement avec ironie : « Ouais, super, il va sur le pot… et un jour, il ira sur le trône comme tout le monde. »

Mais dès qu’il s’agit des enfants, chut… il ne faut rien dire, de peur de blesser. Tu peux commencer à entrouvrir la bouche quand tu en as un. Et alors, quand tu en as deux, là, tu peux tout te permettre : tu sais tout de la vie – enfin, apparemment.

Aujourd’hui, je regarde ma fille, attendrie. Est-ce que je la trouve extraordinaire ? Bien sûr. Est-ce que je compte ses soi-disant exploits ? Le moins possible. Pourquoi ? Parce que, soyons honnêtes, tout le monde s’en fiche. À part peut-être mamie ou marraine.

La vérité, c’est que la plupart des parents ne regardent que leur propre descendance, comme une extension d’eux-mêmes. Et c’est normal. Mais j’ose espérer qu’ils gardent en mémoire ces souvenirs qui ne se racontent pas vraiment, mais qui se vivent intensément. Ces petits moments précieux comme leur(s) : ravissement devant un papillon ou un avion dans le ciel - éclats de rire en tournant sur eux-mêmes - chansons improvisées en voiture - mines coquines avant une bêtise - mots inventés face à un mot trop compliqué - regards curieux devant l’inconnu - « je t’aime maman » criés du bout du couloir - pas qui résonnent après la sieste - moustaches pleines de chocolat - odeur de viennoiserie au creux de leur coup - petites joues encore potelés et j’en passe et des meilleures.

Voilà ce sont ces instants-là qui me semblent précieux, bien plus que les « exploits » que nous finissons tous par accomplir un jour. Est-ce vraiment si important de savoir à quel âge un enfant marche ? Après tout, chacun finit par y arriver. Ce qui compte, ce sont ces souvenirs minuscules mais immenses : ceux qui débordent d’amour, qui jaillissent sans prévenir, qui s’infiltrent dans les gestes du quotidien. Ces éclats de vie, tendres et fugaces, sont les véritables trésors que l’on garde au creux du cœur.

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