L'initiation

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Naryl attendit la prochaine lune rouge pour initier Yuja.

Pour fêter ce qui, autrefois, terrifiait la sylve et inaugurait un long cycle de souffrances, le clan avait organisé une grande fête. Les chasseresses avaient écumé la sylve en quête de proies, préparées par les mâles qu’elles avaient cantonné au gîte pour économiser leurs forces en vue de la nuit qui s’annonçait. En dépit du nouvel arrivage venu du clan du tuyal, ils restaient toujours moins nombreux que les femelles... et ces dernières entendaient bien avoir leur part.

Après le banquet, les guildes sortirent leurs masques et firent la démonstration de leurs mystères, personnifiant par leurs danses et leurs chants les mythes des premiers ædhil. Yuja, qui avait fait part aux autres de ses découvertes au clan des stryges, avait amené un nouveau masque : celui du Premier Niśven, qui avait apporté la lumière sur ce caillou stérile et en avait ce refuge luxuriant qui était désormais leur maison. Une nuit, nous repartirons vers les étoiles, lui avait confié Naryl, alors qu’elle regardait le ciel nocturne avec lui. Nous irons faire de nouveaux territoires sur les lunes.

Mais ce serait plus tard. Pour l’instant, il s’agissait de tout construire, d’unifier les clans, de mettre fin à la souffrance absurde de tant de hënnil, d’ellith et d’ellonil.

Alors que la nuit s’avançait, que la lune montait, la musique se fit plus lancinante, plus hypnotique. Eshm, revenu pour diriger les festivités, semblait parti en transe. Ci et là, des couples se formaient, s’isolaient dans les bosquets. Des silhouettes ondulaient dans la pénombre, dans l’intimité des khangg, ou à l’abri des branches d’un tuyal complice. Tout cela augurait une nouvelle arrivée de petits hënnil à la prochaine lune, et une ère de prospérité pour le clan. Alors que les danseurs se faisaient de plus rares entre les feux, Naryl posa un regard timide sur Yuja, qui ronronnait dans ses bras.

— On y va ?

L’heure était à un autre type de danse.

Yuja acquiesça avec un sourire. Elle prit Naryl par la main et le conduisit hors du cercle de lumière, vers la forêt. Naryl suivit, docile. C’était à elle de choisir où, et quand.

Son coin secret. La petite clairière où chantait la rivière, et où vrombissait la cascade. Là, Yuja s’allongea dans la mousse. Le regard rêveur, elle regarda Naryl s’agenouiller en face d’elle et dénatter sa chevelure. Comme tous les mâles ce soir-là, il était presque nu, sa virilité seulement couverte par un long pagne en cuir de daurilim, retenu par des filins sur ses hanches. Ses bras musclés étaient ceints de cordelettes portant osselets et coquillages, et des cristaux étaient noués dans ses cheveux noirs. Son visage était caché par un masque de chasse sauvage orné de bois de daurilim, qui lui donnait un air dangereux et féral. Yuja le trouva magnifique, même si elle regrettait que la tradition veuille qu’il doive la prendre avec ce masque.

Mais Naryl l’enleva. Ainsi que tout le reste.

Yuja, les oreilles empourprées, détourna le regard lorsqu’elle le vit retirer la pièce de cuir qui cachait son bas-ventre, avant de revenir timidement dessus. Mais Naryl s’était déjà positionné à quatre pattes sur elle, comme un daurilim en rut, et, ses beaux yeux noirs embrumés par la passion, se penchait pour l’embrasser. Yuja lui tendit son cou, se laissant humer et caresser. Distraitement, sa main chercha les fesses fermes de Naryl, puis la base de son panache. Lorsqu’elle referma ses doigts dessus, Naryl émit un grognement bas.

— Tu me rends fou, souffla-t-il dans son oreille. Je ne vais pas réussir à me retenir comme d’habitude avec toi cette nuit, Yuja... C’est la lune rouge.

— Je sais, sourit-elle.

Et, malicieuse, elle écarta les cuisses, permettant à Naryl de mieux se positionner.

Ce dernier vint mordiller son oreille. D’une main faussement distraite, Yuja repoussa sa longue chevelure, comme pour encourager Naryl à poser les dents sur sa gorge. Ce qu’il fit, avant de descendre sur sa poitrine.

D’un geste légèrement impatient, il écarta l’étoffe translucide qui couvrait ses seins. Depuis le début de ses chaleurs, ils avaient pris en forme et en taille. Les mamelons, notamment, étaient plus gros, plus érigés. Naryl promena sa langue dessus, les effleura de ses crocs. Puis il descendit plus bas encore, sur le ventre lisse, orné pour l’occasion d’une spirale de fécondité. Yuja ne souhaitait pas avoir de portée tout de suite, mais c’était la coutume de peindre les jeunes femelles ainsi pour leur première nuit.

Yuja poussa un long soupir lorsque la langue de Naryl plongea dans ses replis intimes. C’était si bon ! Bien meilleur que ce qu’on obtenait avec une moustache de Raki. Les grandes mains de Naryl passèrent sous ses fesses, la soulevant légèrement pour l’amener vers lui. Yuja sentit sa fente s’ouvrir, se détendre, humectée par la langue de Naryl et les caresses habiles qu’il lui prodiguait. Soudain, elle eut envie de le sentir en elle, comme une urgence. C’était tout de suite.

Elle rouvrit les yeux. Naryl, attentif à sa partenaire, comprit le signal et se redressa. Passant les mains sur ses cuisses blanches, il les replia vers son ventre, lui écartant les jambes plus largement. À travers ses paupières mi closes, Yuja vit son membre, puissant et tendu, et surtout, son regard de feu. Il avait envie d’elle et ce désir se faisait de plus en plus éloquent. Figé au-dessus d’elle, il attendait sa permission.

Mais Yuja se souvint du conseil que lui avait prodigué Nanal en prévision de cette nuit.

Rends-le fou de désir, par l’absence.

Alors, elle fronça légèrement les sourcils.

— Attends, dit-elle d’une petite voix sucrée.

Naryl s’immobilisa.

— Tu as peur ?

Yuja secoua la tête.

— Je veux... te goûter d’abord. Si je dois être l’as ellyn, je dois être capable de te... traire.

Yuja avait prononcé sciemment ce mot affreux. Cela parut produire son effet sur Naryl, qui émit un soupir douloureux.

— Tu n’es pas obligée de faire ça.

— J’en ai envie.

Yuja constata, satisfaire, que le sexe de Naryl avait encore pris en volume. Il était de plus en plus excité. L’air de rien, elle effleura ses bourses, aussi dures et gonflées que des œufs de wyrm.

— Mets-le dans ma bouche, murmura-t-elle sans cesser de le regarder.

Naryl, alors, se redressa, laissant Yuja se familiariser avec son vit brûlant. Il la laissa jouer avec patiemment, se mordant la lèvre jusqu’au sang. Mais c’était son initiation à elle. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait.

Au début, Yuja se montra timide et prudente. Mais cet organe qui palpitait de désir devant elle la fascinait. Alors, lentement, elle le goûta du bout de la langue, l’effleura. Naryl gémit. Puis Yuja entrouvrit la bouche pour l’accueillir. Lorsqu’elle glissa le membre affamé dans sa bouche, il gronda. Yuja resta un instant ainsi, immobile, savourant la sensation de cette colonne de chair en elle, sa lourdeur, son exigence. Puis elle commença à le sucer lentement.

Naryl laissa sa tête partir en arrière. C’était divin. Mais il fallait qu’il se maîtrise. Il se pencha de nouveau vers Yuja, sa lourde chevelure noire retombant sur elle comme un voile. Déjà, ses reins imprimaient à son corps un mouvement de va et vient. Doucement, il vint caresser les cheveux de neige de sa compagne, si doux. Il avait tellement envie de les empoigner, d’enfoncer son sexe plus loin encore, jusqu’au fond de sa gorge...

Dans un sursaut de volonté, Naryl se retira.

Yuja le regardait, la coin de sa bouche pulpeuse encore mouillé de sa semence. Elle avait tout bu.

Troublé, Naryl la fixa. Puis, lorsqu’il la vit s’allonger à nouveau et écarter les jambes, calant ses mains sous ses genoux pour mieux lui ouvrir les cuisses, il vit rouge. C’était fini : il ne pouvait plus se maîtriser. Il fallait qu’il la pénètre. Tout de suite.

Naryl parvint néanmoins à se retenir suffisamment pour imprimer à l’extrémité de son membre un rapide mouvement sur la fente de sa partenaire, de haut en bas, pour bien l’humecter de son luith. C’était la condition nécessaire à toute pénétration, surtout lors d’une défloration. Puis, d’un seul coup de rein puissant, il s’enfonça en elle.

Yuja ouvrit la bouche sur un cri silencieux. Naryl venait de la fendre en deux. Elle savoura la douleur, cette lame de sang qui faisait d’elle une femelle initiée, une elleth. Elle n’était plus vierge, c’était terminé. Le mâle était au-dessus d’elle, en elle, et c’était l’ard-ael, le dominant de son clan. Il lui tenait les poignets, et allait et venait lascivement en elle, ondulant du bassin, ses muscles se contractant au fur et à mesure des pénétrations, déversant à chaque poussée le fluide riche et capiteux de sa semence, ouvrant plus loin encore le chemin vers sa matrice. Yuja se savait non ouverte encore. Il fallait que Naryl aille plus loin, et il avait toute la nuit pour ça.

Naryl garda le même rythme pendant un long moment, profond mais prudent. Sous lui, Yuja gémissait doucement, la pointe acérée de ses petites canines à peine visible derrière ses lèvres humides. Naryl ne l’avait jamais trouvée aussi belle, aussi désirable. C’était la femelle qu’il s’était choisi, son as ellyn. La seule et l’unique.

Au bout d’un moment, il sentit que les muscles internes de Yuja s’étaient détendus, qu’elle l’acceptait. Il pouvait aller plus loin.

— Je veux me déverser en toi, lui murmura-t-il. T’ouvrir complètement, te féconder.

Yuja, un peu groggy, papillonna des paupières.

— Naryl...

D’un mouvement puissant, il la prit dans ses bras et la retourna. Yuja se retrouva à quatre pattes, le torse puissant de Naryl plaqué contre son dos trempé. Elle geignit lorsqu’il l’emplit à nouveau, cambra les reins pour mieux le recevoir. La pénétration était plus profonde, ainsi. Elle haleta en sentant la poigne de Naryl sur sa petite queue fine, et les doigts de sa main gauche entre ses cuisses. Du bout de sa griffe, il titillait son clitoris, tout en mordillant sa nuque.

Ça y est, pensa Yuja. Il va me marquer. Enfin.

— Ard-ael... gémit-elle pour l’encourager. Je t’appartiens.

Dans une autre circonstance, Naryl aurait reculé, horrifié par cet aveu de la soumission totale de Yuja envers lui. Mais il était en rut, et particulièrement excité. Son esprit frondeur et révolutionnaire avait déserté, laissant la place à des instincts bien rodés. Alors, grognant son assentiment, il saisit la peau du cou de sa femelle, et y planta brutalement ses crocs. Au même moment, il retira son membre engorgé du vagin gonflé de sa femelle pour labourer l’étroit orifice sous sa queue, comme pour mieux asseoir sa domination sur elle. La bouche de son panache, elle, plongea entre les cuisses humides de Yuja, ouvrant encore plus sa fente. Elle lui appartenait tout entier, sans partage.

Mordue à sang et doublement empalée, Yuja laissa échapper un cri désespéré, de douleur autant que de victoire. C’était fait. Elle était désormais son as ellyn, la seule, l’unique. Elle laissa Naryl prendre son plaisir en elle de cette manière douloureuse, accompagnant docilement ses mouvements tandis qu’il buvait son sang et pinçait ses tétons. Il cracha son luith dans son anus, comme pour mieux la faire sienne, et revint écarteler de son membre les chairs sensibles de son vagin. Yuja s’offrit encore plus, soumise.

Au comble de l’excitation, Naryl saisit Yuja par la taille, la ramenant encore plus près de lui. Dans cette position de domination totale, il la pilonna sauvagement, enfonçant à chaque poussée son membre insatiable encore plus loin. La matrice de la femelle s’ouvrit d’un seul coup, cédant sous ses violents coups de butoir.

Yuja, l’utérus béant et envahi, poussait des cris lents et rythmés qui rendaient Naryl encore plus fou de désir. Son vagin était saisit de spasmes désespérés qui procuraient à son pénis une compression des plus agréables. Jamais il n’avait ressenti cela avec une elleth : c’était la première qu’il marquait, et la première qu’il fécondait. Yuja hurlait, mais elle se montrait agressive, exigeante, cognant ses fesses contre lui pour aller à sa rencontre. Il pouvait sentir son plaisir faire vibrer son cœur, et les nappes odorantes de la jouissance femelle, dense, au goût d’épices excitantes, paraient la nuit autour d’eux d’un voile invisible. Naryl jouit violemment, déversant en elle une double rasade de semence, celle dont on disait qu’elle était la crème du fluide des mâles. Yuja l’accompagna, puis s’écroula dans ses bras. À bout de souffle, Naryl se laissa retomber sur la mousse. Contre son torse, Yuja respirait calmement, faisant vibrer l’air par l’odeur chaude et musquée de son corps. Naryl risqua un œil vers elle. Il avait l’impression que ce n’était plus la même.

— Yuja... murmura-t-il.

Elle le regarda intensément. Puis, joueuse, se mit à mordiller ses tétons de la pointe acérée de ses canines.

— Naryl.

Le susnommé la serra dans ses bras. C’était désormais une elleth, sa femelle, venue se soumettre fièrement à son mâle et l’enchaîner pour toujours à son service. À la prochaine lune, elle mettrait au monde sa première portée. Elle serait suivie de nombreuses autres : cela, Naryl en était sûr, aussi sûr qu’il savait que les siens allaient conquérir le ciel. Jamais il ne s’était senti aussi heureux. L’amour débordait, manquant de faire exploser son cœur. Il songea à ses parents, à l’amour exclusif et éternel qui les unissait. Il ressentait le même genre de lien entre Yuja et lui. Pour la première fois, il se sentait devenu un véritable chef de clan, aimant et protecteur : un ard-ael.

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