chapitre 14

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Je me relève dans l’idée de quitter le cimetière, avec ou sans Eros. L’atmosphère est assez pesante et je n’ai pas envie de rester discuter avec le père décédé d’un gars que je viens de rencontrer. Je baisse le regard vers Eros qui tourne doucement la tête vers moi.

- Je suis désolé de t’imposer ça. Vraiment.

- Non, c’est rien, ne t’inquiètes pas.

Il se relève et me regarde dans les yeux. Il n’est qu’à quelques centimètres de moi et je peux sentir son souffle. Je crois que c’est la première fois que je vois ce regard dans ses yeux. Il a juste l’air… calme. Enfin, il n’a pas l’air de me juger ou de me détailler comme la première fois que je l’ai vu.

- Je vais te raccompagner.

- Tu n’es pas obligé. Tu peux rester là si tu veux.

- Non, j’insiste. Palerme n’est pas la ville la plus sûre. Je veux que tu rentres sans encombre. Surtout si des membres de d’autres familles sont dans les parages.

- Mais tu avais dit que si il n’y avait pas beaucoup de personnes ça…

- Il n’y aurait pas de problème majeur. J’ai peut-être été en prison pendant 3 ans mais j’ai un minimum conscience de ce qu’une fille peut ressentir dans la rue.

Je rêve ou cet homme a de plus en plus de qualités ?

- Donc je te raccompagne jusqu’à ta rue. Je ne te demanderais pas l’adresse de ton hôtel ou quoi, mais je tiens à rester avec toi.

Mes joues rougissent légèrement mais il ne devrait pas le remarquer vu la température extérieure.

- Bien, si tu insistes.

Je me retourne pour ne plus être face à lui et je commence à avancer. Je ne le vois pas, mais je sais qu’il me suit de près.

Lorsqu’on sort du cimetière, je remarque qu’Eros a l’air tendu.

- Ça va ?

- Evite de croiser le regard des gars là-bas. Et même si tu peux éviter de te tourner vers eux, ça serait pas mal.

- Dans quel genre de situation je me suis encore mise ?

- Aucune, t’inquiètes. il me répond avec un sourire, ce qui est, selon moi, assez rare.

Je dois avouer ne pas être la personne la plus mal à l’aise quand je marche dans la rue. Mais je pense qu’on est toutes d’accord pour dire que croiser un groupe d’hommes accélère notre pouls, mais dans le mauvais sens du terme. Et pourtant, avec Eros, je me sens en sécurité. Enfin c’est vrai qu’il descend d’une famille de mafieux et que je pourrais m’inquiéter pour moi, mais, je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il ne me ferait pas de mal. Et il faudrait vraiment que j’arrête de regarder des films.

Après quelques minutes de marche, on arrive dans ma rue.

- Je suis logée par ici.

- Bien, alors je suppose que je vais te laisser.

Je m’arrête un instant.

- Non, viens manger chez moi si tu veux.

Eros semble surpris et il se met d’un coup à éviter mon regard.

- Je ne sais pas si je peux.

- Ça a pas été facile pour toi ces derniers temps, je suppose qu’un déjeuner chez une amie te ferait pas de mal. je tente avec un sourire.

« Une amie ».

Il regarde autour de lui et finit par hocher la tête.

- Ok, j’accepte ton invitation.

J’ai l’impression qu’il sourit plus qu’avant. Peut-être qu’il est un peu plus à l’aise avec moi.

Il m’accompagne donc dans l’hôtel et après avoir monté quelques étages, on arrive à mon appartement. Je trouve ça un peu bizarre de dire « mon » alors que je n’habite là que pour une semaine. Mais c’est ainsi. J’ouvre la porte et l’invite à rentrer, ce qu’il fait. On enlève nos chaussures et notre manteau. Je me dirige ensuite vers la cuisine et sors un paquet de pâtes du placard ainsi qu’une casserole. Je me prépare à hurler jusqu’à l’autre bout de l’appartement pour lui demander si ça lui va de manger des pâtes jusqu’au moment où je le vois entrer dans la cuisine.

- Des pâtes je suppose ?

- Comment as-tu deviné ?

- Littéralement ce que tu as dans les mains.

- Ah oui. Il faut dire aussi que mes talents en cuisine ne me permettent pas beaucoup plus de plats.

- Et comment tu fais en France ?

- Je compte sur Sarah et Cléo.

- Qui sont ?

- Mes colocataires. Et aussi accessoirement mes meilleures amies depuis le collège.

- Ah, eh bien elles doivent être douées pour te supporter toute la journée.

- Oh, Eros Marco Loris Lo Piccolo, je ne vous permets pas.

- Depuis quand tu connais mes deuxièmes prénoms ?

- Figure-toi que j’ai passé plusieurs nuits à étudier ton dossier pour avoir la meilleure note possible aux partiels.

- Ah oui, je vois. C’est toi qu’on devrait mettre derrière les barreaux en fait.

J’esquisse un sourire et Eros s’approche de moi et sort des tomates de la panière.

- Sauce tomate maison ?

- Tu sais faire ça ?

- Eh oui, je ne connais peut-être pas tes deuxièmes prénoms, mais j’ai plus d’expérience que toi en cuisine.

- Jeanne et Eloïse.

- Je vais essayer de retenir. Peut-être pas au point d’écrire un dossier sur toi, mais j’essaierai.

- J’espère bien.

Et je me retrouve à cuisinier avec un gars que je ne connais même pas depuis une semaine.

La journée passe rapidement, même un peu trop, au point qu’il est déjà 18h lorsqu’on ne sait plus quoi se dire. Je lui ai montré des photos de France et de mes amis, et il m’a montré sa maison et sa famille.

- Bien, je pense que je vais partir, la Terre a besoin de mes pouvoirs.

- Ahah mais oui bien sûr, c’est juste une excuse pour partir loin de moi.

- Peut-être bien. il me répond avec un rictus agaçant.

Je lui tiens la porte ouverte ne sachant pas trop si c’est raisonnable de lui faire la bise ou si c’est trop bizarre de lui serrer la main. Et au final je n’ai pas besoin de me poser la question plus longtemps car Eros se penche vers moi pour m’embrasser sur la joue et il s’en va directement après. Et à ce moment-là, je ressens tout ce que je ne devrais pas ressentir. Une légère chaleur monte en moi et je ne peux m’empêcher de sourire. Et dire qu’il ne devait être qu’un devoir de droit. Je crois que je suis sérieusement en train d’attraper des sentiments pour ce garçon. Mais, encore une fois, il n’est qu’un devoir maison, en quelques sortes. Un stage de vacances, un sujet d’étude pour la fac, un sicilien qui a fait de la prison pendant 3 ans, un homme vraiment charmant.

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