V — Dispute de couple

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 Sire Philarctos et le Marquis d’Oueca allèrent dans le jardin d’été de l’hôtel de feue la Dame de Bourg-Éon. On avait mis des draps blancs et rouges un peu dans chaque pièces, symboles de mort et de douleur. Quand ils s’installèrent, Sire Philarctos commença à parler d’une voix monotone :

 — Ce moment à la chasse m’a permis de trouver un peu de joie. Je me souviens qu’elle aimait beaucoup les animaux, elle préférait manger des produits issus d’iceux, comme des œufs, ou uniquement des légumes. Je me souviens que lorsque nous partions en vacances, je l’accompagnais dans sa cure. Moi, j’étais pris en charge par mon oncle, le Comte de Prontroute, et nous chassions l’ours. Je me souviens que l’un d’eux était si grand qu’il me chargea, alors que j’étais acculé à un arbre et trop effrayé pour bouger. Alors j’eus seulement le temps de sentir mon oncle me prendre dans ses bras depuis la droite, pendant que la bête s’assommait contre l’arbre et moi de m’évanouir. Ma pauvre mère eut une si grande frayeur qu’elle me garda avec elles les jours suivants.

 — Et maintenant, c’est moi qui m’évanouis quand nous nous voyons et qui aime rester avec mon grand ours, fit le Marquis en le prenant dans ses bras.

Philarctos sentait la chaleur du jeune homme, qui essayait de lui communiquer son amour pour qu’il se sente moins affligé par la perte de cette femme.

 — Vous vous souvenez, mon aimé, quand elle nous a surpris ‽ demanda le Marquis, en portant sa main à sa bouche.

 — Ah, ah ! Oui… Oui, je m’en souviens bien, répondit Philarctos en se tournant vers lui. Puisqu’ils étaient sur les tatamis, Sire Philarctos s’avança vers le Marquis sur ses quatre pattes. Tu avais une odeur plus vive, dit-il en ouvrant le kimono de son amoureux.

 — Non, pas maintenant ! dit le Marquis. Ne pouvons-nous pas avoir une conversation normale sans que votre libido prenne le dessus !?

 — Mais… Je suis enhardi ! s’exclama le Sire Philarctos, très surpris qu’on ne veuille pas de lui. Je t’ai emmené ici aussi pour que nous partagions un moment ensembles.

 — Ça vous fait une belle jambe, tiens ! répliqua l’autre. Vous réglez cela tout seul. Moi, quand vous me proposez de partager du temps ensembles, cela a une signification large.

 — Ah, ah ! Comme ton…

 — Non ! répliqua à l’instant le Marquis, le doigt menaçant. Imagine si la Reine arrive subitement comme ce matin. Moi, ce que j’aime, ce n’est pas tant faire l’amour avec toi : ce que j’aime, c’est quand on se câline, quand on s’embrasse et quand on se touche. Mais pas quand on se pénètre, c’est ce que j’aime le moins.

 — Est-ce que je te fais mal et que tu n’oses pas me le dire ?

 — Mais non ! s’énerva-t-il encore. J’aime quand l’amour ressemble à celui des pastorales, aux bergers qui soupirent, quand on fleurette. Je t’aime, Philarctos, mais je n’ai pas autant tes envies pour les affaires charnelles.

 Sire Philarctos regarda son ami dans les yeux, acquiesçant, comprenant et se retirant comme il lui demanda.

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