Chapitre 1: Le syndrome du cœur

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5 ans plus tard.


Depuis que j’ai eu mon diplôme de chef d’orchestre, je voyage un peu partout. Je dirige de gros orchestre en France. Mon plus grand rêve c'est de diriger celui de Hans Zimmer, celui qui compose des musiques de film. Il y a un morceau qui me tient au coeur, mais qui ne vient pas de lui, que j'aimerai beaucoup jouer.

Mais ce que j’aime dans la musique classique, ce sont les musiques sacrées. J’ai déjà joué aussi dans les chœurs à Paris et à Lyon. Bientôt, je vais en donner un pas très loin de chez moi : à Clermont-Ferrand.

J’ai si hâte de revoir ma famille, cela faisait tellement longtemps.

Maintenant, nous nous connaissons assez bien avec les musiciens depuis que je le dirige. Nous nous entendons bien, surtout avec les flûtistes, puisque je donne de temps à autre des cours de flûte. Ils se débrouillent bien et nous remportons assez souvent des prix.

— Petite annonce pour demain : il n’y aura pas de répétition.

Tout le monde est un peu triste et il y en a quelques uns qui m'en demandent la raison.

— Je vais bientôt devenir oncle.

Ils se sont réjouit pour moi. Je suis si heureux d’avoir bientôt un petit neveu ou une petite nièce. Avec Zélie, ma sœur, nous nous entendons très bien. Elle est une véritable petite soeur que je chéris.

Après tout, je suis l’aîné. Nos parents s’entendent à merveille. Maman travaille en tant que cuisinière, dans les écoles primaires et mon père chez le primeur. Assez souvent, je leur donne un petit coup de pouce financier, même si je n’habite plus chez eux depuis un moment.

Moi ? Je reste célibataire. En attendant, je suis bien trop occupé à travailler, je ne fais que ça à longueur de journée : donner des répétitions, courir de droite à gauche pour imprimer des partitions, donner des cours de flûte, bref, je ne vis que de musique et de Mozart depuis que je suis tout petit.

Mes parents m’ont toujours dit que j’étais un petit surdoué, car j’ai déjà remporté des concours lorsque je n’avais que dix ans. Depuis, c’est un plaisir de pouvoir offrir des concerts à des gens.

Ce que j’aime le plus, c’est de me rendre à Fourvière pour donner des répétitions et jouer du Haendel. Mon compositeur préféré.

Le sacré c’est ce qui me touche le plus, même si j’ai toujours grandi dans une famille athée. Mes grands-parents, du côté de ma mère, ne le sont pas. Alors, lorsqu’on partait en vacances chez eux, j’allais de tant à autre à la messe et assez souvent, ma grand-mère était très surprise de voir que j’étais plus pieu que ma sœur et mes parents…

J’ai demandé le baptême lorsque j’avais huit ans, mais malheureusement, je n’ai jamais pu aller à la messe lorsque j’étais chez mes parents… Je n'y suis allé qu'avec mes grands-parents.

Ce qui a fait que j’ai eu une grande affection avec eux… Maintenant, je peux m’y rendre tous les dimanches, même si je suis seul… Mais je suis enfin heureux de pouvoir revoir ma famille, cela fait pratiquement cinq mois qu'ils me manquent.

Cela me réjouit tellement de les retrouver.

Il pleut un peu dehors, alors je sors le plus vite possible et m’installe dans la voiture pour les appeler.

— Allô maman ?

Coucou mon chéri, comment te sens-tu ? Pas trop fatigué ?

— Non non, tout va bien maman.

Tu en es sûr ? Tu n’as pas manqué d’air aujourd’hui ?

Ah oui, j’avais oublié un petit détail : depuis que je suis tout petit, les médecins ont détecté une maladie rare chez moi. Ils n’ont toujours pas trouvé de nom, mais en gros, il s’agit d’une maladie au niveau du cœur. Parfois, il m’arrive de manquer d’air ou de m’évanouir, sans prévenir personne…

J’ai souvent des courbatures et j’ai du mal aussi à marcher, sans avoir mes muscles qui me déchirent. J'ai de grosse sueurs, même la nuit et il m’arrive d’être extrêmement faible.

Donc assez souvent, quand je fais un effort, il m’arrive d’être essoufflé et de vite perdre connaissance. Ah si, il m’arrive assez souvent de cracher du sang, mais on m’a dit que ce n’était pas la tuberculose, puisque j’aurai eu aussi très mal à la gorge.

Le sang provient de mon cœur. Donc voilà, maintenant, vous savez tout.

— Non non, tout va bien maman. J’ai ouvert les fenêtres. L’air frais me fait du bien.

Bon, tant mieux alors. Et ton audition alors ? Vous êtes prêts ?

— Oui oui, bientôt maman.

Le concert aura lieu quand ?

— Samedi prochain à la cathédrale de Strasbourg.

Ton père et moi avons très hâte.

Je souris devant le compliment de maman.

— Et Zélie ? Comment va-t-elle ?

Écoute, elle est encore bien fatiguée et n’arrive toujours pas à trouver d’emplois…

Cela fait dix ans qu’elle essaye de chercher du travail…

— J’espère sincèrement qu’elle y arrivera.

Tu sais, elle t’envie.

Je me pince légèrement les lèvres et regarde la pluie qui ruisselle sur la vitre de la voiture.

— Je suis sûr qu’elle trouvera un bon emploi après son accouchement.

Oh tu sais, elle va avant tout s’occuper du petit, avant de trouver un emploi. Heureusement que François est là pour s’occuper d’elle.

— Je n’en doute pas.

Et toi aussi, peut être qu’un jour tu devrais t’occuper d’une jolie jeune femme.

— Maman, j’ai déjà vingt-sept-ans ! Bientôt la trentaine…

Ah, c’est ce que ton père m’avait dit lorsqu’on s’était rencontré et résultat…

— Vous nous avez eu.

Nous rigolons tous les deux.

Allez mon chéri, je t’embrasse bien fort.

— Moi aussi maman, je t’aime.

N’hésite pas à m’appeler pour que j’aille au laboratoire s’il faut en reprendre, pour tes médicaments.

— Promis maman, je n’hésite pas.

Avant de lui dire au revoir, je me donne une petite frappe au front.

— Ah et en fait, bonne maman des roses sera là ?

Oui mon chéri, pourquoi ?

— Je…

Je devrais lui dire ?

— Non, rien, j’ai oublié ma question. Bisou maman.

Bisou mon chéri, à demain.

Elle décroche en premier. Je pianote quelques instants le volant avant de me remettre à tousser. Je cherche mes médicaments et je trouve la boîte spéciale pour ma maladie. Je la cherche jusqu’à ce que je me mette à étouffer.

Mais ce n’est pas vrai ! Souvent, je penche plutôt à l’idée que j’ai la tuberculose, mais les médecins ont été très clairs : la tuberculose agit plutôt sur les poumons, ce qui n’est pas mon cas.

J’arrive enfin à trouver les médicaments et les avales, avant de retrouver mes cordes vocales. Je sens que mon cœur est contracté. J’attends que ma crise passe, avant qu’il me pince.

Je sens une terrible secousse dans mon sang. Je pianote sur le volant et commence à chanter du Zelenka. Je chante le « Jan Dismas Zelenka: Miserere I » qu’on va jouer dès demain.

Cela me fait du bien de chanter du sacré. Je repense aussi à tous les concerts que j’ai chantés depuis un bon moment. Je dois avouer que le Christ m’a bien accompagné ces derniers temps, même si je n’y crois pas plus et que j’ai fait ma première communion…

C’est pour ça que je ne veux pas qu’il arrive malheur à ma grand-mère… Elle souffre d’un terrible cancer des os et c’est pour elle que je joue des concerts et que je gagne de l’argent : je lui paye tous ses traitements.

À chaque fois qu’elle me parle du Seigneur, j’ai toujours le sourire au visage. Je m’assois, là, dans son salon et nous discutons un peu de religion. Je revois son doux sourire.

Elle est vraiment un ange. Ma crise passe. Le sang regagne mes bras et mes jambes. Je ne suis plus pâle et moins fatigué. J’allume le moteur et pars en direction de Clermont-Ferrand.

Foutu maladie…

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