Chapitre 8 : En route!

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De nuit, la forêt est flippante. Pas le choix : Kahlee part demain matin pour la ville et la réaction de l'Eglise sera rapide une fois les mots « explosion de mana corrompu » prononcés. Il fallait mettre autant de distance que possible entre le village et moi avant leur arrivée. Pietro ne pourra me guider que jusqu'au matin vu qu'il devait diriger sa petite troupe pour sécuriser la zone de l'explosion avant l'arrivée des Inquisiteurs.

-On va où, en fait ?

On avait contourné la falaise, prenant la direction opposée à celle de la route. Le chemin descends depuis des heures mais je sent qu'il remonte tout doucement. Je n'ai sur moi que mes habits, ma veste d'hiver et un petit baluchon de ce que j'aurai emporté si frère Augustus m'avais amené le matin même en ville. Un arrêt à un buisson m'avais permis de faire le plein de baies mais il n'y a pas d'arbres à viande de disponible.

-Je t'emmène jusqu'à la sortie de la forêt. Tu continue tout seul, après.

-Hein... Comme ça ?

-Je ne te lâche pas dans l'inconnu non plus. Il y a un fort plus ou moins abandonné en vue. Très loin, mais en vue.

-Plus ou moins... Plus ou moins des brigands c'est ça ?

-Heu... Dur à dire. C'était un fort d'entrainement pour le combat dans des régions rocheuses de ce que je sais. Il a été vidé de ses soldats pour la guerre et l'armée n'a pas les moyens de renvoyer quelqu'un dedans. Ils l'ont abandonné.

-Tu réponds pas, là !

-Pas des brigands. Des types qui veulent vivre seuls mais pas des brigands.Il y en a un qui vient de temps en temps faire du troc avec moi. Une espèce de trappeur.

Je commence à comprendre. Ichimono est vaste. Très vaste. Très très vaste. Il y a des personnes qui se sentent appelés par ces grands espaces et qui fuient la vie en grosse communauté. Il y a des clans entiers dont la vie se résume à ça. Pour ce genre de personnes, un fortin abandonné est une résidence de luxe.

-Je ne risque rien ?

Pietro me mets une bouteille dans les mains en riant.

-C'est de la liqueur. Dit que tu viens de la part de Pietro le braillard et tu seras bien accueilli.

Le reste de la marche se déroula de façon plus silencieuse. Pietro avait peur que l'explosion ai causé l'apparition de monstres dans la forêt mais on avança sans trop de problèmes. Mes blessures ont presque totalement disparues, Kahlee ayant usée sa magie jusqu'à la perte de conscience. Il ne reste que quelques égratignures qui disparaîtront vite fait donc rien qui me relierait à ce massacre. Même si notre vision nocturne n'est pas parfaite, elle est bien meilleure que celle des humains. Les arbres s’espacèrent en même temps que le ciel commença à s'éclaircir.

On se trouve à un sommet de colline. Le sol commence à décliner rapidement de l'autre côté, formant un ensemble de gros monticules de pierres. La terre est rare par ici. On voit effectivement une tâche sombre au loin.

Au sommet d'une falaise.

Totalement imprenable.

Totalement inaccessible.

-C'est une blague ! Comment je rejoint cet endroit ?

-Pas la moindre idée. Le trappeur y arrive bien, lui.

On se sépare poliment : Il a fait vœu de protéger les villageois, même moi qui lui en ai pourtant fait voir des vertes et des pas mûres ces dernières années. Très droit pour un Kitsune, il n'aimait pas le fait de marcher en-dehors des clous pour venir en aide à un trublion notoire. Je lui dit un au revoir dont je me doutais bien qu'il s'agit en fait d'un adieu avant de me mettre en marche vers le fortin.

Les bottes ne suffisent pas.

Marcher sur des pierres pendant quelques minutes c'est une chose, le faire pendant des heures, une autre ! Mes pieds sont de plus en plus douloureux et je n'ose pas retirer mes bottes pour voir leur état, ayant peur que ça me convainque de m'arrêter.

En plus de ça, mon essai de la Magie de Soin n'a rien donné : soit ce n'est pas considéré comme une blessure, soit je fait ça mal.

Deux jours et une nuit passées à marcher. Avec la nuit précédente, on peut dire deux jours et deux nuits. Ça donne le temps de réfléchir. Et de regretter.

Le pauvre frère Augustus ne méritait pas ça. Il était vieux et était venu dans ce village perdu pour finir sa vie en paix. Les orphelins étaient sûrement son tout dernier travail et me faire devenir prêtre son tout dernier accomplissement. Le grand Moufflon devait lui avoir gardé une place au chaud mais ce n'était pas à un abruti comme Gras-double de l'envoyer si vite à la réception céleste.

Entre-temps, des souvenirs m'étaient revenus.

C'était qui, d'ailleurs, le gars qui les as massacrés ? Je n'ai encore jamais vu un humain et je doute qu'ils soient aussi puissants.

Un guerrier ? Vu comme il a arrêté le coup de hache, c'est plausible.

Un mage ? La puissance du sort utilisé plaide en sa faveur.

Il existe aussi des mages / guerriers ou des soldats / mages mais ils sont rares et ne brillent dans aucun des deux domaines, utiles au sein des armées pour leur polyvalence.

Je peut retourner le problème dans tous les sens, mon sauveur est quelqu'un de bizarre. Il n'est pas resté pour une récompense, m'a laissé à moitié mort (merci Kahlee ! Pour une fois, je suis content de ta sale habitude de rester dans mon ombre) et utilise une magie laissant un paquet de mana corrompu.

Je n'ai pas très envie de revoir quelqu'un d'aussi bizarre et j'espère sincèrement qu'on ne se recroisera plus.

Je ne veut pas dormir. Un endroit où un trappeur s'installe n'est pas connu pour son absence de faune sauvage. Ce n'est pas parce que je ne vois rien que rien ne me voit. Seule tache sombre sur un océan de rocaille blanchâtre, je suis visible comme le nez au milieu de la figure.

M'arrêtant pour reprendre mon souffle après un passage particulièrement retors, j'admire le fortin. Il est bien plus près à présent et même si je le vois par-dessous, j'imagine sa structure.

Les murs sont rougeâtres comme la partie de la falaise où il est juché. Ils doivent être hauts. Dix mètres minimum. Aucune porte n'est visible du côté qui me fait face donc il faudra au moins que je le contourne. Il y a des tours aux coins, du moins sur un des coins, l'autre tour est éboulée. Une espèce de château massif dépasse sur la gauche, les bâtiments des deux tiers restant devant être plus bas que le mur d'enceinte donc invisibles.

Pas le moindre feu.

Pas le moindre signe de vie.

Enfin, si, je veux dire que je vois de temps en temps de la fumée qui en sort mais au village on allume des braseros pour écarter les animaux alors qu'ici les habitants donnent l'impression de faire le mort.

Je n'ai encore vu personne parcourir les remparts.

Pas sûr que je les verrai, mais en tout cas je n'ai vu personne.

Avec un soupir, je reprends la marche.

C'est devenu une ascension.

Ayant deux falaises à ma disposition à Haute-côte, je dispose d'un chouïa d'entrainement.

Comprendre, le temps qu'il fallait aux adultes pour me repérer et me faire tomber en me lançant des pierres.

C'était trop dangereux qu'ils disaient. Bandes d'imbéciles ! S'ils m'avaient laissé faire j'aurai maintenant une compétence Escalade qui me serait salement utile!

Pas la moindre trace de voies dégagées par un utilisateur précédent, voir une piste animale. J'ai fait un bon kilomètre dans un sens puis dans l'autre au pied du mur de pierre sans rien voir. De guerre lasse, je me suis attaqué à la falaise à un endroit un peu éboulé, donc en pente moins raide. Les pierres rouges composant les montagnes au-delà de la falaise ont des bords presque tranchant, la roche étant très solide en elle-même elle s'est brisée en quelques gros blocs lors de l'effondrement. Les pierres blanches, formant le gros de la vallée que je viens de traverser et celui de la falaise, est un peu plus friable et fournis des prises utilisables.

Peu habitué, l'ascension est lente. Surtout que je veut éviter de redescendre d'un seul coup avec un arrêt définitif façon flaque de sang.

Je suis épuisé, la longue marche dans les roches et le manque de sommeil ne m'aidant pas du tout.

Il faut que je m'arrête même si j'ai à peine monté dix mètres.

Je trouve une petite caverne à peine suffisante pour que je m'y allonge. Je m'attache une ficelle autour d'une grosse pierre et à mon poignet, ne tenant pas à souffrir d'une crise de somnambulisme radicale. Au lever, j'ai mal partout, sans surprise. Je finit le pain et le fromage qui sont tout ce qui reste de comestible (sorti de l'alcool) pour réunir ce qui me reste de forces avant la dernière ascension.

Sans vraiment y croire, je vais regarder la liste de mes compétences.

Compétences actives :

Travail à la ferme Niv.8

Travaux domestiques Niv.7

Viabilisation de terrain Niv.6

Bagarre Niv.6

Lancé d'objets Niv.6

Compétences :

Travail à la ferme Niv.8

Travaux domestiques Niv.7

Viabilisation de terrain Niv.6

Bagarre Niv.6

Lancé d'objets Niv.6

Grainetier Niv.1

Culte : Kitsune Niv.7

Culte : Hitsuji Niv.5

Analyse Niv.1

Arme Contondante à une main Niv.1

Escalade Niv.1

Magie de soin Niv.1

Hourra !

Je ne me serai pas écorché les mains pour rien au moins !

Je mets vite fait la compétence Escalade à la place de Bagarre avant d'attaquer la dernière montée de façon confiante.

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