Chapitre 17 : Des bois bien changés.

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Les efforts ridicules de l'armée ont au final joué contre les habitants du fortin. En insistant dans leur traque plus que de raison, ils ont poussés les monstres à aller encore plus profondément en forêt ce qui a rendu la chasse plus complexe pour les ours. Au final, une bonne moitié des monstres rescapés se sont dispersés dans la forêt aux cerfs de cendre. Les trappeurs, les Inus et même Nektaria vont devoir mettre les bouchées double pour sécuriser la zone. Les monstres pour lesquels l'habitat naturel est trop différent vont forcément vite ressortir de la forêt et retourner dans les plaines, grottes ou autre lieu de prédation. Mais il y avait encore tous les autres !

Du coup, c'est un fortin bien vide que je quitte ce matin pour chercher feuilles mortes et humus. Rada monte la garde et n'a pas l'air ravi de le faire.

Il voulait m'accompagner mais sa mère a dû le remettre en place efficacement vu qu'il n'a même pas osé me dire au revoir.

Il passe de temps en temps me voir aux Herbes. Il faut dire qu'il s'entraine au maniement d'arme dans la cour du manoir et je suis très impressionné par son style de combat, tout en vitesse avec des armes légères mais d'aspect redoutable.

Il voulait s'entraîner avec moi mais sa mère a refusé.

Tant mieux, je n'aurai pas été certain d'y survivre...

Il y a moins d'animaux qu'avant à présent. L'hiver sur le point de frapper n'a rien à voir avec ça, c'est plutôt l'effet de la horde de monstres qui les as effrayés. Les écureuils, oiseaux et autres petites créatures capable de se mettre hors de portée sont encore là mais tout ce qui est biche, chevreuils et sangliers se sont évaporés. Les Okamis m'ont dit que l'armée en a aussi tué et a rapportées les meilleurs pièces de viande, laissant le reste pourrir.

Vu le ton de voix employé, tout ce qui porte un uniforme a dorénavant dans cette forêt l'espérance de vie d'une bouteille de bière dans une taverne un soir de fin de récolte.

J'ai déjà fait près de cinquante mètres carrés de sol cultivable, ce qui signifie que je dois m'enfoncer de plus en plus profondément dans la forêt pour éviter d'endommager les racines des arbres.

Je profite d'une clairière dotée d'un joli rocher dépourvu de mousse pour m'installer à son sommet et prendre un peu de repos.

Buvant un peu d'eau directement du cruchon en terre cuite sorti de mon Inventaire, je jette un œil à ma liste de compétences.

Compétences actives :

Discrétion Niv.4

Escalade Niv.2

Viabilisation de terrain Niv.8

Arc Niv.3

Lame à une main Niv.2

Compétences :

Travail à la ferme Niv.8

Travaux domestiques Niv.8

Viabilisation de terrain Niv.8

Bagarre Niv.6

Lancé d'objets Niv.6

Grainetier Niv.3

Culte : Kitsune Niv.7

Culte : Hitsuji Niv.5

Analyse Niv.5

Arme Contondante à une main Niv.1

Escalade Niv.2

Magie de soin Niv.1

Apprentissage Niv.6

Travail du bois Niv.3

Travail du métal Niv.2

Équarrissage Niv.3

Travail de cuir Niv.2

Travail de la fourrure Niv.3

Chasse Niv.1

Pêche Niv.2

Discrétion Niv.4

Cueillette Niv.4

Arc Niv.3

Lame à une main Niv.2

Sensibilité au Mana Niv.2

Contrôle du Mana Niv.1

Hank a dit qu'à partir du niveau 5 on peut vivre de la compétence et à partir de 10 on est un professionnel respecté, hein ?

Sans surprise, Tout ce qui a trait avec l'agriculture frôle le seuil de respect mais, vu que je suis un Kitsune, personne ne trouvera ça bizarre. Mes talents d'artisan ne peuvent s'améliorer que lorsque Hank ou les trappeurs ont du travail à me donner mais vu qu'ils préfèrent me voir me concentrer sur la future culture, ça n'augmente plus beaucoup. Même en m'agitant comme un dératé des heures durant dans ma chambre, je ne peut pas améliorer mes scores pour tout ce qui a trait à l'armement, l'Arc étant une exception vu que je n'ai jamais tiré que sur des cibles en bois avec des flèches sans pointes.

A un moment ou un autre, il faudra que je demande des cours aux Hatos mais à lequel des deux ? Nektaria ne brille pas par sa pitié et Rada est si enflammé une fois lancé qu'il me fait peur...

Pour la Chasse, il faudrait déjà que j'arrive à surprendre du gibier. Le score de Discrétion commence à devenir intéressant et me semble promis à un bel avenir, ma nature de Kitsune aimant naturellement l'idée de furtivité. Je pêche de temps en temps dans les cours d'eau mais il y a peu de poissons par ici, la plupart étant dans un lac situé dans la forêt aux cerfs de cendre donc rien pour améliorer sensiblement mon score de Pêche.

Analyse et Apprentissage sont dans une catégorie à part, étant très utiles à présent quoi que je fasse. Vu que la catégorie en question s'appelle « triche », je ne suis pas pressé d'être célèbre pour avoir ces deux compétences.

Les arbres à feuillage caduques ont presque tous perdus leurs feuilles et le seul vert m'environnant est fourni par les sapins. L'hiver est bientôt là et je ne pourrai donc plus faire de viabilisation, faute de feuilles mortes. Rudy voudrait bien profiter de la saison hivernale pour m'apprendre la chasse plus sérieusement (c'est facile de suivre les traces dans la neige après tout), Hank a en tête de me faire bosser avec lui dans la forge et Zanathi est excitée à l'idée d'avoir un nouvel apprenti en magie.

Mon planning sera bien rempli.

Au moins, personne ne me demande de faire des messes.

Il y a des totems de tous les clans au fort Briseur. Pour une raison qui m'échappe, ils sont dispersés dans l'enceinte, accolés à toutes les murailles. Comme si ils étaient là pour bénir les murs d'enceinte. Tous les totems sont bien entretenus et je voie rarement quelqu'un y prier.

Remettant mes affaires dans mon Inventaire, je descend du rocher et continu à descendre côté Levant, vers la ville de Jardin Bleu. Enfin, plus précisément vers la vaste forêt entre le fortin et la ville.

Quelque chose ne tourne pas rond.

Je n'ai pas ce truc appelé Sens du Combat ou autre compétence me permettant de détecter un adversaire propre aux héros mais je sent un malaise autour de moi et en moi.

Le silence.

Plus d'oiseaux, de bruit d'origine animal. Plus un chant, à part au lointain.

A la volée, je remplace Viabilisation par Sensibilité au Mana.

Trop lent...

Je mets le métier Voyou où j'ai rassemblé Arc, Lame à une main, Discrétion, Analyse et Escalade et remplace Lame à une main par Sensibilité au Mana.

C'est la première fois que j'utilise Sensibilité au Mana en pleine nature et je suis submergé d'informations une fois que je ferme les yeux.

La pulsation rythmique du mana d'eau dans les plantes.

La présence massive du mana de terre sous moi.

La vibration de la vie des insectes dans l'humus.

Mais tout ça est proche de moi, encore plus proche que ma portée visuelle !

J'essaye de sentir plus loin, faisant abstraction de ce que je sait à présent être la normalité ici.

J'ignore jusqu'où je suis allé, la notion de distance n'ayant plus court dans le monde de la magie, mais je finis par sentir une anomalie.

Une chose atroce.

C'est comme contempler un sac de toile rempli de serpents garnis de piques. Une espèce de masse centrale instable dont les contours flous bougent en permanence de façon frénétique, donnant une impression de danger acéré à l'observateur.

Et ça vient vers moi.

Élargissant encore un peu la vue, je remarque que cet être n'est pas seul. J'ouvre les yeux et reprends mes esprits en catastrophe. Ça vient de la gauche. Je n'entends encore rien mais ça ne veut pas dire que ces choses ne m'ont pas repéré, elles !

A la lisière de la clairière, je remarque un beau sapin de grande taille et, point important, doté de branches basses très feuillues. Je l'escalade en quatrième vitesse, montant à près de cinq mètres de haut. Si je monte davantage, je ne serai plus caché par les branches, plus rares à cette hauteur pour cet arbre.

Le dos contre l'arbre et les pieds écartés posés sur deux branches, je guette en direction de la menace, me demandant quelle horreur va débarquer. Je finis par entendre un bruit de branches cassées et d'herbe piétinée. Cette absence totale de discrétion fait tâche dans cette forêt emplie de chasseurs et de proies. Au bout de longues minutes d'un stress terrible, je finis par remarquer que j'ai gardé mon arc bandé tout le long de l'attente et décrispe mes bras douloureux. Puis, il entre dans la clairière.

Un sanglier.

J'ai presque envie de hurler de rire.

Un animal au poil vaguement marron, doté d'impressionnants crocs dépassant de sa gueule trotte lentement au travers de la clairière puis s'arrête. Il pousse un grognement. D'autre sangliers pénètrent dans l'espace entre les arbres et je n'aime pas leur façon systématique de flairer les endroits où je me suis tenu. Puis, ils suivent la trace jusqu'à l'arbre où je me trouve et lèvent la tête pour me repérer.

Je suis un abruti.

Ce pelage hirsute, ces muscles tendus à se rompre, ce regard empli d'une intelligence toute entière tournée vers le carnage...

Ce ne sont pas des sangliers.

Ce sont des monstres.

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