Chapitre 18 : Verser le premier sang.

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Il y a deux types de monstres sur Ichimono.

Il y a tout d'abord les monstres dits Natifs. Ces créatures sont faites de mana corrompu qui se mêle au reste du mana environnant pour former des horreurs toutes entières tournées vers le massacre. Les gobelins, orques, trolls et autres sadiques décérébrés.

Et il y a les monstres dits Mutants qui sont en fait des animaux normaux qui ont été corrompus par une dose massive de mana émanant des monstres Natifs ou de fuites dans le sol. Ils forment le gros de leurs montures, leurs animaux de compagnie et, dans le cas qui m'inquiète actuellement, leur harde.

J'ai trois monstres au pied de l'arbre qui se grognent dessus les uns après les autres. Ça ressemble à une conversation entre vieux potes mais vu qu'ils ont l'air de discuter du prochain repas et que j'ai de bonnes chances d'y figurer, je n'ai pas le temps d'admirer leurs compétences sociales. Je bande mon arc et vise le sanglier que je trouve le plus agressif, le premier qui est rentré dans la clairière. Je le regarde attentivement...

Monstre : Sanglier mutant.

Niveau : 3

Points de vie : ?? / ??

Attaque : ??

Défense : ??

Etat : ?

Tu ne m'apprends rien du tout sur le coup, compétence Analyse !

Je décoche la flèche qui se plante dans l'épaule de l'animal qui pousse un puissant rugissement. Vu que la cible est immobile et à cinq mètres, j'ai encore le temps de tirer une autre flèche. Elle lui perce le museau, une blessure douloureuse mais qui ne l'arrêtera pas pour autant ! Fou de rage, l'animal se dresse sur ses pattes de derrière et pose les pattes avant sur l'arbre, me regardant avec des yeux fous.

Parcouru d'un frisson d'horreur, je décoche ma troisième flèche qui le touche en plein front. La lueur démente s'éteignis dans les yeux de la bête qui bascula doucement sur le côté.

Les deux autres monstres rugirent de concert et j'encoche une nouvelle flèche pour le prochain de ces messieurs.

Monstre : Sanglier mutant.

Niveau : 3

Points de vie : 20 / 56

Attaque : ??

Défense : ??

Etat : ?

Tiens, un changement. Et pourquoi ils ont perdus des points de vie ?

Un impact à l'arbre manque de peu de me faire tomber. J'oublie la lecture et me concentre sur la chasse au monstre.

Ils utilisent leurs crocs disproportionnés pour écorcher l'arbre, massacrant littéralement le tronc dans un bruit d'enfer, mélange de grognements de bête et de craquement de bois.

Vu comme ils s'agitent, deux de mes trois flèches finissent dans le sol. L'arbre commence à pencher sérieusement quand un troisième monstre que je n'ai pas vu arriver lui inflige le coup de grâce, percutant brutalement d'un coup de tout son corps contre le tronc fragilisé et faisant basculer l'arbre dans la clairière.

Je mets vite l'arbre entre le sol et moi, la vitesse de chute étant lente vu que le sapin ne s'est pas brisé totalement, la partie attachée ayant retenu un peu le mouvement et les branches s'accrochant aux autres arbres.

C'est la panique totale!

Je me retrouve au sol avec tout un groupe de monstres autour de moi !

Je les entends grogner de l'autre côté des branchages alors que je me colle au tronc d'arbre, protection dérisoire vu qu'il y en a aussi derrière moi.

Je laisse tomber Arc et range l'arme et les flèches dans mon Inventaire, sortant le gros couteau de chasse avec la compétence Lame à une main. Je mets aussi Discrétion et essaye de progresser doucement entre les branches cassées.

Ils m'ont perdu ! Ils poussent des cris bizarres et attaquent une partie de l'arbre où je ne me trouve pas !

Presque couché au sol tant je suis accroupi, je continue de progresser, visant la fin de la clairière et le début du couvert des arbres. Concentre-toi, Mat, concentre-toi !

J'aurai pu m'en sortir s'il n'avait pas débarqué.

Un énorme beuglement qui n'a rien d'animal empli la clairière. Gémissant, les monstres se dispersèrent et un trottinement se fit entendre. Des pas lourds, décidés. Le bruit se changea en charge et l'impact eu lieu à trois mètres de moi.

Le choc monstrueux fit s'envoler l'arbre. Mêlé aux branches dans ma tentative d'évasion, je me fait emporter, les pieds ne touchant plus le sol sur plusieurs mètres avant de retomber lourdement. Je roule sur moi-même ayant peur que le tronc me retombe dessus.

En fait, il s'écrase contre les arbres de la lisière, formant un rempart infranchissable. Je me retrouve face à un nouveau monstre.

On dirait un sanglier.

De loin, la nuit, dans le brouillard et de dos, il pourrait passer pour un sanglier.

Tout bonnement énorme, mesurant plus d'un mètre de large au niveau des épaules, il a un crâne orné de nombreuses excroissances pointues et une crête d'un rouge vif part du sommet de sa tête et parcourant son corps jusqu'à la queue pointue. Le poil est d'un noir profond parcouru de stries bleues sombres lui donnant un air de tigre trapu ayant pris une option « dentition cauchemar ». Aucune de ses dents n'a l'air de servir pour manger, toutes pour tuer vu qu'il s'agit de crocs orientés vers l'extérieur en un arrangement chaotique terrifiant.

Monstre : Sanglier de sang pourpre

Niveau : 11

Points de vie : ??? / ???

Attaque : ??

Défense : ??

Etat : ?

Un monstre Natif.

Mon couteau a l'air ridicule comparé à l'arsenal qu'il a, pour ainsi dire, à portée de bouche. Mais c'est tout ce que j'ai.

Le temps que j'encoche une flèche, il aurait le temps de me piétiner.

Il prend le temps de sentir ma peur, trottant à droite et à gauche pour me couper toute retraite. Les monstres Natif sont cruels, tuant pour le plaisir de tuer. Je pensais que c'était des bêtises pour faire peur aux enfants mais non, ils sont vraiment aussi vicieux.

Je suis mal.

Je suis très mal.

J'ignore comment ça se fait que je ne me suis pas encore fait dessus et que je ne suis pas encore mort.

Dès qu'il fait un mouvement vers moi, je hurle.

Ne me demandez pas quoi, je hurle, c'est tout. Un cri bestial.

Ça ne le fait pas partir. Ça l'amuse.

Il recule de quelques pas. Puis charge.

C'est comme si un pan de montagne vous déboulait dessus.

Je bondit sur la droite mais je sens une vive douleur à la jambe gauche pendant que je suis propulsé sur les cailloux de la clairière.

Ma jambe saigne, touchée par un des crocs.

Il prend à nouveau son temps et j'en profite pour remplacer Escalade par Magie de soin, utilisant le sort de soin en catastrophe.

Le saignement s'arrête, la plaie se refermant comme vue en accélérée mais la jambe est encore rougie par le sang perdu auparavant.

Satisfait de la frousse que je ressent, le monstre me charge à nouveau.

Ce coup-ci je saute bien avant et ramène mes jambes pour éviter l'impact.

Surpris, le monstre s'arrête presque tout de suite, se demandant pourquoi il n'a pas ressentit de corps à piétiner. J'en profite pour sprinter et enfoncer mon couteau entre deux côtes.

Son pelage est aussi coriace qu'une armure de cuir mais le couteau est affûté et j'ai l'habitude de traiter des peaux à présent. La lame s'enfonce sur la moitié de sa longueur.

Du sang noir coule de la plaie et le monstre hurle. Je retire vite fait la lame avant qu'il ne bouge.

Son regard est à présent encore pire qu'avant.

Il me fonce dessus, remuant la tête de droite à gauche pour me me priver de toute possibilité d'esquive latérale.

Je bondit par-dessus, m'appuyant de la main gauche sur les épaules massives.

Il n'a dû rien ressentir car il s'arrête une fois de plus, interdit.

Nouveau coup de poignard, nouveau hurlement.

Le sang noir lui coulant de la bouche, il laisse tomber les charges et cherche à m'attaquer. Je recule jusqu'à la lisière, remarquant qu'il n'y a pas de monstres sangliers derrière moi.

Je fiche le camp.

Si tu veux un combat honorable, choisit un Hato !

Filant entre les arbres, je zigzague comme un fou en entendant l'animal briser les branchages derrière moi. Pas de sangliers mutants ? Pas le temps de penser à ça !

Puis je me mets brutalement accroupi et me glisse furtivement sur ma droite alors que je dépasse un bosquet épais.

Le sanglier de sang pourpre me dépasse et, une fois de plus, il s'arrête, se rendant compte qu'il a perdu ma trace.

Je le frappe pour la troisième fois. Etant un peu plus calme à présent, j'ai visé à l'endroit où devrait se trouver son cœur.

Le monstre ne rugit pas, tombant tout doucement à genou avant de s'affaisser sur le côté, comme un arbre que l'on abat.

La terreur me frappe à rebours et je tremble de tout mon corps, les oreilles plaquées sur la tête et la queue collée à la jambe.

Soudain, je sent quelque chose qui me happe les chevilles.

Hurlant, je bascule en arrière et m'agite en tout sens, cherchant à me libérer.

Puis m'immobilise.

Deux petits animaux me mordillent les chevilles. Un louveteau et un renardeau. Ils doivent à peine être sevrés.

Leurs dents minuscules n'arrivent pas à passer à travers mes bottes épaisses mais ils insistent stupidement.

Pourquoi ils m'attaquent ?

Monstre : Renardeau Mutant.

Niveau : 1

Points de vie : ?? / ??

Attaque : ??

Défense : ??

Etat : ?

Monstre : Louveteau mutant.

Niveau : 1

Points de vie : ?? / ??

Attaque : ??

Défense : ??

Etat : ?

Ces pauvres bêtes ont dû être transformées par le contact du mana impur du Sanglier au sang pourpre. Je n'ai pas vu d'autres animaux de ce genre avec la harde, donc ils doivent être seuls.

Impossible de les rendre à leurs parents dans cet état.

Le cœur lourd, je brandit le couteau.

Et m'arrête. Je repose le couteau et ralentit ma respiration.

Sensibilité au Mana.

Je ferme les yeux, ignorant l'agitation des deux êtres et me concentrant sur leur mana.

Je vois la masse informe et écoeurante comme avant, mais bien plus petite par rapport aux sangliers.

Au milieu, il y a un autre mana, normal, lui.

Je pense à Zanathi et ramasse deux pierres que je brandis à bout de bras au-dessus des petits animaux.

Nouveau changement de compétences.

Manipulation de Mana.

J'attire le mana corrompu vers les pierres, laissant le mana de terre se faire englober et détruire par cette horreur difforme. Puis je change de pierre quand elle est totalement désagrégée. Au bout de trois pierres par animal, tout le mana impur a été consommé.

Je ne ressent plus rien à mes chevilles et ouvre les yeux.

Les deux petits animaux me regardent, comme fascinés.

-Bien. Vous êtes officiellement sauvés. Filez chez vos parents. Allez !

Je fait un geste large mais les deux animaux n'ont pas peur. Leur regard brille de la même intelligence que les monstres sangliers d'avant mais sans la lueur de folie meurtrière.

-Allez, filez !

Ils reculent de quelques pas, courent jusque derrière un bosquet, me regardent du coin de l'arbre, puis disparaissent.

Ça fait plaisir à voir après toute cette horreur. Je me sent mieux.

Je me tourne vers le sanglier monstrueux et pousse un cri. Heureusement que je suis assis !

Il est en train de disparaître !

Rien à voir avec une décomposition rapide, le corps se change en petites particules de lumières multicolores en partant des blessures. Les particules se désagrègent au bout de quelques centimètres, comme si elles s'éteignaient.

Pris d'une inspiration subite, je ferme les yeux et active Sensibilité au Mana.

Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau !

La carcasse est devenue une symphonie de mana de tous genre qui se disperse aux quatre vents que ce soit en de fines lignes vers le ciel ou en d'étranges racines vers le sol. C'est comme voir une explosion de confettis au ralenti. Au bout de quelques minutes, je ne ressent plus rien de particulier à part deux masses de mana qui sont encore présentes à l'endroit où le monstre est tombé. J'ouvre les yeux, me relève et vais voir.

Il y a une fourrure d'environ deux mètre carrés reprenant le motif noir strié de bleu du monstre et un croc. Le tout est très propre, pas de sang, de graisse ou de chair.

Fourrure de Sanglier de sang pourpre. Qualité : supérieure. Prix : 25 Ke

Croc de Sanglier de sang pourpre. Qualité : normale. Prix : 12 Ke

Avec un grand sourire, je mets ça dans mon Inventaire.

Mon tout premier loot.

Bruit derrière moi.

Je sort l'arc et les flèches de l'Inventaire et vise entre les arbres.

Rien.

Le bruit s'éloigne.

Un bruit de pas lourd et déterminé.

Je reprend mon souffle en l'entendant passer au-delà de trente mètres.

Il part.

Pfiou.

Moi, je rentre.

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