Chapitre 40 : Corruption littéraire.

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-Pourquoi nous inviter dans votre demeure à présent ? Vous avez obtenu ce que vous vouliez, non ?

-Mon père est dans le cachot, au pain sec et à l'eau pour réapprendre la beauté et la valeur de repas équilibrés. Les agents sont dans un autre cachot en train de subir un interrogatoire en règle pour savoir si ils ont un lien avec la mort de ma mère. La Milice reprend du poil de la bête et l'argent va être mieux distribué. Mais les ennuis ne sont pas finis. Nous n'avons pas de réserves de grains pour l'hiver !

Effectivement, en faisant construire les greniers et les silos dans les villages environnants, Jardin Bleu est devenu tributaire de leur bon vouloir. Et l'armée des Nobles bloquait toujours tout trafic. Les Templiers peuvent contrôler un ou deux villages mais ils ne sont pas assez nombreux pour reprendre toute la Ferme.

-J'ai peu d'alliés dans la région. Mégumi Tachibana veut juste reprendre son commerce et ne peut m'apporter aucune aide supplémentaire tant elle a déjà fait. Sire Claudius sera forcément appelé sur des sites plus appropriés pour sa troupe. Votre appui serait un soutient indéniable.

-Hein ? Je ne suis qu'un niveau 8 !

Derrière moi, le canapé gémit sous la manœuvre de l'Hitsuji qui en sort sans la moindre délicatesse.

-Minute gamin. J't'ai vu faire. T'as repéré le glyphe du carcan. Tu l'as neutralisé d'façon grandiose. T'as tenu tête à un p'tain d'Inquisiteur ! Tes potes et toi avez carrément passé sur l'autorité pour faire une des épurations d'Mana Corrompu les plus impressionnantes et rapides que j'ai jamais vu ! Z'allez pas m'faire croire qu'vous êtes qu'des débutants ?!

-Heu... si ?

-†Nous sommes les plus petits niveaux de notre troupe. On se demandait pourquoi on n'arrivait plus à commercer avec Jardin Bleu alors on a été envoyés pour voir d'où venait le problème.†

Zanathi !? Qu'est ce que tu fous ??

-Oh ? Quelle genre de marchandises vouliez-vous donc avec tant d'ardeur pour faire une opération aussi risquée ?

-†Des légumes, du sel, des épices, des clous de charpentier, ce genre de choses...†

-Vous avez infiltré ma ville, mis à bas mon père et renversé le pouvoir des Nobles Paysans pour... le contenu d'une épicerie ?

-†Plus maintenant très chère... Où est-ce que vous rangez vos... grimoires magiques ? Kuhuhuhuhu†

En voilà une qui ne perd pas le sens des affaires...

J'ai cru qu'on allait tirer le vendeur de son lit mais personne ne dort dans la ville. Dans le même jour, un démon a été exhibé et purifié, un Inquisiteur humilié, le Fermier renversé par sa fille et les rues sont pleines de Templiers.

Tout le monde veut voir si il va y avoir une suite.

Les Kitsunes sont bon public après tout.

Les grimoires sont vendus dans une librairie. Après tout, il s'agit de livres. Il faut un certain talent en magie pour pouvoir les utiliser efficacement et les grimoires de base sont donc en vente libre. Il s'agit de la plus grosse librairie de la ville, sur trois étages. Les grimoires sont tout en haut, au niveau d'une mezzanine donnant sur le comptoir deux étages plus bas. Nous sommes seuls, le propriétaire un peu étonné restant dehors sous la garde de la Milice.

-Les grimoires de niveau intermédiaire ne sont pas en vente ici, vous savez ?

-†Kuhuhuh... Aucune utilité. Il est plus important de maîtriser les bases...†

-Après l'festival d'épuration, vous causez des bases. Z'avez un drôle d'humour.

-†Père Mattéo n'a jamais ouvert un grimoire de sa vie. Imaginez ce qu'il pourrait donner... Kahahaha... J'ai hâte...†

-Hein ? Est-ce vrai que vous n'avez jamais étudié de grimoires ? Comment avez-vous maîtrisé l'art de l'épuration dans ce cas ?

-Ben... sur le tas. Pendant que les deux monstres me mordaient les jambes. J'ai épuré leur mana.

Gros silence. Je regarde vers le bas pour voir les deux personnes qui étaient restées au niveau du comptoir. Oui, elles sont toujours là mais bouche bée.

Je commence à avoir l'habitude de voir les gens me regarder comme ça. Est-ce mauvais signe ?

-Z'avez épuré le mana d'monstres... pendant qu'y vous grignotaient ?! Pourquoi ?

-Ben, je les ai trouvés trop mignons pour mourir bêtement comme ça. Ils se sont attachés à moi et je les ai confiés à des amis pour le temps du voyage.

-Mignons...

-Oui madame Ricci. Je les ai baptisés Crocs et Griffe. Ils sont adorables.

-†Et voilà le trésor digne de mes mains noires... Kuhuhuhu...†

Je retourne vers la Komori dont la santé mentale remonte en flèche depuis qu'elle n'est plus sous la bure de moine.

Enfin, sa variante de la santé mentale.

Elle a effectivement trouvés les grimoires pour débutants. Bien alignés sur la même rangée, leur couvertures sont de la couleur de l'élément qui y est consacré : rouge pour la magie de feu, marron pour la magie de terre, gris pour la magie d'acier, etc... J'en prend un au hasard et le feuillette. L'écriture est serrée et les seules images sont des schémas complexes. Il me faudra beaucoup de temps pour en déchiffrer ne serait-ce qu'un seul !

Ce coin un peu à l'écart est une bonne trouvaille car il contient aussi tout ce qui est dédié aux arts magiques pour les débutants. J'y trouve un ouvrage sur la confection de potions, un sur les enchantements d'objets (art différent de celui des glyphes) et pas mal d'autres sur des sujets qui m'échappent mais qui doivent ravir les accros de la magie.

Je décide de mettre le livre des potions et des enchantements avec les autres livres de base sur la magie. Chacun d'entre eux est à peu près aussi épais que ma main et le tout est un peu lourd. Arrivé au rez-de-chaussé, je remarque que Zanathi est devant un tas de petits livres anonymes, sans titres sur la couverture. Elle les as posés sur le comptoir et je pose ma moisson à côté.

-C'est quoi ces livres ?

-†Des ouvrages... d'art.†

-Une forme d'art très particulière dame Zoé.

-†Disons qu'il faut une certaine sensibilité pour l'apprécier.†

-Je l'admets volontiers. Saviez-vous que dame Marjorie a écrit une nouvelle trilogie ?

-†Oh ? Je n'ai lu que celle du camp d'esclaves...†

-Son œuvre de jeunesse ? Elle est introuvable, comment avez-vous pu mettre la main dessus.

-†J'ai mes moyens... Kuhuhuhu.†

-Nous pourrions... échanger quelques tomes...

Les deux jeunes femmes eurent un sourire entendu me faisant froid dans le dos. Je détourne la conversation en tapotant ma propre pile de livres.

-Voila le prix de votre tranquillité !

-Ma tranquillité ? Vraiment ? Avez-vous l'intention de me faire chanter.

-Non, mais vos adversaires vont le faire comme des siffleurs verts de canopée ! Quels sont vos plans dans l'immédiat ?

-C'est simple : transformer le restaurant et le champ de course pour chien en greniers. L'espace dégagé du champ de course fera une bonne base pour poser les silos. Ensuite, transférer le contenu des silos des villages environnant un par un pour avoir des réserves en hiver avant le départ de sire Claudius.

-Mais les nobles vous mettront des bâtons dans les roues. Ils vont rationner la ville et vont dire que c'est de votre faute !

-Oui, j'en suis consciente, raison pour laquelle je devrai me presser avant que la population de la ville ne se révolte.

-Mais que dira cette même population quand elle entendra demain matin le moine pérégrin proclamer que je les laisse entre de bonnes mains ? Que le moine a été très satisfait du comportement de dame Isabella Ricci, seule a avoir exprimée des doutes quand à la nature démoniaque de la pauvre Hitsuji ? Qu'il considère qu'elle est la seule apte à guider la ville vers un futur bon pour tous ?

-Vous feriez ça ?

-Et plus encore si vous avez un discours potable et pas trop dur à retenir.

-Mais vous allez partir. Loin. Que se passera t'il si ils fomentent un coup sournois contre moi ?

Elle fait deux pas en avant en ma direction.

Le charme est une arme destructrice et, hélas, non interdite même par les tribus guerrières les plus fanatiques et extrémistes.

-Ben vous enverrez un message. Je ne suis pas si loin. J'habite le vieux fort à l'autre bout de la forêt, en vue côté couchant. Je suis un Briseur.

Encore une fois, elle a l'air interdite.

-Mais... mais... on m'a dit que ce sont des trappeurs... des personnes à moitié sauvages...

Je passe mentalement en revue la galerie de portraits.

Dur à nier.

-Oui, mais on aime bien avoir du savon, du sel et du poivre comme tout le monde. Donc, quand les Nobles Paysans nous ont coupé le troc, ça nous a agacés.

L'Hitsuji éclate d'un rire hystérique, frappant du poing sur le comptoir. Il nous as tous fait sursauter.

-Du savon ! Z'avez planté un complot d'dix ans d'âge parce qu'y vous ont empêcher d'faire des bulles ! J'vais pas écrire d'rapports sur vous, personne ne m'croirait ! Bwahahahaha !

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