Bonus : En attendant la victoire.

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J'ai quand même de la chance.

Ma famille est si riche que je n'ai pas besoin de travailler. Je passe donc tout mon temps à m'amuser et, surtout, à faire du cheval. Ma grande passion.

Les plaines sont vastes et j'aime bien me promener pendant des jours entiers. C'est comme ça que j'ai fait connaissance avec Giacomo Andreticelli : Sa bande voulait faire une virée mais pas un était capable de seller lui-même son cheval ! Je leur ai appris et quand ils ont compris que ma famille était riche ils ont arrêté de se foutre de moi.

Je ne sait pas à quoi pensaient vraiment mes parents quand ils ont acceptée la proposition des Nobles Paysans. Oui, on aura plus d'argent mais l'idée de limiter la circulation dans les plaines m'agace. Je ne serai pas empêché de galoper, mais quand même !

Je me retrouve avec Giacomo. Lui et sa bande forment une petite troupe de soldats au sein de la nouvelle armée des Nobles Paysans. C'est sous les ordres d'un capitaine qui vient lui aussi des Nobles donc il passe plus de temps à s'amuser et à courir la gueuse que de risquer sa vie contre des monstres. Ils se sont débrouillés comme des guignols au moment d'exterminer la horde de monstres chassés des plaines. Je dois être le seul à savoir utiliser l'épée dans le peloton ! Mais le capitaine ne leur en voulaient pas : selon lui, l'objectif était que les villageois voient tous les monstres des hauts des remparts. Je ne sait pas pourquoi et m'en moque un peu.

On s'ennuie dans ce village. La ville est à portée de vue. Giacomo dit qu'on a de la chance : on est là car on sera ceux qui dirigeront la ville d'ici quelques mois ! J'y suis déjà allé pour voir lors d'une de mes permissions et je n'ai rien vu d'exceptionnel par rapport à mon gros village. Giacomo parle sans arrêt des filles de la ville, des casinos, des courses de chien... Je souris et rigole : il aime ça et croit que je suis d'accord avec lui. J'ai un cheval et ça me suffit.

Aujourd'hui on a de la visite : des personnes sur la route. Les villageois sont terrés dans les maisons et un contrebandier ne viendrait pas comme ça vers la porte principale ! On est en patrouille hors des murs donc on s'approche. Je vois un cheval alors ça m'intéresse.

Ce n'est pas un cheval. C'est une centaure.

Ce n'est pas la première fois que j'en vois un, parcourant les plaines depuis tout gosse j'en ai déjà croisés quelques uns. Mais celle-là est impressionnante ! Musclée sous des fourrures bien entretenues, elle a une chevelure d'un roux flamboyant dotée de perles passées dans les nombreuses tresses. Sa vigilance de tous les instants est caractéristique de ces Yukimimis sauvages qui luttent chaque jour pour leur survie.

Il y a aussi un Hato. Il m'a l'air bien jeune pour le travail de mercenaire, plus que moi je dirai. Mais il est parfaitement équipé avec une armure qui a beau être de cuir mais que je soupçonne d'être plus résistante que nos plastrons de métal. Son épée est dans la tradition Hato : Superbe et fonctionnel. C'est un beau gosse d'un blond comme les blés : il va faire des dégâts chez les filles ! Giacomo le déteste déjà.

Les trois autres sont des moines. Je comprends alors qu'il s'agit de moines pérégrins. Celui qui marche en tête avec une robe un peu mieux cousue doit être celui qui dirige le groupe. Il est petit mais moins que l'un des suivants qui doit être un gosse ! L'autre semble être une femme vu le peu qui est visible par la capuche. Une femme très maigre.

Giacomo leur cherche des noises alors qu'on doit juste vérifier si ce ne sont pas des contrebandiers voulant introduire des marchandises dans le village. Embaucher un Hato et une centaure serait un sacré investissement pour ça ! Ce ne sont donc que des moines mais Giacomo et ses amis s'ennuient à ce poste et cherchent donc des crosses pour passer le temps. Il cherche aussi à draguer la centaure mais s'y prend mal. Elle le renvoi dans ses pénates sans ménagements. Ça me fait rire.

Giacomo veut encore s'amuser. Il en a après la jeune moine maintenant ! On est donc cachés dans une ruelle en vue du puits juste derrière la chapelle où le groupe se repose. Aller chercher de l'eau c'est la tâche de subalternes et le gamin serait bien incapable de tirer de l'eau puis de porter le seau. Je n'aime pas l'idée de s'en prendre à une ado, encore moins à une moine. Les amis de Giacomo, ça ne semble pas les déranger.

On entend une porte s'ouvrir et la lumière vient de la porte de la chapelle. Une ombre est portée en direction du puits. Giacomo se lèche les lèvres et ses amis se préparent à bondir, équipés de cordes et d'un bâillon.

L'ombre s'arrête. Puis repart en arrière. Alors qu'on est tous tendus à se rompre, une chauve-souris passe en rase-motte au-dessus de nos tête. Giacomo et les autres poussent un cri de surprise. J'avoue, moi aussi.

-†Kukuku...†

Ai-je rêvé ce rire diabolique ? Plus tard j'ai discuté avec un prêtre à propos des moines pérégrins et il m'a informé que des fois ils escortent d'anciens criminels en quête de rédemption spirituelle. Je vais essayer de décourager Giacomo demain matin.

Il n'a rien voulu entendre. On se retrouve, cachés dans les buissons sur le bord de la route à se geler les fesses, en train d'attendre le groupe de moines.

Giacomo n'a pas voulu nous dire ce qu'il veut leur faire et ça nous inquiète un peu. On n'est pas très croyants mais les villageois eux, le sont. Si on embête trop les moines, on va le sentir passer parce que on sait très bien qu'un Kitsune connaît milles et une façons de rendre votre vie impossible.

Il est bientôt midi et toujours rien. Ils m'envoient faire une reconnaissance et j'accepte volontiers, préférant bouger que de geler dans cette cachette de brigands ! Je retrouve facilement leurs traces vu qu'ils sont les seuls à avoir quitté le village avec toute cette neige. Ils ont pris un chemin à travers champ pour rejoindre une autre voie, plus vaste et plus pratique. Je retourner vers Giacomo et sa bande et ces derniers s'énervent que je suis incapable de dire depuis combien de temps ils sont passés.

C'est de la neige, pas de la boue vous savez !

Tout part en vrille ! Très tôt ce matin, lors de la patrouille, on a découvert des traces de pas. Beaucoup de traces. On aurait dit que toute une armée est passée à travers les champs. Pire, elle est passée à travers les petits chemins normalement connus que par les fermiers, des voies utilisées pour le transport des récoltes ou des raccourcis de trappeurs. Plus tard on voit passer un groupe de soldats paniqués. Ils devaient retourner au Quadrant Alpha le plus vite possible ! Je peut me tromper mais on aurait dit qu'ils étaient accompagnés d'un Inquisiteur Hitsuji, un vieux en robe noir et argent.

Le soir on apprend que la ville est prise, mais pas par nous ! Des Templiers en ont pris le contrôle ! C'est quoi cette histoire de fou ?

On a reçu un drôle d'ordre alors que le jour n'est même pas encore levé : Il faut former un groupe de cavaliers rapides et bien armés pour éliminer des agitateurs. D'après la description, c'est notre groupe de moines ! Giacomo se porte volontaire, ayant une dent contre les deux femmes du groupe. Je suis inscrit d'office vu que je suis leur meilleur cavalier. On rejoint un groupe d'une trentaine de soldats et je suis inquiet : ils n'ont rien à voir avec les imbéciles collant aux basques de Giacomo : ce sont des tueurs.

La poursuite est facile : il s'agit de suivre les traces dans la neige. Je ne sait pas encore ce que je vais faire quand je vais les rattraper : après tout, je n'ai jamais affronté que des monstres. Tuer des gens, c'est autre chose. Surtout des moines. Et une centaure.

C'est surtout elle qui m'inquiète. Si les soldats croient avoir un avantage parce qu'ils sont sur des chevaux, ils se trompent lourdement : un cavalier doit à la fois diriger sa monture tout en se battant. Une centaure fait ça beaucoup plus efficacement. On est quatre fois plus nombreux qu'eux mais on a entendu de drôles d'histoires venant de la ville : ils auraient un démon avec eux.

Si ça tourne mal, je fiche le camp au galop et vais tenter ma chance dans le Quadrant Alpha : il y a aussi des plaines là-bas !

C'est du délire !

Je vois vaguement la position du groupe que l'on pourchasse : tâche sombre sur fond de neige. Et de là-bas, on reçoit des boules de magie noir !

Ce foutu démon est avec eux !

Dès qu'un cavalier charge dans la neige sa monture se fait bousculer par une attaque brutale sur le flanc ou le poitrail. Pire, même quand un officier nous hurle dessus d'avancer, bien caché dans notre groupe, la sphère de magie ténébreuse arrive quand même à le trouver, le désarçonnant par un coup direct à la tête !

Les chevaux commencent à paniquer : ce sont des animaux rapides pour la reconnaissance, pas pour la guerre. J'arrive à calmer ma jument et l'attache à un arbre, fonçant vers un animal qui se roule dans la neige en hennissant. La pauvre bête est blessée, la chair à vif au niveau de sa patte avant. Je supplie les soldats d'arrêter le massacre : On ne peut rien faire contre un mage aussi mortellement précis ! C'est déjà un miracle qu'il veuille bien nous épargner et ne nous massacre pas tous !

Mes mots font mouche. Mais Giacomo ne veut rien entendre. Il veut se venger. De la façon la plus cruelle qui soit vis à vis des femmes. Il lance son cheval au galop.

Rien ne se passe.

Les soldats se regardent entre eux, se disant que le mage a peut-être présumé de ses forces.

Puis c'est l'explosion !

Le choc est si brutal qu'il en a désarçonné Giacomo et l'a renvoyé en notre direction, sa monture continuant sur sa lancée, à peine étonnée de la disparition du poids sur son dos.

Effrayés par la puissance absurde du mage, personne n'ose bouger pendant un temps. Puis quelques cavaliers mettent pied à terre pour aider Giacomo. C'est un Andreticelli après tout !

Je rentre au village en dernier, marchant en tenant par la bride l'animal trop blessé pour galoper. La situation ne s'est pas arrangée en mon absence : les Templiers ont débarqués, accompagnés par une noria de chariots. Ils vont prendre les réserves dédiées à la ville et les amener dans les caves du grand restaurant. Giacomo n'est plus là, les personnes liées aux nobles s'étant dispersés dans les autres villages sous leur contrôle.

Je vais aux baraquements, retire mon armure, enfile ma tenue de campagne et prétexte une raison familiale pour retourner voir mes parents.

Ce sont des imbéciles de s'être laissés mêler à ça mais autant que je les prévienne de ce qui se passe ici.

Après, je retournerai dans les plaines.

Qui sait, j'y croiserai peut-être des centaures...

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