Chapitre 46 : Réussite et humiliation.

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Nektaria achève de me retirer les échardes du visage. Le manuel avait oublié de préciser ce que l'Hato m'apprend : quand on rate un enchantement il y a deux choses qui peuvent arriver : soit le mana se disperse et il faut retenter sa chance avec un nouvel objet source, soit l'objet cible se surcharge et explose.

L'auteur du manuel se nomme sire Prum et j'ai hâte de le rencontrer pour lui dire ce que je pense de la qualité de son ouvrage.

Avec un marteau.

Et beaucoup de clous.

Une fois toutes les échardes retirées, je me soigne le visage avec un sort de soin avant de reprendre mes tentatives d'enchantement.

Dehors.

En restant accroupi, caché derrière le billot de bois.

J'entends les enfants rire à chaque explosion mais je ne m'amuse pas trop, tentant de maîtriser les flux de mana sans souffrir du froid.

Pas étonnant que les bons enchanteurs soient aussi rares ! Les amateurs sont vite éliminés du circuit dès qu'ils veulent tenter des matériaux plus robustes ! C'est au moins mon vingtième essai et ma deuxième bûche est bien entamée.

Oh ?

Pas de bruit d'explosion...

Je jette un œil par-dessus le billot. Au milieu du cratère laissé dans la neige par mes expériences précédentes, une des brindilles est en train de disparaître pendant que l'autre pulse doucement.

Choix de l'enchantement :

Robustesse

Dégâts Infligés

Protection contre la Magie

Assaut Magique

Hourra !

Vu que le bout de bois ne semble pas avoir envie de me sauter à la figure dans l'immédiat, je regarde les quatre propositions.

Robustesse est décrite dans le manuel. C'est tout simplement une amélioration de la solidité physique. Même chose pour Protection contre la Magie qui est son pendant magique. Mais comment améliorer les dégâts infligés par un bout de bois ? Surtout d'un point de vue magique.

Je me flanque une baffe.

Et les baguettes magiques, c'est quoi, imbécile ! Crétin ! Idiot !

Je me reprends et choisi la Robustesse sur la petite liste tout en réactivant Sensibilité au Mana en fermant les yeux. La brindille clignote deux fois et le mana qui la compose semble plus dense. Je rouvre les yeux mais ne vois pas de différences significatives.

Brindille de sapin Qualité : déplorable. Prix : 0,001Ke.

Heu... comment dire. On ne remarque rien du tout même avec analyse ? Je jette un œil sur une des brindilles qui me reste.

Brindille de sapin Qualité : Insignifiante. Prix : 0,0001Ke.

Oh ? Donc l'amélioration de la Robustesse améliore la Qualité et le prix de vente ? J'entends le bruit de pas caractéristique de la centaure et lève les yeux. Elle pointe timidement la tête de ce côté de la muraille interne, intriguée.

-Maître ? J'ai entendu plusieurs explosions mais les murs de ces lieux m'empêchaient d'en trouver l'origine, me trompant par toute une série d'échos. En sauriez-vous plus ?

-Oui, Möngke. Je faisait des expériences d'enchantement d'objets. Attention, ne vas pas si vite !

Il ne fallut que quelques secondes pour la centaure afin de couvrir la distance. Au sein de sa tribu guerrière les armes enchantées doivent être très prisées.

-Pouvez-vous m'enchanter mes armes ?

Je commence à reconnaître ces paillettes dans les yeux, Möngke !

-Non.

-Ne soyez donc pas si cruel, Maître !

Elle en a les larmes au coin des yeux, la pauvre.

-Ce n'est pas ça. Tout ce que j'ai pu enchanter pour le moment, c'est cette brindille en la rendant plus résistante !

-Oh ? Permettez, Maître ?

Elle tend la main et je lui donne le bout de bois. Intriguée, elle le manipule en tout sens, le flairant et le mâchonnant même sur une des extrémités.

-Me faites-vous une farce, Maître ?

-Non, je t'assure, d'ailleurs comme tu peut voir, je...

Crac.

Elle a cassée la brindille.

-Oh, Maître, je suis nav...

-Jette ça aussi loin que tu peut !

Et j'en profite pour plonger à plat ventre les mains sur la tête pour couvrir les oreilles, rapidement rejoint par la centaure qui couvre mon dos avec son corps. Dommage que ma veste d'hiver soit si épaisse.

Rien.

Silence.

-†Kakakakaaaaa !†

Enfin, presque !

On se relève, se sentant un peu ridicules sous les rires de la Komori qui s'esclaffe depuis une fenêtre du manoir.

-†Merci pour le spectacle, saint homme !†

-Dame Zanathi ne soyez pas si cruelle... Mon Maître souffre de ses tentatives à enchanter les objets...

-Zoé, où est-ce que les bouts de bois sont tombés ?

Je n'ai pas trop envie de rigoler. Elle n'aime pas être appelée par son vrai prénom, mais vu que je vois qu'elle doit avoir passée une bonne partie de la matinée à me surveiller par sa fenêtre... Bon sang, elle a même un pichet de bois rempli d'une boisson chaude à la main !

-†Tu veut tenter une réparation, saint homme ? Un peu à gauche. Ma gauche, pas la tienne. Encore deux pas. Là, tu devrais voir l'un des morceaux. Je ne sait pas où est l'autre...†

Quelques secondes d'utilisation de Sensibilité au Mana me permet de le repérer. En utilisant Analyse, je remarque que les qualités et prix des deux moitié ont beaucoup baissés. Visiblement, quand un objet enchanté est détruit il en est de même pour ses enchantements. Au moins il n'explose pas à la figure de son utilisateur, à l'inverse des glyphes dont la destruction entraîne automatiquement une décharge de mana élémentaire très agressive.

Est-ce qu'un objet de qualité supérieure peut accueillir plus d'enchantements ? Un bout de bois avec une amélioration de la force de frappe se hérisse de pointes ? Pourquoi est-ce différent du manuel qui parlait de la difficulté à améliorer le tranchant par rapport au renfort de la solidité ? Fronçant les sourcils, je réfléchis à tout ça quand je remarque un silence à mes côtés. Je regarde la centaure et la voit se tordre les doigts, l'air coupable.

-Vous m'en voulez, Maître ? Je suis vraiment désolée !

Elle en a les larmes aux yeux et la lèvre tremblante. Je devais avoir l'air trop sérieux en me cassant la tête devant les deux bouts de bois. Je souris.

-Mais non, au moins j'ai appris que je ne risque rien si l'objet se fait détruire.

Je lui aurais bien tapoté le sommet du crâne mais il se trouve à plus d'un mètre de ma portée. Je lui caresse donc le flanc de sa partie chevaline. Elle en sursaute et me regarde fixement, intriguée. Sous les rires de la Komori, je me replie dans Les Herbes.

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