Chapitre 56 : A un bouclier près!

7 minutes de lecture

J'espère sincèrement que Hank et compagnie ont un plan de secours, genre éliminer physiquement toute la délégation.

Histoire de faire disparaître les témoins.

Le soldat au plumeau (il s'appelle Phillipo mais il risquerait de se demander d'où je sait son nom) me demande de montrer la page de mon Livre présentant mon niveau. Je le fait vite fait pour ne pas lui laisser le temps de voir autre chose mais ça lui suffit.

-Niveau 8... peuh !

Je ne demande pas à voir le sien de Livre.

J'en sait déjà trop pour mon propre bien !

Nektaria décolle à nouveau.

-Le combat démarrera au son de la cloche.

On s'écarte de quatre pas, armés et en position de combat. Lui a le visage presque totalement caché par le bouclier, me surveillant par-dessus le bord du métal. Il a un casque, des jambières, un plastron et d'autres pièces d'armures sur les épaules, les bras et les hanches.

Moi, j'ai ma tenue de travail faite dans des sacs cousus ensemble.

Je hait les blagues de cet Hyo. Sérieusement.

L'Hato fait durer le suspens, devant patienter devant la cloche pour faire monter la tension. Elle aurait déjà eu le temps de frapper dix fois bon sang !

La cloche sonne ! Il charge, droit devant lui. Moi, je plonge en avant et sur la droite, bref, sous son bouclier. Je roule pour passer derrière lui.

Le pont ne fait que cinq mètres de large : si je joue au guerrier normal, je me retrouverai à reculer en permanence jusqu'à me retrouver au bout du pont et devoir avouer ma défaite.

Pas question de jouer au petit soldat. Je suis un Kitsune et vais le prouver !

De son point de vue, je dois avoir disparu. Vu qu'il porte son bouclier très haut je suis passé hors de son champ de vision et quand il a déplacé son bras gauche pour me voir j'étais déjà dans son dos.

Je me relève, préparant un coup bien senti dans son entrejambe, quand je vois l'épée revenir sur ma droite.

Se doutant de ma présence, il frappe aléatoirement !

C'est ridicule mais vu qu'il y a un glyphe sur l'épée, je ne vais pas me risquer à me laisser toucher, même comme ça ! Je bondis en arrière.

-Sale lâche, on vise le dos, hein ?

Il tente plusieurs coups d'estoc et de taille. Ne pouvant pas toucher la lame, je fait des pas de côté ou plonge au sol selon le mouvement. Il est bien plus lent que Nektaria. Enfin... La foudre est plus lente que Nektaria.

Vu que je commence à lire ses mouvements, je profite d'un de ses coups d'estocs pour le contrer avec une attaque, frappant de gauche à droite d'un coup large en visant son flanc. Je fait mouche mais cogne contre l'armure qui fait un Clang résonnant fortement dans le silence d'un public attentif.

-Peste !

Ça l'a à peine dérangé ! Il faut que je trouve autre chose. Lui a commencé à faire des feintes mais, alourdi par son armure, il n'arrive pas à en profiter. Pas bon, ça, j'arrive pas à lire ses feintes ! Il faut dire qu'on s'est entrainés pour se battre contre des monstres et ils sont du genre direct, eux.

Alors que je surveille les mouvements de son épée un énorme choc à la tête me sonne et je recule, surpris.

Il m'a donné un coup avec le bouclier. Je reprends mes esprit juste le temps de me rendre compte que je suis au coin du pont-levis, à l'endroit où la chaîne soulève la structure.

Avec un grand sourire, il me charge, frappant d'un grand coup de sa droite vers sa gauche. Je fait de même.

-Argh !

Sauf que moi, je vise son avant-bras droit !

Même avec son armure, ça lui a fait le même effet que s'il heurtait un mur. Je vois encore quelques étoiles et cherche donc à gagner du temps : je frappe grossièrement de haut en bas, comme avec une matraque. Il met son bouclier sur le chemin et bloque sans soucis mes coups. Il bloque le premier. Le second. Le troisième lui écrase les orteils du pied gauche.

Pestant, il recule. Encore un mauvais point pour toi Phillipo : tu gardes trop les jambes écartées et tu ne bouge pas !

Mais je ne vais pas non plus dire ça à haute voix.

-Vermine ! En voilà assez !

Il lève l'épée haut dans le ciel et elle s'enflamme.

Ouch. Il veut en finir.

Il me fonce dessus une fois de plus mais avec la lame faisant des tourbillons de feu devant lui je n'ai aucune échappatoire. A part derrière moi. A savoir, le bord du pont.

Je pivote, lâche le bouclier et saisit la chaîne du pont-levis, basculant par-dessus bord.

Entraîné par l'élan, je me propulse sous le pont, pivotant si vite que je me retrouve presque en apesanteur. Là, je saisit les planches de renfort de la main et frappe du pied contre la maçonnerie. Je lâche la planche, courant sur le mur sur trois pas avant de saisir le bord opposé du pont aussi fort que je peut. Emporté par l'inertie, je fait 180 degrés, me retrouvant tête en bas et dans le dos de Phillipo. M'aidant de la chaîne, je termine le mouvement pour que mes pieds retrouvent le sol.

On m'aurait demandé de le faire, je n'aurai pas réussi !

Et que personne ne me demande de rééditer ça !

-Votre champion est à terre !

Il ne m'a pas encore remarqué ! Je tourne sur moi-même et charge aussi fort que je peut. Lui-même a aussi tourné pour regarder en direction de Hank mais il lève le bras gauche, le bouclier lui gênant la vue et cachant mon approche rapide.

Ce n'est pas avec cette arme que j'arriverai à lui faire assez de dégâts pour qu'il admette la défaite ! Je brandit donc la lame émoussée vers l'avant, visant le flanc exposé. Le coup porte !

J'ai réussi à frapper au niveau de la couture, les liens liant le plastron à la plaque formant le dos ! Le souffle coupé, il tombe sur le côté. Son pied se prend dans la chaîne et il bascule à l'eau !

Victoire !

Heu...

Pourquoi il n'y a pas de plouf ?

M'attendant à le trouver suspendu des dents au bois du pont, je vais risquer un regard par-dessus le bord.

Non, il est en bas.

Comprendre, couché sur la glace.

-Heu... j'ai gagné ?

-Non, pas encore~...

Je hait ce sourire. Je vais en cauchemarder cette nuit...

-Alors, monsieur le soldat~ . Tu te rappelles des règles ~ ? Jusqu'à ce que quelqu'un tombe à l'eau ou abandonne ~ …

La glace est en train de craquer. La présence de l'épée enflammée n'arrange pas les affaires du sergent. Il cesse l'enchantement en frottant une partie de la garde mais son regard m'apprend qu'il a compris la situation : Il ne peut qu'abandonner.

-Jamais, fichu crétin hautain !

C'est toi le crétin.

-Oh~ ? Tu crois que parce que tu n'abandonnes pas, tu ne peut pas perdre~ ?

-Hank, je peut rien faire, là ! Si je descends, la glace va craquer et on va finir tous les deux à l'eau.

-Tu es un Kitsune, non~ ?

-Oh ?

Avec un grand sourire, je ramasse le bouclier de bois et le tient au-dessus du bord du pont, juste à la verticale du soldat au centre d'une toile d'araignée de glace fissurée plus vaste à chaque instant.

-Dernière chance ? Fit-je en sifflotant.

Même si sa fierté en a pris un coup, au moins il est resté au sec ! Tiré par ses hommes hors de la douve, il peut jurer autant qu'il veut mais il a perdu.

-On a fait la preuve de ce qu'on avance ~. Le plus faible de nos villageois est plus fort qu'un de vos sergents ~. Donc question sécurité, on va se débrouiller, merci !

-Soit. J'ose espérer que vous resterez hors des troubles.

-Des clous, oui ! On veut troquer pour avoir de quoi bouffer ! Si un de vos hommes essaye encore une fois de voler un des miens, on va se fâcher et sortir de la forêt !

L'homme en habits de ville regarde Hank et les Inus, se demandant ce qu'il risquerait en s'opposant à eux. Et ce qu'il risquerait en les laissant troquer librement.

-Vous êtes libre de faire les échanges qu'il vous plaira.

-A la bonne heure ! Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin !

Sous les sifflets et les quolibets venant des remparts, le groupe reprend le chemin de la forêt. Je reste en compagnie de Hank, reprenant mon souffle et ayant le cœur battant la chamade rien que de me rendre compte à quoi je venais d'échapper.

-Tu avais un plan de secours, hein ?

-De quoi tu parles~ ?

-Au cas où il m'aurait découpé en petits morceaux brûlés. Tu avais une idée, hein ?

-Je ne te comprends pas du tout ~.

-Haaaaannnnk...

-Ha la la ! Pourquoi tout le monde se méfie de moi~ ?

Et il s'en va à l'intérieur du fort, secouant la tête tristement.

Huh.

Il a disparu.

Je me rapproche de l'endroit où il s'est vaporisé dans les airs et trouve un endroit ombragé sous le porche bien étrange. Il est plus... sombre ?

Le mur de ténèbres disparaît et toute la fine équipe est là. Möngke ne touche quasiment plus terre tant elle a des étoiles dans les yeux mais les autres se retiennent de rire.

Terros se jette au sol sur le dos, bras et jambes écartées. Rada brandit son bras au-dessus de lui.

-Dernière chance ?¬

Et ils éclatent tous d'un rire franc et bruyant.

Que quelqu'un m’enterre.

Maintenant, ce serait bien.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire VladPopof ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0