Bonus : Une vie qui commence bien tard.

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Bonus : Une vie qui démarre bien tard.

J'ai toujours eu un esprit très vif.

Je n'étais qu'une gamine quand j'ai compris que quelque chose ne tournait pas rond : papa allait voir de plus en plus souvent de nouveaux amis en nous laissant seuls, maman et moi. Maman est tout aussi futée et, plus important, est la seule personne qui ne me traite pas comme une idiote. On s'entend bien. On est d'accord sur un point : ils sont bizarres ces amis.

C'est l'enterrement de maman. Je suis triste mais aussi en colère. Mais je fait tout ce que je peut pour avoir l'air triste.

Il faut que j'ai l'air triste.

Ma maman me disait tout ce qu'elle faisait. Elle cherchait qui sont les amis de papa. Ce qu'ils faisaient de leur vie. Ce qu'ils gagneraient en devenant son ami. C'est dommage mais quand on est quelqu'un d'important comme papa il faut faire attention avec qui on peut devenir ami.

Elle notait tout dans un carnet, maman.

Je suis la seule à savoir où il est caché.

Je l'ai complètement recopié. Dès que je pouvais, j'allais dans la chambre en cachette, prenait le carnet, le cachait sous ma robe et le ramenais dans ma chambre pour le recopier dans mon journal intime.

J'ai bien fait.

Le carnet a disparu le jour de la mort de maman.

Elle soupçonnait quelqu'un de lui vouloir du mal.

Ce monsieur serre la main de papa en disant qu'il est triste pour lui.

Je dois avoir l'air triste.

J'ai envie de mordre la main qu'il me tend.

Encore une soirée avec mes nouveaux « amis ». Je ne les aime pas. Mais je dois sourire quand même.

Ils m'appellent Bella. Comme le faisait ma mère. Ce qui me donne envie de leur arracher la gorge.

Je ne sait pas lesquels parmi eux sont juste des opportunistes qui veulent avoir des faveurs de ma famille et lesquels sont des agents envoyés pour nous surveiller mon père et moi. Les seules avec qui je peut réellement me détendre sont les deux miliciennes que je me suis attribuées comme garde rapprochée.

Je fait l'idiote mais ouvre grande mes oreilles, oreilles que j'ai dans tous les villages grâce à la Milice. Eux, ils ont compris que mon père n'aidera plus sa population. Je veille sur eux en l'empêchant de couper les fonds dédiés à la protection et à l'armée.

Il me faut d'autres alliés...

Alors que j'ai obtenu le soutien inespéré d'un ex-Avatar ma situation se complique grandement ! Prétextant des besoins à assouvir, mon père a décrété la quasi-dissolution de la Milice pour la remplacer par une armée aux ordres des Nobles Paysans ! Plus personne ne peut circuler sur les terres de la Ferme Jardin Bleu.

Mes terres !

Alors que la situation est en train de pourrir à petit feu et que j'accompagne mon père dans une de ses interminables virées nocturnes, je tombe sur un moine.

Zut, c'est un moralisateur !

Avec les gardes à côté, il va finir dans les geôles si il ne contrôle pas sa langue. Je l'aide à ma façon, en lui clouant le bec avec un assaut brutal de sex-appeal. Loin d'être troublé, il... glisse un courrier dans ma robe en parlant d'une marchande Neko? Ce sceau... et cette façon d'être plié... Tachibana ?

De retour dans la calèche, j'ouvre la lettre. Mon père est trop ivre pour comprendre ce que je fait et ses « gardes » restent à l'extérieur.

Il arrive !

Enfin !

Vu la façon dont la lettre est pliée, ce sera... heu...

Demain ?!

Une diversion... vite... le moine !

Pendant la nuit, je guide les pensées de mon père aviné vers mon objectif : exhiber la démone. Ce sera l'occasion de rassembler tout le monde et de tout rafler en un coup. Je ne sait pas qui est cette démone mais si elle était vraiment si terrible, elle aurait rasées les deux villes où elle a déjà été exhibée.

Il dépasse toutes mes espérances !

Frederica m'a informée que ce n'est qu'un moine itinérant, qu'il n'a rien à voir avec la conspiration des Nobles et encore moins avec sire Claudius. Mais quelle fougue, quelle volonté ! Malgré son jeune âge il tient tête à l'Inquisiteur et... il fait quoi, là ?

Je ne pensai pas ça possible.

Les Templiers sont arrivés mais c'est sur l'estrade que se joue tout le drame. Il est en train de purifier la démone ! Sous nos yeux ! Le halo sacré est si puissant qu'il en est à peine soutenable mais je veut voir, comme tous les gens de la place. Mon père me tire la manche, terrifié. Je le chasse en le frappant du dos de ma main.

Il me crie dessus mais je l'ignore. Il faut que je vois ça.

Les geôles se remplissent peu à peu. La plupart c'est parce qu'ils travaillaient activement pour les Nobles Paysans. Le reste c'est par des imbéciles qui me méprisent car ils croient qu'une Kitsune d'à peine une vingtaine d'années ne peut diriger une Ferme.

En sa présence, on ne méprise pas ouvertement et publiquement un Fermier Général. Ou on le fait avec la certitude de passer un moment fort désagréable avec les rats.

Sire Claudius est aussi bizarre que me l'a dit Mégumi. Mais c'est aussi une des personnes les plus droites et inflexibles de l'anneau-monde, ayant combattu en première ligne pendant presque tout le temps de la Guerre de Scission. Comme il le dit lui-même, il n'a pas sauvé le monde pour laisser des abrutis de comptables foutre tout son boulot par terre.

Son aide est très précieuse : plusieurs des comploteurs ont tenté de se réfugier dans des églises ou des chapelles, lieux qui ne sont pas à l'abri des Templiers.

Je vais recevoir le moine à présent. Il a tant fait pour moi et a si bien détourné l'attention...

C'est un Kitsune ! Je pensai avoir affaire à un Hitsuji vu sa fougue religieuse, mais non, c'est bien un membre du clan du Renard.

Il a les cheveux noirs, les yeux sombres et n'est pas bien grand. Ses habits de ville lui donnent un air de clerc d'un magasin banal. Un monsieur tout-le-monde en quelque sorte !

Celle qui l'accompagne est riche en couleur par contre : Une Komori à la robe rouge scandaleuse et dont la maigreur et le visage taillé à la serpe fait presque peur. Ses cheveux violets sont longs et soignés, lui donnant un air de noble. Mais où se trouvait-elle au milieu de ce chaos ?

Le Kitsune se nomme Mattéo et est bien plus malin que ce que je pensai. Serait-il vraiment un simple moine ? Un milicien possédant la rare Compétence Analyse l'a vérifié en l'observant par la fenêtre : Il a bel et bien un simple niveau 8 et un titre de Dévot.

Il doit vraiment être un homme d'Église car il n'est pas intéressé par une récompense individuelle, voulant plutôt la reprise du commerce entre sa congrégation et le reste de Jardin Bleu.

Il en faudrait plus des jeunes hommes comme ça !

La chauve-souris, elle, veut des grimoires. Mais rien de trop puissant encore heureux. La circulation de grimoires à partir du niveau intermédiaire nécessite des réunions avec les maîtres des Guildes de Mage après tout.

Oh ? Elle a des goûts assez... intéressants...

Elle aurait les œuvres de jeunesse de mon auteur préféré. Il faudrait que j'aille lui rendre visite une fois.

Frederica revient bredouille, ce qui m'inquiète.

Elle me rassure : les moines et leurs gardes sont arrivés à bon port. En fait, c'est le jeune Andreticelli qui est mal en point !

Je n'arrive pas à en croire mes oreilles : des attaques magiques à une telle portée ?! Le représentant des mages que je vais voir crois que je raconte des bêtises. Je lui rappelle sèchement que le temps des plaisanteries est fini et que s'il m'appelle encore une fois Bella il découvrira les bienfaits du pain sec et de l'eau en compagnie de mon père !

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