Suite et fin du bonus : Une vie qui commence bien tard.

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Frederica revient troublée de chez les Briseurs.

Elle a été ramenée par une Hato inconnue mais cette dernière a été trop rapide à repartir pour avoir ne serait-ce que la possibilité de la remercier.

La milicienne a de bonnes nouvelles : ils ont accepté de former les petits nouveaux. Tant mieux, je me demandais quoi faire d'eux : ils causaient plus de problèmes qu'autre chose en nos murs. Mais ce n'est pas tout.

Elle n'a pas trouvé trace des deux monstres que Mattéo aurait purifié. Mais elle est restée peu de temps et y étais de nuit.

Autre chose qui a son importance : Mattéo n'est que l'herboriste des habitants du fortin, habitant une masure à l'ombre du château principal. Il ne se considère pas comme un chef là-bas, le rôle en revient à toute une galerie de portraits qui lui font furieusement penser à des survivants des armées de la guerre de Scission. Cela n'aurait rien de surprenant : beaucoup des vétérans ont été traumatisés par le spectacle atroce des combats contre les démons et vivent hors de la société.

Il a des enfants.

Je ne sait pas trop quoi en penser.

Elle ne sait pas avec qui il en a eu et si la mère fait partie des habitants du fortin, voir une des femmes qui l'accompagnait. Frederica est fiable mais pas formée aux interrogatoires subtiles, hélas.

Il a aussi un chien, mais passons...

Je suis sidérée. Choquée. Et assise. Le Totem soit loué, j'étais assise.

La moitié de ces jeunes gens faisaient partie des cercles que je fréquentais pendant que je jouais Bella la fêtarde. Des imbéciles, ignorants des difficultés de la vie. Des jouisseurs. Des fainéants. Des inutiles.

Des guerriers.

J'en suis à soupçonner l'emploi d'une magie pour modifier le mental des gens mais c'est le pré carré du Mana Corrompu.

Le quatrième assaut de la matinée finit enfin avec la victoire de mes hommes mais on parle d'une vingtaine de bûcherons menés par trois de mes meilleurs guerriers contre une dizaine de bleus si jeunes qu'en leur pressant le nez on trouverait le lait de leur mère.

Que...

Par le totem...

Vu qu'ils ont une heure avant le repas, ils veulent utiliser les infrastructures de la scierie pour s’entraîner...

Je n'ai jamais voyagé par les airs mais je suis trop remontée pour profiter du paysage.

Comment ?

Comment il a réussi un coup pareil !?

A l’atterrissage, je reconnais rapidement la masure : petite, un côté à refaire et près du château. Le Karasu me dit qu'il va aller voir le mage des ténèbres qui loge au château. Je le laisse aller. Je ne pense pas risquer grand-chose ici.

Les enfants jouent dans la neige.

Ils ont dû me voir atterrir mais ne semblent pas surpris, absorbés par la construction d'un bonhomme de neige.

Elles semblent jeunes mais je n'arrive pas à deviner leur clan avec toutes ces épaisseurs d'habits.

Mais il les as eues à quel âge ?

Je vois un mouvement : il me fait signe derrière un carreau. Je vais aller le voir, l'esprit en feu.

Les habitants de ce fortin sont fort étranges. L'un des chefs est un Hyo, un taillandier d'après ses dires mais qui peut croire ce que raconte un Hyo ? Il a l'air âgé mais vigoureux. Le Kokujin m'intéresse davantage : il a un visage encore jeune malgré ses cheveux gris et je ne pense pas qu'il s'agisse de sa teinte de naissance car tous les Kokujins ont les cheveux noirs de jais. Il a toujours l'air décontracté mais a tendance à disparaître de notre champ de vision si on n'y prend pas garde.

Je reconnais immédiatement la Hato : avec ses superbes cheveux blonds et son allure digne de guerrière endurcie par les champs de bataille, c'est clairement la femme qui a ramené Frederica la dernière fois !

Je revois aussi le jeune Hato qui est le garde du corps de frère Mattéo. De près, il est encore plus mignon que ce que je pensais. Mais je n'ai pas pu poursuivre plus loin mon étude, l'aura meurtrière émanant de celle qui doit être sa mère est presque palpable.

La centaure est vraiment immense ! Je croyais qu'elle n'avait été embauchée que pour le temps du voyage mais elle semble vivre à demeure, chose rare pour ce peuple très nomade. Elle est très polie mais reste en arrière, visiblement mal à l'aise en présence de trop de monde à la fois. Mais lui n'est pas gêné.

C'est la première fois que je vois un ours. On les dits sauvages, grossiers, brutaux et totalement dénués de la moindre forme d'empathie. Je ne vois qu'un gamin trop mûr pour son âge incapable de s'exprimer par des mots mais très clair sur ses intentions. Il en a après mes cheveux, c'est certain ! Il a une bouille adorable sous ses cheveux châtains mais je soupçonne une vigueur hors norme dans ce petit corps : la centaure et le Hato n'ont pas l'air de jouer la comédie dans leurs efforts pour l'empêcher de me saisir une mèche.

La découverte du Donjon me plonge dans des abîmes de perplexité. Il n'y avait rien à ce sujet dans les papiers de mon père et ceux de ma mère. C'était depuis toujours une poche de territoire Inu revendue récemment. Ils nous ont caché ça tout ce temps...

Mais ça donne des idées.

De bonnes idées.

Ma mère serait fière de moi !

Dame Nektaria me ramène à la scierie à une allure effrayante. Je ne sait pas si c'est pour m'impressionner ou si elle fait à chaque fois ainsi. Pour commencer, on ne sent pas le vent. Pas la moindre friction. C'est comme si quelqu'un me portait et que c'est le monde qui avançait autour de moi pendant que je reste immobile.

C'est une mage et une guerrière. Une vétéran aussi, sans le moindre doute.

Tout ça me rassure : ils sont forcément neutres, jamais les Nobles auraient laissés de tels éléments hors de leur armée.

Je serre dans mes bras le petit cadeau de dame Zanathi. Il faudra que je lui fasse parvenir les autres œuvres de l'auteur.

Mattéo... Quel drôle de bonhomme. Il semble ne pas vouloir se mêler des affaires de la Ferme mais en même temps s’inquiète pour les autres.

Oh, et il cuisine bien.

Très bien même.

J'ai hâte de goûter à nouveau un de ses plats...

Fin du bonus.

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