Chapitre 74 : Caravanier ohé ohé !

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Comme on l'a vu de loin, il s'agit d'une caravane marchande. La présence de Nekos et de Nezus parmi les équipages est un indice assez clair. Tout le monde se crie dessus, plaçant les chariots à bœuf les uns derrière les autres pour former une colonne cohérente. La voie est assez large pour en mettre trois de front mais les marchands évitent de faire ça, ayant peur du chaos généré si ils croisaient quelqu'un ayant eu la même idée.

Tournant autour des chariots comme des chiens de berger, des cavaliers placés sur des chevaux incroyablement larges. Ce sont des chevaux de trait et je suis étonné d'un tel choix. Puis je vois mieux les cavaliers.

Des Ushis.

Les membres du clan du taureau forment la peuplade la plus impressionnante physiquement parlant. Tous font plus de deux mètres et peuvent avoir une musculature massive. Ils n'utilisent pas leurs cornes de formes variées pour le combat, étant d'un naturel placide et agréable, et leur penchant natif pour le respect de la loi et de l'ordre leur a fait former l'organisation policière la plus efficace et implacable de l'anneau : les Rangers.

Ayant une sensibilité à la corruption rivalisant avec celle des Hatos et une obstination leur étant propre, les policiers Ushis sont gage de fiabilité et de résultats garantis.

Je ne pense pas que ces hommes soient des Rangers mais ils ont une formation de garde vu la façon qu'ils ont de nous surveiller.

Megumi Tachibana met toutes les chances de son côté pour que le voyage se déroule bien on dirait.

-Ushis... Bonne idée !

-Oui, sire Rada. Ils m'ont l'air de bons guerriers !

-†Kukuku... La souillure de la corruption des Nobles Paysans ne peuvent les atteindre...†

Oh ?

Ah, oui, c'est vrai... Depuis la mise en place des péages, les Nobles Paysans ont assez d'argent pour acheter tous les groupes de mercenaires qu'ils veulent. La peuplade Ushi étant majoritairement composée d'éleveurs ils ont vu leurs exportations frappées d'un impôt supplémentaire. Si un de leurs membre se retrouve à travailler pour ceux qui les agacent, il n'a aucune chance de se faire offrir une bière de retour au pays.

On contourne donc la caravane en formation pour arriver à l'arrière de la formation de chariots tirés par des chevaux. En plus de miliciens il y a beaucoup de Kitsune qui chargent les chariots, vérifient la santé des animaux et l'état des cargaisons. L'ensemble donne l'air d'un départ précipité.

Un milicien s'approche de nous, l'air renfrogné.

-Halte-là ! Seules les personnes autorisées peuvent s'approcher de la caravane ! Si vous voulez mendier, allez vous adresser à la ville !

Ouch.

Je savais qu'on n'avais pas l'air très frais mais ça fait mal quand même.

-Nous avons une autorisation.¬

Merci Kahlee. Une seconde de plus et le pauvre milicien aurait fini en tâche de graisse rougeâtre vu les bruits de muscles qui gonflent du côté des Yukimimis sauvages.

-Montrez-là moi.

Je tends le parchemin fourni par Isabella Ricci qui nous as été donné par Karasu interposé (il est reparti le jour même sans châtiment Komori, fait remarquable). Le garde le prend et le lit soigneusement. Il n'y a rien de particulier, il s'agit d'un simple sauf-conduit autorisant le porteur et sa suite de rejoindre la caravane.

Après près d'une minute d'examen attentif, il nous rend le papier.

-Parfait. Rejoignez le dernier chariot et ne nous ralentissez pas.

Ensuite de quoi le Kitsune nous dépasse et surveille l'agencement de la caravane Neko. Il crie vers un des Ushis gardant les chariots à bœufs.

-Vous partez quand ?

-On a encore two chariots dans la town ! Jeweleries you know...

-Hein ?

-Don't make me say it so loudly... Deux chariots. Deux !

-D'accord !

Oui, les Ushis ont aussi un accent à découper à la hache. Ils ont mélangée leur propre langue à l'Ichi, donnant un patois atroce à la limite du compréhensible. Il y en a qui parlent bien la langue commune mais la majorité d'entre eux aiment ce mélange exotique.

Laissant le milicien tenter de comprendre le cavalier, on se dirige vers les chariots. Celui qui est en bout de convoi est celui des serviteurs : deux Kitsunes assez âgés sont installés sur le siège du conducteur du chariot ayant un toit en toile. Quatre chevaux sont déjà harnachés et deux autres ont une longe les liant au côté du véhicule. La toile n'est qu'à moitié mise et révèle des coffres de voyage.

-Bonjour à vous.

C'est un couple de vieux Kitsunes. Lui le poil grisonnant et la pipe au coin de la bouche porte des habits de paysan. Elle, plus soignée et les cheveux gris bien coupés a une robe de voyage sévère mais robuste. Elle est concentrée sur son tricot, donc c'est lui qui nous parle.

-Bonjour. On nous a attribué ce chariot...

-Oh ? Vous êtes les gardes ? J'pensai qu'on aurai des Ushis...

-Navré.

-L'soyez pas. J'préfère parler avec un Kitsune d'toute façon fit le vieil homme tout en me serrant la main. J'suis Marcello, homme à tout faire.

-Veronica...

-N'le prenez pas mal, c'est juste l'première fois qu'Veronica quitte la ville. T'vois, Vero, on a des gardes ! Alors arrête d'rendre nerveux les bourrins ! Bwahahaa !

Il me plaît.

Il n'y a pas beaucoup de place de libre dans le chariot : les malles ont été disposées pour ne pas glisser donc il n'y a pas d'espace disponible au sol. D'un autre côté elles sont robustes et plus ou moins aussi hautes les unes que les autres : on a donc disposé quelques toiles pour que Zanathi et Nektaria puissent faire le voyage dans un confort relatif pendant qu'on marcherait aux côtés du chariot. Elles veilleront aussi sur Griffe et Crocs, vigoureux mais un peu trop jeunes pour faire tout le voyage sur leurs courtes pattes.

Rada ira voler de temps en temps pour faire de la reconnaissance autour de la queue du convoi pendant que Möngke et Terros rôderont autour des buissons bordant le chemin, promesse d'ennuis brefs et soudains pour tout brigands sur la route.

Moi, j'apporte ma touche personnelle au chariot : J'utilise les fixations sur son flanc pour accrocher une boîte de bois robuste sortie de mon Inventaire. Dedans, six pots de fleur contenant de la terre fertile et quelques-unes de mes graines.

J'y ai passée une bonne partie de la nuit avant mon départ, mais j'ai ramené du travail avec moi !

Le convoi finit par s'ébranler : visiblement, Isabella Ricci attendait quelque chose qui n'est pas venu et elle ne pouvait faire patienter davantage la caravane marchande. Les chevaux, plus rapides que les chars à bœufs, auraient fini par les rattraper et les dépasser formant ainsi les conditions idéales pour une embuscade avec deux convois se gênant l'un l'autre. Isabella et sa suite occupent en tout une dizaine de chariots étalés sur plusieurs centaines de mètres. J'apprends que la moitié des chariots contiennent des cadeaux pour obtenir les bonnes grâces des responsables commerciaux du Quadrant Alpha.

Je marche tranquillement sur la gauche du chariot, au milieu de la route. Juste derrière moi j'entends les chevaux dont la longe a été attachée au véhicule. Ce sont des animaux de secours, au cas où ceux du chariot seraient fatigués. Marcello est content de me voir là car les animaux sont plus à l'aise s'ils doivent suivre quelqu'un que s'ils avancent tirés par quelque chose.

Je suis aussi le seul à marcher, tous les gardes Ushis étant à cheval. Plus de miliciens par contre, tous étant retournés à la ville. Elle doit vraiment avoir des problèmes de personnel...

-Z'êtes bien jeunes pour faire l'garde d'caravane !

-C'est la première fois que je fait ça.

-Dites pas ça, z'allez stresser Veronica ! Roh, m'regarde pas comme ça ! Arf arf arf !

-Dame Ricci me fait confiance, ça devrait vous suffire, non ?

-Oh, alors c'est bon ! V'savez, avec l'vieux Fermier, y 'avait plus grand monde qu'elle croyait...

-Les espions étaient partout... bredouilla la vieille femme.

-Ben vrai. Y z'ont même essayé d'me faire d'mander ma démission. A moi ! Qui bosse au château d'puis 50 ans ! L'couillon s'est vu engeôler avant d'piger c'qui lui est arrivé !

-Tu lui as mis ce bijou dans la poche... Ce n'était pas gentil.

-L'a mérité !

-Je ne dis pas, mais ce bijou est vraiment précieux. Tu aurais pu te contenter d'un peigne en ivoire...

-Arf arf arf !

Vraiment un drôle de couple.

Je vois Möngke galoper sur ma gauche, visant un bosquet dense. Depuis qu'elle a des fers aux sabots, elle sprinte aussi souvent qu'elle le peut.

Je les ai enchantés avec Robustesse et Confort.

Selon elle, ça revient à courir sur une balle de coton.

Je remarque que le cocher aussi suit la trajectoire de la centaure.

-Z'avez une sacrée servante en tout cas !

-Ne m'en parlez pas... Elle veut que je la forme...

-A faire pousser des petits pois ? Arf arf arf !

-Regarde la route, Marcello !

Maintenant que j'y pense. C'est vrai.

Elle ne doit rester que jusqu'à ce qu'elle soit considérée comme une guerrière centaure accomplie. C'était censé durer des années. Ni les ours ni les centaures ne pouvaient prévoir ma maîtrise de la Compétence Apprentissage et la présence du Donjon. Résultat : elle est dans la tranche supérieure des guerrières de son âge et a récolté quantité de Compétences très utiles vis à vis de son clan. Quand elle aura celle qui permet de fabriquer des arcs, couplée à Tir en Mouvement et Fabrication de Flèches, Möngke n'aura plus aucune raison de rester à mes côtés.

-Maître ?

Pendant que j'étais plongé dans mes pensées la jeune centaure s'était rapprochée pour faire son rapport sur le contenu du bosquet. A savoir un lapin qui finira au dîner de ce soir.

-Oh, Möngke ! Tout va bien, rien à signaler ?

-Non, Maître. Point de soucis. Il y a un problème en ce lieu ?

Elle a vraiment l'air inquiète, regardant en tout sens.

-Non, tout va bien. Pourquoi tu pose cette question ?

-He bien Maître, vous aviez l'air si triste... Pardonnez mon intrusion, je vais poursuivre ma tâche !

Elle pivote, reprenant sa course le long de l'arrière du convoi.

Je suis bien content que personne ne puisse voir ma tête.

-†Kukuku...†

-Hihihi.¬

Ou si peu...

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