Chapitre 76 : Du stress à évacuer.

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-Oh ? Tu veux m'apporter ce que je demande ? Hehehe ! Wahahahaaa !

Je décide de le laisser faire. Terros a la meilleure défense naturelle d'entre nous et n'est pas l'instructeur en corps à corps pour rien. Sans attendre notre bénédiction, il fonce dehors, notre groupe sur les talons. J'utilise le bâton de lumière pour éclairer l'espace derrière l'auberge.

Le combat est étrange, la Karasu alternant les attaques vives en ayant les deux pieds au sol et les coups aériens puissants lancés de tout son poids placé dans le talon de sa chaussure. Mais elle est face à un ours et ces derniers ont une méthode radicale pour faire face aux attaques rapides : ils les ignorent.

Se massant les poignets après avoir infligé un rapide droite-gauche au menton d'un Terros soudé au sol avec Corps de Pierre, la Karasu tente un coup de genou au visage de l'ours. Il lève le poing gauche, balayant l'air devant lui d'un geste large pour intercepter l'attaque. La collision est impressionnante : Rashmi est arrachée de son seul point d'appui, tournoyant dans les airs. Elle se reprend d'un coup d'aile et s'écarte, frottant son genou douloureux.

Elle sourit ?

-Bien, bien... hihihi...

Ça ne sert à rien de s'écarter d'un ours. Utilisant Charge, il lui fonce dessus. Surprise, elle n'arrive pas à éviter le coup de tête dans son estomac. Les larmes aux yeux, elle tombe en arrière mais parvient à poser son pied sur la ceinture de Terros, l'envoyant voler au-dessus d'elle dans le mouvement de sa propre chute.

Il percute la muraille de bois mais n'est pas blessé. Juste furieux de s'être fait attraper.

Tout deux se relèvent et commencent à échanger des coups, l'ours préférant les poings et la Karasu les pieds. Le corps à corps dura quelques dizaines de secondes mais l'ours avait l'avantage : même s'ils ont le même niveau général, Terros bénéficie des améliorations apportées par mon Livre.

Le poing de l'ours, profitant d'une ouverture, frappe sans pitié le visage de la Karasu. La lèvre fendue provoque une giclée de sang.

Et même sans l'apport du Livre : on parle du membre d'un clan qui s'entraîne quotidiennement au combat quasiment depuis la naissance. Rashmi semble prendre plaisir au combat mais lui frappe pour neutraliser.

-Stop ! Arrête, Terros !

-Muh ?

La Karasu n'est plus très assurée sur ses pieds. Saignant par plusieurs plaies sur le visage, elle respire bruyamment. Il lui a peut-être cassé quelques côtes...

-Hi... Hi hi... Hiii...

Et elle continue de sourire, riant dès qu'elle le peut.

C'est quoi cette dingue !

-Merci... J'ai adoré... Cette séance...

J'utilise alors une magie de troisième niveau pour soigner la Karasu à distance. Pas question que je m'approche.

Ses blessures sont guéries mais pas son endurance. Elle est donc toujours aussi essoufflée.

-Vous m'retirez mes souvenirs ? Dommage... Hihihi !

Elle prend son élan sur quelques pas et s'envole, narguant Terros en lui frôlant le sommet du crâne. On entend encore son rire quelques instants dans la nuit, puis plus rien. Le groupe se rassemble avant de se diriger vers le puits où les deux magiciennes doivent faire la vaisselle, battant le rappel pour se calfeutrer dans l'écurie.

-On va faire des tours de garde.

-Oui.

-Muh !

-Tout à fait d'accord, Maître.

Les jours suivants furent du même genre. On voyageait le jour et se faisait harceler par l'étrange Karasu une fois la nuit tombée. Malgré mes recommandations d'ignorer son cirque, je ne put empêcher deux autres combats tant elle se montrait menaçante. Möngke l'a chassée sans ménagements quand Rashmi s'est trop collée à moi. Quand elle a découvert la nature demi-démone de Kahlee, Zanathi a manqué de peu de la tuer sur place. On l'a ficelée alors qu'elle était encore inconsciente et la ramenons à l'Ushi qui gère la sécurité du convoi.

Il était sur le point de se coucher et n'aime pas se faire déranger pour rien.

-Vous avez vu le time ?

-Navré mais ce n'est plus possible.

Möngke laisse tomber la Karasu emballée comme un saucisson au pied de l'Ushi.

-Ourf ! Hu hu hu...

-Cette Karasu fait partie du service de sécurité de la caravane pendant le jour et nous harcèle à chaque étape, nous provoquant en duel.

-What ? Une Karasu ? Y en a pas dans ma team.

Il se penche vers la jeune fille qui rigole doucement en se tortillant dans les cordes. J'ai soigné les effets de l'Eclair 2 qu'elle s'est pris à bout touchant mais n'ai rien pu faire pour les habits qui fument encore.

-Huh ? Ce s'rait pas... Lady Brena ?

-S'lut Wyatt ! Belle soirée, hein ?

Il pousse un profond soupir en se redressant. C'est un Ushi robuste qui reste impressionnant malgré son pyjama en toile grossière. Pourtant il a l'air profondément las à présent.

-Bougez pas d'la. J'vais chercher l'Boss.

-Oh oui ! Hihihihi !

Elle a l'air ravie. Je me demande si on n'est pas en train de faire une erreur ? Quelques minutes plus tard, au bout du couloir, je vois quelqu'un descendre les marches de l'étage supérieur sur les pas de l'Ushi. Je n'ai pas le temps de voir qui c'est vu que cette personne s'est immédiatement enfuie, remontant les marches quatre à quatre. Juste le temps de voir une jolie queue rousse de Kitsune.

-Hey ! Miss ! Where are you going ?!

-Une minute monsieur Wyatt !

Il lève les bras au ciel, maudissant les événements qui le privent de son cher sommeil. Il ne nous inquiète pas pour autant : les cas d'Ushis se défoulant sur quelqu'un sont rarissimes et bien localisés. En règle général, vouloir toucher la femme d'un Ushi est synonyme de séances de Kinésithérapie d'un genre radical.

Entre nous, vouloir toucher au mari d'une Ushi c'est s'exposer aux mêmes ennuis. C'est plus agréable à regarder, mais le résultat final est le même.

Une minute plus tard, une Isabella Ricci serrant à toute vitesse la ceinture d'une robe de chambre blanche descend les escaliers, ses deux gardes du corps miliciennes sur les talons. Elle ne ralentis qu'une fois à un mètre de notre groupe, nous passant en revue du regard, les yeux écarquillés.

-Vous... Vous êtes venus ?

-Heu... Oui.

-Frère Mattéo ! Je suis si heureuse que vous ayez réussi à nous rattraper !

Quoi ?

-J'ai retardé mon départ autant que possible mais je ne pouvais rester davantage ! Vous avez vraiment dû vous épuiser à la tâche vu notre rythme !

-Le rythme est assez plaisant en fait. Et la compagnie de Marcello et Veronica égaille le voyage.

-Pardon ?

Le visage radieux se fige.

-En fait, nous sommes là à cause de cette demoiselle.

Je pointe le doigt vers le bas. La Karasu rigole doucement, essayant de regarder sous la robe de chambre de la Fermière Général.

-Pendant le jour elle harcèle mon compagnon Rada, l'empêchant de nous protéger efficacement des brigands. Et le soir venu, elle nous provoque en duel.

Les yeux de la Kitsune se baissent. Rashmi n'a pas l'ombre d'un remords dans le regard. Sans hésiter, Isabella Ricci lui met le pied sur la figure.

Vu qu'elle est pied nue ce n'est pas très douloureux. Elle se contente de bouger le pied comme pour l'enfoncer dans la joue de la Karasu. Rashmi continue de rire pendant qu'Isabella récupère un sourire tout commercial.

-Veuillez m'excuser de l'absence de surveillance du petit personnel. Elle suit actuellement la formation de garde du corps sous les conseils de...

-Huhuhu... J'adore quand tu...

Ricci lui lance un furtif coup de pied au menton, la faisant taire.

-Je veillerai à ce qu'elle ne vous dérange plus... Rashmi ?

-Oui m'dame ?

Ce n'est plus le même genre de sourire sur le visage de la Fermière ! Elle s'accroupit pour rapprocher son visage de celui, hilare, de la Karasu.

-Depuis quand savait-tu que frère Mattéo et sa suite étaient dans le convoi ?

-Depuis l'tout début.

-Donc, quand je me rongeais les sang, à la périphérie de Jardin Bleu...

-Oui, quand j'vous ai dit de n'pas vous inquiéter...

-Et chaque soir, quand tu sortais en disant faire une patrouille ?

-Huhuhu...

La baffe retentissante ne fit cesser le rire que temporairement. L'air démoniaque, Ricci toise la Karasu.

-On dirait que je vais devoir t'apprendre à nouveau ce qu'est le respect à son supérieur. Ramenez-là dans la chambre.

-Oh oui ! Oui ! Hyaaahhahahahaha !

Emportée par les deux miliciennes, on entend encore le rire de Rashmi jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'escalier et cesse, faute de public en vue. L'allure d'Isabella Ricci est redevenue tout à fait professionnelle.

-Je suis vraiment navrée. Son père, Takshîl, est un de mes guerriers les plus fidèles et il s'est porté garant pour sa fille.

Takshîl ? Le Karasu masochiste ? Par tous les saints et saintes d'Ichimono...

-Permettez-moi de vous inviter à partager ma calèche, une place venant de se libérer.

Un regard par-dessus son épaule m'informe de qui ira faire le voyage ailleurs à l'avenir.

-Mais... et ma suite ?

C'est surtout que je ne veut pas perdre de vue mes plantes, moi !

-Nous n'aurons qu'à changer l'ordre des chariots. Wyatt ?

-Yes, Milady ?

-Modifiez l'ordre pour demain matin.

-Bien Milady.

Se rendant compte qu'elle est en robe de chambre, les joues de la Fermière s'empourprent.

-Nous nous reverrons donc demain. Veuillez encore m'excuser pour ce manque de savoir-vivre de ma suite.

Elle pivote sur ses talons mais son visage est repassé en mode démoniaque trop vite pour m'éviter de voir la transformation. Alors qu'elle monte les escaliers, l'Ushi vient vers nous. Oups, on est tous entassés devant la porte de sa chambre ! On s'écarte rapidement. Mais il ne se presse pas pour rentrer se coucher à présent.

-Dit, le môme. C'est vraiment un honor de travel avec elle ?

-Heu... oui ?

-T'as des guts, le môme. Moi, j'reste sur mon horse même si elle a de la cool bière à l'intérieur de la calèche.

Lui, va se coucher. Nous aussi on y va mais même si on ne risque plus d'assaut nocturne de la Karasu, autre chose nous empêche de trouver le sommeil rapidement.

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