Chapitre 81 : La cité aux saints.

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A présent que nous avons rejoint l'eau douce je vais beaucoup mieux. Ça me permet de remarquer que les voiles sont repliées et pourtant nous avançons. Zanathi m'explique qu'il s'agit de l'aide de glyphes d'eau placés sous la ligne de flottaison. Il faut constamment les alimenter, ce qui est épuisant pour les mages de bord. Elle a tenu à le faire, pour l'expérience, mais ils n'ont pas voulu la fatiguer. Plus que la politesse envers des passagers, elle est si maigre qu'ils l'ont crue malade.

-†Je les ai aidés de force... Kuhkuhkuh...†

-Je te l'ai déjà dit : mange plus de viande.¬ Tu manges bien trop peu.¬

Elles sont toutes deux maigres.

Oh ?

Kahlee a pris un peu d'épaisseur je dirais. Dur à dire avec son ensemble cape, capuche et gants mais je trouve ses poignets un peu plus épais.

Moins squelettiques plutôt.

Le fait que notre trio maladif se sente mieux doit être de notoriété publique à présent : en plus des membres de mon équipe qui sont venus me rejoindre, Isabella Ricci approche accompagnée du capitaine et de deux de ses gardes.

-Heureux de vous voir en forme.

-Merci capitaine. Vous nous faites l'honneur de vous transporter et j'ai passé tout le voyage à menacer de salir le pont. J'en suis navré.

-On a eu de la chance. Il n'y a pas eu de tempêtes. Vous auriez alors passé le voyage en cabine. Le pont serait resté propre, lavé à grande eau, mais je n'en dirai pas autant de vos appartements.

Vision de cauchemar. Vu la tête de mes interlocuteurs je dois être passé par toutes les couleurs de l'arc en ciel.

-Ne le taquinez pas je vous prie, capitaine.

-Navré, dame Ricci. Au fait... Où se trouve la... demoiselle ?

Il regarde en tout sens, comme une bête traquée.

Toi aussi, hein ?

-Avec mes bagages.

-Il y a encore du temps avant d'arriver à Animanum, il est inutile de déjà préparer le débarquement.

-Je me suis mal exprimée. Elle est dans une de mes malles.

Silence sur le pont.

Qui s'éternise.

-Elle est excellente au combat et a un instinct certain pour prévenir des embuscades mais laisse son caractère joueur avoir le meilleur d'elle dès qu'elle a un instant de répit.

-Joueur ? C'est un caractère joueur selon vous ?

-Oui capitaine. Le plus dur, c'est de lui apprendre quelles en sont les règles.

-Au fait, capitaine, que portent vos gardes ?

Vite, changer le sujet de conversation ! Le capitaine saute sur l'occasion immédiatement, heureux de cette proposition inespérée.

-Il s'agit d'une version portable des ARTmes. C'est encore très rare !

Le garde templier, sur instruction du capitaine, nous tend son arme.

C'est comme une longue arbalète dépourvue de la partie arc. La crosse, détente et fût est identique mais la partie supérieure est inédite. C'est deux longes lames de métal de près d'un mètre de long posées parallèlement l'une à l'autre. Par la fente visible depuis le haut, je remarque les glyphes vert de vent posés dessus et le glyphe rougeâtre de feu à l'emplacement où serait la base du carreau si il s'aurait agi d'une arbalète.

-Étrange conception... La décharge ne va t elle pas partir vers le haut ?

-Une partie le fait. Mais c'est nécessaire. Avec du matériel de cette taille, on ne peut pas installer de glyphe de glace. Le métal n'est pas assez épais pour porter un glyphe différent sur chaque flanc.

-Je vois. Pour éviter une surchauffe du métal et du bois de l'ARTme, on laisse une partie de l'attaque à l'air libre.

-Même ainsi, on ne peut tirer avec que trois fois avant de laisser refroidir l'arme. Deux pour les ARTmes mal conçues.

-Elle est donc inutile pour les combats prolongés, non ?

-Mais parfaites pour l'usage des marins templiers. Un monstre marin reste peu de temps à la surface avant de plonger. Une traque peut durer des jours, temps pendant lequel un marin avec une ARTme de ce type ne tirera pas plus de quatre fois en tout.

-Effectivement... Vu ses faiblesses et son manque d'efficacité pour les affrontements classiques vous n'envisagez pas la vente aux non-militaires ?

-Surtout pas ! Elle est parfaite pour les opérations d'assaut surprise avant repli, ce qui en ferait l'arme de prédilection des brigands !

-Effectivement... Je ne vois pas de sécurité.

-C'est parce qu'il faut la tenir à la fois par le fût et la poignée et avoir la crosse à l'épaule pour tirer. Dans les tests ils ont eu des accidents avec des tireurs qui tentaient de s'en servir d'une seule main ou en la tenant à la hanche. Du coup les mages ont installée une commande de glyphe triple.

-Très malin de leur part !

Alors que le capitaine et moi parlons boutique, Isabella s'est adossée au pont et parle à Rada.

Qui a changé de couleur.

On dirait moi après le premier jour en mer.

J'irai lui parler plus tard.

Elle lui a demandé un service en fait.

Vu qu'elle sera très occupée une fois à Animanum, elle voudrait bien que notre groupe emmène une personne de sa suite pendant le temps des auditions du Conseil.

La Karasu.

Ce serait en compensation pour le voyage.

Impossible de refuser, bien entendu.

Quelque temps plus tard on quitte le fleuve pour arriver au lac Anima qui a donné son nom à la ville attenante.

Au début, j'ai cru que c'était une autre mer. Mais avant de devenir vert, je remarque la côte d'en face.

Animanum est la capitale religieuse de l'anneau. Chaque culte voulant un gage de sérieux et de respectabilité se doit d'y avoir une chapelle. Les premiers Avatars ont mis fin à toute tentative de guerre religieuse en prêtant leur voix aux Totems qui ont été très clairs : la liberté religieuse, d'accord.

Mais pour tous.

S'il y a le moindre culte qui proclame être meilleur que l'autre, les croyants mégalomanes auront une sale surprise dans l'au-delà.

Et au cas où ça ne suffirait pas, un Avatar est vite arrivé.

Les Totems sont l'incarnation même de la personnalité de leur clan. Il paraîtrait que dans les versions non expurgées de la déclaration historique des Avatars, celui du corbeau ai léché son sabre de bataille en disant ça.

La vie religieuse est donc bouillonnante mais respectueuse par menace d'Armageddon surprise.

La ville en elle-même a des remparts Inus originaux car en trois épaisseurs. Elle forme un demi-cercle adossée au lac, la partie centrale étant le Conseil qui a son propre port.

La seconde couche est un labyrinthe de cathédrales, chapelles et logements sur la mode Hitsuji, à savoir à moitié enterrés voir même totalement.

Le troisième cercle est en fait la même chose que le second. Il y a tant de cultes différents qu'il a fallu faire de nouveaux remparts pour englober les lieux saints crées en-dehors de la protection des murs.

Il y a des bâtiments construits à l'extérieur mais une gestion rigoureuse des chapelles existantes permet d'éviter d'envisager de construire de nouvelles murailles. Des dizaines d'Hitsujis consciencieux traquent les chapelles abandonnées et les cultes oubliés pour attribuer de nouveaux lieux de culte à ceux qui ne cessent d'être créés.

Et au milieu de ces bâtiments baroques et de styles variés se trouve l'endroit dédié à Sainte Josepha qu'il faudra bien que je dégotte pour ma couverture.

Il est dix heures du matin.

Je le sait car j'entends les cloches d'ici.

Le Totem soit loué, seules les cathédrales sonnent pendant la nuit, sinon personne ne pourrait dormir.

Ou tout le monde serait sourd.

Kahlee est à mes côtés, enchantée par la vue.

Il va sans dire que Zanathi est dans sa chambre, maudissant l'avenir de toutes ses forces.

Je suis sûr qu'elle trouvera bien un culte absolument horrible et écœurant qui a sa chapelle ici...

Je vois qu'aux quais il y a plusieurs appareils du même genre que le Dedalus. La ville est aussi le centre des Templiers. Un marin m'apprend que le Dedalus a la permission d'exceptionnelle de s'amarrer au quai du Conseil, les Templiers restant à l'écart en temps normal.

Même si les soldats Hitsujis en formation forment la police au sein de la cité sacrée, il n'existe aucun lien que ce soit politique et militaire entre le corps armé des Templiers et les activités du Conseil.

Je suis surpris et me demande si on a au moins un allié au sein de cette organisation.

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