Chapitre 16 :

8 minutes de lecture

18 juillet 2021, 00h00.

Kasper :

Mon cœur bat à vive allure dans ma poitrine, à tel point que chaque pulsation résonne dans ma tête. Les mains de Silas font toujours barrage contre mes oreilles et je lui en suis reconnaissant. Les éclats du feu d'artifice me parviennent encore mais les lèvres qui caressent les miennes annihilent toutes mes angoisses, comme une bouffée d'oxygène tant désirée.
Silas est un baume réparateur. Sa tendresse m'emporte et me cajole. Sa douceur m'émerveille et me câline.
Il est d'une délicatesse qui ne me surprend finalement pas. Depuis notre rencontre il se comporte ainsi.
Lorsque la surprise du contact s'évapore peu à peu, mes mains glissent de ses avant-bras jusqu'à son dos, d'un naturel qui me déconcerte.
Son souffle s'échoue contre mes joues humides et ses doigts caressent mes cheveux alors qu'il maintient ma tête entre ses paumes chaudes.
J'ignore ce que je dois faire, comment je dois m'y prendre pour lui faire comprendre que je désire sa présence. C'est le premier baiser qu'on m'offre et je suis à la fois bouleversé et impatient que le contact s'intensifie. Mon ventre est en feu, ma peau l'est davantage et me chatouille lorsqu'une légère brise fait danser les cheveux de Silas sur mon front.
J'ai l'impression d'être maladroit, nul et trop novice pour lui. Je suis si insignifiant face à ce grand brun à l'assurance déroutante, si petit contre son corps qui touche le mien.

Mes yeux se ferment enfin alors que ceux de Silas le sont depuis un moment déjà. Je suis tremblant et frissonnant contre lui et je remercie l'arbre qui me soutient car sans lui, je serais probablement à terre.
Ses lèvres se mettent en mouvement, lentement, avec précaution et un électrochoc me vrille le bas du ventre. Est-ce normal ? Qu'est-ce que c'est ?
Mes doigts se referment sur son tee-shirt, dans son dos, alors qu'un couinement m'échappe lorsque le bout de sa langue retrace ma lèvre inférieure. Ma tête se met à tourner violemment et j'ai la sensation que mon cœur va exploser d'une seconde à l'autre. Je me sens en sécurité, pour la première fois depuis un très long moment, j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre malgré le trouble que me procure notre baiser.

Des vibrations se font ressentir sur le haut de ma cuisse et Silas brise notre échange lorsqu'il comprend que c'est mon téléphone. Je suis essoufflé et perturbé lorsque son corps s'éloigne légèrement. Les yeux toujours clos, je sens ses doigts qui effleurent ma tempe. J'ignore s'il parle, je n'entends rien d'autre que les lointaines explosions et les battements effrénés de mon palpitant. Les lèvres de Silas se posent doucement sur ma joue et je sens son sourire se dessiner sur ma peau. C'est lorsque mon téléphone vibre de nouveau que j'ouvre enfin les paupières. Le regard vert et pétillant qui s'ancre au mien m'affaiblit dans la seconde.

— Excuse-moi, souffle Silas, c'était plus fort que moi.

Je ne l'entends pas, ses paumes obstruent mon audition mais sa façon d'articuler chaque syllabe avec lenteur m'a permis de lire les mots sur ses lèvres.
J'acquiesce d'un léger signe du menton, puis ma main délaisse son dos pour récupérer mon portable qui s'acharne encore. Une de ses paumes quitte mon oreille sans que je n'ai besoin de lui demander tandis que je décroche l'appelle de ma mère.

— Bon sang, Kas ! Je te cherche partout depuis trente minutes ! Tu vas bien ? Où tu es ? Tu n'as pas tes boules Quies !

— Je... je suis avec... ça va, bégayé-je alors que le regard de Silas n'a pas quitté le mien.

La chaleur de mes joues est presque insupportable, mais elle ne s'atténuera qu'une fois que les émotions se seront dissipées, pas avant que Silas ne s'éloigne de moi. Bien que l'envie qu'il le fasse ne m'étreint pas. Bien au contraire, je désire qu'il recommence à m'embrasser, qu'il caresse ma peau et mes cheveux, encore, qu'il laisse son souffle effleurer mon visage.
Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?
Ça va aller, Kas, tout va bien se passer.

— Avec qui ? demande maman. Tu es certain que ça va ?

— Oui. Oui, je vais... bien. Je suis avec... Silas, tu sais... l'employé ?

— L'employé ? Oh, oui, je vois ! Est-ce que tu as besoin que je vienne te chercher, ou Kate ?

— Non, maman ! réponds-je trop vivement. Euh... enfin, ça va, ne t'inquiète... pas.

Une sourire apparaît sur le visage de mon vis à vis et je prends conscience qu'avec cette proximité, il entend tout ce que ma mère me dit. Je baisse la tête, honteux, et mal à l'aise mais Silas embrasse le bout de mon nez pour m'apaiser. L'embarras grandit en moi, je ne sais plus où me mettre.

— Nous allons bientôt rentrer, ton père et moi, tu viens avec nous ?

— Euh... je ne sais pas, je...

— Tu n'es pas obligé, affirme maman. Tu peux rester avec ton ami mais dans ce cas, ne rentre pas trop tard, ok ?

— Oui, d'accord.

L'appel se coupe après quelques échanges de plus. Un long soupir m'échappe et je laisse tomber ma tête contre l'arbre. Les yeux rivés vers le ciel, je constate que le feu d'artifice est terminé et un sentiment de culpabilité me ronge l'estomac. Tout en triturant mes doigts, je tente de trouver le regard de Silas. Ce n'est pas compliqué puisqu'il me regarde déjà.

— Oh, Silas... je suis désolé. Tu as... à cause de moi, tu as... loupé le...

— Eh ! me coupe-t-il doucement en venant effleurer ma joue de son index. Ne t'excuse pas ! Pas du tout même. Je l'ai vu, le feu d'artifice. Dans tes yeux, il était incroyable.

Mes lèvres s'entrouvrent de stupéfaction alors que mon cœur à peine calmé se remet à pulser brusquement.

— Ne... ne dis pas de... bêtises comme... ça.

— Ce ne sont pas des bêtises, et pourquoi je n'aurais pas le droit ?

— C'est... embarrassant, murmuré-je en expirant lentement.

Son éclat de rire ricoche sur mes lèvres et me fait frissonner, tandis que ses mains viennent délicatement se poser sur mes hanches. D'un geste doux, il me ramène contre son torse pour m'enlacer. Son menton se pose sur le haut de mon crâne et je suis bien heureux d'avoir le visage contre sa poitrine pour camoufler mes rougeurs.
Nous restons ainsi durant de longues minutes, jusqu'à ce que Silas soupire dans mes cheveux.

— Je vais devoir retourner travailler, murmure-t-il. Je suis absent depuis un moment et si Marco le remarque, je risque de me faire taper sur les doigts.

Je m'éloigne de mauvaise grâce. Étonnement je me sentais très bien dans ses bras et le fait qu'il doit partir m'attriste. Je baisse la tête, fixant mes pieds dans l'obscurité qui nous entoure.

— Oui, je comprends.

— Ne fais pas cette tête, Kas, chuchote-t-il en faisant un pas vers moi.

— Quelle tête ?

— Tu as l'air déçu. Je dois retourner au feu de camp, mais tu peux rester avec moi. Je ne te laisserai pas seul.

L'idée de me retrouver au milieu de tous ces gens ne me plaît pas. Un mal de ventre m'assaille à cette seule pensée. Je secoue la tête, jouant nerveusement avec le bas de ma chemise.

— Non... je vais aller... dormir.

— Tu es sûr ? demande-t-il en passant son doigt sous mon menton pour relever mon visage vers le sien.

— Oui, je suis fatigué, bredouillé-je en maintenant difficilement son regard.

J'ai la sensation de prendre feu à chaque fois que sa peau effleure la mienne.

— D'accord. Est-ce que tu veux que je te raccompagne jusqu'à ton bungalow ?

— Ça va... aller. Je ne veux pas que... Marco te réprimande par ma faute.

— Tu m'envoie un texto quand tu es arrivé, alors ?

Je lui souris faiblement pour approuver sa demande. Je me sens étrange, déboussolé. Je n'ai pas envie de partir, mais je ne veux pas non plus que nous soyons au centre de la foule. J'aime être avec lui, mais seulement lorsque nous sommes tous les deux, cachés au milieu de la forêt.

— J'ai une idée, déclare Silas d'un ton enjoué.

— Quoi ?

— J'ai mon dimanche de libre, comme je suis de service ce soir et probablement pour une bonne partie de la nuit. Je dois assister à la réunion pour les plannings de la semaine prochaine, mais c'est tout. Alors, qu'est-ce que tu penses de se retrouver dans la matinée pour enfin commencer une activité ?

— Ah... euh, oui, enfin, je crois.

— Tu crois ? sourit-il en inclinant la tête.

— C'est que... je ne sais pas si je vais... réussir à faire quoique ce soit. Je veux dire, je ne sais faire aucun des jeux... proposés sur le camp.

— Si ce n'est que ça, c'est pas un problème ! Je suis là pour t'apprendre, tu as oublié ?

— Non, soufflé-je en fermant brièvement les yeux. Je n'ai pas oublié.

— Parfait ! Alors, on se rejoint demain matin ?

J'acquiesce lentement tandis qu'il sourit encore. Je reste immobile un moment, ne sachant pas vraiment quoi faire alors après plusieurs minutes, je m'éloigne pour rentrer chez moi.

— À plus tard, alors, chuchoté-je en faisant plusieurs pas en arrière.

— Eh, attend, Kas ! Ne pars pas comme ça, m'intime-t-il en attrapant doucement mon poignet.

Il me ramène vers lui et je le laisse faire sans protester. Lorsque je suis contre sa poitrine, il passe la pulpe de son doigt entre mes sourcils froncés et replace correctement mes lunettes sur ma tête. Je les ai prise pour me cacher si j'avais besoin de le faire, mais finalement, elles ne m'ont pas été utiles.

— Je suis désolé de t'avoir embrassé sans te demander ton consentement, murmure-t-il alors que son visage est légèrement baissé vers le mien.

Mes joues s'enflamment en y repensant. J'ai l'impression d'être une lampe torche qui s'allume à chaque parole ou contact de Silas. C'est déroutant.
Le fait qu'il s'excuse me touche énormément et je ne peux réfréner les quelques larmes qui pointent dans le coin de mes yeux. Avec lui, mon cœur ne cesse de faire des embardées. Il bat sur un rythme différent et incompréhensible.

— Non. Ne t'excuse pas, je... ça ne m'a pas... dérangé. J'ai... je, enfin j'ai aimé, ça.

Le sourire qu'il m'offre est éblouissant, dans la pénombre, il m'éclaire et m'illumine.
Ses mains encerclent mon visage et ses pouces viennent recueillir les perles salées avant qu'elles ne dévalent mes joues.

— Je ne sais pas ce que tu me fais, Kas, mais peu importe de quoi il s'agit, n'arrête surtout pas, murmure-t-il avant de déposer un baiser sur mon front.

Ses mots me laissent dans un brouillard d'émotions alors qu'il fait plusieurs pas en arrière. Je comprends que c'est le moment pour moi de m'en aller, plus je vais attendre et plus les risques que Marco remarque son absence seront élevés. Je lui fais un petit signe de la main avant de faire volte-face pour ne plus me retourner.
Je traverse le camping en souriant, la main plaquée sur ma poitrine, au niveau de mon cœur pour tenter d'apaiser son acharnement. Je me sens cotonneux, un peu secoué mais étrangement apaisé. Je fais le moins de bruit possible lorsque j'arrive au bungalow. Les lumières sont éteintes et mes parents dorment sûrement. Je vérifie que Milla soit bien dans son lit avant de rejoindre ma chambre sur la pointe des pieds.
Je me laisse tomber sur le matelas, fixant un instant le plafond éclairé par quelques rayons de lune avant de récupérer mon téléphone pour écrire à Silas, comme il me l'a demandé.

Kas :
Je suis arrivé à destination.

Silas :
Parfait. Marco n'a pas semblé avoir remarqué ma fuite.

Kas :
Je me serais senti coupable si ça avait été le cas.

Silas :
Ne t'inquiète pas pour moi. Passe une douce nuit, Kasper. À demain. :)

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