Chapitre 17 :

8 minutes de lecture

18 juillet 2021, début de matinée.

Kasper :

Je grogne de mécontentement alors que mon corps est brutalement secoué. Un éclat de rire s'élève et mes yeux s'ouvrent sur Kate qui maintient mes épaules pour me remuer comme un prunier.
Ses yeux sont illuminés et la joie qui transparaît sur son visage est à la fois étrange et communicative. Je pouffe de rire alors qu'elle se remet à me balancer, plus doucement cette fois.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? m'amusé-je. Et pourquoi tu rayonnes comme ça ?

— Quoi ? Ça veut dire que d'habitude je ne suis pas belle ?

— Ça n'a vraiment rien à voir, protesté-je en la repoussant pour m'asseoir sur le matelas. C'est quoi cette façon de me réveiller ? Tu n'es pas délicate !

— Non ! Je suis impatiente !

— Mais pourquoi ?

Je camoufle mon visage afin de bâiller, encore épuisé. Kate s'agite sur mon lit, les lèvres étirées en un sourire qui commence à me faire douter sur sa santé mentale.

— Kasper ! J'étais déjà là lorsque tu es rentré cette nuit ! Tu te rends compte ? Mon petit frère est rentré d'une fête après moi ! C'est impensable, et pourtant !

Je hausse un sourcil, l'observe comme si elle était devenue folle parce que je commence à réellement penser que c'est le cas. Je ne l'ai jamais vu dans cet état.

— Maman m'a dit que tu étais avec Silas, me confie-t-elle à voix basse.

Mon visage s'enflamme dans la seconde et mes doigts viennent effleurer mes lèvres alors que la sensation des siennes réapparaît brusquement.
Seigneur. Silas m'a embrassé et je n'ai pas rêvé. J'ai aimé ça. Je me souviens de la moindre de mes réactions, de chacune de ses respirations sur ma peau, de ses doigts sur mon visage.

Le feu qui m'a possédé la veille revient en force dans le bas de mon ventre. Il était si... doux et prévenant.

— Oh mon Dieu ! s'exclame Kate en englobant mon visage de ses doigts fins. Kas, c'était quoi, ça ?

— Qu... quoi ? marmonné-je en baissant les yeux.

Un sentiment d'inconfort m'étreint alors que le regard scrutateur de ma sœur ne me quitte pas. Son attention braqué sur moi me rend nerveux.

— Cette chose avec tes doigts. Tu m'as quitté pendant quelques secondes pour te perdre avec lui. Dis-moi, mon Kas, qu'est-ce qu'il a fait pour que tu sois si... je ne sais pas en réalité. Mais quelque chose a changé chez toi ! Tu n'avais pas le même regard lorsque je t'ai laissé au feu de camp, ni même jamais avant !

— Pourquoi est-ce que... tu me poses tant de questions ? Je ne sais pas quoi... quoi te dire.

Elle lève la tête afin de fixer le plafond quelques secondes, inspire puis expire doucement. Lorsqu'elle est de nouveau calme, son regard retrouve le mien.

— Excuse-moi, rit-elle, j'y suis allée trop directement. Avec toi, il faut de la patience et du tact.

— Katherine ! râlé-je en me couvrant le visage à l'aide de l'oreiller.

La suite de mes plaintes est incompréhensible, et amuse ma sœur qui ébouriffe mes cheveux.

— Ne m'en veux pas d'être contente pour toi, dit-elle d'un ton enjoué. C'est la première fois que tu fréquentes d'autres personnes que tes abrutis de copains.

— Tu les aimes bien mes abrutis, contré-je en baissant l'oreiller.

— C'est vrai, mais là, c'est différent. C'est plus...

Elle fait une pause pour chercher ses mots, son index tapotant son menton et les yeux vers le ciel.

— ... intime ? tente-t-elle.

— Justement, grogné-je, l'intimité est faite pour être respectée.

— Ah non, pas avec moi, Kas ! Tu l'aimes vraiment bien, hein ?

— Oui..., réponds-je en baissant la tête. Je crois que oui, même beaucoup.

— Oh, mon bébé ! se réjouit-elle en me prenant brusquement dans ses bras. Je suis tellement contente pour toi !

— Arrête, on croirait entendre maman ! D'ailleurs, elle ne se doute de rien, n'est-ce pas ? demandé-je méfiant.

— Non, je ne crois pas. Je lui ai dit que c'était avec lui que tu passais tes après-midis parce que vous vous étiez liés d'amitié. Les parents sont plutôt contents, grâce à lui, tu ne restes plus enfermé dans ta chambre.

— Hum... je suis étonné que Milla tienne sa langue, fais-je remarquer.

— Milla ne comprend pas, elle est trop jeune pour ça.

— Je ne suis pas certain de ça, bougonné-je. Elle est futée quand même.

— De toute façon, même si les parents viennent à le savoir, quel est le problème ? Tu es heureux, tu sors, tu vois du monde alors, c'est une bonne chose.

— C'est un garçon... soufflé-je, et je crois... que je suis... amoureux de lui. Enfin... je ne connais rien aux... sentiments mais...

— Quelle importance ça a, que ce soit un garçon ? me coupe-t-elle. Nos parents sont très ouverts d'esprits, et si toi tu te sens bien alors tu n'as pas de soucis à te faire. Et s'ils ne comprennent pas, je ferai en sorte que leur avis change.

— Mais... je ne sais même pas si... c'est une bonne idée. À la fin des vacances... je ne le verrai peut-être plus.

Mon cœur se serre à l'idée que Silas quitte ma vie aussi rapidement qu'il y est entré. Je ne suis pas certain de désirer que cela arrive et comment vais-je faire si mes sentiments s'avèrent être réels ? Comment vais-je supporter le retour à la réalité ?

— Tu sais, Kas, certains amours ne sont pas fait pour durer, c'est malheureux mais c'est ainsi. Ce que tu dois garder en tête, ce sont les bons souvenirs et les émotions que tu as ressentis durant cette relation, pas la tristesse de vous quitter. Tu comprends ? C'est la première fois que tu t'attaches à quelqu'un, c'est difficile mais c'est beau alors tu dois rester dans l'instant et ne pas être perturbé par le " après ".

— Oui, je vois, mais... ça va être... douloureux.

— Mon cœur, soupire-t-elle en caressant ma joue, ne te fixe pas sur ça. Tu ne sais pas, d'accord ? Peut-être qu'à la rentrée vous resterez en contact. La fin des vacances ne veut pas dire que vous devez vous dire adieu et puis, nous en sommes encore loin, alors profite simplement.

— Oui, soufflé-je la gorge nouée. Nous devons nous rejoindre ce matin pour nous inscrire à une activité.

— C'est génial comme plan, se réjouit-elle. Je vais te laisser te préparer dans ce cas.

Elle se lève en souriant après avoir embrassé mes cheveux. Avant de quitter la chambre, elle se tourne une dernière fois vers moi.

— Dis, est-ce que les vêtements lui ont plu ?

Son sourire vicieux me fait rougir. Je me doutais bien qu'elle ne les avait pas achetés pour rien.

— Oui, je crois.

Elle approuve d'un hochement de tête et referme la porte derrière elle tandis que je me laisse tomber sur le matelas. Les yeux clos, je redessine chaque trait du visage de Silas dans mon esprit.


♡ ♡ ♡

Il est 10h30 lorsque je rejoins Silas à notre endroit habituel. Il est habillé d'un short en jean et d'un tee-shirt blanc qui lui colle à la peau. Ses yeux sont cachés par des carreaux fumés et ses mèches brunes sont moins en batailles qu'à leur habitude. Derrière mes propres lunettes, je laisse mon regard errer quelques secondes sur ses bras nus, jusqu'à la montre qui enserre son poignet.
Je m'immobilise face à lui. Il est toujours le premier sur notre lieu de rendez-vous et je me demande s'il attend depuis longtemps.

— Bonjour, susurre-t-il en souriant. Tu as bien dormi ?

— Oui, et toi ?

Je ne sais pas comment agir, alors pour ne pas paraître ridicule, j'attends qu'il prenne les choses en main.

— Pas assez, mais je me rattraperai plus tard.

— Tu as terminé à quelle heure ?

— J'ai rejoins mon bungalow à presque 3h00, pour me lever à 6h00 pour la réunion avec Marco.

— Oh... Tu aurais peut-être préféré te reposer ce matin ?

Il fait un pas vers moi, puis ses doigts viennent effleurer les miens.

— Non, m'assure-t-il en souriant. En plus, c'est moi qui ai proposé qu'on se voit alors, il n'y a pas de problème.

J'acquiesce, un peu gêné. J'aimerais qu'il soit plus près, qu'il me prenne dans ses bras, comme cette nuit. Mais je n'ose pas lui demander, et j'ose encore moins le faire par moi-même. C'est assez perturbant de ne pas voir ses yeux, et je me demande s'il pense la même chose à chaque fois que je me cache derrière mes lunettes. Nous restons silencieux et immobiles pendant un moment puis enfin, ses doigts s'enroulent autour de mon poignet pour me ramener vers lui. Je suis contraint de relever la tête pour voir son visage alors que mon buste est contre le sien. Son souffle chatouille ma peau et étrangement, j'ai la sensation d'enfin respirer convenablement. Je sens la chaleur se répandre sur mon visage, mais pour une fois, je ne suis pas vraiment gêné, juste impatient qu'il me touche encore.
Sa tête s'approche lentement de la mienne afin que ses lèvres embrassent ma joue, puis mon nez et mon trouble s'accroît lorsqu'il s'arrête à quelques centimètres de ma bouche. Ma respiration est lourde d'impatience, j'ai besoin de plus, encore. Je ne me reconnais pas, jamais avant hier soir, je n'avais ressenti ce genre d'envies.

— Est-ce que je peux ? murmure-t-il contre mon visage.

— Ou... oui.

Un petit baiser arrive sur ma bouche, une petite pression et puis c'est tout. Ce n'est pas suffisant. Mais comment pourrais-je lui dire sans avoir l'air idiot ou empoté ?
Silas relève la tête et retire ses lunettes qu'il met dans la poche arrière de son short. Puis, il se penche de nouveau vers moi et retire ensuite les miennes en les glissant sur ma tête, emportant avec elle, les mèches qui barrent mon front. Ses yeux s'ancrent aux miens et l'intensité de son regard me donne mal au ventre.

— Voilà qui est mieux, approuve-t-il en souriant.

Sa main vient se poser avec délicatesse dans le bas de mon dos pour me rabattre contre son torse et ses lèvres trouvent à nouveau les miennes dans un geste lent et mesuré. Je ne peux réfréner le soupir de contentement qui m'échappe pour venir mourir contre la bouche de Silas. Je sens son sourire contre mes lèvres et le mien se dessine contre les siennes. Son baiser est doux, tendre et mon esprit défaille lorsque l'humidité de sa langue vient se mêler à notre échange. Instinctivement, mes lèvres s'entrouvrent et j'accueille ce geste en m'agrippant fermement à ses épaules. Mon cœur bat beaucoup trop vite, beaucoup trop fort, à tel point que chaque battement résonne à mes oreilles. Sa main suit ma colonne vertébrale jusqu'à ce que ses doigts glissent dans mes cheveux. Nos souffles se mêlent et notre baiser prend en intensité.
Mon esprit fait tinter la sonnette d'alarme lorsque des pas se font entendre et que mon corps se tend brusquement. Je fais plusieurs pas en arrière, les yeux arrondis et les lèvres humides de nos salives. Silas fronce les sourcils, puis me sourit lorsqu'il comprend que le bruit m'a alarmé. Au même moment, un couple de personnes âgées passent près de nous sans même nous jeter un regard.

— Pardon, je...

— C'est rien, me coupe-t-il en hochant la tête. Ne t'inquiète pas, Kas, je comprends.

— Oui, je, enfin... pardon.

Je baisse la tête, mort de honte de l'avoir repoussé ainsi. J'avais envie que notre baiser dure encore, mais mon cerveau a placé des barrières à l'idée d'être surpris dans cette position.

— Arrête, me sourit-il, ce n'est pas grave, je te dis.

Ses doigts enlacent les miens et il se met en marche vers l'allée principale du camping.

— Tu as déjà fait du tir à l'arc ? s'enquiert-il en me guidant à sa suite.

— Euh... non.

— Parfait, alors ce moment est arrivé ! On va t'initier !

Annotations

Vous aimez lire Li nK olN ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0