Chapitre 23 :

9 minutes de lecture

21 juillet 2021, fin d'après-midi.

Silas :

L'humidité des larmes de Kasper se répand sur mon visage alors que ses lèvres effleurent lentement les miennes. Son torse compressé contre le mien, je sens chaque battement de son cœur se joindre au rythme acharné du mien. Les paupières closes, je le laisse guider ce baiser, le premier qu'il m'offre de son plein gré et que j'attendais avec une telle impatience. Les doutes dissipés, il m'embrasse exactement comme je l'imaginais. Avec timidité, douceur, une pointe de peur et un plaisir qui éveille mes sens. Mon self control est mis à mal alors qu'il se dresse sur les genoux pour me surplomber. Il me faut un temps d'adaptation, quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passe. J'ignore si l'audace dont il fait preuve est le fruit de mes propos ou s'il se laisse simplement envahir par le désir qu'il ressent et qu'il comprend enfin, mais je me délecte de chacun de ses mouvements. La tête légèrement en arrière, mon bras dans son dos et la main contre sa nuque, je sens chaque frisson qui le parcourt. Parfaite représentation de ce qu'il se passe en moi, également. Ses paumes viennent agripper mes épaules tandis qu'il soupire doucement contre mes lèvres. Son baiser est lent et chaste mais mon esprit est emporté par le mouvement.
Kas pleure encore, comme s'il laissait disparaître son hésitation à travers les larmes salines et froides qui roulent sur nos peaux. Son corps se met à trembler contre le mien alors que sa poitrine se gonfle frénétiquement.
J'aimerais l'étendre sur le tapis d'herbe, embrasser chaque parcelle de sa peau tendre et effleurer les courbes de son corps pour lui procurer le plaisir qu'il me fait ressentir en un baiser. J'aimerais lui faire découvrir l'amour, le vrai. Celui qu'on partage lorsque deux cœurs sont épris ; celui qui apaise et qui fait du bien. Loin des actes sexuels, je veux lui faire découvrir la passion et la dévotion, la sincérité et la douceur. Kas mérite la tendresse et je compte bien la lui offrir.

Mes mains remontent sa colonne vertébrale tandis qu'il s'assoit de lui-même sur mes cuisses. Sa peau est chaude, brûlante contre la mienne. Mon cœur bat si vite, si fort que j'en viens à en perdre la tête. Je n'ai pas ressenti ça depuis longtemps, en réalité, je ne suis même pas certain d'avoir désiré quelqu'un avec tant d'ardeur. Ses lèvres se meuvent parfaitement contre les miennes et je sens qu'il essaie d'approfondir notre baiser. Sa langue pointe timidement contre ma bouche et fait exploser quelque chose en moi. Je sais parfaitement de quoi il s'agit, c'est l'envie qui évolue, ce désir qui s'étend et fait vibrer mon bas-ventre. Mon excitation s'accroît, comprimée contre celle de Kasper qu'il tente de dissimuler. Je la ressens, pourtant. Je sens chaque partie de son être bandé contre le mien, chacun de ses muscles crispés et tendus sous mes doigts qui l'effleurent. Ses mains glissent sur mon torse, s'ancrent à mon tee-shirt tandis que son gémissement vient mourir contre mes lèvres. C'est trop, et je ne suis pas sûr de supporter les réactions qu'il me procure. J'ai envie de lui, tellement fort que je ne suis pas certain de parvenir à calmer les choses. Tout est nouveau pour lui, et probablement pour moi aussi. Il souhaite apprendre, je le ressens dans chacun de ses gestes mais suis-je réellement capable de le faire correctement ? Est-il vraiment prêt pour tant de changements ?

Un grognement m'échappe à l'instant où son bassin, dans un geste purement automatique, rencontre le mien. Je sens sa gêne grandir lorsque ses lèvres tremblotent légèrement. Son corps réagit instinctivement, sans qu'il puisse faire autrement. C'est tout à fait normal mais Kas ne doit sûrement pas le voir ainsi. Pourtant, il ne s'éloigne pas et bien qu'il perde un peu de son audace, il m'embrasse toujours. Le souffle nous manque, mes poumons me brûlent mais aucun de nous deux ne brise le contact.
Ses hanches ondulent contre les miennes et me font frissonner, tandis qu'il soupire encore et encore. La tension est trop présente, trop intense. S'il continue, je ne crois pas être en capacité de réfréner mes désirs. Je dois mettre un terme à ça, à contrecœur, mais c'est nécessaire pour qu'il ne regrette rien lorsqu'il aura repris ses esprits. Je ne veux pas être celui qu'il regarde avec des yeux emplis de remords et de culpabilité. Avec douceur, ma main vient faire pression contre sa poitrine pour l'inciter à rompre le baiser. Nous inspirons longuement, tandis que je cherche son regard.

Please, calm down, Honey¹, murmuré-je contre ses lèvres.

Ses iris embués sont à couper le souffle, transpirant la luxure et le désir. Mon cœur chavire et je crois n'avoir jamais vu telle splendeur avant ce visage baigné d'envies.

— Qu... quoi ? souffle-t-il en fronçant légèrement les sourcils.

Je prends un instant pour analyser ce que j'ai dit, un peu perplexe face à son incompréhension. Puis je réalise que les mots prononcés n'étaient pas vraiment réfléchis. Je pouffe de rire pour calmer ma raison qui me pousse à le dévêtir afin de me fondre en lui.

— Doucement, Kas, ça va trop vite. On ne doit pas brûler les étapes, d'accord ?

— Je veux... j'ai besoin que tu calmes ce qu'il se passe en moi. Silas, s'il te plaît... je me sens trop...

— Je sais comment tu te sens, mais on ne peut pas aller plus loin. Pas aujourd'hui, Kasper.

— Pourquoi ? se plaint-il en baissant les yeux.

Il paraît désormais perdu, un peu déçu mais surtout découragé. Je m'en veux d'avoir fait cesser son assurance, mais je préfère le préserver plutôt que de faire avancer les choses trop rapidement.

— Parce que tu ne sais pas dans quoi tu te lances, mais aussi et surtout parce que la dernière fois que nous nous sommes embrassés ici, ta sœur a déboulé sans prévenir.

— Tu n'en as pas envie ? Tu disais que...

— Bien sûr que je le veux, le coupé-je. Je sais ce que j'ai dit et c'est toujours le cas, mais tu n'es pas prêt.

— Comment peux-tu le savoir ?

— Ça se lit sur ton visage. Je sais que tu me désires, tu n'as pas besoin de mot pour l'exprimer mais entre le vouloir et passer à l'acte, il y a une énorme différence.

Ses iris bleus rencontrent enfin les miens. Il me regarde quelques instants, les joues rouges et le souffle lourd puis ses épaules s'affaissent lorsqu'il expire l'air contenu dans ses poumons.

— Que dois-je faire, alors ? Pour apaiser le... enfin, pour ne plus ressentir cette douleur ?

Ma main vient délicatement se poser sous son nombril, exerçant une légère pression sur son bas-ventre. Ses yeux s'arrondissent et son souffle se coupe instantanément.

— Est-ce à cet endroit que tu as mal ? m'enquiers-je doucement.

Il hoche lentement la tête, puis ferme les yeux en plissant les paupières. J'aimerais l'aider, calmer cet afflux de désir mais je ne m'y autorise pas.
Mon regard dérive vers son érection camouflée sous le tissu de son bermuda et je mords brusquement l'intérieur de ma joue pour ne pas céder à mes pulsions charnelles. Une idée me traverse l'esprit alors que je relève le visage vers celui de Kasper, faisant de mon mieux pour ne plus dévier vers la partie qui me fait envie.

— Kas, l'appelé-je tout bas pour qu'il rouvre les yeux, est-ce que tu t'es déjà... caressé ?

Ma question le surprend. Elle est probablement intrusive et déplacée, pourtant sa réponse a réellement de l'importance pour moi. Ce n'est pas une idée maladive ou une curiosité malsaine. Je veux simplement évaluer son degré d'innocence. Pas que je doute de ses propos lorsqu'il m'assure qu'il n'a jamais ressenti cela pour quelqu'un avant moi, mais une part de moi souhaite être certain que je ne le brusque pas en l'incitant à réclamer une chose qu'il pense désirer. Je ne veux pas altérer son jugement parce que mon corps le quémande avec ferveur.

— Non, chuchote-t-il, je n'ai jamais fait... ça.

Sa peau est atrocement rose et son cœur pulse dans sa poitrine. Je le sens battre contre le mien. Battement après battement, mon palpitant prend le même tempo que le sien.

— Fais-le, Kas.

Son visage se transforme, ses yeux s'arrondissent quelques secondes pour finalement se rétrécir et perdre l'éclat de désir logé dans ses iris.

— Pardon ? s'exclame-t-il horrifié.

Son corps se met à trembler contre le mien et je comprends que la peur l'englobe, désormais. Il tente de s'éloigner mais mon bras s'enroule autour de son corps pour le maintenir à moi.

— Pas maintenant, m'empressé-je d'ajouter avant de totalement le perdre. Je me suis mal exprimé, excuse-moi.

J'embrasse le bout de son nez pour le détendre, puis ses joues brûlantes et ses lèvres enflées par nos précédents baisers.

— N'ai pas peur Kasper, soufflé-je contre son visage. Je ne te demande pas de faire ça ici et maintenant. Seulement, c'est peut-être un bon début que tu découvres ton corps avant de me laisser le faire pour toi. Tu comprends ce que j'essaie de te dire ?

Son regard apeuré me fait regretter la précipitation de mes paroles. Mon cœur souffre de lui avoir causé une telle frayeur.

— Lorsque tu seras seul et que tu en auras envie, poursuis-je, que tu te sentiras prêt, essaie de te caresser, de voir si tu ressens du plaisir, si les sensations sont agréables pour toi. C'est la première étape à passer avant de souhaiter autre chose.

— Mais... c'est toi que je veux, bredouille-t-il. Silas, c'est de toi dont j'ai envie, je ne veux pas... le faire moi-même.

Un grognement guttural s'élève et quitte mes lèvres tandis que ses mots se répercutent à l'endroit le plus sensible de mon anatomie. Son innocence et sa candeur me laissent pantelant.

Seigneur, donne-moi la force de lui résister. Pourquoi m'as-tu fait si faible face à lui ?

Est-ce que ton intention est de me tuer ? demandé-je en déglutissant. Parce que si c'est le cas, tu es sur la bonne voie.

— Quoi ? Non, pas du tout, s'offusque-t-il. Je n'ai rien... fait.

— Non, confirmé-je, tu n'as rien fait. Mais, je crois que tu n'as toujours pas compris l'effet que tu as sur moi. Tu ne te rends absolument pas compte que chacun de tes mots, chacun de tes gestes me...

Je clos les paupières, inspire brusquement et laisse ma phrase en suspens car je n'ai aucune idée de comment amener les choses de façon correcte. Ses grands yeux rencontrent les miens lorsque je les rouvre et j'ai la sensation qu'il peut faire de moi ce que bon lui semble.

— Oublie ça, tu veux ? Est-ce que tu acceptes d'essayer ? Pour qu'ensuite, tu sois certain de ce que tu souhaites réellement ? Je ne veux pas que tu me détestes si finalement, les événements évoluent d'une façon qui te déplaît. J'ai sincèrement et affreusement envie de toi, tu peux me croire sur parole, mais avant toute chose, tu dois être sûr de toi.

Il semble réfléchir un moment, puis soupire et acquiesce doucement.

— D'accord. Je vais... essayer, mais je sais déjà que je veux tout ça avec toi.

— Tais-toi, soufflé-je perturbé.

Son assurance nouvelle me coupe le souffle et je me demande s'il sera capable de m'avouer de telles choses dans un moment différent de celui-ci.
Mon front se pose doucement contre le sien, tandis que je peine à calmer mon corps qui réagit à chaque fois que sa voix me parvient.

— Je t'en prie, tais-toi, répété-je, et viens contre moi, tu es trop loin.

Nos bustes se sont légèrement éloignés lorsque nous parlions et cette distance m'est Insupportable. J'ai besoin de ressentir chaque partie de Kasper, pour être certain que l'amour que je ressens à travers ses iris n'est pas issu d'une rêverie sournoise façonnée par un subconscient en mal de lui.
Il se blottit tout contre moi, sa tête vient se nicher dans le creux de mon cou et son souffle effleure ma peau. Mes doigts traces des formes abstraites sur son avant-bras et je profite de ce moment de calme pour tenter t'enterrer mon envie de goûter son corps d'albâtre.

— Silas ? chuchote-t-il contre ma peau, après un long silence.

— Oui ?

— Comment m'as-tu appelé ?

— Quoi ?

— Quand tu as parlé anglais, tout à l'heure, précise-t-il, comment tu m'as appelé ?

Ma main s'immobilise sur son bras. Les yeux rivés sur l'arbre face à moi, je sens mes joues s'échauffer doucement. Qui pouvait ne serait-ce qu'imaginer que Kasper Price était capable de me mettre mal à l'aise ? Pas moi, enfin, je crois.

Honey, soufflé-je.

Un sourire se dessine sur ma peau alors qu'il effleure ses lèvres contre mon cou.

— J'aime bien, approuve-t-il en un murmure. Dis-le encore.

1 : Please, calm down, Honey. = S'il te plaît, calme-toi, Chéri.

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