Chapitre 36, partie 2 :

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Kasper :

♡♡♡

Allongé sur mon lit, je ne parviens pas à dormir. Je me tourne et me retourne depuis plus d'une heure. Le sommeil me fuit, aucune position m'est confortable et mes yeux me brûlent à force de pleurer. J'ignore pourquoi mes sanglots ne se tarissent pas ; ils sont là, fatigants et douloureux depuis que j'ai rejoint ma chambre. Pourtant, je n'ai aucune réelle raison d'être triste. Mon père est de mon coté et me soutient, ma mère a accepté le fait que je sois avec Silas, bien que l'idée ne lui plaise pas plus que ça. Elle ne me déteste pas, c'est probablement ce qu'il y a de plus important. Malgré cela, je n'arrive pas à faire cesser mes pleurs. J'ignore s'il s'agit du stress qui s'échappe en gouttelettes salées, ou si mon cœur souffre encore, sans vraiment savoir pourquoi.
Je fixe le plafond, ma vision est trouble et la pièce est baignée dans l'obscurité. Je me sens mal et seul. J'aimerais voir Silas, être en sécurité dans ses bras et ne voir que le vert de ses iris. Mon âme le réclame, si fort ce soir, que cela me rend presque malade. Est-ce normal ? Je ne sais pas. Je ne pense pas.

Le silence règne en maître dans le bungalow, aucun bruit, aucun mot, sauf mes sanglots.
Les pensées en ébullition, j'attrape mon téléphone qui repose sur la table de chevet. Il est minuit passé et je suis presque certain que la maisonnée dort.
D'une main tremblotante, j'ouvre la conversation épinglée sur le haut de l'écran.

Kas :
Silas, tu dors ?

J'inspire doucement, tentant de calmer mes tremblements ainsi que les battements effrénés de mon cœur en alerte.

Silas :
Non, Honey. Est-ce que tout va bien ? Pourquoi tu ne dors pas ?

Kas :
Tu es occupé ? Est-ce que je te dérange ?

Silas :
Jamais. Que se passe-t-il ?

Sans réfléchir, je quitte le lit, enfile un jogging et un tee-shirt puis rejoins le salon en faisant le moins de bruit possible. Je traverse les pièces sur la pointe des pieds après avoir chaussé mes baskets, récupère ma veste sur le portant dans l'entrée et quitte le bungalow. Il fait froid cette nuit, c'est sûrement pour cette raison que je croise très peu de gens en longeant les allées du camping. Mon cœur pulse dans ma poitrine lorsque je m'arrête devant l'habitation de Silas. Je ferme les yeux, respire lentement et frappe quelques légers coups contre la porte. Je patiente une minute avant que la poignée ne se baisse et que le visage encombré de mèches brunes se présente à moi.

— Kas, qu'est-ce que...

Je ne lui laisse pas l'opportunité de terminer sa phrase, plongeant entre ses bras comme un naufragé agripperait une bouée. Mes doigts se referment dans son dos, froissant le tissu de son tee-shirt dans mes paumes tandis que j'enfuis mon nez dans le creux de son cou. Instinctivement, il m'enlace, passe une main dans mes cheveux et nous fait reculer afin de refermer la porte. Je ne lâche pas alors qu'il cherche à trouver mon regard.

— Pourquoi es-tu là, Kasper ? Est-ce que ça va ? murmure-t-il, le nez dans mes cheveux.

Je reste muet, tente d'être discret lorsque je renifle afin de ravaler mes sanglots. Son corps est chaud, tandis que le mien est recouvert d'une désagréable chair de poule. Je suis gelé et épuisé.
Lentement, Silas s'éloigne pour englober mon visage de ses grandes paumes brûlantes. J'accepte enfin de le regarder, ses yeux s'ancrent aux miens alors qu'il efface mes larmes de ses pouces.

— Pourquoi tu pleures, ma Douceur ? Je pensais que tout allait bien avec tes parents.

— C'est... c'est le cas, enfin... mieux que ce que j'avais imaginé.

— Alors pourquoi es-tu si triste ? Est-ce que quelqu'un sait que tu es là ?

Je secoue la tête, recule d'un pas et frotte mon nez du revers de la main.

— Ce n'est pas bien, soupire-t-il, tu vas t'attirer des problèmes si on s'aperçoit que tu n'es pas dans ta chambre.

— Je... je voulais juste... te voir, bredouillé-je.

Son regard parcourt mon visage, puis descend lentement, jusqu'à m'examiner de la tête aux pieds. Ses sourcils légèrement froncés face à l'incompréhension de ma venue se relèvent et ses traits d'adoucissent. Un sourire tendre naît sur ses lèvres et ses doigts trouvent les miens.

— Est-ce que tu veux que je m'en aille ? demandé-je en baissant les yeux.

— Non, je suis heureux de t'avoir avec moi. Ce n'est pas ça, c'est simplement que je préférerais que tu ne te mettes pas en mauvaise posture pour être là.

— Je ne vais pas rester... longtemps. Je n'arrivais pas à dormir et j'avais envie de toi.

Ses yeux s'arrondissent avant que ses iris ne disparaissaient sous ses paupières, puis ses dents s'enfoncent brusquement dans sa lèvre inférieure. Mes joues s'enflamment lorsque je comprends le sens de mes propos.

— Ne dis pas de telles paroles, Kasper, murmure-t-il en se penchant vers moi.

— Euh non... enfin, ce n'est pas... ce que je voulais dire. Je voulais juste... être avec toi, oui, voilà. Je voulais te voir et que tu me prennes dans tes... bras.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Silas m'enlace doucement, passant ses mains dans mon dos pour m'attirer contre son torse. Ma joue repose sur sa poitrine et je le laisse me guider jusqu'au canapé, bercé par les pulsations de son cœur contre mon oreille. Il se laisse tomber sur la banquette, m'emportant avec lui. Ses cheveux chatouillent mon nez lorsqu'il se penche pour embrasser lentement mes lèvres.

— Dis-moi, souffle-t-il contre ma bouche, pour quelle raison es-tu arrivé en larmes ?

— Je ne sais pas, je crois que... j'ai besoin d'oublier ce que ma mère a dit. Je... je ne voulais pas la blesser, mais elle l'a fait aussi.

— Je vois, dit-il simplement en me serrant davantage, comment puis-je t'aider à aller mieux ?

Ça..., soupiré-je, j'ai juste besoin de ça.

Son sourire se dessine sur ma joue, ses lèvres effleurent ma mâchoire et remontent jusqu'à ma tempe puis s'immobilise sur le pansement qui couvre une partie de mon front.

— Silas...

— Oui, Honey ?

— Je t'aime.

Il ne répond pas mais sa tête se niche dans mon cou. Il respire ma peau, dépose quelques baisers tout en laissant traîner ses doigts dans mon dos.

— Le fait que tu me le dises... tout à l'heure, murmuré-je, ça m'a aidé à affronter mes parents alors, je voulais te le dire aussi.

Je relève la tête pour capturer son regard. Il m'admire avec tellement de tendresse que mon cœur s'emballe.

— Merci...

— Pourquoi ?

— Je... tu me donnes de la force et j'ai l'impression d'être invincible quand... je pense à toi.

Un baiser atterrit sur la commissure de mes lèvres puis Silas frotte doucement son nez contre le mien.

— Je n'ai aucun mérite, souffle-t-il, cette force, elle est en toi, tu ne l'avais juste pas encore remarqué.

— Non, je ne crois pas. Je...

Mes mots se meurent contre sa bouche lorsqu'il m'embrasse tendrement. Mes bras s'enroulent autour de son cou tandis qu'il pose une main sur ma joue et la deuxième dans le creux de mes reins. J'ai la sensation de retrouver cette bulle qui m'apaise, celle dont je n'ai pas pu réellement profiter depuis le dernier feu de camp. Ses lèvres épousent parfaitement les miennes, comme si elles étaient faites pour se rencontrer, s'assembler.
J'ignore durant combien de temps se prolonge notre échange, mais je me sens enfin plus calme lorsque Silas s'éloigne. Nous inspirons en même temps, avalant l'air de l'autre pour reprendre notre souffle. Ses mèches brunes s'étalent sur son front et je le trouve vraiment beau.

— Silas..., soufflé-je contre ses lèvres.

La commissure droite de sa bouche se relève un peu et je comprends qu'il m'invite silencieusement à continuer.

— Mes parents souhaitent que tu dînes avec nous, pour... pour faire ta connaissance de façon... formelle, je suppose.

Il incline légèrement la tête, la recule de quelques centimètres pour plonger ses iris dans les miens. Il sonde mon regard pendant de longues secondes, si intensément que mes joues, déjà chauffées par nos baisers, s'enflamment complètement.

— Je viendrai, murmure-t-il finalement. Je suis d'accord, c'est même une bonne idée.

— Tu trouves ? soufflé-je en frissonnant.

Ses sourcils s'arquent puis se froncent, alors que ses bras me pressent contre son torse.

— Tu as froid ?

— Non, c'est juste que... ça me fait un peu peur.

— Pourquoi ? C'est bien, crois-moi, m'assure-t-il en souriant. Cela veut dire qu'entre nous, les choses s'officialisent.

— Ce n'était pas déjà le cas ?

Un baiser trouve le bout de mon nez, puis mes lèvres.

— Bien sûr que si, mais là, on parle de tes parents. C'est une étape de plus.

Sa voix tendre me fait frissonner à nouveau. Ses yeux brillent et mon cœur bat plus vite lorsque je remarque ce regard d'une douceur exquise. Ses doigts glissent dans mon dos, passent sous ma veste, puis par-dessous mon tee-shirt jusqu'à effleurer ma peau.

— J'appréhende un peu, avoué-je en me mordant la lèvre. Ma mère est un peu... dure. Elle est gentille, mais parfois elle dit les choses trop rapidement et c'est...

— ... arrête de t'inquiéter, me coupe-t-il. Tout ira très bien et je peux te garantir que tu verras ta mère comme un ange lorsque tu rencontreras la mienne. C'est un tyran, enfin, avec moi seulement.

— Quoi ? C'est supposé me rassurer, ça ?

Silas pouffe de rire puis me serre encore plus fort contre lui. Dans un geste ample, il m'allonge sur la banquette. Un hoquet de surprise m'échappe lorsque mon dos trouve le moelleux du canapé et que son corps recouvre le mien. Je tente de gérer ma respiration, de faire en sorte qu'il ne remarque pas mon trouble. Pas que cela me dérange, juste que sa présence, son odeur, son souffle sur ma peau, font vaciller mon esprit. Il sourit. Un sourire qui me fait l'aimer plus fort encore. Puis, il embrasse ma joue avant de poser sa tête sur mon torse. D'eux-mêmes, mes doigts viennent fourrager entre ses épaisses mèches sombres.

— Ne t'inquiète pas, d'accord ? souffle-t-il en ronronnant. Tout se passera parfaitement bien, et quoi qu'il arrive, ma main sera dans la tienne.

– Oui, réponds-je sans hésitation.

Une main sur mon ventre, il me caresse doucement. Je ressens la chaleur de sa paume par-dessus mes vêtements. Nous restons ainsi un moment, silencieux, profitant chacun de la présence de l'autre. Je me sens mieux, désormais. J'avais besoin de Silas pour respirer.

— Tu devrais rentrer, murmure-t-il un peu plus tard. J'aimerais dormir comme ça, mais tu vas avoir des problèmes.

— Encore cinq minutes, quémandé-je en jouant avec ses cheveux.

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