Chapitre 38 :

13 minutes de lecture

30 juillet 2021, dans la soirée.

Kasper :

— Je comprends, déclare posément Silas tandis que ses doigts pressent doucement ma cuisse. La situation dans laquelle Kasper et moi nous sommes mis est délicate, mais soyez sans craintes, mon intention n'est pas de lui causer du tort.

Mon cœur ne bat plus, je crois qu'il s'est arrêté à l'instant où maman s'est mise à parler. Je repose ma fourchette, alors que Silas attend patiemment une réaction venant de celle installée face à lui. Milla mange sans se soucier le moins du monde de ce qu'il se passe, mais les autres sont silencieux et attendent de voir comment va évoluer cette discussion.

— Je ne sous-entends pas une telle chose. Mon opinion vis-à-vis de toi n'a pas changé, tu me parais être quelqu'un de convenable et Kasper semble énormément t'apprécier mais il est trop jeune pour une relation comme la vôtre.

Mes doigts trouvent ceux de Silas. Crispés, ils agrippent les siens sans ménagement. Son pouce ce fraie un chemin sur le dos de ma main pour venir y tracer quelques formes circulaires.

— Sans me montrer désobligeant, puis-je savoir pourquoi ?

— Une relation à distance lorsque l'un est au lycée et le second à la fac est plus compliquée que ce que vous semblez imaginer. Je ne suis pas certaine que ce soit la bonne décision à prendre.

— Mais enfin, maman ! gronde Kate. Cette conversation a déjà était mise sur la table il y a deux jours. Je pensais que tu étais passée au-dessus de ça.

— Eh bien non, comme tu peux le voir, répond-elle froidement.

— J'imagine que ça puisse vous inquiéter, et je mentirais en disant que ça ne me chagrine pas moi aussi. J'ai parfaitement conscience que nous n'allons pas en rire tous les jours. Mais pour être entièrement transparent avec vous, si nous n'essayons pas, Kas et moi, j'ai bien peur de le regretter.

Si mon cœur ne battait plus, désormais, il s'acharne dans ma poitrine.

— C'est peut-être un peu précipité, continue-t-il, je l'admets. Nous nous connaissons depuis peu de temps, finalement. Mais ce que je ressens pour votre fils et j'ose espérer que cela est réciproque, est un sentiment très fort, croyez-moi. Je ne me lancerais pas dans une telle difficulté si je n'avais pas l'intention de me donner à fond pour que ça fonctionne. J'ai eu le temps d'y réfléchir, nous en avons discuté ensemble et je crois, madame, que ce serait une erreur de passer à côté de cette relation.

Je ferme les yeux un instant, absorbant les mots prononcés par Silas pour m'en abreuver. Sa franchise et son assurance me rendent fébrile. Comment parvient-il à être si sûr de lui alors que moi, je n'ai même pas la force d'articuler un seul mot ?
Lorsque j'ouvre à nouveau les paupières, je remarque que Kate est visiblement satisfaite par ce que nous venons tous d'entendre. Papa, quant à lui, il maintient son menton sur ses paumes en souriant.

— L'affection n'est pas forcément fait pour durer, si cela ne fonctionne pas entre vous, cela ne signifie pas que vous ne tomberez pas de nouveau amoureux.

— Vous avez raison, affirme Silas en acquiescant légèrement. Mais ça ne veut pas forcément dire que c'est ce que nous voulons. C'est un fait certain, on peut aimer à plusieurs reprises mais pourquoi mettre un terme à une relation si l'amour est bien présent ?

— Pour un tas de raisons, bougonne maman. Les heures qui vous sépareront en septembre en est une bonne.

Kate soupire, désabusée. Je la comprends, je le suis également mais je ne parviens pas à le montrer.

— Pour beaucoup de gens, peut-être, mais ce n'est pas un obstacle pour moi, visiblement pas pour Kasper non plus mais je ne tiens pas à parler en son nom alors...

Silas s'interrompt, tourne le visage dans ma direction et me sourit tendrement. Il se penche légèrement, incline la tête puis exerce une petite pression sur ma cuisse.

— Il faut que tu dises ce que tu penses, Kas, murmure-t-il. Si tu n'es pas d'accord avec moi, il faut que tu me le fasses comprendre. Je ne veux rien affirmer à ta place, il s'agit de notre couple, pas seulement du mien.

Mon cœur s'emballe davantage. C'est la première fois qu'il nous qualifie comme étant un couple, et la vague de chaleur qui m'inonde me fait me sentir bien. C'est rassurant, bouleversant, mais c'est ainsi que je veux que nous soyons. Les lèvres entrouvertes, je fixe Silas sans vraiment savoir quoi faire. Ma main repose toujours sur la sienne et j'en profite pour enlacer ses doigts. Ma paume compressée contre la sienne, je lève le bras et dépose nos mains sur la table sans le lâcher des yeux. J'espère que ce simple geste en dira beaucoup et que ma réponse sera limpide sans que je n'ai besoin de parler.
Il expire lentement, ferme les yeux brièvement et lorsqu'il les rouvre, la lueur qui brille dans ses iris est à couper le souffle.

— C'est toi le meilleur, Honey, souffle-t-il si bas que je dois presque lire sur ses lèvres pour comprendre.

Je lui souris, j'aimerais aussi lui répéter que je l'aime mais je crois qu'il le sait déjà.
C'est lorsque ma mère fait claquer sa langue contre son palais que je réagis enfin, comme si je m'étais égaré dans l'étendue de verdure pris au piège dans les iris de Silas.

— Tu le sais déjà, déclaré-je en regardant maman, je te l'ai dit l'autre jour. Je ne veux pas quitter Silas et je sais que ça va être dur mais je veux prendre cette décision, même si tu ne la vois pas comme étant bonne.

— Tu ne sais pas ce que tu dis, gronde-t-elle en repoussant son assiette.

C'est à cet instant que je réalise que personne ne mange depuis que la discussion a commencé, exceptée Milla qui se sert quelques cuillères de carottes râpées.
Je lui jette un regard amusé, elle me sourit et tire la langue. J'ignore pourquoi mais j'ai envie de rire. La légèreté qui habite ses traits me rassure. Si souvent, ma petite sœur me met hors de moi, ce soir, son insouciance m'apaise et me fait du bien. Mon regard ne la quitte pas, le sien non plus et un sourire moqueur apparaît sur son visage lorsque son pied s'abat contre mon tibia. L'éclat de rire qui m'échappe l'amuse et fait se retourner tout le monde dans notre direction.

— Que se passe-t-il ? demande papa d'un ton enjoué.

— Rien... c'est... je trouve que cette conversation n'a pas... d'intérêt, réponds-je en rougissant.

— Pardon ?

— Il a raison, renchérit Kate à ma place. Tout ça, tu l'as déjà dit.

Notre mère râle, puis ses longs doigts manucurés s'enroulent autour de son verre qu'elle porte à ses lèvres.

— Très bien, dit-elle en soupirant, j'ai parfaitement compris que je ne pourrais pas vous faire changer d'avis. Donc, on va finir de manger avant que la viande soit froide.

Une étincelle réchauffe mon cœur, est-ce que cela signifie qu'elle accepte réellement la situation ? Mon rythme cardiaque se calme lorsque je tourne le visage vers Silas et que son regard trouve le mien. Son pouce effleure toujours ma peau et embrase mon être tout entier.

— Mange, souffle-t-il en pointant mon assiette de son index libre.

J'acquiesce, récupère ma fourchette sans lâcher sa main. Je ne parviens pas à couper ma viande, mais je refuse de quitter la chaleur de sa paume, alors je me bats à l'aide de mon couvert.
Papa me regarde avec douceur puis secoue la tête en souriant. Petit à petit, le repas reprend son cours. Maman lance des regards appuyés sur nos mains enlacées qui reposent toujours sur la table, tout en restant silencieuse.

— Au fait, s'exclame papa, nous avons parlé de tes parents mais pas de toi ! Que fais-tu comme étude ?

Silas sourit à mon père puis me jette un regard en biais. Je connais la réponse, nous en avons parlé une fois et j'ai trouvé ça impressionnant.

— Je suis en école d'art et de design, j'entre en deuxième année à la rentrée.

Maman lève la tête vers le concerné, un sourcil haussé et une moue dubitative sur les lèvres.

— Pour exercer quel métier ?

— Architecte d'intérieur, réponds-je à sa place.

Son regard me caresse. Du coin de l'oeil, je vois le sourire qui illumine son visage. Silas a une force de caractère qui me désarme. Lorsque je l'observe, je l'imagine dans un bon nombre de domaines en étant certain qu'il a les capacités pour exceller. J'avoue que je ne m'attendais pas à un tel choix mais c'est exactement pour cette raison que ça me fascine.

— C'est un beau projet, approuve papa en hochant vigoureusement la tête. Mon bureau a besoin d'un bon coup de neuf ! Si l'occasion se présente, ce sera avec plaisir que je suivrai tes conseils.

— Vous m'en voyez ravi ! s'enthousiasme-t-il. Je ne suis pas encore diplômé, mais je pense pouvoir vous aider.

— Et comment serait-ce possible ? se lamente maman. Il est bien trop loin de chez nous.

Je lève les yeux au ciel, exaspéré. Pourquoi s'évertue-t-elle à briser la bonne ambiance qui règne autour de nous ?

— Si Kas et lui maintiennent leur relation, il sera bien obligé de nous rendre visite.

Ma mère se renfrogne, s'enfonçant contre le dossier de sa chaise en soupirant bruyamment.

— Est-ce que quelqu'un parmi vous écoute ce que je dis ? s'agace-t-elle.

— Oui, déclare Kate, nous t'écoutons maman. Mais rien ne nous oblige à être d'accord avec toi.

Un silence s'installe et de longs frissons me parcourent l'échine. Cela ne me plaît pas d'être en désaccord avec elle, mais puis-je pour une fois prendre la décision que je juge bonne pour moi ?

— Tu as réagis de la même façon lorsque j'ai choisi d'étudier loin de la maison, et pourtant regarde, tout se passe très bien pour moi.

— Oui, gronde maman, mais Kas et toi êtes diamétralement opposés et là, il s'agit d'affection, pas d'études.

— Ce n'est pas de l'affection ! grogné-je en laissant tomber ma fourchette dans l'assiette. Tu n'écoutes pas ce que je te dis ! J'aime Silas, d'accord ? Je suis amoureux de lui ! Ce n'est pas de l'affection, c'est plus fort, plus intense et c'est sincère !

Ma mère reste bouche bée pendant de longues secondes, tandis que j'encaisse l'acharnement de mon palpitant qui martèle mes côtes. Silas me fixe avec intérêt, ses doigts exerçant une pression plus ferme autour des miens. Étonné par mon aplomb, je baisse la tête en fermant brusquement les paupières.

— Très bien ! concède maman de mauvaise grâce. Je vais te laisser faire tes propres choix mais si tu finis en larmes parce que tu auras le cœur en morceaux, je ne te soutiendrai pas.

— Par... pardon ? bafouillé-je, surpris par sa colère et sa méchanceté cinglante.

— Madame, intervient Silas d'un ton légèrement froid, avec tout mon respect, je ne suis pas certain que Kasper ait besoin d'entendre ce genre de propos. Soyez certaine que je ferai tout ce qui est possible pour ne pas qu'une telle chose se produise mais malheureusement, le chagrin et le manque se feront ressentir même si la situation évolue comme nous le souhaitons. Nous allons ressentir de la tristesse d'être éloignés, mais ça ne signifie pas que nous nous aimerons moins. Mes sentiments pour votre fils sont bien réels. J'avoue être dépassé par ce que je ressens, en toute honnêteté, c'est la première fois que je suis fauché par un tel amour et si j'avais pu éviter ça, je l'aurais fait parce que la situation craint. Clairement, elle n'est pas bonne mais nous n'y pouvons rien. Je n'avais pas envisagé aimer Kasper d'une telle façon, mais finalement ça ne m'étonne pas. Il est bien plus courageux que ce que vous semblez penser. Vous sous-estimez votre fils, et ça ne me plaît pas.

Un silence de mort s'élève, laissant sous le choc nos vis-à-vis. Mon cœur bat davantage dans ma poitrine, tandis que l'agacement de Silas crispe son beau visage. Les larmes me montent aux yeux, la situation est mauvaise et je ne souhaite pas que ma mère déteste celui que j'aime simplement parce qu'il vit trop loin de moi.
Un soupir se fait entendre, Silas passe sa main libre sur son visage et secoue légèrement la tête. Lorsqu'il se tourne vers moi, je peux apercevoir la tristesse baigner ses yeux, loin de la joie qui inonde habituellement ses iris verdoyants.

— Pardonnez ma véhémence, reprend-il plus calmement, je ne désire pas que nous soyons en mauvais termes. Cela aggraverait la situation et je le refuse. Je suis juste... un peu déconcerté par ce qu'il se passe ces derniers temps. Mon but n'est pas de créer un froid entre vous et Kasper. J'aimerais simplement que vous compreniez que je ne souhaite en aucun cas blesser qui que ce soit. Les sentiments ne se contrôlent pas, je n'ai pas désiré tomber si profondément amoureux de Kas mais maintenant, je ne peux plus reculer, vous voyez ? Je vais souffrir moi aussi, évidemment que je vais avoir mal d'être loin de ma Douceur et de ses beaux yeux bleus, mais c'est un risque que je veux prendre si au bout du compte, on m'autorise à être près de lui lorsque nous auront l'opportunité de le faire.

Une larme roule sur ma joue, tandis que papa pose un regard tendre sur moi. Son soutien se ressent à travers ses yeux clairs, il est de mon côté, de notre côté, et je lui en suis reconnaissant, pourtant, je me sens mal. Mon cœur est pris au piège entre l'acier d'un étau glacé, si serré qu'il me coupe le souffle.

— Vous savez, reprend-il en un soupir, si Kasper n'avait pas été de mon avis, je n'aurais rien fait contre sa décision. J'aurais probablement souffert, mais je ne me serais pas battu. À quoi bon s'acharner lorsqu'on est le seul combattant au milieu de l'arène ? Je n'ai pas influencé son choix, nous nous sommes mis d'accord sans que l'un de nous deux ne force les choses. J'aimerais vous assurer que tout ira parfaitement bien, que la joie et le bonheur seront les seuls émotions que nous ressentirons mais je ne peux pas faire une telle chose parce que se serait se mentir. Kasper est d'une douceur qui m'émeut, je suis tombé sous le charme de sa timidité, de sa beauté, de sa force même s'il n'en a pas conscience. J'aimerais simplement être libre de l'aimer mais je refuse de le faire si vous ne nous soutenez pas. Si vous n'êtes pas d'accord avec ça, je serai incapable de vous tenir tête parce que cela signifierait que Kasper soit malheureux, pris entre vous et moi et je ne le désire pas.

Non.
Non.
Non.

J'ai envie de crier. De hurler à m'époumoner. Est-ce que ces mots veulent dire qu'il laisse tomber les armes ? Est-ce qu'il jette à l'eau l'idée de se battre pour moi, pour nous ? Pour notre... couple ?
La douleur qui émane de lui est presque palpable, similaire à celle qui me fait courber le dos sur ma chaise. Comment peut-il lâcher si rapidement l'affaire ?
Je me relève brusquement, faisant valser la chaise dans le mouvement. Elle s'écrase sur la terrasse en un bruit assourdissant. Tous les regards se braquent sur moi, mais le seul qui me transperce c'est celui rempli de peine de Silas. Ses yeux me brûlent l'épiderme, me lacèrent la peau, jusqu'à me briser le cœur.

— Tu ne peux pas dire ça ! lâché-je d'une voix vacillante entre l'énervement et le désespoir. Tu dis que... que tu m'aimes, et là... là, tu me laisses tomber ?

J'ignore d'où me vient cette force brutale qui crépite dans mes veines. Je refuse qu'il m'abandonne parce que ma mère me pense trop faiblard pour supporter la distance qui me séparera de celui qui m'a fait connaître l'amour, le vrai.

— Kas..., souffle-t-il doucement en tendant une main vers moi. Ce n'est pas ce que j'ai dit...

Je repousse ses doigts tendus vers moi. Je ne veux pas qu'il me fasse imaginer un avenir avec lui s'il n'est pas capable de tenir tête à ma mère qui refuse de m'accorder le bonheur qu'il me fait ressentir.
Ses yeux ronds me fixent avec étonnement, c'est la première fois que je me montre brusque avec lui, avec n'importe qui d'ailleurs. Puis, ses épaules s'affaissent lorsqu'il se tourne vers ma mère.

— J'ai besoin de votre accord pour pouvoir le rassurer, dit-il avec désarroi. Je ne compte pas le laisser, mais je ne veux pas non plus que votre relation avec lui devienne chaotique parce que vous n'acceptez pas le fait que nous nous aimons. Je suis venu ce soir dans l'unique but de vous prouver que nous sommes capables de surmonter les difficultés parce que notre amour est sincère, et je refuse de partir en restant sur ce malentendu, mais je ne supporterai pas l'idée que Kasper souffre à cause de moi parce que vous êtes en désaccord avec notre choix.

Une chaleur désagréable se déverse en moi et fait bouillir mon sang. C'est la brûlure de la colère, qui, dans une déflagration me fait perdre l'esprit. Je ne veux pas me résoudre à quitter la personne qui me fait me sentir exceptionnel en un regard, beau et désirable en un sourire.

— Tu n'as pas le droit de m'interdire d'aimer sous prétexte que je suis trop faible pour supporter l'éloignement ! vociféré-je en fixant durement maman. Tu ne peux pas prendre une telle décision à ma place ! Je me moque de souffrir si entre deux crises de larmes je peux me sentir aimer dans les bras de Silas ! Je ne suis peut-être pas le plus fort mentalement, émotionnellement, mais qui le serait face à une telle situation ? Si je perds l'équilibre que j'ai réussi à maintenir en étant avec lui parce que tu n'acceptes pas quatre heures de routes, c'est toi, et seulement toi qui me fera souffrir ! Et je sais parfaitement que tu ne veux pas me faire de mal, mais je n'ai pas non plus besoin d'être protégé comme un nouveau né, je ne suis pas faible ! Ok ? Ce n'est pas parce que je lis des livres entre les quatre murs de ma chambre plutôt que de sortir dans des endroits bondés que je ne saurai pas supporter la moindre difficulté qui se présentera à moi !

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