Chapitre 43 :

7 minutes de lecture

05 août 2021, dans la matinée.

Kasper :

Il fait une chaleur étouffante aujourd'hui, l'air est presque irrespirable et ma chemise me colle désagréablement à la peau. Malgré ça, je me sens bien, en paix depuis la soirée que j'ai passé avec Silas et c'est avec un sourire aux lèvres que je le rejoins près de l'étang qui abrite les pédalos.
Il y a du monde et je tente de me faire tout petit lorsque je passe entre les attroupements pour atteindre l'accueil. Mon copain est là, dos à moi, et s'affaire à immobiliser une embarcation afin que la famille de vacanciers puisse y monter. J'attends patiemment qu'il termine, suis chacun de ses gestes, admire ses muscles se bander à chaque mouvement.

— Il est à vous pour une heure, déclare-t-il au père de famille. Profitez bien de votre balade.

Il passe ses doigts dans les cheveux d'un petit garçon qui lui sourit timidement puis pivote pour s'éloigner du bord de l'eau. Son regard se pose immédiatement sur moi et une étincelle s'allume dans ses iris. Il s'approche lentement, tend la main pour attraper la mienne et tire doucement dessus pour me décoller du cabanon en bois. Mon torse rencontre le sien alors qu'il passe ses bras dans mon dos.

— Bonjour Honey, souffle-t-il en déposant un baiser sur la commissure de mes lèvres.

Il incline la tête, tente de croiser mon regard derrière les carreaux fumés de mes lunettes puis décide de les retirer en les glissant dans mes cheveux.

— Bonjour, réponds-je en me dressant légèrement sur la pointe des pieds. Tu me manquais.

— Je suis content que tu sois là, mais je ne vais pas pouvoir rester avec toi trop longtemps. Il y a du monde ce matin, je n'ai pas envie qu'ils râlent parce que je passe mon temps à te câliner.

Ses doigts effleurent ma joue, passent sur mes lèvres que j'entrouvre par automatisme. Chaque fois qu'il me touche, les sensations qu'il m'a fait ressentir lorsqu'il nous a caressés m'envahissent à nouveau et me brûlent l'épiderme. J'avais peur pour rien, Silas a pris soin de moi comme si j'étais une merveille de ce monde. Je me sens bien lorsqu'il me regarde, qu'il m'effleure, et j'aimerais que ce bonheur dure toujours.

— Oui, je sais. Je ne vais pas te déranger, je vais rester sagement dans un coin et attendre que ta pause arrive.

Il acquiesce en souriant, m'embrasse tendrement mais bien trop rapidement avant de me guider à sa suite vers l'entrée du cabanon, là où se trouve l'accueil. Il m'attire vers une banquette, me pousse un peu pour que je m'y installe, tout cela sous le regard amusé de Miranda qui prend l'inscription des campeurs.

— Tu peux rester ici, me dit Silas en s'accroupissant entre mes jambes écartées. Il fait trop chaud pour que tu restes en plein soleil.

Ses paumes sont sur mes cuisses qu'il caresse du bout des doigts. D'un signe du menton, il m'indique le livre que j'ai dans la main depuis que je suis arrivé ici.

— Tu seras tranquille pour lire, et je suis certain que ça ne pose aucun problème à Mira.

— Bien sûr, répond-elle en me souriant gentiment. Ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu Kasper. Comment vont tes parents ?

— Très bien, merci. Ils sont partis en ville avec mes sœurs.

— Et pas toi ? s'enquiert-elle en remplissant un formulaire.

— Non, j'avais mieux à faire.

Mon regard trouve celui de Silas qui me sourit malicieusement. Il se penche et dépose un baiser sur ma joue, puis mon front et se lève à contrecœur.

— Je dois y aller, on mange ensemble ?

— Oui, c'est pour ça que je suis là.

Il hoche la tête, satisfait, avant de disparaître.
Je bouquine un peu, mais repose rapidement mon livre après avoir relu trois fois la même phrase. La chaleur m'empêche de me concentrer ou alors, c'est la voix de Silas qui s'élève lorsqu'il s'adresse aux vacanciers. Je l'observe pendant un moment, admire son aisance et sa beauté, discute un peu avec Miranda et les heures s'écoulent à une vitesse folle. Peu à peu, les attroupements se font moins nombreux, les premières embarcations reviennent près de la terre ferme et Silas les attache une à une afin qu'elles ne dérivent pas. Ses cheveux humides de transpiration lui collent à la peau, son tee-shirt blanc laisse apparaître les muscles de son torse. L'admirer me rend fébrile. Sa main passe sur sa tête, décolle les mèches sur son front pour les rabattre en arrière. Il est si beau que je pourrais passer des journées entières à le contempler.

— Ferme la bouche, tu baves, se moque Miranda en me donnant un petit coup de coude.

Je cligne plusieurs fois des paupières, reprenant mes esprits et les joues rouges, je pivote vers l'hôtesse d'accueil.

— Ce n'est pas vrai, ronchonné-je mal à l'aise.

Miranda rit puis retourne à ses papiers qu'elle passe son temps à remplir.

— Il fait cet effet à tout le monde.

— Pardon ?

Les sourcils froncés, je la fixe avec agacement. Je sais que Silas attire les regards, qu'il est magnétique, parfois électrique mais entendre que tout le monde l'observe comme je le fais ne me plaît pas.

— Ne t'inquiète pas, me dit-elle en souriant, il se moque pas mal des gens. Tu es le seul qui l'intéresse.

Ma colère se dissipe, même si je n'ai pas bien compris pourquoi elle m'a assailli si brusquement. Je sais parfaitement qu'il n'aime que moi. Ses yeux ne peuvent pas mentir.

— Je sais, je l'ai enfin réalisé.

— Vous êtes adorables !

— Depuis combien de temps tu es au courant pour nous deux ?

— Depuis le début, répond-elle en haussant les épaules. On avait lancé des paris avec certains collègues, et figure-toi que j'ai gagné. C'était sûr qu'il se passait quelque chose !

— Oh... euh, je pensais que nous étions... un minimum discrets...

Miranda laisse son stylo en suspens au-dessus du registre puis éclate de rire, si fort que nous attirons l'attention des campeurs ainsi que celle de Silas qui nous jette un regard amusé.

— Tu es idiot, s'exclame-t-elle en plaquant une main sur ses côtes. Il n'y a vraiment que vous qui ne vous en êtes pas rendus compte, même quelques campeurs en parlaient parfois.

Étonné et gêné de l'apprendre, je baisse la tête, fixe mes pieds un moment jusqu'à ce qu'elle me frotte le dos avec énergie. Je rencontre son regard qui étincelle d'amusement.

— Ce n'est pas drôle, Miranda, bougonné-je.

— Si, je t'assure que ça l'est.

Je râle des propos inintelligibles, puis fais quelques pas en arrière pour me laisser tomber sur la banquette. Je caresse la couverture de mon livre, pensif quant à ce que je viens d'entendre. Je réfléchis, visualise des moments passés avec Silas et réalise que nous jouions peut-être un peu trop avec le feu. C'est vrai qu'en y repensant, nous ne nous cachions pas plus que ça et c'est étonnant que mes parents ne l'ont pas su plus tôt.

La porte du cabanon s'ouvre après une dizaine de minutes, laissant entrer un Silas luisant de transpiration. Mes yeux trouvent les siens dans l'instant, un sourire naît sur son visage, puis sur le mien et je me lève pour me blottir dans ses bras ouverts.

— Vous aviez l'air de vous amuser, dit-il en plongeant son nez dans mes cheveux.

— Miranda se moquait de moi.

— Ah bon ? Elle a fait ça ?

— Ton chéri est aveugle !

— Pourquoi ça ?

— Il n'a pas remarqué que tout le camping était au courant pour vous.

— Mira, gronde-t-il avec un faux air agacé, tu vas le chambouler. Je te connais, tu n'as pas de tact. 

— Mais si, j'ai été gentille, se défend-elle en riant.

Je grogne en cachant mon visage contre le torse de Silas. Je n'aime pas que tout le monde parle de moi, de nous. Je n'apprécie pas être au centre de l'attention mais une part de moi s'en réjouit tout même un peu. Tout le monde sait que Silas est à moi et que je suis à lui. D'une certaine façon, c'est rassurant, même si je sais que je n'ai pas de doute à avoir quant aux sentiments qu'il éprouve pour moi. Il m'a suffisamment prouvé son amour et son respect.

— On va manger ? demande Silas à mon oreille. J'ai faim.

Je hoche la tête, m'éloignant d'un pas pour le laisser libre de ses mouvements. Il enlace nos doigts et nous guide vers la sortie en souriant.

— À plus tard, Miranda, dis-je assez fort pour qu'elle m'entende.

Elle sourit, nous fait un signe de la main et se replonge dans son travail.

— Je dois passer chez moi avant d'aller au restaurant, je ne peux pas y aller comme ça.

— Moi ça ne me dérange pas, soufflé-je obnubilé par la brillance de sa peau.

Il me lance un regard taquin puis m'attire davantage vers lui pour embrasser ma joue.

— J'imagine, mais on va tout de même éviter.

J'acquiesce tandis qu'il nous guide vers l'allée centrale du camping. Je connais le chemin vers son bungalow sur le bout des doigts.

— Dis-moi, Honey, souffle-t-il en resserrant sa prise sur ma main, tu voudras essayer les pédalos ? Ça me tente bien, mais c'est avec toi que je veux le faire.

— Oh... euh, je ne sais pas, je...

— Je sais, tu as peur de l'eau, mais je serai là et rien ne t'arrivera.

— Hum, je vais y réflé...

— Kassoulet ! s'exclame une voix dans mon dos. Oh fuck, Kas !

Je me fige, le cœur battant et les yeux exorbités. Silas s'arrête à son tour, me regarde un instant les sourcils froncés, puis se tourne vers les trois personnes qui parlent trop bruyamment.

— Fermez-la, peste Jess, vous êtes stupides !

— Mais... mais, il, il, ouah, je ne m'attendais pas à ça ! s'étonne Jonathan.

— Kastor, hurle Vinny, allô la terre, ici tes meilleurs amis ! Je crois que tu as des choses à nous raconter !

Je pivote lentement pour faire face aux nouveaux arrivants. Leurs regards sont posés sur mes doigts enlacés à ceux de Silas et instinctivement, je le lâche en reculant d'un pas. J'ignore pourquoi, mais mon corps a réagi sans que je puisse lui dicter mes ordres. Je sens le regard appuyé de Silas sur ma peau, ceux de mes amis qui me dévisagent et je ne sais plus quoi penser.

— Bon sang, mais... mais qu'est-ce que... vous faites... là ? m'étranglé-je presque.

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