Chapitre 44 :

6 minutes de lecture

05 août 2021.

Silas :

Mon regard oscille entre ma Douceur qui me paraît perturbée et les trois personnes aux yeux exorbités face à nous. Je frotte ma paume sur ma cuisse, un peu triste de ne plus être en contact avec Kasper. Je comprends sa réaction, bien qu'elle me chagrine un peu, je l'accepte.

— C'est ton anniversaire dans deux jours, fait remarquer la seule fille du groupe.

Cette dernière secoue un peu la tête et sourit en baissant les yeux vers le sol.

— On n'allait quand même pas manquer ça, continue un type aux cheveux châtains. On voulait te faire une surpr...

— Mais c'est toi qui nous a surpris ! le coupe le troisième. Je crois que tu as beaucoup de choses à nous raconter, Kastor !

Mes sourcils se haussent. C'est la deuxième fois que ce gars aux cheveux vert bouteille nomme mon Kas avec des surnoms étranges. Je me tâte, ne sachant pas si ça m'amuse ou non, ma balance penche tout de même vers le oui, ça semble affectueux. Ils ont l'air très proches tous les quatre.

— Ça fait des jours que nous n'avons pas de tes nouvelles, déclare la fille en s'approchant de son ami.

Elle attrape les mains de Kasper pour lui écarter les bras et se glisser entre eux. Ma Douceur l'étreint sans hésiter.

— On pensait que tu profitais avec ta copine.

— Mais il faut avouer qu'on ne s'attendait pas à ce qu'elle soit si grande et baraquée, ricane celui à la tignasse claire.

Le visage de Kas semble enfin se dérider, laissant apparaître un petit sourire gêné. Il me jette un regard, me tend les doigts en ne lâchant pas sa copine. Je les attrape, et caresse le dos de sa main tandis que les deux types pouffes de rire.

— Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux, Vinny ? s'amuse-t-il.

— Oh ! Ne commence pas Kascouilles, c'est à toi de nous donner des explications. Et puis, moi j'aime bien, c'est cool le vert.

— C'est Jess qui s'est éclatée. Elle a passé des heures à lui décolorer la tronche, puis lui colorer encore et encore. La première fois il avait les cheveux oranges, c'était affreux, débite le dernier.

Ma Douceur éclate de rire et relâche enfin son amie. Elle se place face à moi, m'examine de la tête aux pieds et acquiesce avec satisfaction.

— T'as bon goût, mon Kas, affirme-t-elle avec émerveillement, par contre, il ne parle pas beaucoup.

Il se blottit dans mes bras, les joues rougies d'embarras, inspire profondément, le nez contre mon torse avant de s'éloigner pour faire les présentations.

— Elle c'est Jessica, lui c'est Jonathan et cet idiot c'est Vincent.

Il place sa main sur mon bras, puis me regarde avec tant d'intensité que mon cœur rate un battement. J'aimerais l'embrasser, mais je me retiens.

— Et lui, c'est Silas, souffle-t-il sans me lâcher des yeux, mon copain.

— Enfin ! hurle le dénommé Vincent. Il l'a dit, les mecs, vous avez entendus ? Il l'a admis, notre Kassoulet est en couple !

— Tu n'es pas obligé de crier, grogne Jessica, on t'entend, nous ne sommes pas sourds.

— Ouais, elle a raison. Ta gueule, Vinny.

— C'est le retour du Yellow lèche-cul, attention, tous au abri, on n'a pas fini.

Kasper éclate de rire et son amusement me transporte. Je souris comme un crétin, heureux de le voir à l'aise avec ses amis. Ils ont l'air si liés, je trouve ça fascinant parce qu'ils me paraissent diamétralement opposés.

— Bon, passons aux choses sérieuses ! gronde Vinny. Pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Ma Douceur semble hésiter un moment, puis me sourit, plaque son dos contre mon torse et instinctivement mes bras l'enserrent.

— Je ne sais pas, je... j'avais un peu peur de votre réaction.

— Non mais sérieusement ! On est tes meilleurs amis ou non ? râle-t-il.

— Moi je suis contente pour toi !

— Ouais, c'est vrai ça. Et puis, si t'es gay, ça veut dire qu'on aura plus de meufs pour nous, se réjouit Jonathan.

Jessica lui envoie un coup de poing dans l'épaule, en le fusillant du regard. Mon petit doigt me dit qu'il se passe quelque chose d'inavoué entre eux.

— Mais qu'est-ce que j'ai encore dit ?

— Tu n'es vraiment pas malin, rit Kasper.

— Il est débile ce type, et toi, t'es un con Kascouilles. Tu me déçois, vraiment. Tu aurais pu nous le dire.

— Désolé...

— Eh ! Mais attends, ça veut dire que c'est toi l'employé là ? Le nouvel ami de Kas ?

Je me retiens de rire en fixant le moins futé du groupe. Kasper soupire d'exaspération alors que Vincent et Jessica observent leur ami comme s'il venait d'une autre planète.

— Je crois, oui, réponds-je en souriant.

— Quand je dis qu'il est débile.

— Stop ! s'exclame la blonde. Tu peux répéter ?

Elle s'approche de Kas et moi, d'un pas décidé. Elle lève la tête, plonge son regard dans le mien et patiente.

— Euh... je crois.

— Oh. Mon. Dieu. Pincez-moi, j'hallucine ! Un Anglais ! C'est un Anglais, c'est incroyable !

Cette fois, je ne me retiens pas d'éclater de rire tandis que Kasper se colle davantage à moi. Ils sont marrants, je crois que je les aime bien ces trois-là.
Jonathan arrive derrière Jess et referme ses ongles sur son avant-bras, si fort que des marques apparaissent sur sa peau lorsqu'il s'éloigne.

— Aïe ! s'écrie-t-elle. Mais Jonathan, t'es malade ? Tu m'as fait super mal.

— Bah quoi ? Tu as dit " pincez-moi ", se défend-il.

— Mais pas au sens propre, crétin. C'était une image.

— Ah bah faut préciser dans ce cas, moi je sais pas, bougonne-t-il.

Vinny lève les yeux au ciel en ricanant, pousse ses amis et attire Kasper vers lui. Les mains sur ses épaules, il le secoue sans ménagement. L'envie de me plaindre me submerge, mais voir Kas interagir avec ses amis me fait plaisir.

— Parlons peu mais parlons bien ! Depuis quand t'es homosexuel ? Non parce qu'on ne s'en doutait absolument pas. C'est ouf quand même.

— Hein ? Euh... depuis Silas, en fait...

— Alors c'est toi ! s'exclame-t-il en me pointant du doigt. Comment t'as fait ça ?

— Je n'ai rien fait, m'amusé-je, c'est arrivé, c'est tout.

— Mouais, c'est quoi le délire ? Tu fais du vaudou ou je sais pas quoi ?

— Sérieux, Vinny ? se lamente Kas. Arrête tes bêtises.

— C'est pas tout mais moi j'ai la dalle, y a de quoi bouffer ici ? demande Jonathan.

— Ça tombe bien, on y allait, réponds-je en récupérant ma Douceur vers moi. Vous nous accompagnez ?

— Carrément !

— Bien, je me change et on y va.

Nous nous dirigeons vers mon bungalow, Kas près de moi et ses amis qui s'exclament et se chamaillent derrière nous.

— Ne fais pas attention à eux, chuchote-t-il, ils ne savent pas se tenir.

— Je les aime bien. Vous vous assemblez bien.

— Je les adore.

— Ça se voit, souris-je en déposant un baiser sur son front.

— C'est trop mignon ! crie Jessica. Je suis jalouse !

— Mais je suis là ! Viens par ici mon lapin.

— Lâche-moi, Jonathan, se plaint-elle, t'es lourd !

Kas me jette un regard qui vacille entre l'amusement et l'exaspération tandis que nous entrons tous chez moi.
Je me change rapidement et les rejoins dans le salon. Je découvre Vincent avec ma guitare dans les mains et ma Douceur qui râle de faire attention. Attendri, je me place dans son dos et dépose un baiser sur le sommet de son crâne.

— Vous avez loué quel bungalow ? m'enquiers-je en caressant le ventre de Kasper du bout des doigts.

— Un bungalow ? ricane Jonathan.

— On est pauvres, continue Vinny sur le même ton, on va dormir sous la tente. Ça, c'est du vrai camping !

— Oui vraiment, s'amuse Kas. Jonathan va râler parce qu'il n'aura pas de place, Jess va se plaindre des moustiques et toi, tu vas avoir envie de les tuer. Ça va mal finir cette histoire.

— Dis donc, Kassoulet, tu me sous-estimes là !

— Pas du tout, rit Jess, il a parfaitement raison. On a fait du covoiturage pour arriver jusqu'ici, j'ai bien cru qu'il allait étriper notre chauffeur.

— Non mais c'est normal ! C'est quoi cette musique de merde qu'il nous a mis pendant quatre heures ? Un enfer.

— Au pire, on peut dormir chez toi ! J'ai hâte de revoir ta sœur.

— Qui ça, Milla ?

Jonathan grimace et secoue brusquement la tête.

— Non, grogne-t-il, je parle de Kate.

— Sans blague, on n'avait pas compris, bougonne Jess.

— Mes parents ne vous supporteront jamais. N'y pense même pas.

— Ta mère est un tyran !

Je pouffe de rire, repensant au repas que j'ai passé avec la famille Price. Kas me regarde avec amusement puis souffle un " encore désolé " qui me fait sourire.

— Bon maintenant, on peut aller bouffer ? Je vais mourir de faim et vous aurez ma mort sur la conscience, bande d'amis indignes.

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