Chapitre 45 :

10 minutes de lecture

06 août 2021, fin d'après-midi.

Kasper :

— C'est vraiment pourri de prendre les transports en commun quand on est en vacances, se plaint Jonathan le visage contre la vitre du bus.

— Même avec la face écrasée, t'arrives à l'ouvrir, grogne Vinny. Ferme-la un peu.

Le dos contre le torse de Silas, je souris en observant mes amis se chamailler. Ces deux-là n'arrêtent pas et font rire mon copain qui câline mon ventre.
Si j'ai été surpris et un peu apeuré de les voir débarquer sans prévenir, après une bonne nuit de sommeil et une journée à se retrouver, je suis bien heureux qu'ils soient là. Ils m'ont manqué, beaucoup trop, et j'avoue les avoir mis de coté sans vraiment le vouloir finalement. J'ignorais comment aborder le sujet de ma relation amoureuse et le fait qu'ils ne cessaient pas de parler de " ma copine " me mettait mal à l'aise. J'ai été idiot, nous nous connaissons depuis si longtemps que nous faisons presque partie de la même famille, nous ne nous cachons rien et c'était certain qu'ils ne verraient pas mon orientation sexuelle comme étant un problème.

Honey, souffle Silas contre mon oreille, tu es sûr que c'était une bonne idée d'aller en ville ?

Je tourne la tête pour croiser son regard, ses yeux pétillent d'amusement et je comprends que sa question n'était qu'une façon détournée de dire que mes amis sont intenables.

— Ils vont bien finir par se calmer, pouffé-je en tentant de m'en persuader.

— Pardon ? intervient Jess en ricanant. Rassure-moi, tu ne le penses pas vraiment ?

— Non, mais si je le répète suffisamment fort peut-être qu'ils m'entendront et le feront.

— On t'entend très bien, Kassoulet, mais on ne t'écoutera pas. Je jure que si Yellow continue de me foutre des coups de coude, ce n'est pas uniquement sa tronche qui sera encastrée dans cette fenêtre mais son engin qu'il utilise sans aucune modération.

— Vincent, mais bon sang, s'offusque Jessica, tu vas arrêter de dire n'importe quoi. Nous ne sommes pas seuls ici !

— Et quoi ? Tu penses que les gens n'ont que ça à faire de nous écouter ?

— Tu gueules, abruti, faudrait être sourd pour t'ignorer. Et laisse mon bijou en dehors de cette histoire, barbare !

— Je vais t'émasculer, et la terre entière me remerciera. Ça t'évitera d'attraper une M.S.T. ou de te reproduire trop rapidement.

Je pivote sur moi-même pour cacher mon visage contre le torse de Silas juste après avoir aperçu la mine ahurie d'une passagère. Je ris, à la fois hilare et gêné face à la situation. Je les reconnais bien là, ils n'ont absolument aucune limite et parfois j'aimerais être invisible pour ne pas qu'on m'associe à eux. Même si je ne participe pas à leurs bêtises, je dois avouer qu'ils m'amusent tout de même.

— Tu comprends pourquoi je reste enfermé dans ma chambre la plupart du temps ? demandé-je discrètement à Silas.

Son regard vert et rieur trouve le mien. Une moue amusée sur ses jolies lèvres, il se penche un peu, effleure ma bouche de la sienne et vient apposer son front contre le mien.

— Vous êtes vraiment aux antipodes, c'est super intéressant de vous voir ensemble.

— Serais-tu en train de te moquer de moi ?

— Jamais, souffle-t-il en souriant. Je me demande simplement comment c'est possible d'être aussi impudiques et d'avoir comme meilleur ami un garçon comme toi.

— C'est presque vexant, bougonné-je en baissant la tête.

— Ce n'est pas mon intention, Kas, tu le sais, murmure-t-il en pressant son index sous mon menton. En fait, vous êtes fascinants tous les quatre, j'adore voir comment tu te comportes avec eux. Tu es plus détendu, moins renfermé, j'aime bien.

— Hum... c'est un peu comme toi et moi, fais-je remarquer, un sourire aux coins des lèvres. On ne se ressemble pas et pourtant, on s'assemble parfaitement.

Fuck ! Ne me dites pas que vous vous êtes déjà assemblés ?

Les yeux de Silas s'arrondissent une demi-seconde puis un éclat de rire passe ses lèvres alors qu'il secoue la tête. Perplexe, je fixe Vinny, un sourcil haussé.

— Quoi ?

— Il n'a pas compris, s'amuse Jonathan. C'est à Kasper que tu parles, tu crois réellement qu'il comprend ce genre d'illusions ?

— Et toi, est-ce que tu sais faire la différence entre une illusion et une allusion ? s'enquiert Jess d'un ton découragé.

— Hein ? C'est quoi une allusion ?

Un silence de quelques secondes s'installe, durant lequel nous nous fixons tour à tour, jusqu'à ce que nos éclats de rire s'élèvent et remplissent le bus. Les bras de Silas me plaquent davantage à lui lorsque mon amusement me fait vaciller. Je ris tellement que mes côtes me font souffrir mais ne me calment pas pour autant.

— Les gars, arrêtez de vous foutre de moi, râle Jonathan en se dandinant sur son siège. Vous êtes pourris, et puis on descend quand de ce bus à la con ? Je manque d'air.

— Nous aussi... on manque... d'air, peine à articuler Vinny en riant plus fort.

La bouche de Silas se pose sur mon oreille, son souffle s'échoue sur ma peau et me provoque un frisson le long de ma colonne vertébrale.
Je sens le regard tendre de Jessica sur moi et mon cœur s'emballe. C'est étrange et nouveau pour moi de me comporter ainsi devant eux, c'est à la fois déroutant et grisant. J'apprécie le fait que mes amis me soutiennent et me prouvent par leur simple présence qu'ils m'aiment et ne me laisseront jamais tomber.

— Je crois que la bêtise de Jonathan nous a fait louper notre arrêt. Je crains que nous n'allons pas avoir le choix que de marcher un peu, chuchote Silas.

Je pince les lèvres pour ne pas pouffer de rire, tout en zieutant Vinny que j'entends déjà se plaindre avant même qu'il ne parle. Il a horreur d'utiliser ses pieds, c'est un flemmard de compétition.


♡♡♡

Mes doigts enlacent ceux de Silas tandis que nous empruntons le chemin inverse qu'a pris le bus. Cela fait déjà dix minutes que nous marchons et notre balade est agrémentée des râles de Vincent, des réprimandes de Jess et des lamentations de Jonathan. Deux bons mètres nous séparent, ils se trainent et se plaignent tandis que je ne me défais pas de mon sourire, amusé et heureux.
Silas tire doucement sur ma main afin de m'approcher davantage vers lui. Son bras passe sur mes épaules et ses lèvres embrassent ma tempe.

— Pourquoi se plaint-il autant alors que c'était son idée d'aller en ville ?

— Vinny est toujours très enthousiaste pour s'occuper et passer du temps avec nous mais quand il faut marcher un minimum, il perd tout son courage.

— C'est toujours ainsi quand vous sortez ?

— Pour eux, oui. Moi je ne sors presque jamais, sauf pour aller à la bibliothèque et je ne l'entends pas se plaindre parce que le tramway nous fait descendre à cinquante mètres du centre ville.

— Je vois, il n'est...

— Au secours ! s'exclame Jess en se frayant un passage entre Silas et moi.

J'accueille mon amie en souriant, attrape ses doigts tandis que mon copain passe un bras sur ses épaules. Elle semble découragée, complètement éreintée par les gars qui pestent toujours.

— C'est un SOS, Kas, je n'en peux plus !

— Ça ne fonctionne pas quand nous ne sommes pas au complet.

— Oui mais là, ça les concerne donc on peut le lancer qu'à deux, enfin, trois avec ton beau brun.

— C'est quoi un SOS ? s'enquiert Silas en posant son regard sur moi.

— Un signal de détresse, lui répond Jess, ce n'est pas évident ?

— Si bien sûr, mais ça consiste en quoi pour vous ?

— On lance un SOS quand on a besoin du soutient de toute l'équipe pour résoudre un problème, demander des conseils ou juste un câlin quand ça ne va pas, expliqué-je en souriant.

— Kasper ne l'a utilisé qu'une seule fois, et c'était à ton sujet !

— Jess..., bougonné-je, tu n'étais pas obligée de dire ça.

— Mais si ! C'était super mignon, il a le droit de savoir.

— Ce n'était pas mignon, je me sentais nul d'avoir accepté de passer mon temps avec lui.

— Génial ! C'est agréable d'entendre ça, ricane Silas.

— Excuse-moi, ce n'est plus le cas maintenant.

Son regard tendre me fait défaillir, j'aimerais qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me garde tout contre lui pendant des heures.

— Et sinon, on fait quoi de ces deux crétins ? insiste mon amie.

— On va les goinfrer, ils ne se taisent que quand ils mangent !

— Superbe idée, mon Kasper ! C'est toi le meilleur, dit-elle en se tournant vers les retardataires. Crêpes et glaces pour tout le monde !

Étrangement, Vinny et Jonathan accélèrent le pas dans la seconde, ce qui nous amuse grandement.
Silas est celui qui connait le mieux la ville, alors en quelques minutes, ils nous mènent à une crêperie qui me semble bien trop grande. L'espace est immense et émerveille mes amis.

— Pourquoi nous n'avons pas ce genre d'endroit chez nous ?

— Nous sommes dans une ville touristique, Yellow, réfléchis un peu avec les deux neurones qu'il te reste.

Jess se propose pour passer commande alors que nous nous installons à une table. Je la soupçonne de vouloir s'éloigner un peu pour ne plus entendre nos meilleurs amis se chamailler. Ça m'amuse de la voir agir ainsi, même si elle donne l'impression d'être au bout de sa vie, nous savons tous parfaitement qu'elle ne peut pas se passer de notre amitié et c'est également le cas pour chacun d'entre nous.

Honey, souffle Silas en posant la main sur ma cuisse, est-ce qu'ils vont bouder si je t'enlève quelques minutes ?

Mon regard trouve le sien, il est d'une beauté qui fait chavirer mon cœur. Je me penche un peu, dépose un baiser aussi léger qu'une plume sur sa joue et lui souris.

— Non, je ne pense pas.

Il enlace nos doigts, se lève et m'attire à sa suite. Je préviens mes amis que nous revenons rapidement alors qu'ils beuglent des bêtises qui me font rougir.
Impatient de me retrouver en tête-à-tête avec Silas, je le suis d'un pas rapide. Il nous fait quitter le restaurant, puis nous emmène dans une rue adjacente. En quelques secondes, je suis plaqué contre son torse alors qu'il m'étreint avec impatience. Ses lèvres trouvent les miennes pour un baiser doux mais légèrement précipité. Je me délecte de sa bouche, de sa langue qui effleure la mienne, et l'envie de me plaindre m'emporte tandis qu'il s'éloigne trop rapidement à mon goût.

— J'ai une idée qui me trotte dans la tête depuis quelques temps, mais étant donné que nous ne quittons jamais le camping, ça n'a pas pu se faire, susurre-t-il contre mes lèvres. Là, c'est le moment idéal.

Un sourcil haussé, je l'interroge du regard. Au lieu de me répondre, il me pousse doucement vers une boutique. J'y entre sans poser de question. Je lui fais confiance et le laisse me guider sans la moindre hésitation. Un petit sourire étire ses lèvres tandis qu'il s'arrête devant le comptoir. Autour de nous il y a des portants de vêtements, des accessoires en tout genre et je me demande bien ce que nous faisons ici.

— Bonjour, que puis-je pour vous ? s'enquiert une dame d'une soixantaine d'années en nous regardant tour à tour.

Silas sourit à la vendeuse et pivote vers moi.

— Dis mon Amour, est-ce que tu connais le principe d'un bracelet à vœux ? me demande-t-il doucement.

— Un quoi ?

Je n'ai absolument aucune idée de ce que ça signifie. Je n'ai jamais entendu parler de ça.

— Oh ! s'exclame la dame en hochant vigoureusement la tête. Quelle excellente idée. Je vais t'expliquer mon petit, ne t'en fais donc pas.

J'écoute attentivement chaque mot qu'elle prononce, tandis que Silas me câline le bras du bout des doigts. Je hoche la tête, le cœur battant. Elle prend son temps pour me dire que ce bracelet est aussi appelé " bracelet brésilien " et qu'il doit être tissé à la main pour être efficace. Ce sont des fils en cotons tressés, qui ont pour but de réaliser un vœu lorsqu'il se casse. Nous devons en faire un dès que le bracelet est noué au poignet et un second quand il se défait, ainsi, nos désirs sont exaucés. J'ignore si cette légende est vraie mais je trouve l'idée incroyable et mon cœur pulse dans ma poitrine en pensant au fait que Silas et moi porteront le même. Les joues rougies, je lui souris timidement alors qu'il dépose un baiser sur mon front.

— Tu acceptes ? souffle-t-il en inclinant la tête.

— Oui... bien sûr...

— Parfait ! Quelle est ta couleur préférée ?

— Le vert, murmuré-je en admirant ses iris pétillants. Et toi ?

— Le bleu, répond-il de la même façon.

La vendeuse se réjouit en disant que ces teintes se mêlent à la perfection. Elle sort plusieurs fils, qui semblent épais et solides, nous fait choisir ceux que nous désirons et je l'observe avec admiration créer nos deux bracelets après avoir mesuré nos poignets. Elle les fabrique à une vitesse hallucinante et mon corps se met à trembler lorsque la paume de Silas se pose dans le creux de mes reins.

— Je peux ajouter un pendentif au centre du tissage si vous le désirez, nous propose-t-elle.

J'acquiesce lorsque Silas m'interroge du regard. Avec enthousiasme la dame étale un présentoir avec les modèles qu'elle a en stock. Sans réfléchir, mes doigts effleurent le croissant de lune dorée qui se perd au milieu d'un tas de formes. C'est comme un choix instinctif, c'est celui-ci que je veux. Il est magnifique, brillant et m'émerveille. Mon copain opte pour un soleil, qui s'assemble parfaitement avec ma lune.
Mes yeux s'embuent de larmes de joie lorsque le bracelet finit attaché à mon bras. C'est un cadeau fabuleux qui me comble de bonheur.
Je fais le vœu de ressentir à jamais ce bien-être qu'il me procure et sourit en levant le regard vers Silas.
Il récupère tendrement ma main et embrasse mon croissant de lune avant de déposer un baiser sur le creux de mon poignet. J'admire son soleil, tandis qu'il caresse ma peau sous le regard attendri de la tisseuse de bracelets.

— Merci, soufflé-je en me dressant légèrement sur la pointe des pieds. Je l'adore, je t'adore.

Un baiser atterrit sur mes lèvres alors qu'il me ramène contre son torse pour une étreinte qui m'émeut.
Ce bracelet me fait l'aimer davantage, je suis éperdument amoureux de Silas Miller et ne pourrais pas être plus heureux qu'à cet instant. Cet objet nous lie, unit nos âmes et je m'en réjouis.

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