Chapitre 47 :

8 minutes de lecture

7 août 2021, dans l'après-midi.

Kasper :

Je jette un regard sur mon téléphone, ne sachant pas vraiment dans quel but. Je sais que Silas ne m'écrira pas, il travaille et nous étions ensemble il y a quelques heures à peine. Je crois n'avoir jamais si bien dormi que cette nuit, contre lui et intouchable. Ce n'était pas raisonnable, je l'admets. Je n'aurais pas dû succomber mais ses bras sont bien trop réconfortants. Son calme et son respect m'émeuvent, il est d'une telle douceur que mon cœur l'aime davantage chaque seconde.

— Qu'attends-tu si impatiemment ? s'enquiert Vinny en me donnant un coup de coude.

Je hausse les épaules, tournant mon visage vers le sien pour lui sourire.

— Rien. Où sont Jess et Jonathan ?

— Je ne sais pas, ils se sont éloignés en se chamaillant. Ces deux-là n'arrêtent pas, c'est hilarant. Dis Kassoulet, tu ne penses pas qu'il se passe quelque chose entre eux ?

J'arque un sourcil, réfléchissant à ces mots et au comportement étrange de nos amis. C'est vrai qu'en y pensant, depuis qu'ils sont arrivés au camping, je trouve leurs attitudes de plus en plus étonnantes. Ils sont proches et s'étreignent parfois, puis l'instant d'après se hurlent dessus pour des broutilles. Ça ne change pas de d'habitude en soit, ils ont toujours été ainsi mais leurs regards ne sont plus les mêmes.

— C'est vrai qu'ils sont un peu... bizarres parfois, approuvé-je.

— Bizarres ? répète-t-il en ricanant. Non, ils sont juste amoureux et complètement cons.

— Tu crois ? m'étonné-je en fronçant le nez. Je ne sais pas, Jessica n'est pas vraiment d'accord face aux agissements de Jo. Il y a quelques semaines encore, il nous avouait avoir couché avec la fille de ses voisins.

— Tu n'es pas très futé, Kastor. Il faut vraiment tout te dire à toi, s'amuse-t-il en me bousculant.

— Explique-moi dans ce cas, ronchonné-je en baissant les yeux, soudainement gêné.

— Il le fait exprès, il agit comme ça seulement pour qu'elle réagisse.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas l'intérêt de la manœuvre. Si c'est réellement le cas, il blesse volontairement notre amie et je ne suis pas certain que ce soit la meilleure chose à faire.

— Il a toujours réfléchi de façon incompréhensible, fais-je remarquer en secouant légèrement la tête.

— C'est Yellow, rien d'étonnant. Mais parlons de toi un peu.

Vincent se lève, vient se positionner debout devant moi, les mains sur les hanches et le regard sérieux. Il se penche légèrement, ses cheveux verts s'éparpillent sur son front.

— Il n'y a rien à dire à mon sujet, dis-je en haussant les épaules.

— Bien sûr que si !

Il attrape mon poignet, celui orné par le bracelet de Silas. Il observe le bijou sous tous les angles, me retournant le bras dans tous les sens.

— Tu me fais mal, boudé-je, je ne suis pas fait en mousse.

Un éclat de rire passe ses lèvres puis il me relâche en arborant une fausse mine désolée.

— Je n'arrive pas à y croire, mon Kastor, s'exclame-t-il en s'accroupissant, ses paumes à plat sur mes genoux.

— Moi non plus, soufflé-je les joues empourprées.

— Ce type là, Silas, il est un peu différent de nous. Tu ne penses pas ?

— Pourquoi ? Je ne suis pas comme toi, non plus.

— C'est bien vrai, ricane-t-il, toi, tu vis dans un monde fictif.

— Non, plus depuis qu'il est là, me défends-je en fronçant les sourcils.

— C'est une bonne chose, il est cool. Je l'aime bien, finit-il par avouer. Mais je suis un peu contrarié.

— Pour...

— ... parce que je suis ton meilleur ami depuis qu'on a cinq ans, me coupe-t-il. Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

— Vous étiez persuadé que Silas était un fille, bougonné-je, jamais vous ne m'avez posé la question.

— Parce que ça ne nous a jamais traversé l'esprit, Yellow et moi sommes hétéros, pour nous c'était évident qu'il s'agissait d'une campeuse.

— Et bien vous vous êtes trompés, soupiré-je.

— Ah ça oui, en beauté, pouffe-t-il. Mais tu sais que tu peux tout nous dire, hein, Kaspieds ?

— Oui, mais c'était nouveau pour moi et je n'avais pas vraiment envisagé qu'une telle chose se produise.

— Tu m'étonnes ! Mais à l'avenir, n'ai pas peur de nous parler franchement. Nous sommes tes meilleurs amis, on ne te jugera jamais, peu importe à quel point tu es différent de nous.

Je souris, hochant doucement la tête. Ma main recouvre celle de Vinny et ses yeux pétillent d'une étrange fierté lorsqu'il croise mon regard.

— Tu es heureux, Kas ? me demande-t-il en inclinant la tête.

— Oui, soufflé-je en baissant les yeux, le visage brûlant. Silas est vraiment très attentionné avec moi.

— Parfait alors ! s'exclame-t-il en me serrant brusquement dans ses bras. Raah, qu'est-ce que je suis fier de toi mon Kassoulet. Mais plus jamais tu hésites à te montrer honnête avec nous.

— Pro... mis, dis-je péniblement, mais Vinny... tu me serres trop... fort...

— Ai-je des raisons d'être jaloux ? résonne la voix de Silas dans mon dos.

Instantanément, mon cœur s'emballe alors que mon meilleur ami défait doucement sa prise.

— Je l'ai aimé avant toi, abruti ! T'es toujours aussi jolie, Katherine, minaude Vincent en levant la tête par dessus mon épaule.

— Et toi, toujours trop jeune, ricane-t-elle.

Lorsqu'enfin Vinny se décide à me relâcher, je me relève afin de pivoter vers ma sœur et Silas. Ce dernier est d'une beauté rayonnante, ses cheveux sombres rabattus vers l'arrière de sa tête et ses iris verts qui m'observent avec malice. Ma peau crépite, mon sang chauffe et colore davantage mes joues. Il me tend une main et la secoue pour que j'attrape ses doigts. Lorsque je les récupère, il m'attire doucement contre son torse. J'aime le fait de ne plus devoir me cacher aux yeux des autres et d'être libre de l'aimer sans avoir peur de me faire remarquer.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je en profitant de ses bras qui m'enlacent. Tu ne dois pas travailler ?

— Je travaille, souffle-t-il contre mon visage, je ne suis que de passage.

— Que fais-tu ?

— Je dois passer dans le bureau de Marco pour récupérer des papiers.

Ses lèvres effleurent ma joue, puis dérivent doucement vers les miennes pour déposer un petit baiser.

— Et pourquoi Kate est avec toi ?

— On s'est croisé, répond-elle à sa place. Je te cherchais, Kas.

— Oh... pourquoi ? m'enquiers-je en la regardant.

— Les parents aimeraient que tu rentres au bungalow. On a presque terminé les préparatifs pour ton anniversaire, il sera bientôt l'heure de te préparer.

— Tu vas mettre une belle robe ? demande Vincent en se plaçant devant ma sœur.

Silas pouffe de rire tandis que je cache mon visage dans son cou.

— Ton ami n'a vraiment aucune limite, s'amuse-t-il en chuchotant contre mon oreille.

— Hum... c'est gênant parfois, bougonné-je.

— Fais attention, gronde Kate, tu risques de ne plus être invité si tu continues.

— Mais je rigole, voyons ! se défend-il en secouant ses mains. De toute façon, t'es à tomber peu importe ce que tu portes.

— Seigneur ! s'exclame-t-elle en levant les yeux au ciel. Tu es irrécupérable, Vincent.

Yellow est bien pire que moi !

Je les laisse se chamailler, voulant me retrouver seul avec Silas avant qu'il ne retourne travailler. Je sais que je n'ai que quelques minutes de libre en sa présence mais je tiens à en profiter. Je nous éloigne en attrapant ses doigts. Il me suit docilement, jusqu'à ce qu'il me ramène contre lui dans un geste doux mais rapide.
Mon torse rencontre le sien et ses paumes se placent dans le bas de mon dos.

— Je n'ai pas beaucoup de temps, souffle-t-il contre mes lèvres.

— Je sais, à quelle heure tu termines ?

— Vingt et une heures, ensuite je rentre rapidement prendre et douche et je serai avec toi.

J'acquiesce, me dressant légèrement sur la pointe des pieds pour que nous soyons à la même hauteurs.

— Tu me manques quand t'es pas là, murmuré-je en rougissant.

Une lueur un peu triste vient voiler ses yeux, cela dure quelques secondes avant qu'il me sourit tendrement. C'est idiot de dire ça alors que nous avons passé la nuit ensemble. Bientôt, il me manquera à chaque instant et pendant longtemps, j'en ai peur.
Silas appose son front contre le mien, me serrant davantage contre lui, si fort que mes pieds ne touchent presque plus le sol.

— Est-ce que tu veux bien passer la nuit suivante avec moi ? me demande-t-il doucement. J'aimerais aller au rocher pour regarder les étoiles.

— Il fera tout noir, murmuré-je en plaçant mes paumes sur ses épaules.

— Oui, se moque-t-il en plissant les yeux, c'est mieux qu'il fasse sombre pour les voir, tu sais ?

Évidemment, tu es idiot, Kas !

Je baisse les yeux, gêné par mon manque de logique.

— Ne fais pas cette tête, Honey, souffle-t-il en relevant mon menton. Tu es beau quand tu rougis.

Je grogne, plongeant mon visage dans son cou pour éviter son regard. Il rit en me soulevant, mes pieds quittent complètement le sol pendant un instant avant de le retrouver.

— Alors, c'est oui ?

— Si mes parents sont d'accord, oui. Si ça ne tiendrait qu'à moi, j'éviterai cette fête pour me cacher avec toi.

— Mais non, ça se passera très bien, tu verras. En plus, j'ai une surprise pour toi, un cadeau !

— Encore ? Tu ne devrais pas.

Sa main délaisse mon dos pour que son index vienne doucement tapoter le bout de mon nez.

— Ce n'est pas à toi d'en juger, tais-toi et profite, souffle-t-il malicieusement. C'est ton anniversaire, aucune protestation n'est recevable aujourd'hui.

Je m'apprête à répondre mais mon corps est légèrement tiré vers l'arrière. Mon dos se presse contre le torse de Vinny qui passe son bras sur mon épaule pour pointer Silas du doigt.

— Vous êtes adorables ! dit-il exagérément. Mais Kassoulet est attendu et toi, tu vas sagement retourner travailler.

Silas lève un sourcil, un rictus amusé sur les lèvres. Il toise mon ami pendant un instant puis lève les mains en signe de résignation.

— Bien, déclare-t-il en hochant la tête, mais avant...

Il laisse sa phrase en suspens, enroule ses longs doigts autour de mon poignet afin de me défaire de la prise de Vincent. Je fais quelques pas vers lui, en souriant, la peau brûlante. Il dépose un baiser sur mes lèvres et inspire profondément avant de me relâcher.

— Maintenant, je peux y aller, dit-il avec satisfaction.

— Vous n'avez pas fini de trimballer mon petit frère à droite et à gauche, se plaint Kate en donnant un coup dans l'épaule de mon petit ami.

— C'est la faute de Vincent, ricane-t-il avant de s'éloigner en secouant la tête.

Un sourire amusé ourle mes lèvres alors que je le regarde partir sans se retourner. Mon meilleur ami bougonne des propos incompréhensibles lorsque ma sœur me guide vers notre bungalow.
Il est temps pour moi de me préparer à affronter toutes les personnes qui seront présentes ce soir.
C'est bien la première fois qu'il y aura tant de gens pour mon anniversaire. Je ne suis pas certain d'apprécier ça.

Ça va aller, Kas, tout va bien se passer.

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